Dossier d’œuvre architecture IA63003841 | Réalisé par
Laurent Christophe (Rédacteur)
Laurent Christophe

Historien de l'architecture. Prestataire pour le service régional de l'Inventaire Auvergne, puis Auvergne-Rhône-Alpes, en 2014-2015 puis 2021-

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  • opération ponctuelle, Patrimoine XXe siècle
Gerzat, la maison B.
Œuvre monographiée
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  • © Google Earth
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermont-Auvergne-Métropole
  • Commune Gerzat
  • Adresse 77 avenue de la Gare
  • Cadastre 2023 BI 145 Altitude : 325 m Surface du terrain : 1 745 m2
  • Dénominations
    maison, entrepôt commercial
  • Précision dénomination
    Maison et dépôt de primeurs
  • Destinations
    maison, entrepôt commercial

Le permis de construire de la maison B. de Gerzat a été accordé le 30 juin 1960.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1960, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      DECOMBAS Armand
      DECOMBAS Armand

      Armand Decombas (Estandeuil, 20 novembre 1918, Gerzat, 1er janvier 1997).

      Dans une lettre au maire de Gerzat conservée dans le dossier du permis de construire de la maison B.* (archives municipales de Gerzat, 15 W 7, n° 163), Armand Decombas affirme agir en « qualité d’architecte de monsieur B.* ». Toutefois, son nom ne figure pas sur le tableau de l’Ordre des architectes. Selon la profession indiquée sur le recensement de 1968, Armand Decombas était dessinateur-projeteur. Peut-être exerçait-il dans un cabinet d’architecte comme collaborateur ? Quoi qu’il en soit, les plans de la maison B.* témoignent d’une bonne maîtrise du dessin et de la conception architecturale.

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      dessinateur attribution par source

Depuis des lustres, le programme architectural associant un logement et un local consacré à l’exercice d’un métier s’avère courant. Il se rencontre encore fréquemment au XXe siècle, notamment dans le commerce, dans l’artisanat et pour les professions libérales. Un magasin, un garage de mécanique automobile, un atelier d’ébénisterie, le cabinet d’un médecin ou l’agence d’un architecte relèvent assez souvent de cette typologie, et bien d’autres exemples pourraient être mentionnés.

Construite en 1960-1961, la maison B.* de Gerzat répond à ce cas de figure. Elle a été conçue pour abriter d’une part une entreprise, et d’autre part l’habitation de son propriétaire-exploitant ainsi que de sa famille. L’activité exercée était le « négoce de primeurs » (la commercialisation de fruits et de légumes), peut-être en association avec du maraîchage. Aujourd’hui encore, plusieurs établissements de production maraîchère existent sur la commune de Gerzat, mais l’entreprise B.* n’existe plus depuis de nombreuses années.

L’emplacement de la maison B.* semble bien avoir été choisi en fonction de l’activité professionnelle du commanditaire. Il se situe au nord du bourg de Gerzat, en bordure de l’artère qui conduit à la gare ferroviaire. L’arrivage ou l’expédition de fruits et légumes par le train pouvaient ainsi être facilités. Par ailleurs, en 1960, le secteur compris entre le bourg et la gare ne comportait pratiquement que des terres agricoles. Une partie des légumes commercialisés par l’entreprise B.* provenait peut-être de ces cultures. De nos jours, la maison B.* s’élève dans un quartier pavillonnaire peu structuré. La croissance démographique de Gerzat, engagée après la Seconde Guerre mondiale (2 455 habitants en 1946) et en forte accélération à partir de 1960 (7 666 habitants en 1975), a en effet généré un processus d’extension péri-urbaine aux dépens des terres agricoles.

La maison B.* n’a pourtant pas été implantée comme s’il s’agissait d’un bâtiment isolé en rase campagne. Un premier avant-projet montre que le commanditaire aurait voulu la placer en retrait de 15 mètres par rapport à l’avenue. Les services d’urbanisme de l’État prescrivirent toutefois un recul de seulement 5,40 mètres, identique à celui d’une maison mitoyenne déjà en place. Ils voulurent ainsi engager la création d’un alignement régulier le long de l’avenue.

La parcelle de la maison est un rectangle de 20 mètres de largeur sur 100 mètres de longueur orienté est-ouest. Il contient 1 745 m2. Dépourvu de relief puisque situé dans la plaine de la Limagne, il offre l’attrait d’une vue dégagée vers la chaîne des Puys qui s’étend à l’ouest.

Le bâtiment s’élève sur la partie orientale du terrain. De plan carré (15,20 x 15,35 m), il est couvert par une terrasse et un toit à longs-pans et croupe. Il possède quatre niveaux : un rez-de-chaussée, un étage partiel entresolé, un étage-carré (le premier étage) et un étage de comble. La partie affectée à l’activité professionnelle occupe presque tout le rez-de-chaussée et l’entresol. Elle comporte au rez-de-chaussée un garage pour un camion (deux grandes portes placées face-à-face facilitaient les manœuvres), un entrepôt et des sanitaires. À l’entresol se trouvent un secrétariat et un bureau. La partie réservée au logement se développe dans l’étage-carré et sous les combles.

Un escalier extérieur et un porche dans-œuvre, placés en façade principale, conduisent à la porte d’entrée principale. Celle-ci ouvre sur un vestibule situé dans l’entresol. La porte d’entrée et le vestibule sont donc communs à l’administration de l’entreprise et à l’habitation. En outre, l’escalier intérieur conduit du vestibule au logement sans aucune séparation des espaces « professionnels-publics » et « domestiques-privés ».

Le premier étage comporte au sud un vaste salon-séjour, à l’est un office, une salle de repas et la chambre principale, à l’ouest deux chambres. Un grand hall central distribue les pièces. L’escalier intérieur débouche sur l’axe de symétrie longitudinal du hall, face à la large ouverture qui conduit à la salle-à-manger-salon. La composition ménage des dégagements et des effets d’enfilade assez ostentatoires. Par ailleurs, le logement bénéficie à l’est et au sud de balcons, et à l’ouest d’une terrasse. Une circulation extérieure est ainsi possible de trois côtés.

Les élévations présentent plusieurs caractéristiques intéressantes. Des côtés sud et est (c’est-à-dire les côtés visibles depuis l’avenue), les murs du rez-de-chaussée et de l’entresol sont revêtus d’un parement en pierre. L’effet recherché est double : d’abord celui d’un « beau matériau », ensuite celui d’asseoir le bâtiment avec un niveau assez massif. Par contraste, les parties supérieures revêtues de crépi blanc sont perçues comme plus « aériennes ». En façade principale, l’on remarque également une colonne tronconique inversée (le diamètre de sa base est plus petit que celui de son sommet) et les chambranles fins et saillants de plusieurs baies. Ces deux éléments (colonne tronconique inversée et chambranle ressemblant à un cadre) se rencontrent très fréquemment dans l’architecture des années 1945-1965, en particulier sur les édifices de la Seconde reconstruction. Enfin, il convient de mentionner la clôture le long de l’avenue, avec ses barrières en métal et ses piliers en pierre. Le dessin des barrières s’avère très caractéristique des années 1950-1960.

La typologie des maisons « domestiques et professionnelles » soulève notamment la question de la relation architecturale entre les deux entités abritées par le même bâtiment. Comment cette relation est-elle organisée spatialement ? Les parties sont-elles réunies ou strictement séparées ? La maison B.* offre l’exemple d’une composition où les espaces sont bien identifiés et assez autonomes, mais où la vie familiale a dû être rythmée par la vie professionnelle. Les témoignages de ses premiers habitants permettraient peut-être de savoir s’ils ont perçu cette organisation comme aliénante ou émancipatrice.

  • Murs
    • pierre appareil mixte
    • béton béton armé
  • Toits
    tuile mécanique
  • Plans
    plan carré régulier
  • Étages
    rez-de-chaussée, entresol, 1 étage carré, 1 étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Typologies
    architecture domestique (3e quart 20e siècle) ;
  • État de conservation
    bon état
  • Précision dimensions

    Plan carré de 15,20 x 15,35 m

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Permis de construire accordé le 30 juin 1960, n° 163 du Registre communal des permis de construire, archives municipales de Gerzat, boîte 15 W 7.

    AC Gerzat : 15 W 7 n° 163

Annexes

  • Autres maisons à Gerzat
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
© Clermont-Auvergne-Métropole
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Laurent Christophe
Laurent Christophe

Historien de l'architecture. Prestataire pour le service régional de l'Inventaire Auvergne, puis Auvergne-Rhône-Alpes, en 2014-2015 puis 2021-

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