La faculté des sciences et lettres (1930-1934), le lycée Blaise-Pascal (1953-1959) et le CRDP (1963-1970) se sont en quelque sorte partagé le site de l'ancienne caserne Gribeauval (îlot de plus de quatre hectares). Depuis le 29 août 1929, le conseil municipal de Clermont-Ferrand avait décidé, en accord avec le recteur de l'académie de Clermont, et l'association des parents d'élèves notamment, de profiter de la désaffectation de la caserne pour construire deux lycées de garçons et une cité universitaire, de manière à créer, avec le lycée Jeanne-d'Arc, un "quartier estudiantin". Cependant le choix de l'emplacement du CRDP a été d'abord envisagé en d'autres lieux (comme l'angle du boulevard Lafayette avec le cours Sablon occupé par un jardin des capucins, mais ces derniers avaient refusé de céder leur terrain), et le choix définitif a été un "pis-aller" selon le terme utilisé par G. Noël puisque pour lui le CRDP prend place sur le terrain octroyé à l'origine au lycée et que la nouvelle construction "nuira très sensiblement" à au plan général de ce dernier. Dans l'étude du lycée, il était prévu en effet de "laisser libre de toute construction, la partie de terrain en avant du bâtiment dit Petit lycée et ce, jusqu'à la rue d'Amboise". Ce qui avait été approuvé par le Conseil général des Bâtiments de France1.
Quant à la rue d'Amboise, elle bénéficie, comme la plupart des voies orientées est-ouest de Clermont, d'une mise en perspective du puy de Dôme. Avec l'implantation du CRDP, elle présente une caractéristique supplémentaire, celle du décor peint sur le mur-pignon du CRDP. Ce type de décor témoigne d'une époque où les architectes et urbanistes avaient à coeur d'atténuer les effets désagréables des murs aveugles en milieu urbain. C'est ainsi par exemple qu'en 1927 Jean Descoutures prévoyait pour Bellerive-sur-Allier : "Tout mur mitoyen ou aveugle, visible depuis la voie publique, doit être décoré d'après des dessins approuvés par l'Administration [...]"2, qu'en 1944 Gaston Bardet préconise pour le groupement régional de Vichy : "les immeubles existant en recul sur l'alignement pourront être maintenus dans les rues de [tel] secteur, à condition que les pignons séparatifs, qui de ce fait, restent apparents, soient aménagés ou décorés par les soins des propriétaires ne construisant pas à l'alignement"3. Ou encore, on peut trouver dans le règlement du Plan d'aménagement d'Issoire, daté de 1956 : "les murs séparatifs, les murs aveugles apparents doivent être traités avec les mêmes matériaux et dans le même esprit que les façades principales"4, ceci afin d'éviter de donner le spectacle d'une élévation secondaire au piéton.
Il semblerait que cette préoccupation soit passée de mode. Mais depuis quand exactement et sous quel(s) motif(s) ?
L'édifice n'a pas été étudié.
Conservatrice du patrimoine, chercheuse de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).