La cité de la Plaine est la plus grande cité ouvrière Michelin de l'agglomération clermontoise, avec une superficie d'environ 45 ha. Elle a été installée au nord-est du centre de Clermont, sur d'anciens terrains marécageux au-delà de Montferrand ; créée à proximité de l'usine de Cataroux, elle se trouve aussi, désormais, proche des autres sites industriels Michelin de la Combaude, Chantemerle et les Gravanches. Il s'agit essentiellement d'une cité ouvrière, mais une partie des habitations a été réservée aux employés sur les premières rues à l'ouest (rues de l'Amitié, de la Bienfaisance, etc.) près de la route de Riom.
La cité de la Plaine comprenait, outre les habitations, deux "Sociétés d'Approvisionnement" (SOCAP) : la SOCAP "Verlaine" rue Diderot, première à ouvrir en 1926 (qui a fait l'objet d'un permis de construire en mars 1926) et démolie entre 2000 et 2004, pour laisser la place à un foyer-logement FAH ; et la SOCAP "Mercœur" rue Viviani, plus ou moins contemporaine de la première (probablement édifiée au début des années 1930), complétée en 1971 par un supermarché et une galerie marchande rue Rouvier. La SOCAP "Mercœur" sera détruite peu après 1974 ; quant à l'ensemble marchand de la rue Rouvier, il est cédé à une chaîne de la grande distribution à la fin des années 1980.
Deux écoles faisaient aussi partie du projet des années 1920, l'école Diderot, sur la rue du même nom et l'école Mercœur, rue Viviani (permis de construire délivré en mars 1926). Une autre demande est faite en novembre 1927 pour l'école maternelle de la rue Viviani également. Ces écoles Diderot et Viviani sont encore en place l'une et l'autre en 2020 mais ont été agrandies et transformées depuis leur construction. Enfin, une église (l'église de Jésus-Ouvrier) avait été édifiée en 1928-1929 ; démolie totalement entre 1965 et 1968 après son effondrement, elle a été reconstruite, avec des lignes plus contemporaines, entre 1969 et 1971 sur des plans de l'architecte Jean-Louis Jarrier.
L'ensemble des habitations de la Plaine est établi sur une trame très structurée, en damier. Toutes sont à l'origine, et à quelques exceptions près, de type "U" (maisons à un étage regroupant 4 logements avec jardins individuels) mais maisons d'ouvriers et d'employés diffèrent quelque peu en matière d'implantation par rapport à la voirie : entre chaque rue, les maisons d'ouvriers forment deux alignements, ce qui implique que la moitié des façades, en intérieur d'îlots, ne donnent pas sur une rue et ne sont desservies que par des allées en impasse ; en revanche, les maisons d'employés ne sont implantées que sur un seul alignement entre deux voies, ce qui signifie que toutes ont leur façade sur rue ; par ailleurs, les surfaces de jardins sont plus petites pour les employés (censés - au début du XXe siècle en tout cas - être moins attachés à la culture de leur parcelle que les anciens paysans devenus ouvriers).
La création de cette cité date de la période 1925-1929, avec plusieurs campagnes de construction, essentiellement de 1925 à 1927 puis de 1927 à 1929 : un premier permis de construire est demandé le 24/01/1925 pour "un groupe de maisons ouvrières" (accord donné le 29/06/1925). Une seconde demande est faite en février 1927 pour un groupe d'habitations dans la partie sud-ouest des terrains, cette fois pour la réalisation de 30 maisons pour employés, d'un type U revu pour la circonstance (avec petits garages et certains agencements de pièces légèrement différents) : ce nouveau projet est validé par un arrêté municipal en mai 1927. Puis un autre permis est accordé pour 7 autres habitations (d'après des plans acceptés en septembre 1927) ; la déclaration de construction intervient le 24/05/1939 et celle de fin de travaux le 02/11/1942. Ces 7 nouvelles maisons plus tardives viennent s'ajouter au nord-est de la cité, le long des rues de la Vaillance et Victorien-Sardou (elles sont elles aussi d'un type U un peu différent, avec une travée de plus que le modèle de base).
Ces 301 habitations d'origine, représentant 1176 logements (287 maisons de 4 logements et 14 maisons de 2 logements - soit des demi-types U) sont encore en place en 2020 pour la plupart, avec cependant des remaniements parfois importants (concernant souvent des agrandissements).
Mais il y a eu aussi quelques démolitions au fil du temps parmi ces habitations des années 1920-1930. Entre 1969 et 1971, une maison à 2 logements rue Rouvier est détruite pour laisser place à l'une des SOCAP. Entre 1981 et 1983, trois habitations de 4 logements et une de 2 sont démolies entre les rues Rouvier, de la Volonté et du Portefaix : un ensemble d'une vingtaine de nouvelles habitations y est reconstruit dans la foulée (projet de la Plaine-Volonté : permis obtenu en mai 1982, travaux déclarés achevés en mars 1985). De même, une habitation de 4 logements est détruite, toujours entre 1981 et 1983, pour aménagement du carrefour entre le boulevard Edgar-Quinet et la rue Viviani. En 1987-1988, une habitation de 4 logements est démolie à l'extrémité nord de la cité, rue Adrien-Mabrut.
Des destructions ponctuelles ont encore lieu au tournant des années 1980-1990 : entre 1988 et 1991, deux habitations de 4 logements sont détruites au sud de la cité, entre le boulevard Edgar-Quinet, les rues du Portefaix et Diderot, ainsi qu'une maison à 2 logements au sud de l'église, rue Viviani. Au cours de cette même période, en 1991, une maison à 4 logements est démolie dans le centre ouest de la cité, rue du Courage. Dans ce dernier cas, à la place de la maison quadruple, quatre maisons individuelles indépendantes ont été reconstruites sur les quatre parcelles libérées. On retrouve ce cas de figure (quatre logements groupés remplacés par quatre maisons indépendantes, sur les parcelles d'origine) avec deux démolitions/reconstructions, entre 1991 et 1994, rue de la Croix-Bertrand et rue Verlaine. Enfin, en 1999-2000, destruction d'une maison de 4 logements rue du Devoir. Elle a été remplacée, entre 2000 et 2004, par un hôtel de voyageurs.
Signalons aussi la présence, parmi les habitations d'origine, de trois petites maisons individuelles non mitoyennes, au sud, à proximité du boulevard Edgar-Quinet, destinées à loger les directeurs et directrice des écoles de la cité ; elles sont toujours en place.
La période d'après deuxième Guerre mondiale voit le développement de la cité relancé. On assiste à de nouvelles campagnes de construction, parmi lesquelles plusieurs réalisations en mode "Castors" (chantiers menés par les futurs occupants). Diverses demandes d'autorisations sont faites dans ce cadre en une vingtaine d'années, en particulier pour les chantiers Castors de la Plaine-Église, de la rue de la Jeunesse, de la Plaine-Vigier, de la rue des Aulnes : des permis de construire sont délivrés en octobre 1954 (fin des travaux entre avril et octobre 1956), mars 1956 (fin des travaux entre avril et juillet 1957), 1959, 1960, 1965, ... et jusqu'en août 1974 pour les derniers Castors de la rue des Aulnes (voir infra).
C'est donc, entre 1954 et 1956, un ensemble de 62 maisons Castors (accolées par deux le plus souvent) qui sort de terre à l'ouest de la cité entre le boulevard Clémentel, les rues Rouvier, de la Confiance et Michel-Védrine (permis de construire obtenu le 22/10/1954), ainsi que 43 autres habitations, toujours construites sur le mode Castor, à l'est de l'église, entre 1956 et 1960. Au même moment, une Maison du Peuple est créée rue du Var et inaugurée en 1961, mais elle sera détruite en 1977-1978.
Les chantiers qui interviennent au cours des années 1960 augmentent de façon significative le nombre de logements disponibles. Au début de cette décennie, 15 modules de deux maisons Castors accolées avec garages sont construits le long de la rue Victorien-Sardou et rue des Roseaux, dans la partie nord-est de la cité (demandes d'autorisations faites en mai 1964 et certificat de fin de travaux délivré en septembre 1965), ainsi que 10 modules de deux maisons à l'ouest sur la rue Rouvier (permis de construire du 14/12/1961) et 6 modules de deux maisons (reliées pour une partie par leurs garages) au sud-ouest sur les rues Diderot et de la Charité (permis de construire du 01/02/1962). C'est également ce type de maisons qui est réalisé au cours de la période 1965-1968 sur la rue du Devoir : tout au nord, 9 maisons doubles (soit 18 logements), accolées par 2 ou en bandes (un premier projet de 1962 pour 28 maisons individuelles sur ces mêmes parcelles a donc été revu à la baisse et réalisé plus tard que prévu). C'est aussi le cas dans la même zone, rue Portefaix, avec un lotissement ("Les Peupliers") lancé en 1964 avec la construction progressive de 21 modules de deux habitations et leurs garages et de 3 collectifs, face aux habitations (le lotissement sera totalement terminé au printemps 1972).
Au milieu des années 1960 toujours, on assiste à la construction de maisons doubles de part et d'autre de la rue de la Jeunesse et sur les rues Victorien-Sardou et des Vergnes (dont les travaux, pour au moins 25 d'entre elles sont déclarés terminés en juin 1967 et 26 autres en septembre 1969). Signalons encore, en 1968-1969, la réalisation d'une maison double en mode "Castors", à la pointe sud de la cité, rue de l'Espérance (permis de construire obtenu en juillet 1968 et certificat de fin de travaux en octobre 1969). En 1968-1969, rue de Busséol au sud de l'école Mercœur, 4 modules de deux logements, reliés en bande où viennent s'intercaler les garages, sortent de terre : elles correspondent au projet "Vigier 2", soit une nouvelle tranche de construction de Castors, terminée en mai 1970. Ces années voient aussi la réalisation d'un foyer pour les jeunes de la Plaine, face au stade Leclanché, à l'angle des rues Louise-Michel et de Champratel.
Plusieurs immeubles collectifs voient le jour dans les années 1970 : construction d'un immeuble rue du Var en 1971-1972, dit "lotissement Rouvier" (lot 2), à l'arrière du nouveau centre commercial (le permis de construire est accordé en janvier 1972 et le certificat de conformité en mars 1974), puis d'un second ("lotissement Rouvier" lot 3) entre 1972 et 1974, à proximité directe du premier (permis de construire accordé en avril 1973 et achèvement des travaux entre mars et mai 1975). En 1976-1977, 2 nouveaux collectifs viennent s'implanter rue du Var, sur l'emplacement de l'ancienne SOCAP Mercœur, détruite (permis de construire du 13/07/1976, modifié en février 1977, achèvement des travaux en septembre 1978). Ce sont enfin 5 immeubles collectifs d'habitation (dont 4 sont accolés), qui sont édifiés entre 1978 et 1980 entre la rue du Var et la rue Viviani (permis de construire accordé le 06/10/1978, fin des travaux en décembre 1980), sur l'emplacement de l'ancienne Maison du peuple, démolie en 1977-1978.
En 1971-1972, 3 maisons viennent encore s'implanter entre les rues de la Confiance et Louise-Michel, à l'ouest de la cité (au nord d'une ancienne grange, vestige du domaine de la Croix-Bertrand, racheté par Michelin lors du projet d'implantation de la cité). Puis des maisons d'habitation sont encore bâties au nord-est de la cité entre 1974 et 1977, en limite des nombreuses constructions neuves de ce qui devient le quartier des Vergnes dans ces mêmes années. Ces constructions représentent les 39 logements (isolés ou groupés par deux) construits en mode "Castors", rue des Aulnes (voir supra) et en bordure de la rue Pierre-Brossolette (fin des travaux en janvier 1976). Enfin, les ultimes maisons proprement "Michelin" de la cité sont celles installées rue de la Volonté entre 1982 et 1985 (voir supra).
La majeure partie de ces constructions des années 1950 à 1980 est encore en place en 2020.
Plans de l'église de Jésus-Ouvrier en 1971 à la cité Michelin de la Plaine (Clermont-Ferrand - 63).