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Les maisons de vignerons de Clermont-Auvergne Métropole
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La maison vigneronne dans la littérature

Si l’évolution du vignoble, de la production et des pratiques viticoles a été assez bien étudiée, en revanche le bâti et l’architecture liés à cette activité n’ont pas suscité autant d’intérêt de la part des chercheurs.

Une des spécificités de la maison vigneronne est d’associer sous un même toit famille, récolte et instruments de travail. De plus, son implantation se fait selon le relief du village, en s’adaptant aux contraintes de la pente et du manque de place dans les centres-bourgs, suscitant le plus souvent une superposition des éléments, habitat et fonctions viticole et agricole, parfois très en hauteur dans certaines communes. On trouve dans certaines communes des maisons disposées en bande le long des rues ou en grappe autour d’une cour ou encore imbriquées avec des différences de niveaux entre l’avant et l’arrière de l’édifice, l’existence de niveaux semi-enterrés.

On trouve dans la littérature des descriptions de maisons vigneronnes du 17e siècle tirées de documents d’archives (pour les références, voir la bibliographie) : le cuvage est en rez-de-chaussée, avec cave en-dessous où se trouvent, alignés, les tonneaux contenant les vins de l’année, et à laquelle on accède par une trappe et un escalier de pierre ; le jus obtenu par fermentation du moût dans la cuve passant aux tonneaux dans la cave par simple gravitation. La maison peut être associée à une “grange[1]” à côté, qui peut accueillir un pressoir, servir d’étable... Les maisons possèdent un étage avec habitation, et un grenier ou galetas qui sert notamment de séchoir pour les aulx, oignons, noix, raisins, et la conservation des fruits comme les pommes ou les poires, et/ou de colombier. La maison en bourg est parfois associée à un cuvage/grange et cave situé en périphérie du village : il est possible que ce soit par manque de place dans le village ou en raison des nécessités d’agrandissement au fil du temps et de l’évolution, du développement de l’activité viticole demandant plus de locaux et de matériel.

Pour le vigneron la cave et le cuvage sont le cœur de la maison. Le cuvage abrite l’outillage nécessaire aux travaux viticoles (notamment l’outillage à bras : pioches, bêches, faucilles, serpes, hottes…), le pressoir, éventuellement des cuves. Les voûtes des caves sont en plein cintre, celles des cuvages en arêtes ; ces locaux possèdent un orifice d’aération. Il peut exister une ouverture en partie basse du mur de façade du cuvage pour y faire passer le vin ou le raisin. Cave et cuvage peuvent être juxtaposés et non superposés, dans ce cas l’accès à la cave est toujours plus bas.

Le puits est intégré dans un mur, dans la cave, la remise ou un coin de cour.

Au premier étage du bâtiment principal serait située la salle commune (qui comporterait alors un lit à rideaux) ou une cuisine (la souillarde) avec évier de pierre et une chambre, mais une seule cheminée (dans la pièce commune ou la cuisine). L’accès s’y fait souvent par un escalier extérieur, le plus souvent parallèle à la façade, qui aboutit à un perron-balcon (l’estre ou aistre) protégé par un auvent (le courcour) ; perron-balcon qui surmonte et protège l’accès au cuvage ou à la cave. Sous la volée d’escalier se trouve une resserre ou un toit à cochon, et éventuellement lapins ("l’assou"). Dans les premiers temps, la rampe d'appui de l’escalier est maçonnée, au 19e siècle elle est de plus en plus souvent constituée de barreaux métalliques.

Lorsqu’il existe, le second étage accueille des chambres, anciennement accessibles par un escalier en bois intérieur. Parfois le grenier a été aménagé en chambre, souvent postérieurement. Le toit est à faible pente et couvert de tuiles rondes.

Ce schéma théorique peut connaître de nombreuses variantes et évolutions : actuellement, les escaliers extérieurs sont peu fréquents dans les centres bourgs d’origine médiévale aux chaussées étroites, après avoir été élagués afin de faciliter la circulation et de régulariser les fronts de rue, et les caves sont parfois reportées en périphérie, à flanc de coteau, dans les communes où la nappe phréatique affleure (Aubière, Ceyrat…). Par ailleurs, parfois des cuvages en partie enterrés font aussi office de cave.

Les matériaux employés (pierre en moellons ou de taille, chaux, plâtre, mortier, tuiles, briques), sont d’extraction et de fabrication locale.

Tous les niveaux sociaux sont concernés par cette architecture, de la modeste maison de journalier à la maison bourgeoise ou de maître ; cette dernière se développe notamment dans le courant de la seconde moitié du 19e siècle et accompagne l'amélioration perceptible des conditions de vie dans le vignoble auvergnat à cette époque. La maison gagne alors en volume, et on utilise la lave - ou pierre de Volvic - pour les encadrements, les chaînes d'angles et les corniches.

 

Chronologie du patrimoine bâti

Les vestiges les plus anciens des cas retenus remontent au 12e siècle, mais il semble s'agir de remplois : des chapiteaux de l'ancien couvent Saint-Pierre de Beaumont incorporés dans des maisons vigneronnes, et une maison de Nohanent, 12 rue du Vieux-Bourg, avec des remplois de ce siècle. Et Montferrand possède deux maisons vigneronnes montrant des arcades du 13e siècle, rues de Beaujeu et de Valmy.

Eléments 12e siècle (Beaumont, 8 place Saint-Pierre)Eléments 12e siècle (Beaumont, 8 place Saint-Pierre)

Si le 15e siècle est représenté de manière un peu moins anecdotique (8 cas ont été trouvés avec des dispositions de la fin du Moyen Âge [1]), c'est avec le 16e siècle que les occurrences deviennent plus nombreuses (42), siècle de croissance et de grande construction partout en France. On distingue le cas de Montferrand (20 exemples, soit la moitié des cas recensés) des autres communes concernées, moins représentées : 3 exemples à Royat, 2 à Aubière, Aulnat, Beaumont, Blanzat, Châteaugay ou Nohanent, 1 seul à Pont-du-Château et Chamalières.

Le 17e siècle est peu présent au niveau de l'habitat, ce qui peut surprendre si l’on considère l’importance que la vigne a revêtu à cette époque. Seulement cinq dates portées l'attestent, qui correspondent aux cinq premières maisons vigneronnes datées : à Châteaugay (1664, impasse des Basses-Cours [IA63002696], et 1690, rue Antoine-Lannes), Beaumont (166?, 5 rue du Commerce), Blanzat (1621, 2 rue de la République) et Romagnat (1699, rue des Vignes). Encore ces dates doivent-elles être interprétées avec précaution : si le rez-de-chaussée à Blanzat apparaît bien ancien, ainsi que des détails à Beaumont (maison avec deux autres dates, du 18e siècle), on ne voit pas très bien ce qui pourrait dater du 17e siècle dans les dispositions actuelles des exemples à Châteaugay (maison impasse des Basses-Cours avec deux autres dates, du 19e siècle, et celle rue Antoine-Lannes très remaniée).

Dernier siècle de l'Ancien Régime, le 18e présente un nombre de cas sans commune mesure avec les périodes précédentes : 92 pour des exemples posant souvent moins question sur la datation que les exemples du 17e siècle. La commune aux témoins du 18e siècle les plus fréquents est incontestablement Beaumont (17 édifices), suivi ensuite de Clermont-Ferrand (Montferrand) et de Blanzat (13) ; puis en retrait Aubière (7 exemples, proportion d'autant moindre rapportée au grand nombre de cas retenus dans cette commune), Cébazat (7), Nohanent (5),  puis 4 cas à Châteaugay, Ceyrat et Romagnat, 3 à Pérignat et Lempdes, 2 à Gerzat, 1 à Pont-du-Château, Durtol, Le Cendre, Chamalières (maison détruite).

Ces résultats témoignent, nous semble-t-il, certes d'une moindre érosion du temps pour un siècle plus récent, mais surtout du début de l'expansion que connut le vignoble auvergnat à cette époque, attestée dans les études historiques, et annonçant, préparant, la croissance remarquable du 19e siècle. Les exemples du 18e siècle présentent la particularité d'être assez regroupés, plutôt vers le 4e quart ou la fin du siècle, et surtout vers la limite entre le 18e et le 19e siècle. Les exemples du début - 1ère moitié du 18e siècle - sont rares, et concentrés à Beaumont (rue du Commerce, rue et place Nationale) et à Cébazat (impasse de la Libération [IA63002694]).

De ce qui précède, il ressort que les datations hautes, d’Ancien Régime, très majoritairement ne touchent pas - ou peu - les lieux où ont été trouvées le plus de maisons vigneronnes et notamment Aubière... sauf l'exception notable de Beaumont où 21 édifices datant de l'Ancien Régime ont été trouvés [2] : Beaumont, qui est la ville des vestiges les plus anciens (12e siècle, avec Nohanent) et LA ville du 18e siècle de l'agglomération pour notre sujet. Une mention particulière doit être décernée également à la commune de Blanzat, seconde ville la plus concernée par le 18e siècle, et où l'on a trouvé des dispositions caractéristiques des maisons vigneronnes sur certains édifices datant du 15e siècle (2 sites), du 16e siècle (2 cas) et du 17e siècle (2 cas). Et dans une moindre mesure à la commune de Nohanent (dispositions du 12e siècle, du 15e siècle, du 16e siècle et 5 du 18e siècle). Et bien entendu, mais ce n'est pas là une surprise, à la ville de Clermont-Ferrand (Montferrand), pour des dispositions du 16e siècle (20 cas), du 18e siècle (12 cas) et 2 du 13e siècle. Comparativement donc, proportionnellement au nombre d'édifices retenus, Aubière ne montre que peu de dispositions pouvant dater de l'Ancien Régime (17 % du tout) : 2 cas du 16e siècle et 6 cas du 18e siècle. Son bâti est donc globalement plus récent...

Sur les 784 fiches d'œuvres repérées, 684 datent - au moins partiellement - du 19e siècle, soit 87 % (presque 89 % si l'on ôte du total les objets, statues, croix). Soit une très grande majorité des édifices liés à l’activité vinicole du territoire de Clermont Auvergne Métropole.

Graphique du cumul des éléments repérés par époqueGraphique du cumul des éléments repérés par époque

Durant ce siècle, les exemples pouvant être précisément datés des années 1800-1824 (1er quart) sont déjà nombreux (76 occurrences), ils le sont encore plus pour le second quart du siècle (99 cas). Les édifices de la première moitié du siècle sont assez largement majoritaires puisqu’ils concernent 378 fiches, et même 440 si l’on incorpore les cas limite 18e-19e siècles et ceux du milieu du 19e siècle. Cela revient à dire que plus de la moitié (presque 58 %) des éléments bâtis du corpus datent de la première moitié du 19e siècle, et les deux-tiers d'une première moitié du 19e siècle élargie (entre fin 18e siècle et milieu 19e siècle).

Les exemples d'ailleurs se raréfient plus le siècle avance : 35 maisons ont pu être datées précisément du milieu du 19e siècle, 32 du 3e quart, 28 du 4e quart, puis seulement 3 de la limite 19e-20e siècles... L'ensemble des cas couvrant la seconde moitié du 19e siècle correspond à 126 fiches, contre 378 rappelons-le pour la 1ère moitié de ce siècle, soit exactement 3 fois moins.

Au sein de cette évolution générale, on distingue des communes aux édifices de la 1ère moitié du 19e siècle franchement majoritaires : Chamalières (83 %), Beaumont (74 %), Blanzat et Aubière (65 %), Ceyrat (62 %). Et les communes laissant plus de place aux exemples de la seconde moitié du 19e siècle : Pérignat (tout autant des deux moitiés du siècle), Aulnat et Gerzat (davantage de la seconde moitié du siècle, mais il est vrai pour des corpus limités). A Romagnat et Clermont-Ferrand, le bâti de la 1ère moitié du 19e siècle est moins nettement majoritaire et concerne moins d’1 site sur 2. A Châteaugay et à Cournon, les datations s’équilibrent [3]. Une commune comme Aubière dont 95 % des édifices viticoles présentent des dispositions du 19e siècle illustre bien la place générale particulièrement dominante occupée par ce siècle dans le corpus.

Édifices datés (sélection)

Pour aider à l’analyse de l’architecture de l’habitat vigneron clermontois, sujet assez neuf et peu étudié, nous avons collecté tous les édifices datés (dates portées souvent) pour discerner des évolutions ou des dispositions spécifiques. Il a été trouvé 105 éléments datés, dont 93 concernent des maisons vigneronnes (ce qui représente 13 % des maisons recensées). Présentation ci-dessous d’une sélection, en un déroulé chronologique de la maison vigneronne clermontoise.

Édifices anciens, dispositions médiévales et du 16e siècle

-le manoir des Lebrun à Gerzat (rue de l’Horloge), 15e s., très remanié ; cave et cuvage, porte avec blason, escalier en vis ; a perdu son échauguette.

-maison à tourelle du 16e siècle à Aulnat (14 place du Fort) avec sa tourelle [IA63002691]. Maison vigneronne ou simple maison de notable avec cave ?

Exemple de dispositions anciennes (Aulnat, 14 place du Fort)Exemple de dispositions anciennes (Aulnat, 14 place du Fort)

-maisons de Beaumont, 8 place Saint-Pierre, assises sur des structures fin 12e s. et 13e s. (arcatures à chapiteaux à feuillages) de l’ancienne abbaye Saint-Benoît qui occupait les lieux, maisons plutôt 1ère moitié 19e s.

-maison 11 rue de l’Arcade à Royat : partie basse 16e siècle, étage plutôt 19e siècle ; avec fenêtre en accolade et grande cave.

-vestiges d’une maison 16e siècle à Chamalières (1 place du Champgil) avec caves et escalier en vis y menant.

Si ce n’est par la présence des caves occupant une place importante, ces édifices, parfois fort remaniés et difficiles à interpréter-analyser, diffèrent globalement peu de l’habitat civil de cette époque, signe que le type “maison vigneronne” n’a probablement pas encore été réellement défini. Les exemples de la place Saint-Pierre à Beaumont sont plutôt des maisons de la première moitié du 19e siècle posant sur des structures plus anciennes. Le site de Chamalières, en ruines, pose la question de l’usage de ces structures qui semblent avoir été organisées autour des caves.

-Montferrand recèle certaines des plus belles bâtisses médiévales ou Renaissance du département. Les maisons vigneronnes ne font pas exception, avec notamment celle située à l’angle des rues Zola et Valmy. Maison d’un grand volume massé dont le rez-de-chaussée est presque entièrement occupé par un cellier (avec cave ?, accès rue Valmy) et la façade sur rue Zola comporte toujours des arcs gothiques recoupés plus ou moins aléatoirement par des ouvertures plus récentes (19e s. ?).

Dispositions anciennes (Montferrand, 8 rue de Valmy / rue Emile-Zola)Dispositions anciennes (Montferrand, 8 rue de Valmy / rue Emile-Zola)

A signaler : une des maisons repérées à Montferrand (35 rue de la Rodade, angle rue Boissière) porte un cartouche avec la date 1586, sans que l’on sache à quoi elle se rapporte pour une maison complexe, dont l’arc de l’accès à la cave est daté par ailleurs de 1892. Maison probablement plus “bourgeoise” ou de commerçant (magasin sur rue), que de vigneron.

17e siècle

Pour ce siècle nous nous sommes appuyés sur trois cas datés.

Le premier exemple daté se trouve à Blanzat (date portée sur linteau : 1621), 2 rue de la République. Il s’agit d’une petite maison d’angle avec large escalier latéral maçonné en façade, moulurations rappelant celles de la fin du Moyen Age en rez-de-chaussée, accès à la cave sur le côté (le niveau inférieur est assez bas d’élévation) et étage type fenil sous combles. Le volume est massé. L’escalier de façade est probablement un des éléments anciens de la demeure.

Date portée : 1621 (Blanzat, 2 rue de la République)Date portée : 1621 (Blanzat, 2 rue de la République)

La seconde date portée - 1664 - intéresse une maison de Châteaugay (impasse des Basses-Cours [IA63002696]), qui se révèle être un cas complexe car elle montre deux autres dates (1815 et 1881), ce qui n’est pas sans poser la question de la datation des dispositions actuelles. La disposition générale (hors escalier) et les étages supérieurs paraissent cependant anciens : l’étage d’habitation est au-dessus d’un haut rez-de-chaussée comportant cuvage et surmonté d’un étage sous combles de type fenil. L’ensemble se développe en largeur sur trois travées. Cette maison est toujours occupée par un vigneron, une des mémoires du village

Une des dates portées : 1624 (Châteaugay, impasse des Basses-cours)Une des dates portées : 1624 (Châteaugay, impasse des Basses-cours)

Le troisième et dernier cas, datant de 1668, est encore plus compliqué à interpréter puisqu’il comporte sur ses parties latérales deux autres dates, 1706 et 1737. Situé au 5 rue du Commerce à Beaumont, il apparaît comme un exemple plus “urbain”, procédant d'un même alignement que les maisons mitoyennes, sans escalier extérieur, avec porte piétonne centrale et larges accès latéraux (cave et cuvage initialement ?), habitation à l’étage sous un demi-étage sous combles.

Une des dates portées : 1668 (Beaumont, 5 rue du Commerce)Une des dates portées : 1668 (Beaumont, 5 rue du Commerce)

18e siècle

Les cas sont plus nombreux. L’exemple du 2 place Nationale à Beaumont, date de 1737, paraît peu remanié. Il s’agit d’une grande bâtisse d’angle avec cave et cuvage occupant tout le rez-de-chaussée, chaînes d’angle, deux étages d’habitation et étage sous combles de type fenil. L’architecture est simple mais de qualité (pierre).

Date portée : 1737 (Beaumont, 2 place Nationale)Date portée : 1737 (Beaumont, 2 place Nationale)

Une maison de Lempdes - maison d’angle - montre la date 1753 sur l’arc menant à la cour (2 rue Notre-Dame). Elle présente un large escalier latéral, une descente de cave inscrite dans une avancée (disposition appelée "encavage saillant" localement), un étage d’habitation et un étage sous comble, des bâtiments agricoles/viticoles donnant sur une petite cour. Son volume est massé. Oculus ovale au-dessus de la porte.

Date portée : 1753 (Lempdes, 2 rue Notre-Dame)Date portée : 1753 (Lempdes, 2 rue Notre-Dame)

A Aubière, l’exemple daté 1765 (maison d’angle 20 rue du Verger) se développe en hauteur : maison assez étroite sur un côté, de deux étages plus fenil sous combles, l’accès au cuvage étant sur le grand côté et la porte piétonne sur le petit. Hormis l’enduit récent, l’ensemble paraît bien conservé et montre un décor exceptionnel aux fenêtres dont le linteau est délardé (fleurettes et têtes d’angelots).

Date portée : 1765 (Aubière, 20 rue du Verger) Date portée : 1765 (Aubière, 20 rue du Verger)

Retour à Beaumont pour une grande maison d’angle de plan massé datée 1779 (18 rue Pasteur), bien conservée, avec accès (2) aux caves semi-enterrés et rez-de-chaussée surélevé, un étage d’habitation, un demi-étage au-dessus, plus étage de combles. Construction soignée (chaînes d’angle en pierre de taille…), mais qui est probablement plutôt une maison bourgeoise de notable avec cave qu’une maison vigneronne.

Date portée : 1779 (Beaumont, 18 rue Pasteur)Date portée : 1779 (Beaumont, 18 rue Pasteur)

Le dernier exemple daté montrant des dispositions du 18e siècle (1780) se trouve à Pérignat-lès-Sarliève, 5 rue Marcel Sembat. L’enduit actuel ne permet pas de l’apprécier pleinement. Elle comporte un escalier droit de façade menant à un palier avec resserre (soue ?) en-dessous, et deux étages, le dernier sous combles.

Date portée : 1780 (Pérignat, 5 rue Marcel Sembat)Date portée : 1780 (Pérignat, 5 rue Marcel Sembat)

On ajoutera deux cas non datés mais représentatifs de la fin du 18e siècle, assez différents.

-Le Cendre (8 rue de l’église [IA63002635]) : petite maison. Escalier en pierre avec départ de rampe d'appui orné d'une boule en pierre et cave en-dessous, corniche à gargouille saillante.

Fin du 18e siècle (Le Cendre, 8 rue de l'église)Fin du 18e siècle (Le Cendre, 8 rue de l'église)

-la maison au 15 place Vercingétorix à Nohanent montre toutes les dispositions propres à l’architecture bourgeoise de la fin du 18e siècle (grandes fenêtres…) mais annonce déjà par la régularité de la composition de façade, ce que deviendra la maison vigneronne au 19e siècle.

Maison bourgeoise fin 18e siècle (Nohanent, 15 place Vercingétorix)Maison bourgeoise fin 18e siècle (Nohanent, 15 place Vercingétorix)

1er quart 19e siècle

Le premier exemple, très tôt dans le 19e siècle (1803) se trouve à Beaumont, à l’angle du 4 de la place Saint-Pierre. Exemple intéressant, peu remanié, se distinguant de moins en moins des autres maisons de ville. L’accès à la cave est latéral (rue Saint-Pierre), les ouvertures sur la place (un étage plus un étage fenil-sous combles) correspondent à l’habitat (2 portes d’entrée ; maisons jumelles ?). Son architecture est simple et de qualité, caractéristique de la césure 18e-19e siècles (tendance néo-classique).

L’exemple daté suivant, toujours à Beaumont (1804, 11 place Saint-Pierre) développe la même logique mais dans un volume plus ample et avec davantage d’ostentation. Maison bourgeoise avec cave et souci du paraître : en façade balcon filant et emmarchement.

Date portée : 1804 (Beaumont, 11 place Saint-Pierre)Date portée : 1804 (Beaumont, 11 place Saint-Pierre)

Les maisons de la commune de Beaumont portent souvent des dates. Comme celle située 8 place Nationale, datée 1816. Bien conservée, en hauteur (2 étages plus niveau sous combles), avec large accès au cuvage dont la clef d’arc s’orne d’une large feuille stylisée (marque de la maison vigneronne ?). Petit escalier droit avec palier en façade. Un des angles de la façade est arrondi, comme souvent à Beaumont.

Date portée : 1816 (Beaumont, 8 place Nationale)Date portée : 1816 (Beaumont, 8 place Nationale)

Celle de même date (1816) trouvée 2 rue Chemin Blanc à Cournon d’Auvergne propose un tout autre type : prise dans la pente et adossée aux “crozes”, elle montre certes un accès au cuvage en étage de soubassement, mais un seul étage carré, plus fenil, et une cour arrière desservant des bâtiments agricoles et remises ; exemple type de la maison de bourg (mais en périphérie) témoignant de la polyactivité - agri-viti - des occupants.

Date portée : 1816 (Cournon, 2 rue Chemin Blanc)Date portée : 1816 (Cournon, 2 rue Chemin Blanc)

La commune voisine d’Aubière propose un cas intéressant de peu postérieur (1817), 11 rue Saint-Antoine : 2 grands accès au(x) cuvage(s) (haut rez-de-chaussée) sont surmontés d’un escalier avec palier formant balcon supporté par des consoles, et avec quartier tournant (resserre en dessous). Deux étages dont un sous combles. Importance des parties réservées à l’activité viticole dans le bâti.

Date portée : 1817 (Aubière, 11 rue Saint-Antoine)Date portée : 1817 (Aubière, 11 rue Saint-Antoine)

L’exemple daté 1818 repéré à Ceyrat (40 rue Henri Coquelut) montre un type diamétralement différent, dont peu d’exemples ont été vus : celui des maisons jumelées (6 cas recensés). Jumelées mais complémentaires semble-t-il, puisque la cave paraît être sous la maison de droite et le cuvage sous celle de gauche, avec porte couverte d'un linteau pour le cuvage, et porte couverte d'un arc plein cintre pour l'accès à la cave. Le palier, formé de dalles particulièrement fines, est commun, mais avec accès distincts rejetés latéralement. Deux étages, l'un carré, l'autre de comble. Probablement doit-on y voir les maisons de deux membres d’une même famille.

Date portée : 1818 (Ceyrat, 40 rue Henri Coquelut)Date portée : 1818 (Ceyrat, 40 rue Henri Coquelut)

L’exemple daté suivant (1819) annonce un type amené à se développer, notamment à Aubière (ici 25 rue Chambon), celui des bâtiments en hauteur simples à très hauts rez-de-chaussées avec cuvage : architecture simple et efficace. Deux étages carrés plus étage sous comble (balconnet d’axe au 2e étage), corniche couronnant la façade. Escalier droit à quartier tournant et grand palier menant à une porte piétonne au piédroit commun avec celui de la fenêtre attenante.

Date portée : 1819 (Aubière, 25 rue du Chambon)Date portée : 1819 (Aubière, 25 rue du Chambon)

Toujours à Ceyrat l’exemple daté 1820 est assez différent : type massé (1 étage plus fenil), escalier droit à deux volées et deux paliers ; en étage de soubassement, large accès au cuvage dont la porte couverte d'un arc en plein cintre présente une clef sculptée d’une feuille.Date portée 1820 (Ceyrat, 9 allée des Noyers)Date portée 1820 (Ceyrat, 9 allée des Noyers)

L’exemple daté 1823 à Beaumont, situé au 37 rue du 11 Novembre, est du type en hauteur (2 étages-carrés plus étage de comble) ; la porte d'entrée du logis se trouve dans la cour, les ouvertures vers le cuvage et la cave sont sur la rue, et utilisent un détail d’architecture courant à Beaumont dans ces années, le piédroit en pierre de taille commun à deux ouvertures. Appuis chantournés aux fenêtres du 1er étage.

Date portée : 1823 (Beaumont, 37 rue du 11 novembre)Date portée : 1823 (Beaumont, 37 rue du 11 novembre)

Si le corps d’habitation est comparable, à la même date et toujours à Beaumont pour cette maison rue Pasteur, la disposition des caves et cuvages, avec toujours ce détail d’architecture du piédroit commun, est bien différente, les deux étant rejetés sur l’arrière, au 16 rue Nationale. Premier exemple daté de distanciation physique des ensembles cave/cuvage et habitat.

Date portée : 1823 (Beaumont, 16 rue Nationale)Date portée : 1823 (Beaumont, 16 rue Nationale)

2e quart 19e siècle

Peu après et toujours à Beaumont, l’exemple daté 1825 au 39 rue du 11 Novembre se développe en largeur et laisse une place/part moins importante à la fonction habitat en réservant un large accès (central) au cuvage et un grand accès latéral à la cave, l’habitat n’occupant qu’un étage carré (et un niveau de combles) limité par le haut du cuvage.

Date portée : 1825 (Beaumont, 39 rue du 11 novembre)Date portée : 1825 (Beaumont, 39 rue du 11 novembre)

Autre exemple de la séparation des fonctions habitat et cave/cuvage, toujours à Beaumont, en 1827, 7 rue d’Assas où l’on ne Autre exemple de la séparation des fonctions habitat et cave/cuvage, toujours à Beaumont, en 1827, 7 rue d’Assas où l’on ne trouve que ces derniers, en 2 accès (comme à l’habitude couvert d'un arc cintré - ici en plein cintre - pour la porte cochère menant à la cour, et couvert d'un linteau - pour celui vers la cave) de chaque côté d’une porte piétonne.Date portée : 1827 (Beaumont, 7 rue d'Assas)Date portée : 1827 (Beaumont, 7 rue d'Assas)

Aubière compte nombre de maisons en hauteur, dont celle située 132 rue Saint-Antoine datée 1828 : cuvage en rez-de-chaussée (la cave est rejetée à un autre emplacement, nappe phréatique oblige) : 2 étages plus fenil, petit balcon (peut-être plus récent) au-dessus du cuvage, porte piétonne latérale et travée d’escalier intérieur ; maison en angle à pan coupé, corniche de baie, corniche saillante.

Date portée : 1828 (Aubière, 132 rue Saint-Antoine)Date portée : 1828 (Aubière, 132 rue Saint-Antoine)

La maison située 13 rue des Ramaclès à Aubière porte deux dates : celle de 1830 au rez-de-chaussée sur l’accès à la cave (accès en contrebas), et celle de 1870 à l’étage avec balcon (2e étage), qui s’ouvre sous un fenil. Maison étroite en hauteur, avec porte piétonne rejetée latéralement.

Dates portées : 1830 et 1870 (Aubière, 13 rue des Ramaclès)Dates portées : 1830 et 1870 (Aubière, 13 rue des Ramaclès)

Si les maisons d’Aubière sont majoritairement en hauteur, il en existe d’autres ailleurs, comme celle datée 1835 à Beaumont (28 rue du 11 Novembre), qui se développe sur deux étages plus fenil sur une seule travée de largeur, et dont un second cuvage occupe un bâtiment annexe mitoyen. Nouvelle illustration de la dissociation des fonctions. Pas de porte piétonne apparente, l’accès à l’habitation devant se faire via le cuvage.

Date portée  1835 (Beaumont, 28 rue du 11 novembre)Date portée 1835 (Beaumont, 28 rue du 11 novembre)

L’exemple de Ceyrat daté 1837 (22 rue de la Varenne) est plus “traditionnel” (les exemples en hauteur étant plutôt le fait d’Aubière et dans une moindre mesure de Beaumont et Montferrand) : 2 étages carrés et un étage de comble), 2 travées en largeur (latéralement), grand escalier droit perpendiculaire avec grand palier/balcon, surmontant un cuvage et/ou cave.

Date portée : 1837 (Ceyrat, 22 rue de la Varenne)Date portée : 1837 (Ceyrat, 22 rue de la Varenne)

Retour à Aubière, avec un exemple daté de 1846 (15 rue de la République), toujours pour un modèle en hauteur (2 étages plus fenil) pour cette maison d’angle avec cuvage en rez-de-chaussée, mais cette fois-ci avec grand escalier droit à quartier-tournant sur mur d'échiffre et palier, avec resserre en dessous.

Date portée  1846 (Aubière, 15 rue de la République)Date portée 1846 (Aubière, 15 rue de la République)

3e quart 19e siècle

La maison située à Aubière, 12 rue Saint-Antoine [IA63002644] et datée 1851 ne paraît pas avoir subi de modifications notables depuis lors, son petit balcon pourrait être un des premiers datés. Elle reprend le type fréquent à Aubière dont un prototype a été signalé en 1818 dans ce village même, celui de la grande maison en hauteur au (très) haut rez-de-chaussée avec cuvage. Maison de 2 étages plus fenil, 1er étage marqué par des bandeaux. L’accès piéton est rejeté latéralement. On y voit encore des appuis de fenêtre chantournés, mais plus simples, moins arrondis que les exemples plus anciens.

Date portée : 1851 (Aubière, 12 rue Saint-Antoine)Date portée : 1851 (Aubière, 12 rue Saint-Antoine)

Lorsque le fonds le permet, le type en hauteur propre à Aubière peut s’accompagner d’un escalier en façade, comme au 5 rue de Romagnat, vers 1865, lequel surmonte le cuvage et le haut rez-de-chaussée, et de par ce fait peut prendre une certaine ampleur/hauteur. 2 étages plus fenil, petit balcon, corniche de baie, bandeau marquant le 1er étage. La façade se développe en fond d'une cour sur rue.

Date portée : 186. (Aubière, 5 rue de Romagnat)Date portée : 186. (Aubière, 5 rue de Romagnat)

Fin 19e siècle - 1900

Mais ce type assez aubiérois laisse la place ailleurs à des dispositions moins spécifiques, plus simples, comme à Gerzat en 1889 (34 rue de l’Horloge) : volume simple avec cave et cuvage en rez-de-chaussée, habitat à l’étage, étage de fenil, chaîne d’angle. Exemple où l’on a réussi à “caser” trois ouvertures (porte piétonne latérale, accès cave et cuvage) en rez-de-chaussée dans une largeur limitée (piédroits communs).

Date portée : 1889 (Gerzat, 34 rue de l'Horloge)Date portée : 1889 (Gerzat, 34 rue de l'Horloge)

Le type ancien traditionnel persiste d’ailleurs encore fin 19e siècle. Au 18 rue de la Gare à Durtol, l’élévation est classiquement à deux niveaux, le large escalier à quartier-tournant mène à un balcon-terrasse avec resserre et porte de cave en dessous. Dans quelle mesure d’ailleurs la date portée au linteau de la porte piétonne (1895) ne porte-t-elle pas plutôt témoignage d’une réfection / mise au goût du jour d’une façade antérieure ?

Date portée : 1895 (Durtol, 18 rue de la Gare)Date portée : 1895 (Durtol, 18 rue de la Gare)

Le déroulé chronologique des cas datés s’achève avec l’année 1900 (le bâti vigneron du 20e siècle n’est ni fréquent ni très caractéristique) et avec un exemple trouvé à Ceyrat (2 rue de la Varenne) assez étonnant, mêlant dispositions vigneronnes types (cave et cuvage en rez-de-chaussée assez élevé, escalier droit latéral menant à l’habitation à l’étage…) mais interprété à la façon d’une maison typique 1900 dans sa construction, avec petit auvent en bois, balcons individuels avec ferronneries dans le goût Art Nouveau…

Date portée : 1900 (Ceyrat, 2 rue de la Varenne)Date portée : 1900 (Ceyrat, 2 rue de la Varenne)

Le bâti vigneron typique du Clermontois déjà peu fréquent pendant le 4e quart du 19e siècle a cessé d’exister avec le 20e siècle. Si la maison située 32 rue Kléber à Montferrand montre un décor au pochoir de pampres pouvant dater de cette même période, il résulte semble-t-il là aussi d’un réaménagement d’une maison plus ancienne.

Synthèse sur la chronologie du bâti

Notre corpus témoigne de la mise en place du type de la maison de vigneron vers la fin du 18e et le début du 19e siècle, dans les centres bourgs anciens, ce qui entraîne des réemplois, l’utilisation ou la transformation de bâtiments déjà existants. Il se pourrait que le manque de place, notamment, ait conduit dans certains cas à déporter les fonctions utilitaires dans de petits bâtiments annexes éloignés de la demeure de quelques rues et parfois regroupés dans un secteur. Le développement du travail du vin, activité principale ou faisant partie d’une exploitation agricole plus large rend nécessaire la construction d’ensembles se développant autour de cours. Dès le milieu du 19e siècle et dans sa 2e moitié, le plein essor de l’économie de la vigne entraîne l’apparition de nouveaux bâtiments dont la forme, les dimensions et l’architecture témoignent de l’ascension sociale de leurs propriétaires. De véritables maisons bourgeoises très soignées, comportant de vastes espaces consacrés à la production et à la conservation du vin (plusieurs niveaux de caves voûtées par exemple, chais), accompagnées de grands bâtiments d’exploitation.

De maison villageoise ou bourgeoise vigneronne l’on passe, pendant le 19e siècle, à la maison vigneronne villageoise ou bourgeoise, la fonction étant plus distinguée (voire séparée) et son intégration avec la partie habitat plus réfléchie. Les escaliers extérieurs, s’ils existaient parfois anciennement (maison de 1621 à Blanzat) ne semblent pas avoir été la règle jusqu’au début du 19e siècle, notamment lorsqu’ils touchent des maisons anciennes implantées en centre bourg. Ils sont plus fréquents à partir des années 1810, et témoignent parfois de l’adaptation de façades plus anciennes à un nouveau modèle et du besoin de ménager davantage d’espace aux pièces de production en rez-de-chaussée. 

Le second quart du 19e siècle voit cette tendance se continuer et s’accentuer : les rez-de-chaussée ménagent plus de place aux cuvages notamment et gagnent en hauteur, les fonctions viticoles étant parfois rejetées - tout ou partie - séparément de la maison principale d’habitation, en mitoyenneté ou bien plus loin.

Toutes tendances continuées et accentuées pendant les décennies suivantes et jusqu’à la fin du siècle, en étant associées à une rationalisation plus "bourgeoise" des dispositions : séparation stricte des pièces dédiées à l’activité de l’habitat, multiplication des pièces de la demeure qui comporte maintenant fréquemment cuisine et salle à manger, plusieurs chambres, cabinet de toilette, et un balcon extérieur. De plus en plus établies en marge des centres bourg à cette époque, les façades sont composées de manière plus régulière. Enfin, dans le contexte d'une séparation plus stricte entre espace public et espace privé, conjuguée à la volonté de la part des édiles de faciliter la circulation, les escaliers extérieurs sont plus rarement prévus dans les nouveaux programmes de construction.

Éléments permettant d’attribuer des datations

NB : certaines caractéristiques architecturales peuvent être trouvées hors des périodes définies de façon isolée (par exemple un canon de gouttière en 1835)

Éléments qui évoquent une datation haute (avant 1800) et qui, combinés, permettent une datation à la 2e moitié ou à la fin fin du 18e siècle

Ex. Maison 8 rue de l’Église au Cendre [IA63002635]

-corniche moulurée simple (une seule grosse moulure)

-canon de gouttière (gargouille)

-appui incurvé (au moins un)

-au moins un arc segmentaire / délardé

-si escalier : escalier à rampe pleine, large et main courante plate.

Éléments de datation autour de 1800-1830

Ex. Maison 6 impasse du Barry à Aubière

-corniche moulurée (une seule grosse moulure)

-canon de gouttière (gargouille)

-appui incurvé (au moins un)

-si escalier, plutôt léger (vide dessous), à rampe métallique (tiges métalliques fixées sur le limon)

-embrasure à ressaut, linteau droit fenêtres

Éléments de datation autour de 1830-1840

-corniche moulurée

-corniche à cuvette (parfois en forme d’entonnoir)

-appuis incurvés

Éléments de datation autour de 1850-1870

Ex. Maison 12 rue Saint-Antoine à Aubière [IA63002644]

-corniche moulurée plus complexe (plusieurs moulures)

-corniche à cuvette (parfois en forme d’entonnoir)

-petite corniche moulurée au-dessus de certaines fenêtres (souvent au 1er étage) et/ou de la porte d’entrée

-bandeau plat en pierre de taille séparant visuellement les niveaux sur la façade

-chaîne d’angle

-appuis incurvés parfois

-appuis droits, parfois inclus dans le bandeau séparant les niveaux

-souvent présence d’un balcon.

Éléments de datation autour de 1880-1900

Peu d’exemples, pas très facile à caractériser. Ex. Maison 13 impasse des Vignerons à Romagnat

-linteaux et appuis droits, non moulurés

-organisation plus rigoureuse de la façade

-toujours des corniches plus ou moins moulurées, plutôt avec des ressauts que des moulures parfois.

-si corniche au-dessus fenêtres ou porte, elle est souvent rattachée à l’encadrement par une « table » en pierre de taille.

[1] 2 cas à Blanzat (sur 50) et Royat (sur 6), et une seule à Cébazat (sur 30), Chamalières (sur 18), Gerzat (sur 21), Nohanent (sur 36).

[2]  Dont 15 hors datations limite 18e-19e s.

[3] A Châteaugay, 34 et 28,5 %, à Cournon 32 % pour chaque moitié du 19e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, Temps modernes, 19e siècle

Avertissement :

L'analyse s'est appuyée sur un corpus de 683 fiches de maisons vigneronnes (dont 12 immeubles) ou supposées telles, pour environ 5 à 10 fois plus de lieux prospectés, dans les 21 communes de l'agglomération ; les centres-bourgs notamment ont été systématiquement visités. Pour la plupart d’entre eux la prospection est restée extérieure, une trentaine d’édifices par contre ont été visités “de fond en comble”.

Le choix des édifices sélectionnés ayant donné lieu à des dossiers individuels a été guidé par :

- la représentativité des communes

- la représentativité des types

- la représentativité des époques

- la représentativité de la nature des édifices (maisons, caves isolées, tonne...).

Approche formelle, dispositions, architecture

Disposition générale

En général l'habitat vigneron rencontré est aligné par rapport à la rue. Les cas de maisons en retrait sont peu nombreux (71 cas). Cette disposition est apparue assez fréquente à Châteaugay mais quasiment absente à Clermont-Ferrand (logique urbaine oblige), Cébazat et Gerzat. La plupart des demeures sont parallèles à la rue, mais on rencontre, notamment à Cournon, des maisons perpendiculaires donnant sur une cour fermée par un mur le long de la rue.

La présence d’une cour, plus ou moins grande, a été constatée dans 11 % des cas. Mais là aussi les situations communales sont variées. Aucune cour n'a été trouvée à Royat et Chamalières, une seule à Romagnat (sur 42 maisons recensées), et très peu dans les autres communes. C’est à Cournon d'Auvergne, Aubière et Châteaugay qu’on en rencontre le plus. Il est donc logique de retrouver des murs de clôture, avec ou sans portails, surtout dans ces mêmes localités : essentiellement à Aubière, Cournon d'Auvergne et Châteaugay (et quelques-uns à Beaumont, Pérignat, Lempdes...).

Elévation

La maison vigneronne comporte au minimum un étage et plutôt un étage plus un semi-étage de fenil ou sous combles. Les exemples présentant deux étages ou deux étages et demi (avec fenil ou combles en surcroît) sont tout aussi nombreux. Dans la majorité des cas, le bâti ne se développe pas davantage en hauteur : nous n'avons repéré que 27 exemples de maisons à 3 étages, dont 3 présentant en plus au-dessus un étage de combles. Et 3 cas d’immeubles de 4 étages, situés à Clermont-Ferrand.

Les communes se répartissent entre communes au bâti plutôt en hauteur et communes où les élévations sont moindres. Parmi les premières, Aubière fait figure d'exception tant les maisons vigneronnes à au moins deux étages y sont nombreuses et majoritaires (4 sur 5). Bien que moins nombreuses, elles le sont tout autant à Clermont-Ferrand (3 sur 4 immeubles compris), puis Beaumont (4 sur 5), et un peu moins fréquentes à Nohanent et Durtol (plus de 1 sur 2)... Inversement, les communes où les maisons basses dominent (les maisons hautes ne correspondant qu’à 1 cas sur 3) sont Cébazat, Lempdes, Gerzat, Châteaugay, Aulnat et Le Cendre ; Cournon et Pérignat occupant une place intermédiaire entre ces deux tendances.

Contrairement peut-être à ce que l'on pourrait s'attendre à trouver, la hauteur (nombre d'étages) reste constante avec le temps. Il existe autant de maisons à un étage du 18e siècle que de la première moitié ou de la seconde moitié du 19e siècle ; et identiquement pour celles à deux ou trois étages.

Les étages supérieurs de fenils se trouvent en moyenne sur un tiers à la moitié des maisons (32 % à Aubière), sauf à Royat, Ceyrat, Pérignat, Beaumont et Blanzat où ils sont plus fréquents, surmontent entre les 2/3 et les 3/4 des maisons.

On trouve des étages inférieurs enterrés ou semi-enterrés sous entre un quart et un tiers des maisons... mais seulement sous une maison sur dix à Ceyrat, Romagnat et surtout Clermont-Ferrand. Aubière étant à nouveau un cas à part (seulement 3 %) du fait de la présence d’une nappe phréatique peu profonde, en tout cas en centre bourg ancien.

On trouve un peu moins d'étages de fenil pendant la seconde moitié du 19e siècle (30 %) que pendant la première moitié de ce siècle ou pendant le 18e siècle (env. 45 %). Les sous-sol/rez-de-chaussée enterrés ou semi-enterrés quant à eux tendent à se raréfier avec le temps [1]. Une nouvelle organisation des formes et des volumes bâtis de la maison vigneronne se met en place.

Largeur : travées

La majorité des constructions rencontrées ont une ou deux travées de largeur en façade, avec ou sans travée d'escalier (travée étroite au-dessus de la porte souvent sans ouverture à l'étage). 

Les maisons étroites, d’une seule travée, se trouvent plutôt à Ceyrat, Chamalières et Romagnat (les 2/3 des constructions) et sont plus rares à Châteaugay, Pérignat et Royat (pour moins d'1 édifice sur 3). A l’autre extrémité de l’échelle, les maisons de 3 travées ou plus (avec ou sans travée d’escalier) sont plutôt fréquentes à Cournon (plus de 1 sur 3), Lempdes et Pérignat (plus de 1 sur 4). Les maisons/façades les plus larges ont été trouvés dans les communes de Clermont-Ferrand et Châteaugay.

Toutes les périodes sont représentées pour chaque catégorie : la largeur ne dépend pas du moment de la construction, mais uniquement semble-t-il des besoins et des moyens des propriétaires.

Cuvages et caves associés aux maisons de vignerons

Les maisons de vignerons du Clermontois se caractérisent par la présence des aménagements à vocation vinicoles au sein du bâtiment ou à proximité immédiate : les cuvages, espaces accueillant les étapes d’élaboration du vin, et les caves (ou chais) permettant le stockage du vin, du raisin ou d’autres denrées ; ceci dans 87 % des cas.

Lorsqu’elles sont installées au sein des bâtiments, ces pièces sont situées en rez-de-chaussée (cuvages) et en étages semi-enterrés (souvent en raison de l’adaptation au relief du terrain) ou enterrés (quelques fois sur plusieurs niveaux). De l’extérieur, on repère leurs accès, leurs aérations et parfois leur volume (haut cuvage donnant un haut rez-de-chaussée).

Accès

L'accès à l'habitation se fait tout aussi souvent à l'étage qu'en rez-de-chaussée ; avec escalier tant en extérieur qu'en intérieur. Mais les disparités entre les communes sont assez grandes : l’accès à l’étage étant fréquent (75-80 % des cas) à Aulnat, Romagnat, Ceyrat, Durtol, Pérignat ou Nohanent, mais plus rare (20 %) à Beaumont, Clermont-Ferrand, Gerzat, Cournon et Cébazat. Et ceci quelles que soient les époques.

La plupart du temps, les portes piétonnes ne sont pas centrées dans la façade (désaxées dans 70 % des cas) ; les accès latéraux sont peu courants (6 % des cas).

La situation est assez comparable pour l'accès à la cave servant de chai, souvent percé en façade, qui est désaxé 4 fois sur 5. Les accès latéraux à la cave sont un peu plus fréquents (ce qui somme toute est assez logique s'agissant d'accès secondaires). Dans près d’1 cas sur 5 l'accès à la cave se fait sous l'escalier. Les linteaux en bois sont peu fréquents (42 cas). Les accès aux caves depuis l'extérieur sont souvent surbaissés comme ici à Beaumont, 16 rue Saint-Verny (surbaissement qui parfois peuvent être dus à l'exhaussement au fil du temps des chaussées en centre ancien).

Beaumont, 16 rue Saint-VernyBeaumont, 16 rue Saint-Verny

Environ 1/3 de l'habitat/bâti vigneron recensés ne comporte pas d'accès à la cave visible de l’extérieur : soit que celui-ci se fasse à l'intérieur par le cuvage (par exemple à Aulnat, 14 place du Fort), soit parce que la cave se situe à un autre emplacement. Cependant il faut tenir compte du fait que la présence visible depuis l'espace public d'un accès à une cave a largement contribué à la pré-sélection des édifices.

Aulnat, 14 place du FortAulnat, 14 place du FortAulnat, 14 place du FortAulnat, 14 place du Fort

Dans 7 % des cas par contre il se trouve plus d’un accès de cave (jusqu'à 4) notamment pour des maisons en angle. Enfin, nous avons trouvé 18 exemples de descentes de caves formant corps de bâtiment, disposition spécifique qui pourrait correspondre aux “encavages saillants” dont il est question dans les archives.

Descente de cave formant corps de bâtiment : Ceyrat, 10 rue des VigneronsDescente de cave formant corps de bâtiment : Ceyrat, 10 rue des VigneronsDescente de cave : Durtol, 19 rue de la GareDescente de cave : Durtol, 19 rue de la GareDescente de cave formant corps de bâtiment : Lempdes, 2 rue Notre-DameDescente de cave formant corps de bâtiment : Lempdes, 2 rue Notre-Dame

La porte menant au cuvage est elle aussi majoritairement désaxée dans la façade. Les linteaux en bois sont aussi peu fréquents (42 cas). Elle s’ouvre beaucoup moins fréquemment que la porte de cave sous l’escalier de façade. Globalement, la porte du cuvage, trouvée pour une maison sur deux, est moins courante dans la maison vigneronne clermontoise que celle menant à la cave.

Entrée de cuvage couverte d'un arc en anse-de-panier : Aubière, 28 rue du ChambonEntrée de cuvage couverte d'un arc en anse-de-panier : Aubière, 28 rue du ChambonEntrée de cuvage couverte d'un arc en anse-de-panier : Beaumont : 59 rue NationaleEntrée de cuvage couverte d'un arc en anse-de-panier : Beaumont : 59 rue Nationale

Entrée de cuvage couverte d'un linteau en bois : Pérignat : 1 rue de RomagnatEntrée de cuvage couverte d'un linteau en bois : Pérignat : 1 rue de Romagnat

Rez-de-chaussée

Les rez-de-chaussée ne présentent de fenêtre que pour 1 site sur 3, mais elles comptent parfois 2 fenêtres, voire 3 très rarement, et davantage exceptionnellement (cas à Montferrand et Blanzat). 

96 maisons vigneronnes présentent des hauts rez-de-chaussée, en général pour accueillir de vastes cuvages. Ces hauts rez-de-chaussée se rencontrent surtout à Aubière (presque un tiers des maisons) et Beaumont (12 cas, une maison sur 6) et, proportionnellement, à Aulnat (une maison sur 4), et dans une moindre mesure à Châteaugay, Cournon, Cébazat et Pérignat [3]. Mais pas du tout à Nohanent et Romagnat, très peu à Clermont-Ferrand [4]. Ils sont un peu plus fréquents durant le milieu ou la seconde moitié du 19e siècle. Ils prennent cependant, à partir du milieu du 19e siècle, notamment à Aubière, une ampleur (hauteur) supérieure.

Escaliers et balcons

Des escaliers extérieurs menant à l'étage ont été rencontrés sur 344 édifices, soit pour 45 % des maisons, avec ce biais dans le comptage que la présence d'un escalier extérieur a conduit notamment à retenir les maisons à escalier extérieur comme maisons de vignerons, mais la présence de cuvage ou de tout autre élément équivalent, voire les témoignages oraux recueillis sur place ont également été pris en compte. L'escalier extérieur est ainsi une disposition très courante, assez caractéristique de l’habitat vigneron dans les mentalités, et qui mérite que l’on s’y arrête quelque peu. Leur fréquence reste la même durant toutes les époques étudiées.

Ils sont placés essentiellement en façade principale, pour 92 % d’entre eux, et comprennent souvent un palier, très peu sont disposés le long d’une façade latérale (7 % des cas). Ils sont majoritairement droits (3 sur 5), mais peuvent être également disposer d'un quartier-tournant (pour près d’1 cas sur 5 ; partie tournante en général située à mi-hauteur) ou en retour d'équerre à deux volées (10 %). La plupart (3 sur 5) sont parallèles à la façade (longitudinaux) contre laquelle ils s’appliquent (principale ou latérale). Certains, moins nombreux, sont perpendiculaires à la façade (15 %) et dans ce cas empiètent, quelques fois largement, sur la chaussée, à moins que la maison ne soit en retrait par rapport à la rue. Les exemples les plus anciens sont massifs (pleins), droits ou à deux volées, sans que ce type disparaisse ensuite.

Escalier avec mur d'échiffre et parapet, parallèle à la façade : Blanzat, 20 passage des SourcesEscalier avec mur d'échiffre et parapet, parallèle à la façade : Blanzat, 20 passage des SourcesEscalier suspendu et rampe d'appui métallique, parallèle à la façade, et palier surmontant l'accès au cuvage : Ceyrat, 16 rue de la VarenneEscalier suspendu et rampe d'appui métallique, parallèle à la façade, et palier surmontant l'accès au cuvage : Ceyrat, 16 rue de la VarenneEscalier suspendu, à quartier-tournant : Châteaugay, 7 imp. des Basses-coursEscalier suspendu, à quartier-tournant : Châteaugay, 7 imp. des Basses-cours

Les escaliers larges sont plus fréquents que les étroits. Ils sont majoritairement en pierre. Tous ne comportent pas de resserre en dessous, moins d’un sur deux, et encore moins pouvaient accueillir un toit à cochons étant donné leur développement plus souvent en hauteur qu’en largeur ou profondeur. Cette disposition souvent présentée comme caractéristique du bâti vigneron est en fait loin d’être systématique.

Ces caractéristiques générales cachent cependant des situations variées. Par exemple, la catégorie majoritaire des escaliers droits longitudinaux appliqués contre la façade se déclinent en fait en escaliers enjambant un accès à la cave et/ou au cuvage, sous-catégorie majoritaire (70 %) et dont partie (1 sur 6) sont à quartier-tournant en partie basse, ce qui permet un débouché perpendiculaire à la rue plus aisé, et en escaliers n’enjambant aucun accès, de moindre élévation, qui sont massifs (maçonnés) et accueillent la plupart du temps une resserre ou une soue. Certains de ces derniers se résument à quelques marches permettant l’accès à des rez-de-chaussée surélevés.

Escalier avec mur d'échiffre englobant une descente de cave : Châteaugay, 3 rue du ChâteauEscalier avec mur d'échiffre englobant une descente de cave : Châteaugay, 3 rue du Château

Les escaliers à quartier-tournant enjambent tous une accès vers un cuvage et/ou une cave. On y trouve la même distinction entre exemples maçonnés et massifs, qui souvent sont les plus anciens, et les aériens escaliers appareillés aux douelles apparentes (beau travail de stéréotomie) qui n’apparaissent que courant 19e siècle. On en trouve avec une belle fréquence à Durtol, Nohanent et Ceyrat, les plus nombreux sont à Aubière, mais on en voit aussi à Beaumont, Romagnat…

Escalier à quartier-tournant, perpendiculaire à la façade et maçonné : Aubière, 2 rue de la RépubliqueEscalier à quartier-tournant, perpendiculaire à la façade et maçonné : Aubière, 2 rue de la RépubliqueEscalier suspendu, à quartier-tournant, avec palier surmontant l'accès au cuvage : Ceyrat, 16 pl. de l'Ancienne MairieEscalier suspendu, à quartier-tournant, avec palier surmontant l'accès au cuvage : Ceyrat, 16 pl. de l'Ancienne Mairie

Les escaliers droits perpendiculaires à la façade en général desservent une porte latérale à l’étage. Il existe très peu d'exceptions d’escaliers axiaux. Pour les petites maisons les plus modestes souvent, de journaliers, ces escaliers desservent un étage campé au-dessus d’un soubassement, souvent semi-enterré, comportant l’accès à la cave.

Escalier perpendiculaire : Beaumont, 10 pl. St-PierreEscalier perpendiculaire : Beaumont, 10 pl. St-PierreEscalier rez-de-chaussée surélevé : Aulnat, 8 rue de la TourEscalier rez-de-chaussée surélevé : Aulnat, 8 rue de la Tour

Lorsque le rez-de-chaussée est plus haut (ou moins enterré), l’escalier montre un plus grand développement. Les escaliers perpendiculaires à la façade mènent fréquemment (1 cas sur 2 environ) à un palier/balcon (l’être) qu’il n’est pas rare de voir occuper toute la largeur de la façade, et est souvent abrité sous un auvent, dit parfois "courcour".

Par définition les escaliers latéraux sont placés sur des édifices non mitoyens, fréquemment d’angle ou donnant sur une place. Ils permettent de dégager la façade et notamment l’accès au cuvage/cave qui se trouve sur la façade principale. Ils sont tous construits sur mur d'échiffre. On signalera quelques rares cas d’escaliers latéraux tournants ou perpendiculaires, dispositions qui souvent résultent de conditions locales spécifiques.

Escalier parallèle à une élévation latérale : Aubière, 9 imp. St-JosephEscalier parallèle à une élévation latérale : Aubière, 9 imp. St-Joseph

La dernière sous-catégorie, celle des escaliers à deux volées, se différencie par la position des volées qui majoritairement (3 sur 4) sont successivement perpendiculaires puis parallèles à la façade (dans le sens de la montée), mais exceptionnellement peuvent être inverses (parallèles puis perpendiculaires) ou bien à deux volées longitudinales avec large palier-repos entre les deux.

Les disparités communales sont fortes entre des villes ou bourgs où presque toutes les maisons vigneronnes possèdent un escalier extérieur comme à Aulnat, Durtol ou Pérignat, ceux où ils sont fréquents comme à Aubière, Blanzat, Romagnat, Ceyrat, Nohanent et ceux où ils sont beaucoup moins présents comme à Clermont-Ferrand, Cébazat et Gerzat.

La présence de balcon a été constatée sur 152 édifices (20 %) [5]. Constitués de larges dalles de Volvic encastrées dans le mur, soutenues par des corbeaux et souvent équipés de garde-corps ornementés en ferronnerie. 2 sur 5 reposent sur des corbeaux, parfois ornementés : 2 corbeaux dans la majorité des cas et jusqu'à 6 voire 7 pour les balcons régnant sur toute ou partie de la longueur de la façade. Les balcons restent exceptionnels au 18e siècle (deux cas à Beaumont et un à Romagnat à la césure des 18e et 19e siècles). Ils sont caractéristiques du 19e siècle, notamment du 3e quart [6]. Les balcons sont particulièrement fréquents à Aubière (61 cas, soit pour la moitié des sites) ainsi qu'à Chamalières et Durtol (avec presque la même fréquence). Hors ces deux communes, ils restent très minoritaires. Les exemples constatés sur des façades antérieures au milieu du 19e siècle semblent pour la plupart résulter de remaniements postérieurs.

Modénature, arcs et décor

Quoique simple, souvent, l'architecture du bâti vigneron montre des éléments de modénature, des arcs, des encadrements de baie, des bandeaux qui, en scandant les élévations, sont invariablement en pierre taillée de Volvic. Des différences de qualité, de taille, de niveau social du constructeur contribuent à les distinguer.

Sur les 683 maisons ou immeubles repérés, 371 montrent une corniche haute moulurée, en pierre, qui parfois s'agrémente d'une partie en cuvette (98 corniches à cuvette recensées) servant à la collecte des eaux vers la descente d'eau. Et plus rarement présentent une gargouille architecturée (70 cas). Ce dispositif constitue d'ailleurs un des éléments de décor principaux des façades des maisons vigneronnes, et témoigne de la qualité de la construction. 

Les corniches moulurées sont en pierre de Volvic taillée et adoptent le plus souvent un profil simple en quart-de-rond, talon ou doucine, avec parfois une ligne de mouluration supplémentaire. Elles sont très fréquentes à Beaumont et Aubière, mais aussi à Blanzat ; elles sont beaucoup plus rares au Cendre ou à Cournon d'Auvergne ou Romagnat [7]. 

Profil courant d'une corniche : Cournon d'Auvergne [IA63002659]Profil courant d'une corniche : Cournon d'Auvergne [IA63002659]Profil de corniche plus rare avec mouluration supplémentaire : Lempdes, 4 rue de la GardeProfil de corniche plus rare avec mouluration supplémentaire : Lempdes, 4 rue de la Garde

Les gargouilles architecturées (canons de gouttière) ont été trouvées surtout (1 site sur 6) à Beaumont, Blanzat, Ceyrat et Gerzat ; il en existe 12 à Aubière (12) soit pour environ une maison sur 10.

Corniche avec gargouille architecturée (canon de gouttière) : Beaumont, 28 rue du 11 novembreCorniche avec gargouille architecturée (canon de gouttière) : Beaumont, 28 rue du 11 novembre

Chamalières : 14 pl. du Champgil [IA63002652]Chamalières : 14 pl. du Champgil [IA63002652]

Les dispositions en cuvette se remarquent principalement à Beaumont (38 % des cas), mais aussi à Aubière et Blanzat (21-24 %), mais pas à Romagnat.

Corniche avec cuvette d'évacuation : Beaumont, 13 rue du 11 novembreCorniche avec cuvette d'évacuation : Beaumont, 13 rue du 11 novembreCorniche avec autre type de cuvette d'évacuation : Aubière, 19 rue Côte-BlatinCorniche avec autre type de cuvette d'évacuation : Aubière, 19 rue Côte-BlatinCorniche et cuvette d'évacuation avec moulure supplémentaire : Châteaugay, 38 rue Antoine-LannesCorniche et cuvette d'évacuation avec moulure supplémentaire : Châteaugay, 38 rue Antoine-Lannes

Les corniches moulurées, tout comme la disposition avec cuvette, se trouvent sur les bâtiments construits pour l'essentiel entre le 4e quart du 18e siècle et le 3e quart du 19e siècle, avec une plus forte concentration entre la fin du 18e siècle et les années 1840. Les gargouilles sont davantage présentes dans la fourchette haute de cette chronologie : entre le 4e quart du 18e siècle (très présentes au 18e siècle) et le 1er quart du 19e siècle.

La corniche est parfois remplacée par une génoise (58 cas). Sa réalisation est d’inspiration méridionale. Le matériau employé est la tuile canal. Formée de plusieurs rangs (1 à 4) de tuiles rondes renversées et disposées en quinconce. Après coup, on bourrait l’intérieur de chaque tuile avec un mortier de chaux.

Cette disposition n’a été trouvée que dans 8 communes, du sud-est de l'agglomération : Aubière, Pont-du-Château, Pérignat (pour seulement un cas), Romagnat, Lempdes, Cournon d'Auvergne, Le Cendre et Aulnat [8].

La qualité de construction - ou son importance - est signalée par la présence de chaînes d'angles (plus fréquentes pour les constructions en angle), en pierre de taille de type Volvic, présentes sur 146 édifices [9]. Elles ont été vues notamment à Aubière, Blanzat, Gerzat et Royat (1 site sur 3) ou encore à Beaumont (1 cas sur 4), mais pas à Pérignat par exemple. Les chaînes d'angle se rencontrent essentiellement sur des constructions des années 1820 à 1870.

Les appuis de fenêtre chantournés (dits "bassoires" localement) ont été rencontrés dans 1 maison sur 4. C'est à Aubière qu'ils ont été vus avec le plus de fréquence [10]. On en rencontre aussi fréquemment à Beaumont, Nohanent et Romagnat [11]. Il n'en a pas été trouvé par contre dans certaines communes viticoles importantes : aucun à Cébazat, ni à Châteaugay.

Ces appuis chantournés dénotent de formes héritées du 18e siècle. Les cas rencontrés, cependant, datent certes pour quelques-uns du 4e quart de ce siècle (15 cas), mais apparaissent plus souvent plutôt autour de 1800 (13 cas) et ont été vus avec une plus grande fréquence sur des façades datables du 2e quart du 19e siècle (72 cas) et des années 1830-1840 (56 cas). Avec une telle fréquence que l'on doit admettre que ces éléments ne résultent pas uniquement de remplois mais bien que la mode de l'appui chantourné est restée active localement jusque vers le milieu du 19e siècle.

Les embrasures sont assez rarement moulurées (32 cas) et chanfreinées (52 cas), dispositions trouvées sur les façades les plus anciennes.

Les auvents ou marquises sont eux-aussi peu courants (24 auvents et 13 marquises) et résultent souvent d'aménagements récents. Les traditionnels “courcours”, avancées de toit/auvents protégeant l’escalier et son palier ont donc bien souvent disparu aujourd’hui, ne nous sont pas parvenus.

Les arcs des ouvertures diffèrent. Si la quasi totalité des façades montrent des ouvertures droites, rectangulaires, 216 montrent au moins un arc en anse de panier, 145 en plein cintre, 97 segmentaires et 26 délardés. 

Les arcs en anse de panier et en plein cintre datent de deux périodes principales distinctes : du 16e siècle (anse de panier surtout), et du 18e siècle (plutôt à partir de 1730) jusqu'aux années 1840-1850. Les arcs en anse de panier sont très fréquents à Royat et se trouvent sur une maison sur deux environ à Beaumont, Châteaugay et Pérignat, et encore souvent à Aubière. Ils sont très rares en revanche à Aulnat, Chamalières, Lempdes. Les arcs en plein cintre quant à eux sont fréquents (2 cas sur 5) à Aubière, Beaumont, Ceyrat, mais inexistants à Aulnat et Le Cendre par exemple. 

Les linteaux délardés, présents sur 26 sites, se trouvent sans surprise sur des façades datables de la 2e moitié du 18e siècle et de la 1ère moitié du 19e siècle, notamment à Nohanent (5 cas) et Romagnat (4 cas).

Ces éléments d'architecture, qui portent témoignage d'un bâti relativement ancien (fourchette haute de la chronologie générale du corpus) et présentent une certaine qualité d'exécution (plus esthétiques qu'un simple linteau droit), nous aident ainsi à préciser les communes où l'habitat est plus qualitatif (en ordre de fréquence du nombre de mentions) : Beaumont (surtout), Aubière, Châteaugay, Pérignat, Ceyrat, Durtol, Royat, Cournon d'Auvergne, Blanzat. Inversement, sur ce plan, le décor architectonique est apparu plus "commun" à Le Cendre, Chamalières, Aulnat.

Autre indice qualitatif : le décor porté. Les éléments relevés sont des décors architecturaux : les moulurations (76 mentions), les bandeaux décoratifs (61 mentions), chapiteaux, frises… , mais aussi les ornements à forme végétale (26 mentions) ou géométrique (8), les divers ornements figurés (14)... Ces ornements apparaissent gravés ou sculptés dans la pierre, le plus souvent sur des clés d’arc de baies, sur des linteaux monolithes ou dans la ferronnerie des garde-corps. Ils peuvent avoir une thématique "vigneronne", avec des représentations d'outils de vignerons (serpettes) ou de feuilles de vigne. D'autres motifs sont traditionnels de l'ornementation comme la coquille, le coeur, le cercle. La qualité d'exécution varie selon les lieux.

Outil de vigneron : Beaumont, 8 rue St-PierreOutil de vigneron : Beaumont, 8 rue St-PierreFeuille (de vigne ?) : Gerzat, 8 pl. de la LibertéFeuille (de vigne ?) : Gerzat, 8 pl. de la LibertéFeuille (de vigne ?) : Pérignat-lès-Saliève, 2 rue J. ClaussatFeuille (de vigne ?) : Pérignat-lès-Saliève, 2 rue J. ClaussatFeuille (de vigne ?) : Beaumont, 8 pl. NationaleFeuille (de vigne ?) : Beaumont, 8 pl. NationaleCoquille : Ceyrat, 9 allée des NoyersCoquille : Ceyrat, 9 allée des Noyers

Le bâti vigneron reste cependant généralement simple : seulement 173 édifices montrent un décor architectural (moins d’1 site sur 4), total qui passe à 243 si l'on y ajoute les édifices avec gargouille saillante (qui sont cependant des éléments fonctionnels à l'origine, ayant acquis un statut décoratif ou pittoresque de nos jours) et à 423 si l'on tient compte également de la présence d'appuis de fenêtre chantournés (soit plus d’1 site sur 2).

Les communes où le décor est le plus présent sur le bâti vigneron sont Aubière et Beaumont [12], puis viennent Clermont-Ferrand, Blanzat. A l’opposé, les maisons d’Aulnat et Pérignat en montrent rarement.

Chronologiquement, les maisons les plus porteuses de décor sont celles du 16e siècle et les maisons “bourgeoises” du 3e quart du 19e siècle (2 sur 3), ainsi, dans une moindre mesure (2 sur 5) que les maisons du 18e siècle.

A signaler : souvent les exemples montferrandais ne cadrent pas avec les grandes tendances esquissées ci-dessus. Le statut urbain de même que le bâti conservé y sont plus anciens que dans les autres communes de la métropole. Les cas avec cour ou les caves et cuvages séparés sont moins fréquents. On y trouve moins souvent les dispositions typiques des structures vigneronnes rencontrées dans les autres communes et mises en place progressivement surtout pendant le 18e siècle et au cours du 19e siècle. A Montferrand il est fréquent que les maisons résultent de modifications successives intégrant plus ou moins des dispositions propres au bâti viticole.

La situation est un peu comparable à Clermont même où hors certains secteurs en périphérie de l’hyper centre avec maisons vigneronnes caractéristiques (passage du Chauffour, place du Champgil, quartier Saint-Alyre…), les maisons et immeubles intègrent parfois des dispositions vigneronnes mais majoritairement n’ont pas été conçus pour cette activité.

Approche typologique

L’étude a permis de déterminer plusieurs catégories de maisons vigneronnes selon des caractéristiques à la fois formelles, sociales et fonctionnelles.

Nous avons déterminé deux catégories principales (volumes massés et en hauteur) qui se déclinent en sous catégories (massé traditionnel et “rationnel”, en hauteur avec escalier, sans escalier, à haut cuvage), ainsi que des types “transversaux”, que croisent les catégories précédentes : avec cour (fermes viticoles), maisons de centre bourg, bourgeoises, jumelles, petites. Plus des cas exceptionnels et atypiques.

Type massé

Type massé traditionnel

Le type massé traditionnel correspond à un des archétypes de la maison vigneronne tels qu’ils sont conçus dans les bourgs du Clermontois : une maison de plan proche du carré, petite à moyenne, de faible élévation, souvent avec un escalier extérieur longitudinal, placé contre le mur pignon, aboutissant à un palier appelé “estre”. Il arrivait que l’escalier et le palier soient autrefois protégés par un grand auvent dénommé “courcour” qui a largement disparu (ou été remplacé par un auvent, ou une marquise aux 20e et 21e siècles). Le balcon dessert le logement au 1er étage. Le cuvage et/ou l’abri du bétail et/ou la cave sont au rez-de-chaussée. Leur accès se trouve souvent sous l’estre. Parfois, sous l’escalier, on trouve une loge aménagée pour l’élevage des cochons (la soue). Au-dessus de l’habitation, un grenier ou fenil servant de réserve à grains, ails et oignons et de séchoir à linge, prend jour par de petites fenêtres carrées. La disposition la plus courante superpose le cuvage et la cave à laquelle on accède par une trappe et un escalier droit. Elle permet de mettre le vin en foudres par gravité à partir du cuvage et de le tenir au frais. 

Ce type est celui de notre exemple daté le plus ancien, portant le millésime 1621 (Blanzat).

Différences notables par rapport à d’autres catégories : d’une part le maintien fréquent de l’escalier en façade, qui souvent fait bloc avec le volume de la maison, et peut prendre des dimensions importantes, et d’autre part le maintien strict sous l’habitation des espaces techniques, caves et cuvages.

Par exception, la petite maison massée clermontoise à l’angle de la place du Champgil et de la rue Champfort ne montre pas d’escalier extérieur.

Un bel exemple de ce type peut être trouvé au 2 rue de la Rivallière à Aulnat [IA63002647], maison d’angle, parfois proposée localement dans les publications comme étant un archétype de la maison vigneronne.

Type massé traditionnel (Aulnat, 2 rue de la Rivallière)Type massé traditionnel (Aulnat, 2 rue de la Rivallière)

Ce type “massé” est représenté aussi au 20 rue de la Gare à Durtol (à l’abandon) où il est précédé d’un large escalier débordant et grand estre, ou encore à Montferrand à l’angle des rues Saint-Antoine et Kléber et Saint-Antoine et du Temple. 

Type massé traditionnel (Montferrand, angle rues Kléber et Saint-Antoine)Type massé traditionnel (Montferrand, angle rues Kléber et Saint-Antoine)

Type massé traditionnel (Durtol, 20 rue de la Gare)Type massé traditionnel (Durtol, 20 rue de la Gare)

On trouve à Durtol une maison massée de plus grande ampleur, 2 rue Pasteur ; l’"estre" y est protégée par la saillie du toit. Elle doit son plus grand volume à sa datation plus récente, courant seconde moitié du 19e siècle.

Durtol, 2 rue PasteurDurtol, 2 rue Pasteur

Type massé régulier

Ce dernier exemple permet d’aborder le sous-type que l’on pourrait aussi qualifier de massé avec élévation à travées, qui est notamment bien représenté à Cournon d’Auvergne.

Les trois premiers exemples retenus se trouvent aux 6 et 8 rue des Vignerons à Cournon d’Auvergne [IA63002646 le n°6] et au 2 rue Notre-Dame à Lempdes. Ils correspondent à des habitats associés à des ensembles avec cour, les bâtiments d’exploitation étant distincts, sauf la cave, qui est maintenue sous la maison et est souvent accessible de la rue. La plupart de ces bâtiments apparaissent déjà sur le cadastre napoléonien qui date des années 1810 et 1820 pour ces villages.

Ces grands volumes et types constructifs ont pu trouver leurs modèles peut-être parmi certaines grandes demeures patriciennes urbaines, telles que celle visible par exemple à Montferrand au 33 rue de la Rodade à l'angle rue de Boissière, et dont certaines ouvertures datent du 16e siècle. 

Type massé avec parti d'élévation à travées (Montferrand, 33 rue de la Rodade)Type massé avec parti d'élévation à travées (Montferrand, 33 rue de la Rodade)

Avec le temps, les cuvages et les rez-de-chaussée prennent de la hauteur, ce qui étire à la verticale l’aspect général de ce type (Lempdes, angle rue de Clermont et impasse des Sans-Souci).

Lempdes, 2 impasse des Sans-Souci, angle rue de ClermontLempdes, 2 impasse des Sans-Souci, angle rue de Clermont

Celui rue de la Treille correspond à une version plus urbaine (avec angle - arrondi - de rue) et plus en largeur. Les volumes sont plus massifs, le cuvage n’occupe pas le même développement en hauteur, mais ces exemples témoignent de la même volonté qu’à Aubière (et Beaumont) d'intégrer les fonctions viticoles dans une composition de façade plus régulière.

Type massé avec parti d'élévation à travées (Cournon, 13 rue de la Treille)Type massé avec parti d'élévation à travées (Cournon, 13 rue de la Treille)

Type “en hauteur”

Les types en hauteur, quelle que soit leur taille, se caractérisent par la superposition des espaces et des fonctions, des niveaux enterrés ou semi-enterrés aux greniers/fenils. Cette organisation pourrait résulter du manque de place dans le tissu urbain ancien des bourgs, souvent fortifiés à l’origine, et du relativement faible espace nécessaire à l’élaboration et au stockage du vin, et au rangement de l’outillage, comparativement à l’activité céréalière par exemple. Cette hypothèse demande à être vérifiée, d'autant plus que la maison repérée et datée la plus ancienne (1621) est du type massé.

Type "en hauteur "sans escalier extérieur

S’il est bien un type qui passe pour être typique de la maison vigneronne clermontoise c’est bien le type “en hauteur”, propagé et amplifié, on l’a vu, notamment par les exemples d’Aubière. La sous-catégorie en question ici est sans escalier en façade. Aujourd’hui elle est de peu majoritaire par rapport aux cas avec escalier extérieur, auparavant, avant la destruction, attestée, de nombre d’entre eux (alignements, réhabilitations…) il est probable que les proportions devaient être inverses.

Les exemples retenus pour illustrer cette catégorie sont à Gerzat (8 place de la Liberté - détruit après inventaire), Châteaugay (10 rue de Fontfarge et impasse des Basses-Cours [IA63002697]), Aubière (19 rue Saint-Antoine [IA63002690] et 6 impasse du Barry) ce dernier daté 1817, Beaumont (39 rue Nationale [IA63002648] et 28 rue du 11 Novembre) avec cuvage associé attenant daté 1835 pour ce dernier, Royat à l’angle des rues Peghoux et Sainte-Anne, et à Chamalières (47 avenue de Royat).

Type en hauteur sans escalier extérieur : Aubière, 19 rue Saint-AntoineType en hauteur sans escalier extérieur : Aubière, 19 rue Saint-Antoine

Aubière, 6 impasse du BarryAubière, 6 impasse du Barry

Type "en hauteur" sans escalier extérieur (Chamalières, 47 avenue de Royat)Type "en hauteur" sans escalier extérieur (Chamalières, 47 avenue de Royat)

Ce type est très majoritaire à Clermont-Ferrand. Les édifices retenus se trouvent passage du Chauffour et 8 rue des Aimés à Clermont, et à Montferrand 18 rue de Beaujeu, 32 rue Kléber, 21 rue de la Rodade et à l’angle avec la rue Pinchon, 1 rue de Marmillat et 4 rue Sainte-Marie.

Clermont-Ferrand, 8 rue des AimésClermont-Ferrand, 8 rue des Aimés

Clermont-Ferrand (Montferrand), 21 rue de la Rodade, rue PinchonClermont-Ferrand (Montferrand), 21 rue de la Rodade, rue Pinchon

La plupart de ces exemples datent de la 1ère moitié du 19e siècle, plutôt autour de 1820, période principale de construction du bâti vigneron clermontois qui nous est parvenu, mais peuvent être plus anciens pour certains exemples urbains, preuve que le type est déjà bien présent dans le paysage local déjà sous l’Ancien Régime. Les caves sont toujours présentes au rez-de-chaussée et sont parfois associées à d’autres bâtiments viticoles attenants (Beaumont), ceci plutôt plus récemment (cas daté 1835). L’élévation est de deux étages, avec ou sans fenil. Les descentes de cave sont parfois profondes et spectaculaires. Les portes piétonnes sont rejetées latéralement en façade. Un caractère récurrent ressort de l'analyse : une seule fenêtre par étage complétée parfois par une travée d’escalier, aveugles ou à jours. Mais les exemples existent à deux voire trois travées, et dénotent dans ce cas de l’aisance du propriétaire : le nombre et l’importance des fenêtres va souvent de paire avec la qualité du bâti (Montferrand, rues de Beaujeu et de Marmillat). Les surfaces habitables sont modestes. Le modèle perdure au-delà des années 1840-1850, se systématise alors (symétrie, Chamalières) et s’anime parfois d’un petit balcon (Chamalières et rue Marmillat à Montferrand). La maison 81 rue Nationale à Beaumont (4e quart 19e siècle) est une très bonne illustration de cette évolution.

A Montferrand et à Clermont-centre, l’ancienneté des implantations complique parfois les élévations (présence ou remploi de fenêtres à meneaux/moulurations des siècles précédents…) [13]. 

Type “en hauteur” à escalier extérieur

Le type “en hauteur” à escalier extérieur représente, au même titre que le type “massé”, dans l’imaginaire, l’archétype de la maison vigneronne des Côtes d’Auvergne. Si les exemples sont nombreux effectivement, cette catégorie ne correspond en fait qu’à à peine 1 édifice sur 3 du corpus.

Les exemples retenus pour illustrer cette catégorie sont situés à Clermont à l’angle des rues Ballainvilliers et Jean-Deschamps et 8 place Champgil, à Montferrand 14 rue cardinal Giraud et 6 rue de la Rodade, à Pérignat 2 rue de Romagnat [IA63002649] et 1 rue Marcel Sembat, à Romagnat 4 impasse Condé, à Ceyrat 18 rue du 11 Novembre, à Chamalières 14 place du Champgil [IA63002652], à Nohanent 21 rue de la Ville. La commune de Pont-du-Château possède, rue des Remparts, sur les vestiges des remparts et face à l’ancien fossé, une succession de maisons en hauteur avec escaliers plus ou moins communs. Les deux exemples datés de cette sélection (1819 à Nohanent et 1837 à Ceyrat) désignent plutôt la première moitié du 19e siècle pour cette catégorie, même si des exemples plus récents (vers le milieu ou le 3e quart du 19e siècle) ou des aménagements postérieurs (ajout de balcons…) peuvent exister.

Type "en hauteur" à escalier (Pérignat, 2 rue de Romagnat)Type "en hauteur" à escalier (Pérignat, 2 rue de Romagnat)

Les escaliers surmontent souvent l’accès à la cave ou au cuvage (ou au cuvage menant à la cave), mais parfois les deux (Romagnat 4 impasse Condé par exemple), et dans ce cas prennent un développement plus important.

Romagnat, 4 impasse CondéRomagnat, 4 impasse Condé

Les deux types “en hauteur” (avec ou sans escalier) se répondent, s’imbriquent parfois. A Montferrand notamment, où l’espace est davantage compté, par exemple 6-8 rue Jean de Boissière, où un même escalier longitudinal dessert la porte de façade de la maison en hauteur à escalier du n°8 et une porte latérale de la maison en hauteur sans escalier en façade du n°6 (façade refaite mais porte ancienne, du 16e siècle).

Type "en hauteur" avec escalier (Montferrand, 6-8 rue Jean de Boissière)Type "en hauteur" avec escalier (Montferrand, 6-8 rue Jean de Boissière)

Type "en hauteur" à haut cuvage

La ville d’Aubière, particulièrement, montre une catégorie bien spécifique que l’on pourrait appeler “en hauteur à haut cuvage en rez-de-chaussée”. Nous en avons vu les prémices se dessiner dès la première moitié du 19e siècle, mais elle semble se développer surtout à partir du milieu du siècle.

Les exemples retenus pour illustrer cette catégorie se trouvent rue Saint-Antoine (n°12 : daté 1851 [IA63002644]) et n°6 rue Champvoisin (vins Bourcheix), n°16 rue de la Gaîté, rue du Chambon angle rue Bayard, et n° 12 de la rue [IA63002643], n°11 rue Charras. Plus un exemple à Beaumont, 13 rue Porte Réale (angle rue du 11 Novembre) [IA63002645].

Type "en hauteur" à haut cuvage (Aubière, 6 rue Champvoisin)Type "en hauteur" à haut cuvage (Aubière, 6 rue Champvoisin)

Type "en hauteur" à haut cuvage (Beaumont, 13 rue Porte-Réale)Type "en hauteur" à haut cuvage (Beaumont, 13 rue Porte-Réale)

Les dispositions - et les datations - sont assez globalement similaires : très haut rez-de-chaussée avec grand cuvage (qui témoigne d’une augmentation substantielle de la production), plutôt vers la fin du 2e quart et le début du 3e quart du 19e siècle. Ces belles constructions sont le signe d’un accroissement des moyens (chaînes d’angle, hauteur des étages, corniches de baies, balcons le plus souvent avec garde-corps en fer forgé). Les escaliers extérieurs sont plus rares et apparaissent sur les exemples les plus anciens semble-t-il, car moins confortables les jours de pluie probablement, mais surtout plus gênants pour la circulation lorsque la maison ne dispose pas d'espace libre en façade. En revanche, les cours sont fréquentes, même petites, et toujours latérales (la façade donne sur la rue). Les bâtiments techniques, outre le cuvage, se déportent parfois sur l’arrière ou le côté de l’édifice principal. L’évolution générale dénote une certaine “professionnalisation” des lieux, tournés vers la production exclusive et importante du vin.

Sous-types des catégories précédentes

Maisons de centre bourg

Les maisons de centre bourg constituent un sous-type (sous-distinction) des catégories précédentes (en hauteur, massé…). Elles se caractérisent, quelle que soit leur forme générale, par leur orientation, leur ouverture recherchée vers la rue, vers l’espace public. Parfois ostensiblement. Ce sont des maisons vigneronnes vitrine, des maisons de notables ou de marchands qui ont besoin et recherchent la visibilité. Pour cette raison, certaines des dispositions habituelles sont déplacées, rejetées à d’autres emplacements (escalier latéralement, balcon en pignon…). L’ostentation est marquée également par la qualité de l’architecture.

- Le cas lempdais retenu (3 rue de la Garde) [IA63002638] est daté de 1827. Il s’étend tout en largeur, montre une architecture de qualité, et laisse une place importante à la cave et au cuvage, de chaque côté d’un accès piéton avec emmarchement.

Lempdes, 3 rue de la GardeLempdes, 3 rue de la Garde

- A Aubière, la maison entre la rue Saint-Loup et la rue Pascal est typique de ce village (volume en hauteur, balcon) et manifestement tournée vers la rue et le souci du paraître (maison-éperon). Datable du 2e quart du 19e siècle, sa composition est symétrique : grand accès à la cave/cuvage sur la place (treille) et ouvertures symétriques au-dessus, escalier vers l’étage (habitat) rejeté sur le flanc.

Aubière, 1 rue Pascal et rue Saint-LoupAubière, 1 rue Pascal et rue Saint-Loup

- L’exemple montferrandais retenu (peut être rapproché du précédent, ne serait-ce que par sa position en éperon vers une place (Grande rue du Château et rue Zola) et son volume en hauteur. Même qualité de construction, même souci du paraître (encore aujourd’hui avec une fresque en trompe l’oeil simulant une entrée double), mais avec un vocabulaire plus urbain (étroitesse, corniche médiane), et plus remanié (balcon rapporté, arcade vers la place bouchée…).

Clermont-Ferrand (Montferrand) : 2 Grande rue du château, rue Emile ZolaClermont-Ferrand (Montferrand) : 2 Grande rue du château, rue Emile Zola

- La rigueur n’est pas la même à Beaumont, 16 rue Saint-Verny (maison en hauteur du 1er quart 19e siècle) : pas de symétrie des ouvertures (avec cependant une fenêtre murée témoignant de l'existence d'une ancienne travée), accès à la cave semi-enterré, escalier extérieur parallèle à la façade.

Maison de centre bourg (Beaumont, 16 rue Saint-Verny)Maison de centre bourg (Beaumont, 16 rue Saint-Verny)

- A Royat, les quelques exemples retenus sont souvent anciens et monumentaux (architecture urbaine d’origine médiévale). La maison au 1 rue Adolphe-Peghoux [IA63002639] laisse une place importante à la pierre de taille, moulurée. Le bâtiment forme saillie, les accès sont rejetés pour partie latéralement dans les pans coupés.

Maisons “bourgeoises”

Ces maisons, dont certaines sont plus récentes dans le 19e siècle et sont souvent situées aux franges des centres bourgs, donnent la priorité à la qualité du logement et du bâti, tout en intégrant au sein de mêmes ensembles les fonctions d’habitat et les fonctions liées à l’activité viti-vinicole. Elles se caractérisent par leurs grandes dimensions, en hauteur et/ou en largeur, par la largeur de leurs ouvertures, par la fréquence des cuvages accolés, par la présence fréquente de plusieurs bâtiments autour d’une cour. L’attention portée à l’habitat se voit dans l'existence de vastes baies, de balcons, de beaux volumes intérieurs. Ces demeures se distinguent par leurs décors architecturaux (bandeaux, corniches de baies, chaînes d’angle, ferronnerie) et la qualité des matériaux employés, mais aussi par une certaine uniformisation des formes, de la modénature...

- A Châteaugay, la maison du 18 rue du Nord est datée 1865. Elle montre toutes les dispositions - et la modénature - de la grande maison bourgeoise de la seconde moitié du 19e s. Installée un peu en périphérie du village ancien mais à proximité des caves et des vignes, son volume est massé. S’agit-il initialement d’une maison bourgeoise avec cave ou bien d’une maison d’un vigneron aisé ?

Maison "bourgeoise" (Châteaugay, 18 rue du Nord)Maison "bourgeoise" (Châteaugay, 18 rue du Nord)

- A Beaumont, au 59 rue Nationale, les contraintes urbaines obligent au développement en hauteur. Le rez-de-chaussée avec cuvage (et cave ?) est daté de 1736, les étages sont du 19e siècle et tournés vers la rue (balcon régnant sur la façade au premier étage).

Beaumont, 59 rue NationaleBeaumont, 59 rue Nationale

- Disposition comparable à Durtol, 11 rue de l’Ecole [IA63002640], pour cet exemple datant également du 3e quart du 19e siècle qui comporte cependant en plus une cour distribuant tous les espaces techniques (cave, cuvage…) et un grand escalier droit perpendiculaire à la façade menant au palier qui règne sur la façade.

- Type visible également à Blanzat, 87 rue de la République, cour exceptée, où le grand escalier est parallèle à la façade. Cette maison est assez centrale dans le bourg.

Blanzat : 87 rue de la République, route des MauvaisesBlanzat : 87 rue de la République, route des Mauvaises

- Là aussi les exemples montferrandais montrent une adaptation à un contexte plus fortement urbain, d’habitat plus dense et ancien. Le souci de la qualité de logement est identique (larges ouvertures, balcons, volumes) mais s’exprime plus verticalement et doit s’adapter à des structures souvent plus anciennes.

Maison "bourgeoise" (Montferrand, 21 rue des Cordeliers)Maison "bourgeoise" (Montferrand, 21 rue des Cordeliers)

- La maison sise au 48 rue des Martres à Cébazat [IA63002641] permet d’évoquer une variante en hauteur et sans escalier, dont le cuvage est rejeté à proximité.

- Les cas à cuvage en hauteur typiques d’Aubière ressortent eux aussi assez fréquemment de cette catégorie “bourgeoise” : ainsi la maison avec petite cour située 57 rue du Chambon [IA63002689].

- Un des exemples les plus aboutis de maison viticole bourgeoise se trouve à Cournon d’Auvergne à l’angle de la rue des Vergers et de l’allée des Cerisiers [IA63002698], maison en périphérie de bourg (au débouché de la rue des Vignerons). Les affectations sont bien séparées : habitation en fond de cour, bâtiments de production, cuvier... en retour sur rue, avec grange en regard de l’autre côté de la cour. Hors le bâtiment d’angle avec cuvier qui est antérieur, la totalité des bâtiments du site ont été bâtis dans les années 1830 et 1840 (dates portées). Ils témoignent de la relative aisance du monde vigneron au cours du second quart du 19e siècle.

Type avec cour : maisons de polyculteurs viticulteurs exploitants, dites “fermes viticoles”

Peu d'édifices possèdent une cour (11 %). La cour permet de desservir la maison d’habitation et des bâtiments aux fonctions agricoles diverses : cuvage avec cave, grange, remise, clapiers à lapins, toits à cochons ... Moins ostentatoires et soignés que les exemples des maisons bourgeoises avec cour, ces ensembles correspondent à des exploitations en polyculture comprenant une partie viticole.

- A Lempdes, le 2 rue Notre-Dame montre une maison d’habitation massée avec large escalier droit et descente de cave formant corps de bâtiment (“encavage saillant” ?) et sur l’arrière une porte charretière datée de 1753 menant à la petite cour permettant l’accès aux autres bâtiments agricoles et remises. Il s’agit donc dans ce cas d’un type massé avec cour.

Type avec cour (Lempdes, 2 rue Notre-Dame)Type avec cour (Lempdes, 2 rue Notre-Dame)

A signaler : un "encavage" de ce type un siècle plus récent, daté de 1869, existe à Boisséjour (hameau de Ceyrat), impasse des Chazeaux [IA63002695]. Cette disposition en saillie correspond souvent à un long escalier droit menant à une cave profonde placée sous la maison.

- A Aubière, 5 rue de Turenne, la maison, insérée dans le milieu urbain, modifiée sur certains points (véranda, enduit) présente toujours les dispositions générales d’origine : maison d’habitation en longueur, avec cuvage en rez-de-chaussée, vastes granges avec second cuvage en retour d’équerre, soue et puits dans la cour face à la maison.

- Le village de Pérignat-lès-Sarliève, au 4 rue des Fossés, montre une même disposition dénotant d’une polyactivité. Les bâtiments s’étalent en longueur autour d’une grande cour avec resserre, cave/cuvage en dessous, autres remises, granges... Un grand escalier droit monumental mène à l’habitation. Le tout pouvant dater du 2e quart du 19e siècle. Toujours en exploitation.

Maison avec cour (Pérignat, 4 rue des Fossés)Maison avec cour (Pérignat, 4 rue des Fossés)

A partir des années 1860 et 1870 environ, ce type à cour peut se combiner avec ce que nous avons appelé la maison vigneronne “bourgeoise”. L’habitation, alors souvent haute et de plan massé, occupe une place plus importante (exemples à Cournon d’Auvergne, avenues de la Liberté et de Lempdes).

Petites et très petites maisons : maisons de journaliers vignerons

Certaines maisons vigneronnes, qu’elles correspondent à des maisons de type massé ou en hauteur, sont de très petites dimensions. Ces petites maisons, qui ne sont pas rares (près d’1 maison sur 4) portent témoignage de l’existence d’une population de journaliers-vignerons, petits vignerons exploitants et ouvriers agricoles. Les deux statuts pouvant se cumuler lorsque les vignes qu’ils possèdent en bien propre ne suffisent pas à les faire vivre. Maisons portant témoignage également d’une société où la vie se vivait ailleurs que dans la demeure, à l’extérieur.

Dans ce cas, les escaliers sont généralement extérieurs, et sont assez fréquemment perpendiculaires à la façade. Pour ces maisons très étroites, les développements sont plutôt en profondeur (pièces l’une derrière l’autre). Comme sur cette maison en hauteur (2 étages) très étroite (1 travée + travée d’escalier) avec escalier droit frontal au 8 rue de la Tour à Aulnat [IA63002692]. Ou encore celle du 30 rue Kléber à Montferrand, de même type et volume mais sans escalier extérieur, l’ouverture principale étant celle menant à la cave. L’exemple repéré au Cendre 4 avenue de l’Auzon [IA63002699] possède un escalier suspendu. La rue des Caves à Pont-du-Château comporte plusieurs de ces maisons modestes en hauteur.

Très petite maison (Aulnat, 8 rue de la Tour)Très petite maison (Aulnat, 8 rue de la Tour)

Certaines montrent des volumes massés : la maison située 21 rue d’Imbert à Cébazat [IA63002654] est simplement constituée d'un rez-de-chaussée surélevé avec une cave semi-enterrée et une descente de cave à laquelle est accolé l’escalier menant à un "estre" sous "courcour" (avancées de toit protégeant la porte et le palier). A Lempdes 4 impasse du Bourg, il est difficile de déterminer s’il s’agit de 2 petites maisons accolées (escaliers extérieurs perpendiculaires) ou si celle de droite est un bâtiment d’exploitation associé ; toutes deux conservent aussi leurs "courcours" intacts.

Cébazat, 21 rue d'ImbertCébazat, 21 rue d'Imbert

Lempdes, 4 impasse du BourgLempdes, 4 impasse du Bourg

A Nohanent, plusieurs de ces maisons modestes profitent judicieusement de la pente : le cuvage (cave en dessous) ouvre de plain pied sur la rue principale en contrebas (rue des Caves) tout comme l’habitat ou remise au-dessus de plain pied avec une ruelle arrière en contre-haut.

Maisons jumelles

Il est un type assez peu répandu, mais qu’il convient de mentionner pour sa particularité et pour ce qu’il raconte de la vie vigneronne : celui des maisons jumelles (une quinzaine d’occurrences). Il ne concerne que les maisons de dimensions modestes. Les exemples retenus en illustration se trouvent au Cendre 19-21 place de l'Eglise, à Cournon d’Auvergne 13 rue de la Treille, à Romagnat 4 rue Vercingétorix, à Aubière aux 11 rue Saint-Antoine, 12 place des Ramacles [IA63002653) et 10 rue Pasteur, à Nohanent 1 et 3 rue de la Garenne, à Blanzat 39 place Derrière-la-Ville [IA63002693], et à Clermont 5 rue Haute Fontgiève.

Maisons jumelles (Le Cendre, 19-21 place de l'église)Maisons jumelles (Le Cendre, 19-21 place de l'église)

Maisons jumelles en miroir (Aubière, rue Pasteur)Maisons jumelles en miroir (Aubière, rue Pasteur)

Cette catégorie est parfois assez peu discernable de l’extérieur tant les dispositions des deux habitations sont dissymétriques et tant elles ont été modifiées (fusion fréquente des deux maisons en une seule). Ainsi trois maisons “en largeur” qui ne nous étaient pas parues jumelles se sont révélées l’être après visite et analyse (sur 33 visitées) : la maison 5 rue de Turenne à Aubière, celle au 12 rue de la Tour à Blanzat et celle impasse des Basses-Cours à Châteaugay [IA63002696].

Blanzat, 12 rue de la TourBlanzat, 12 rue de la Tour

Les cas rencontrés proposent des dispositions assez différentes. Les maisons peuvent être identiques (Le Cendre : cas assez récent vers le début du 20e siècle à génoise ; Aubière place des Ramaclès, avec escalier suspendu extérieur) ou à peu près identiques (Romagnat, 1ère moitié 19e siècle) mais avec modénatures pouvant dater du 16e ou du 17e siècle ou bien symétriques avec effet miroir (Aubière rue Pasteur, présentant des dispositions du milieu ou du 3e quart 19e siècle ; Clermont place Derrière-la-Ville qui fait davantage “maison ouvrière”).

A signaler : il n’est pas rare que deux habitats associés ne soient pas de même dimension, l’une étant plus petite que l’autre. Situation rencontrée notamment à Châteaugay ou Blanzat (rue de la Tour).

Ont été intégrés dans la sélection des exemple de maisons plutôt « associées » : Cournon, Aubière rue Saint-Antoine, Nohanent et Blanzat qui fonctionnent ensemble, notamment pour les parties consacrées à la production (cuvages communs, cave sous l’une et cuvage sous l’autre…). Les deux premières ont une porte commune, les deux suivantes une porte chacune.

Dans plusieurs cas de figure pour cette catégorie, il est attesté que chacune des maisons appartenait à des membres d’une même famille, qui se partageaient ainsi un espace commun, plus ou moins indépendamment.

L’exemple aubiérois rue Saint-Antoine est daté 1817, datation assez haute dans le 19e siècle pouvant être partagée du reste par les autres exemples cités (le cas clermontois est peut-être un peu plus récent).

Édifices “exceptionnels”

Nous signalons ici, toutes catégories confondues, les édifices qui nous ont paru “exceptionnels”, par leur ancienneté, leur forme ou une organisation différentes et qui ne correspondent souvent à aucune typologie.

- A Aubière, 20 rue du Verger, pour la qualité de son décor aux fenêtres (daté 1765) ; son type “en hauteur” est très fréquent dans cette commune.

- La grosse maison à Beaumont à l’angle des rues Pasteur et Porte-Réale (datée 1779) montre un volume massé imposant. La construction est de belle qualité, ses caves enterrées ouvrent sur les deux rues… mais est-ce là plutôt une maison de gros vigneron ou bien une maison de notable avec cave ?

Date portée : 1779 (Beaumont, 18 rue Pasteur)Date portée : 1779 (Beaumont, 18 rue Pasteur)

- A Romagnat, 5 rue de l’Eglise, cette assez grande maison vigneronne (2 caves) toute en largeur fut aussi mairie et école et a conservé une belle façade néo-classique à fronton triangulaire et pilastres (date portée 1826).

Romagnat, 5 rue de l'égliseRomagnat, 5 rue de l'église

-à Beaumont, toujours 4 rue du 11 Novembre, datée 1824, pour son grand escalier à quartier tournant passant au-dessus de deux niveaux de cave/cuvage.

Maison exceptionnelle par sa taille et son organisation (Beaumont, 4 rue du 11 novembre)Maison exceptionnelle par sa taille et son organisation (Beaumont, 4 rue du 11 novembre)

- La grande et large maison 18e-19e siècles au 31-35 impasse Desgeorges à Blanzat associe étroitement espaces techniques (caves et cuvages…) et habitat ; elle est précédée d’un escalier  tournant monumental avec soue.

Maison exceptionnelle par sa taille et son organisation (Blanzat, 31 impasse Desgeorges)Maison exceptionnelle par sa taille et son organisation (Blanzat, 31 impasse Desgeorges)

- La grande maison sise au 12 rue du Vieux-Bourg à Nohanent [IA63002636] combine l’ancienneté de certaines parties (ouvertures 16e siècle, vestiges 12e siècle) et l’aspect atypique de ses ouvertures dissymétriques ; à noter le chasse-roue avec corde et anneau sculptés, caractéristique de la commune.

- Un même développement en largeur est visible au 1 rue de l’Horloge à Cébazat [IA63002637). Cette grande maison de centre bourg datée 1813 qui a assurément accueilli une activité viticole (2 caves, grand cuvage/grange ?) et probablement une poly-activité agricole, était la résidence d’un habitant aisé de la commune ; belle qualité de construction.

- L’aspect exceptionnel de l’autre cas cébazaire (16 rue Louis Vacher) réside également dans la qualité de sa construction (datable de la césure 18e-19e siècles) mais aussi dans le fait qu’elle ménage dans le pan coupé de sa façade une descente de cave double d’une certaine ostentation.

Cébazat, 16 rue Louis Vacher, vue généraleCébazat, 16 rue Louis Vacher, vue généraleCébazat, 16 rue Louis Vacher : entrée des caves, vue généraleCébazat, 16 rue Louis Vacher : entrée des caves, vue généraleCébazat, 16 rue Louis Vacher : entrée des caves, vue rapprochéeCébazat, 16 rue Louis Vacher : entrée des caves, vue rapprochée

- Le cas du 14 rue du Maréchal-Fayolle à Romagnat [IA63002701] est exceptionnel à plus d’un titre : ancienne maison de villégiature d’un famille de notable (qui donna un maire à Clermont en 1798) pouvant dater de la césure 18e-19e siècles et associée à un parc avec fontaines, vignes, escalier monumental, elle fut modifiée dans le courant de la 2e moitié du 19e siècle pour accueillir une importante activité agri-viticole (ajout d’un vaste cuvage et d’une cave, agrandissement de la grange initiale). La construction est de qualité. Cependant, de tels sites, à l’histoire complexe, ne peuvent répondre à aucune typologie généraliste.

A Clermont-Montferrand, ville capitale, les cas exceptionnels, anciens et de belle qualité architecturale, ne sont pas rares, mais posent presque toujours la question de la contemporanéité des dispositions remarquables avec l’utilisation des lieux pour un usage viticole.

Édifices atypiques

Quelques édifices détonnent dans l’ensemble, plus ou moins.

- Une maison au Cendre, 19 impasse rue Froide, du début du 20e siècle, avec deux accès latéraux symétriques vers des caves et escalier axial frontal.

Edifice atypique (Le Cendre, 17 impasse de la Rue Froide)Edifice atypique (Le Cendre, 17 impasse de la Rue Froide)

- Une maison en hauteur 3 rue des Allées à Romagnat, très en retrait sur la rue et à la façade abritée sous un grand auvent haut débordant (escalier tournant en façade).

Édifice atypique (Romagnat, 3 rue des Allées)Édifice atypique (Romagnat, 3 rue des Allées)

- Une maison d'angle donnant sur la place de la République à Aubière [IA63002655] avec un balcon régnant sur les deux façades perpendiculaires en couronnant le cuvage qui occupe tout le rez-de-chaussée (forme massée particulière).

Edifice atypique (Aubière, 8 place de la République)Edifice atypique (Aubière, 8 place de la République)

- La maison 1900 - dans le style 1900 -, mais qui comporte toutes les dispositions du bâti vigneron (cave, cuvage, escalier…) trouvée 2 rue de la Varenne à Ceyrat.

Ces exemples particuliers, et d’autres, racontent la diversité des constructions et maisons vigneronnes, orientées vers la même fonction - faire cohabiter les nécessités de la production et de l’habitat, pour la plupart, mais chacune avec sa logique, son contexte, ses moyens, son mode de fonctionnement.

Le côté atypique résulte parfois d’une histoire ou d’un usage particuliers.

- Ainsi à Pérignat 5 rue d’Aubière [IA63002700], le rez-de-chaussée de cette maison toute en largeur est occupé uniquement par un grand cuvage et cellier et l’étage d’habitation montre un certain souci du confort, disposition particulière qui doit résulter de l’éclatement en parcelles multiples d’un domaines à plusieurs bâtiments.

- A Montferrand 30 rue de Boissière, le raisin arrivait jusqu’au cuvage par une trappe basse ménagée en façade (le “trappeau”), ce qui permet de faire l’économie d’une porte charretière en façade et d’augmenter l’habitabilité de la maison (laquelle semble pouvoir êtres datée de la césure 19e-20e siècles).

Edifice atypique (Montferrand, 30 rue Jean de Boissière)Edifice atypique (Montferrand, 30 rue Jean de Boissière)

Des dispositions identiques ont été vues notamment à Cébazat (9 impasse des Murs) ou à Clermont-Ferrand (9 rue Bergier). Et généralisées sous une grande maison de Cournon du 3e quart du 19e siècle rue du Commerce, sur la place, qui montre 4 trappeaux en rez-de-chaussée (maison vigneronne ou de négociant ?).

Le secteur urbain (Montferrand mais surtout Clermont) introduit une autre catégorie spécifique : celle de l’immeuble vigneron ou pour dire plus juste, de l’immeuble accueillant une activité en rapport avec la vigne et le vin : de production (personnelle ou commerciale), de stockage… Immeubles plus ou moins grands et laissant plus ou moins de place aux pièces de production (en rez-de-chaussée), étant entendu que les caves sont toujours présentes en centre ville à Clermont, et souvent vastes et sur plusieurs niveaux. L’immeuble au 12 rue Antoine-d'Auvergne en est une bonne illustration : il montre en rez-de-chaussée de part et d’autre de la porte piétonne menant aux deux étages résidentiels un cuvage avec son ouverture haute et une cave avec ses deux aérations/trappeaux basses.

Il existe une catégorie intermédiaire entre la maison vigneronne et la cabane de vigne (appelée tonne localement) dont deux beaux exemples ont pu être repérés, celle de la maison de vigne : petite maison vigneronne hors contexte urbain. Les sources nous apprennent qu’elles correspondent souvent à des lieux de résidence éloignés de vignerons ne résidant pas dans le village, sorte de résidences secondaires professionnelles. Le village de Nohanent en possède un bel exemple (proche rue de la Charreyre), architecture en hauteur d’une travée, en forme de tour, adossé à la pente, avec fenil sous un toit à pignons découverts. L’exemple trouvé à Pérignat-lès-Sarlièves montre lui aussi une belle architecture avec toit en pavillon et épi de faîtage, terrasse. Ces édifices en écart, peu ou plus utilisés, sont souvent menacés.

Nous terminerons cette évocation des cas particuliers avec un cas récent, non illustré, situé 38 rue de Wailly dans la périphérie clermontoise. Il s’agit de ce que l’on pourrait appeler une néo-maison vigneronne, construite pour des dirigeants de Michelin, qui montre des dispositions typiques de l'architecture vigneronne locale (escalier en façade, "estre", cuvage…) sans en accueillir nullement les fonctions.

Visites des intérieurs

33 maisons de vignerons ont été visitées, en 2019 et sur tout 2020. Il a été possible de pénétrer tant dans les parties liées à l’activité vinicole que, parfois, dans les parties privatives de l’habitation, ce qui a permis de se rendre compte de la répartition des espaces, des circulations, de la distribution des pièces, des aménagements spécifiques liés à la production du vin, du mode de vie des habitants vignerons et/ou polycultivateurs. Avec la difficulté, souvent, que les intérieurs sont assez modifiés pour les adapter aux modes de vie modernes ou des occupants actuels (abandon assez généralisé de l’activité viticole par exemple). Les constats proposés en synthèse ci-dessous partent des restitutions possibles des dispositions anciennes.

Le rez-de-chaussée des maisons visitées est très généralement occupé par le cuvage (ou une pièce ayant pu servir anciennement à cette fonction). On y accède par une porte plus ou moins large mais qui généralement n’est pas charretière. Le rez-de-chaussée est partagé avec l’escalier intérieur (lorsqu’il n’est pas extérieur) qui peut être droit (parallèle à un mur pignon ou central), en retour et dans un angle, exceptionnellement en vis (Aulnat place du Fort, 16e siècle [IA63002691]). Un des sites ne comporte pas de cuvage (Cournon rue des Vignerons, [IA63002646]), lequel probablement se trouvait à un autre emplacement dans le village.

Les maisons en largeur visitées, assez grandes (dont deux maisons jumelles), comportent une cuisine / cuisine-salle à manger en rez-de-chaussée, pouvant se situer en milieu de façade - et dans ce cas donner accès à l’escalier intérieur -, ou bien comme à Châteaugay (impasse des Basses-Cours [IA63002696]) placée sous une des deux habitations jumelées (ici en symétrie du cuvage placé sous l’autre maison jumelle). A Nohanent au 6 rue des Rosiers, l'emplacement central en rez-de-chaussée est occupé par une remise. Cette cuisine de rez-de-chaussée n'exclut pas forcément la présence d’une autre cuisine à l’étage (Aubière rue de Turenne). Dans le cas des maisons jumelles, chacune peut avoir son cuvage, ou se partager cuvage et cave.

Deux des exemples visités montrent un très grand cuvage exclusivement en rez-de-chaussée (Cournon 33 avenue de Lempdes et Pérignat rue d’Aubière [IA63002700]), à grand volume dégagé. Ces situations doivent correspondre à des conditions particulières de production (grands producteurs à Cournon et bâtiment faisant partie d’un grand ensemble démembré à Pérignat).

Vaste cuvage en rez-de-chaussée : Cournon, 33 av. de Lempdes)Vaste cuvage en rez-de-chaussée : Cournon, 33 av. de Lempdes)

La grande maison bourgeoise du 2e quart 19e siècle située à Cournon au 2 rue des Vergers [IA63002698] profite de son plan en L pour spécialiser les corps de bâtiment, celui en fond de cour étant consacré à l’habitation (salles communes et grand escalier en rez-de-chaussée) et celui en retour aux cuvage, caves, buanderie, cuvier… Les cas du reste de localisation des pièces de vie en rez-de-chaussée ne sont pas fréquents, et résultent toujours du transfert des locaux dédiés à l’exploitation viticole / agricole à un autre emplacement (autre aile, bâtiment séparé).

L’accès à la cave, lorsqu’elle existe (quand la nappe phréatique n’est pas trop haute ou bien lorsque le sol n’est pas de basalte pur, mauvais isolant) se fait souvent par le cuvage, via un escalier placé dans l’axe de sa porte (Aulnat place du Fort [IA63002691], 13 place Derrière-la-Ville à Blanzat) ou par un escalier droit latéral (Nohanent rue des Caves, Cournon rue Traversière, Durtol rue de la Gare) ou en bout de cuvage (Romagnat [IA63002701]) ou les deux (maisons jumelles de Blanzat [IA63002693]), ou bien directement de la rue ou de la cour (Cournon d’Auvergne, Nohanent, Boisséjour, Durtol rue Montchany, impasse Libération à Cébazat [IA63002694]) ou de la rue d’un côté et via le cuvage par ailleurs (Nohanent 6 rue des Rosiers)...

Lorsque la cave est sous le cuvage, un percement est ménagé dans le sol de l’un et la voûte de l’autre pour permettre au jus tiré des cuves de couler jusqu’aux tonneaux en cave.

Au 1er étage, la pièce principale est la cuisine / salle, qui s’ouvre au débouché de la porte d’accès (escalier extérieur) ou de l’escalier intérieur. Elle occupe parfois tout le premier étage, notamment lorsqu’il existe un étage supplémentaire (hors grenier ou fenil) pour y loger la/les chambres (Aulnat place du Fort [IA63002691], Aulnat 4 rue de l’Artière, Châteaugay impasse des Basses-Cours [IA63002697], Cournon d’Auvergne place Gardet et rue Traversière). Mais le plus souvent elle partage l’étage avec au moins une autre pièce, qui est placée en enfilade pour les bâtiments en profondeur, petites maisons souvent - maisons de journaliers ou petits exploitants. Cette autre pièce peut être plutôt une chambre (Le Cendre avenue de l’Auzon [IA63002699]), ou plutôt une salle à manger (Blanzat la maison jumelle [IA63002693]), ou bien les deux à la fois (salle à manger avec alcôve rue Saint-Antoine à Aubière [IA63002690]), ou toute autre pièce plus utilitaire (Aulnat rue de la Tour [IA63002692]). Il peut également y avoir plusieurs pièces situées latéralement pour les bâtiments plus grands et larges, comme une salle à manger et une/des chambre(s) par exemple rue Chabrier à Aubière ou rue d’Aubière à Pérignat [IA63002700] (via un couloir en entrée). A Nohanent, rue de la Garenne, la cuisine n’est séparée de la salle à manger qui mène à une chambre que par une simple cloison. On signalera, répondant au même principe général, le cas de la maison (anciennement) jumelle du 5 rue de Turenne à Aubière où à l’étage une cuisine commune permet de distribuer deux chambres latéralement de chaque côté.

Les cuisines s’agrandissent parfois d’une souillarde (arrière-cuisine avec évier…) notamment lorsqu’elles sont situées en rez-de-chaussée.

Parfois les pièces techniques gagnent l’étage, pièces de stockage et débarras, sans que l’on sache toujours quel était leur emploi initial principal : sur l’arrière à Aulnat 8 rue de la Tour [IA63002692], latéralement à Pérignat rue d’Aubière [IA63002700] (pièce agrandie/ajoutée), à Aubière rue Chabrier. Disposition qui ne se trouvera plus guère dans le courant de la seconde moitié du 19e siècle.

A partir du 2e quart-milieu 19e siècle, les dispositions se complexifient, les pièces se multiplient et gagnent en indépendance. A Blanzat 13 place Derrière-la-Ville (1868) l’étage voit alterner chambre/salon/chambre/cuisine en un plan en L. De nouvelles dispositions sont introduites : le couloir de desserte, qui à Aubière rue du Chambon [IA63002689] (3e quart 19e siècle) permet d’accéder à une chambre et à la cuisine, cette dernière menant aux pièces de vie (salle à manger et salon communicants), et l’escalier monumental intérieur, tournant et à repos intermédiaires, qui devient un des centres - l’axe - de la partie habitation (rue des Vergers à Cournon d’Auvergne [IA63002698], 2e quart 19e siècle).

Le salon fait son apparition tardivement (vers le 3e quart 19e siècle). C’est une pièce d’apparat qui reste peu fréquente.

Pour les exemples à deux étages carrés (soit hors étage de comble) le second est toujours occupé par une ou plusieurs chambres (nombreux exemples à Aubière).

Entre le rez-de-chaussée et le premier étage, qu’ils soient extérieurs ou intérieurs, les escaliers sont en pierre. Au-delà (vers 2e étage ou fenil) ils peuvent être indifféremment en bois (évolution de l'échelle de meunier ?) ou en pierre. Si les escaliers en bois n’existent pas dans les maisons les plus vastes ou bourgeoises, les escaliers en pierre peuvent exister dans les plus modestes d’entre elles, voire constituer un élément essentiel, structurant, de leurs intérieurs (maison en hauteur en fond de l’impasse des Basses-Cours à Châteaugay [IA63002697]). Pierre et bois du reste alternent parfois sans logique apparente : l’accès au fenil dans une des maisons jumelles de l’impasse des Basses-Cours [IA63002696] est en pierre et dans l’autre est en bois ; partie de l’escalier à volées en pierre de la maison au 19 rue Saint-Antoine à Aubière [IA63002690] est en bois.

Toujours les espaces sous toit - fenil - sont des espaces de stockage, notamment des denrées alimentaires, et ne sont pas cloisonnés. Ils sont conçus comme des espaces ventilés naturellement : les huisseries (anciennes) qui s’y trouvent rue Chambon à Aubière [IA63002689] par exemple ne sont pas scellées pour maintenir cette respiration.

Les pièces sans cheminée ou conduit pour raccorder un poêle sont rares. Les pièces du second étage cependant paraissent souvent n’avoir été chauffées que tardivement, courant seconde moitié du 19e siècle. On signalera un ingénieux système de chauffage de la chambre à l’étage 8 rue de la Tour à Aulnat [IA63002692], par une fente ménagée dans le plancher juste au-dessus de l’emplacement du poêle de l’étage du dessous (pièce avec faux-plafond et murs recouverts d'un lattis jointif).

Lorsqu’elles existent, les granges sont accolées et/ou séparées dans la cour. Plus rarement intégrées (Nohanent 6 rue des Rosiers) et souvent comportent un "chambarras" (genre de fenil tous usages à l'étage) permettant notamment de stocker le foin. Dans leur proximité ou dans leur volume même, se trouvent souvent écurie, étable, soues, remise…

Trois exemples ou vestiges de cuvier (cuves sur foyers à usage multiple : lessive, vaisselle, diverses préparations...) ont été trouvés lors de nos visites : dans des pièces isolées en angle de parcelle à Cournon d’Auvergne [IA63002698], et dans la cuisine - salle même à Romagnat [IA63002701].

[1] Ils sont présents sous 25 % des maisons au 18e siècle, sous 17% de celles de la première moitié du 19e siècle et seulement 9 % sous celles de la seconde moitié du 19e siècle.

[2] Chiffre qu'il faudrait probablement majorer du reste, la présence d'une cave dans l'habitat ayant largement contribué à la sélection des édifices pour le repérage...

[3] Respectivement 4 sur 37, 8 sur 27, 3 sur 30 et 4 sur 40.

[4] 8 sur 94.

[5] Y compris 7 balcons-terrasses (balcons formant terrasse au devant d'une seule fenêtre ou double-fenêtre) et 23 balcons filants (balcons continus au devant d'au moins deux fenêtres distinctes).

[6] 61 % des cas de cette époque ; contre 35 % de ceux du quart de siècle précédent.

[7] Respectivement 90, 84 et 78 % ; puis 25 et 20 % des maisons.

[8] Un cas sur deux au Cendre, un tiers à Aulnat.

[9] 21 % des maisons ou immeubles.

[10] Où ils agrémentent 70 % des façades.

[11]  Dans 1 cas sur 3 à peu près.

[12] 84 et 77 % du bâti montrent des éléments de décor.

[13] On notera par ailleurs une disposition propre à Montferrand : les caves s’aèrent par des ouvertures carrées moulurées disposées de côté, parfois quatre aux quatre coins autour de l’accès. Ouverture qui dans un cas de figure au moins (hors sélection proposée ici : 30 rue de Boissière), s’est révélée être également un passe-raisin vers le cuvage.

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Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2020
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