Dossier d’œuvre architecture IA63002767 | Réalisé par
  • recensement du patrimoine thermal, La station thermale de Royat-Chamalières
Maison de repos du Docteur Petit dit Le Paradis puis restaurant du Paradis actuellement Studios du Paradis et immeuble
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermont-Auvergne-Métropole
  • Commune Royat
  • Adresse 34 avenue du Paradis
  • Cadastre 2022 AI 67
  • Dénominations
    maison
  • Genre
    de médecin
  • Précision dénomination
    de repos
  • Appellations
    Le Paradis
  • Destinations
    immeuble, studio d'enregistrement

"Le Paradis" est un marqueur essentiel dans le paysage de la commune de Royat. Installé sur le puy Chateix, il est à la fois visible de toute la station et offre un point de vue sur l'ensemble de Royat. Son histoire et son architecture sont d'ailleurs intimement liées au développement de la station thermale et de la commune en général. Le Paradis a été conçu dès son plan originel dans les années 1905 comme un corps de bâtiment sur plan triangulaire, dont l'orientation principale se situe vers le sud-ouest. L'allure générale du Paradis est celle d'un petit château fortifié sur sa motte, ici le puy Chateix. Il semble avoir été construit afin d'être visible de l'ensemble de la vallée, de la station et du bourg. Bien que le Paradis n'ait eu aucune destination militaire, il emprunte à ce domaine certains éléments, dont on peut utiliser le vocabulaire afin d'en faire la description adéquate.

Le Paradis avant le Paradis

À son emplacement se dresse dans la seconde moitié du XIXe siècle une auberge, "l'hôtel de l'Observatoire" qui met déjà en valeur la vue sur la station naissante. Fermée en 1898, le bâtiment simple de plan quadrangulaire est racheté en 1903 par une personnalité connue de l'établissement thermal, le docteur Alexandre Petit. Clermontois, il travaille à la station spécialisée dans le traitement des maladies cardiaques. Homme de sciences et de lettres, il publie à plusieurs reprises les différentes découvertes archéologiques liées aux thermes et s'intéresse fortement à l'histoire de la commune. En achetant le terrain de l'ancienne auberge ainsi que le terrain voisin, qui contient les carrières d'arkose du puy Chateix, il souhaite d'abord mettre en place un Sanatorium, le premier de la région. Cette idée n'aboutit pas, bien que le nom soit resté sur certaines cartes postales. Son projet se transforme en maison de repos et de cure d'air. Il s'inspire des maison de villégiature de la Riviera, avec des pergolas et des terrasses donnant sur la nature. Vue sur le puy Chateix avant le Paradis, avant 1908.Vue sur le puy Chateix avant le Paradis, avant 1908.

Vue du Paradis vers 1920.Vue du Paradis vers 1920.

Le Paradis du docteur Petit

Plusieurs plans et projets de ce "Paradis" existent, mais il semblerait que ce soit Louis Jarrier qui dès 1904 propose une première version de cette résidence. La chronologie des travaux est cependant chaotique et incertaine, par le manque de sources. Il semblerait que de 1905 aux années 1930 le Paradis n'a pas cessé d'être modifié, comme l'atteste la profusion de cartes postales d'époque illustrant un état du Paradis sans cesse différent. Aujourd'hui, architectes et historiens considèrent parfois le Paradis comme une des œuvres inachevées de Louis Jarrier et du docteur Petit.

Différents plans de 1908 jusqu'à la vente de la propriété en 1964 permettent de mieux saisir le projet de cette maison. Louis Jarrier a présenté deux plans : celui de 1908 et celui de 1909 . Si le dernier ne semble pas avoir été mis à exécution, il illustre les idées et l'allure voulue par le docteur Petit. Les plans de 1908 et de 1923 sont ceux qui semblent correspondre le plus aux représentations du Paradis livrées par les cartes postales et les photographies contemporaines.

Plan du Paradis par Louis Jarrier, 1908.Plan du Paradis par Louis Jarrier, 1908."Le Paradis" Projet - plan du rez-de-chaussée, vers 1923."Le Paradis" Projet - plan du rez-de-chaussée, vers 1923.

Le plan général est donc triangulaire avec un angle à 45° vers le sud-ouest. Cette orientation est à l'origine marquée par une tourelle d'angle dont les proportions sur le plan de 1909 rappellent un donjon et qui devait accueillir la salle de restaurant. Cet espace n'a semble-t-il jamais été réalisé. En réalité l'angle sud-ouest du bâtiment est un pan coupé et le plan intérieur montre l'aménagement d'une large salle oblongue avec une série de baies ouvrant vers la vue de la station thermale. Des plans d'origine a survécu une tourelle d'angle au nord, qui accueille un escalier à l'origine hors-oeuvre. Un autre escalier était prévu sur la façade postérieure (vers le puy Chateix) en demi-hors-oeuvre agissant comme une tour en fer à cheval, mais qui a également disparu sur les plans des années 1920. La façade postérieure est donc au même nu, avec peu de baies et l'escalier a été déplacé dans l’œuvre.

Un élément majeur subsiste des premiers plans et participe à l'allure militaire générale du Paradis : la grande terrasse qui se développe sur le même plan triangulaire. En pierre d'arkose et visible depuis la station, elle agit comme une enceinte basse (braie) entourant le bâtiment et dont l'angle est flanqué d'une forme circulaire, à l'instar des tours d'angles fortifiées. La terrasse est très large et a conservé les mêmes proportions, s'apparentant à un chemin de ronde permettant d'admirer la vue sur la vallée. Sur cette terrasse, se sont succédées pergolas et couvertures en bois aménageant des espaces de détente face à la vue. Les parapets de la terrasse servaient également de socle à des colonnes monolithes sans entablement, qui ont pour la plupart disparu aujourd'hui.

Vue de la Grande Terrasse du Paradis et de la Pergola, vers 1920.Vue de la Grande Terrasse du Paradis et de la Pergola, vers 1920.Aquarelle du paradis vue du ciel, vers 1920.Aquarelle du paradis vue du ciel, vers 1920.

L'aquarelle du Paradis "vu du ciel" réalisée par un deuxième architecte en 1920, peut-être Charles Arnaud selon la signature, permet d'envisager l'évolution en dix ans de la résidence du docteur Petit. Une seconde terrasse est construite dès les années 1910, agrandissant le Paradis à l'ouest. Cette terrasse sert de couverture à une salle en abside composées de plusieurs baies cintrées, visibles sur les cartes postales. Ce bâtiment demi-circulaire a disparu peu après les année 1970 mais le mur de soutènement a été conservé accessible par un petit escalier en arkose. A l'est, un ensemble de bâtiments mitoyens est construit afin d'agrandir le Paradis. Ce corps de bâtiment d'un plan en L est mitoyen du corps principal et constitue une avancée du Paradis sur le flanc du puy. Ce nouvel espace est principalement composé de la salle dite "des trois baies", caractérisée par trois larges fenêtres en plein cintre ouvrant une nouvelle fois la perpective sur la station. Sur son toit plat a été ménagée une autre terrasse et un bâtiment rectangulaire également à toit plat, prenant la forme d'une tour quadrangulaire. Cette partie orientale du paradis n'est pas accessible au public aujourd'hui car elle a été vendue à des propriétaires privés au moment de la création du restaurant en 1964.

Vue sur la chocolaterie de Royat "Marquise de Sévigné" et le ParadisVue sur la chocolaterie de Royat "Marquise de Sévigné" et le ParadisVue du Paradis vers 1910-1915.Vue du Paradis vers 1910-1915.

Le plan intérieur du Paradis a également beaucoup évolué. Cependant on remarque une certaine continuité, notamment dans l'aménagement des salles du rez-de-chaussée. La grande salle donnant sur l'angle sud-ouest est toujours présente aujourd'hui et a été agrandie, afin de ménager de plus grandes ouvertures sur le paysage thermal. De même, le plan des pièces au nord, donnant sur la façade postérieure a conservé leur alignement de biais, avec un espace distributif au centre, formant un couloir depuis la tourelle d'angle septentrionale et suivant la ligne de la façade postérieure. Ces pièces ont été transformées en cuisine du restaurant et sont aujourd'hui dévolues aux studios d'enregistrement, mais ont généralement conservé leur taille d'origine. Un autre élément n'a que très peu été modifié : le porche d'entrée. Il est situé à proximité de la tourelle nord, avec un portail qui signale l'entrée principale du Paradis conduisant à un porche d'entrée couvert. Ainsi, le visiteur entre d'abord dans le Paradis par ce porche, qui ouvre sur la Terrasse donnant directement sur le paysage, avant de passer les murs du Paradis sur sa gauche.

Le Paradis ouvre en effet au public en 1923, ouverture annoncée dans le Royat-Mondain dès la saison 1922. La Maison de Repos du docteur fait en réalité office de salon de thé, proposant activités et divertissements à destination des baigneurs. Un petit intérieur typique auvergnat est aménagé et l'on propose des défilés de costumes traditionnels afin de mettre en valeur les traditions locales. Jusqu'à la Seconde guerre mondiale, le Paradis est ouvert à tous et est un incontournable de la station thermale.

De l'Après-Guerre à nos jours : la renaissance du Paradis

Après la guerre, et le décès du docteur Petit en 1937, la famille continue d'en être propriétaire mais loue le bâtiment à l'Etat. Il accueille alors pour le ministère du Travail "un centre pour la rééducation des déficients" puis un centre pour la formation de la main-d’œuvre de l'Association nationale interprofessionnelle, et plus particulièrement un centre de professionnalisation des personnes atteintes de maladies cardiaques. Enfin, l'Association pour la formation professionnelle des adultes intègre les lieux jusqu'en 1954. Il est alors laissé à l'abandon pendant dix ans, jusqu'à sa mise en vente par la famille Petit.

En 1964, un couple rachète le Paradis à la famille Petit et après avoir vendu les parties orientales, le couple installe dans la partie occidentale un restaurant. La résidence devient alors le Restaurant du Paradis jusque dans les années 2010. A sa fermeture, les petits-enfants héritent de la partie sud-ouest et aménagent l'intérieur pour y installer des studios d'enregistrement. On peut aujourd'hui visiter une partie du Paradis et y admirer la vue aux soirées musicales organisées par les héritiers, qui souhaitent conserver la mémoire de ces lieux.

En 1904 le docteur Alexandre Petit achète le terrain d'un ancienne auberge sur le flanc du puy Chateix. Entre 1908 et 1909 Louis Jarrier, architecte départemental installé à Clermont-Ferrand, propose différents plans pour la future résidence et maison de repos du docteur Petit. De 1908 à la veille de la Seconde guerre mondiale, le bâtiment connaît plusieurs phases d'évolution et d'agrandissement mais dont les seules sources sont les cartes postales contemporaines.

En 1923, le Paradis ouvre au public et fait office de salon de thé, proposant soirées et divertissements aux baigneurs pendant la saison thermale. Cette activité continue jusqu'à la mort du docteur Petit en 1937 et à l'occupation des lieux pendant la Seconde guerre mondiale par le Secours National, ce qui lui évite peut-être sa réquisition par l'armée allemande à partir de 1942.

Après la guerre, et le décès du docteur Petit en 1937, la famille continue d'en être propriétaire mais loue le bâtiment à l'Etat. Il accueille alors pour le ministère du Travail "un centre pour la rééducation des déficients" puis un centre pour la formation de la main-d’œuvre de l'Association nationale interprofessionnelle, et plus particulièrement un centre de professionnalisation des personnes atteintes de maladies cardiaques. Enfin, l'Association pour la formation professionnelle des adultes intègre les lieux jusqu'en 1954. Il est alors laissé à l'abandon pendant dix ans, jusqu'à sa mise en vente par la famille Petit.

En 1964, un couple rachète le Paradis à la famille Petit et en fait un restaurant. La résidence devient alors le restaurant du Paradis jusque dans les années 2010 et appartient aujourd'hui à quatre copropriétaires. Parmis eux, les petits-enfants des restaurateurs qui y installent une association et des studios d'enregistrement.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Jarrier Louis
      Jarrier Louis

      Architecte. Il a beaucoup travaillé dans la ville du Mont-Dore (pour documenter sa vie et son oeuvre, voir l'ouvrage de Pascal Piera, Louis Jarrier, architecte à Clermont-Ferrand, 1862-1932). A Clermont-Ferrand, il est l'auteur de l'immeuble du 27 avenue d'Italie, sis à l'angle de l'avenue Charras, dite Villa Giraudon (date dépôt demande d'alignement 1899). Puis en 1904, il dessine les plans de l'immeuble du n°43 avenue d'Italie. En réalité, l'immeuble s'éloigne sensiblement des plans. En 1919 puis en 1924, il fournit les plans d'agrandissement des ateliers des établissements Fritisse et Nourrit (fabricant de caoutchouc) situé à l'angle de l'avenue des Paulines, du boulevard Fleury et de la rue de l'Oradou.

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      architecte départemental attribution par source
    • Personnalité :
      Petit Alexandre
      Petit Alexandre

      Alexandre Petit est un médecin clermontois qui a notamment travaillé dans la statoin thermale de Royat. Il y fait ériger sur la pente du Puy Chateix une maison privée, considérée comme une maison de repos, d'après cure, autour des années 1910-1920.

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      propriétaire, commanditaire attribution par source
    • Auteur :
      Arnaud Charles
      Arnaud Charles

      Charles Arnaud est un architecte clermontois qui a travaillé principalement dans le Puy-de-Dôme, mais aussi sur la station thermale de Pougues-les-Eaux dans la Nièvre. A Royat, il est conu pour avoir réalisé un villa 32 rue Blatin (aujourd'hui disparu) et il a livré les dessins du théâtre de Royat vers 1890. Il a également travaillé avec Louis Jarrier sur la bâtiment de l'Agence du Crédit Lyonnais (place de Jaude). Il est probablement intervenu sur le chantier du Paradis du docteur Petit, dont Louis Jarrier a livré dessins et plans.

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      architecte (incertitude), signature

Le Paradis est un bâtiment d'un plan masse général en triangle rectangle, dont l'angle à 45° s'oriente vers le sud-ouest. Il est composé en réalité de plusieurs entités architecturales, de différents niveaux dont l'étagement est visible avec les différences de hauteur des toits. Cependant l'ensemble garde une certaine cohérence, marquée par l'utilisation pour les façades de l'arkose en appareil irrégulier à joint plein et des décors de briques maçonnées pour les contours des baies.

Sa façade postérieure est la moins développée : elle est exposée au nord vers le puy Chateix et suit l'alignement de l'avenue du Paradis. Elle est composée de baies en plein-cintre sans travées. La partie occidentale de la façade est caractérisée par une tour (la tour Nord) qui marque l'angle nord-ouest et qui abrite un escalier en demi-hors-oeuvre qui est d'origine. La partie orientale de la façade postérieurs est marquée par une juxtaposition de plusieurs bâtiments mitoyens et plus récents.

Une grande terrasse entoure ce bâtiment triangulaire. L'angle sud-ouest de la terrasse est comme flanqué d'une base cylindrique d'une tour (la tour Sud) et qui se détache du mur de soutènement de la terrasse.

  • Murs
    • arkose moellon
    • brique
  • Toits
    tuile
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée sans travées
  • Escaliers
    • escalier demi-hors-oeuvre : escalier en vis avec jour suspendu
    • escalier dans-oeuvre

Documents d'archives

  • Royat-Mondain, n°17 août 1907 : article "Au Paradis".

    BnF
  • Royat-Mondain, n° 23 juillet 1922 : annonce de l'ouverture du Salon de thé du Paradis en 1923.

    BnF
  • AP Famille Petit, fonds iconographique, cartes postales et photographies du Paradis et de Royat [s. d.].

    AP Famille Petit
  • Archives privées de la famille Petit. Notice de VERNET Robert, Le Paradis de Royat, 2003.

    AP Famille Petit

Bibliographie

  • PIERA Pascal, Louis Jarrier. Architecte à Clermont-Ferrand. 1862-1932, Clermont-Ferrand, Etude du Patrimoine Auvergne, 1995.

    Région Auvergne-Rhône-Alpes, SRI, site de Clermont
  • MATHEVET Claude (et alii), Royat, entre sources et volcans. 2000 ans d'histoire, Royat, impr. Maury, 2006.

    Région Auvergne-Rhône-Alpes, SRI, site de Clermont : CDP M098

Documents figurés

  • AD du Puy-de-Dôme, fonds iconographique, 517 Fi 343, Le docteur Petit (?) et vue sur le puy Chateix avant le Paradis [s. d.], Collection Alexandre Petit.

    AD Puy-de-Dôme : 517 Fi 343
  • AD du Puy-de-Dôme, fonds iconographique, 517 Fi 341, Le Paradis et son porche d'entrée, [s. d.], Collection Alexandre Petit.

    AD Puy-de-Dôme : 517 Fi 354
  • AD du Puy-de-Dôme, fonds iconographique, 517 Fi 279, Le Paradis, Ed. G. d.'O Collection Alexandre Petit.

    AD Puy-de-Dôme : 517 Fi 279
  • AD du Puy-de-Dôme, fonds iconographique, 517 Fi 290, 'Panorama sur Royat et Clermont-Ferrand', Ed. G. d.'O Collection Alexandre Petit.

    AD Puy-de-Dôme : 517 Fi 290
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel