Historique
En 1826, la Ville de Lyon passe un traité avec les frères Seguin : la Ville leur cède 283 000 m² de terrain au sud du nouveau quartier de la presqu'île, à charge pour eux de créer une gare d'eau avec entrée sur la Saône et le Rhône, avec 4 ponts permettant de franchir les quais Perrache, Rambaud et le cours Charlemagne, et ce dans un délai de 6 ans, d´y conduire la voie ferrée Saint-Etienne-Lyon, et d´y implanter 79 établissements industriels, maisons ou entrepôts. La gare d'eau est concédée aux frères Seguin par l'ordonnance royale du 13 juin 1827, et son exploitation réglée par celle du 5 décembre 1830. Les travaux traînent en longueur et un jugement du tribunal civil de Lyon du 10 janvier 1838 constate que les traités n´ont pas été appliqués par les frères Seguin et la Compagnie anonyme de chemin de fer de Lyon à Saint-Etienne : le chemin de fer se termine dans la gare qui ne possède encore ni glacis, ni quai en maçonnerie ; la Compagnie a 6 mois pour commencer les deux ponts qui doivent permettre au cours Charlemagne de franchir la gare. Une nouvelle transaction est passée entre la Cie du chemin de fer et la Ville de Lyon, le 29 avril 1839 : la Ville reconnaît l´impossibilité pour la Compagnie de régulariser le quai et son talus dans la partie orientale de la gare, compte tenu de la présence de la caserne en bordure du quai Perrache ; elle renonce aux conditions du traité de 1827 quant à la création d´établissements industriels.
La Compagnie PLM hérite de la gare d´eau par le traité passé le 20 août 1856 avec la Ville, et tente d´en limiter l´utilisation au maximum : non seulement les quais et berges sont mal entretenus, mais de plus le règlement de la Compagnie prévoit que cette gare n´est ouverte qu´au transport de marchandises en provenance ou à destination de la ligne du Bourbonnais, de la ligne de Givors à Sète (rive droite du Rhône) et de leurs embranchements. Dans ces conditions, la gare d'eau est de moins en moins utilisée. Dès 1860, la section nord-ouest est supprimée. En 1876, la Compagnie fait combler la partie nord entre le cours Charlemagne et le Rhône. Par sa délibération du 20 mai 1890, le conseil municipal accepte le principe de la suppression de la gare d'eau. La délibération du 20 octobre 1891 sur le projet de voirie reprend l'idée du comblement et de la poursuite du cours Charlemagne jusqu'au pont de la Mulatière. Cependant, la suppression effective est repoussée devant les protestations de la Chambre de Commerce et du Service spécial de la navigation du Rhône. Le 13 janvier 1908, une circulaire ministérielle prescrit l'ouverture d'une conférence sur la suppression de la gare d'eau ; elle se déroule les 30 janvier 1908 et 22 février 1909 et conclut sur le projet d'établir un port sur la Saône raccordé au réseau PLM, sur l'abandon des terrains de la gare d'eau à la Compagnie PLM sous réserve que cette dernière établisse les tronçons de voies nécessaires à la modification, et sur la prolongation du réseau viaire. Le conseil municipal du 26 avril 1909 approuve ces conclusions. Les années suivantes sont consacrées à la recherche de financements conjoints entre la Ville et le Ministère des travaux publics : le 28 mars 1912, le conseil municipal approuve la participation de la Ville à la hauteur de 20%. Le 20 novembre 1914, un traité est signé entre la Ville et la Compagnie PLM concernant les échanges de terrains nécessaires à l'ouverture de voies publiques, traité approuvé par arrêté préfectoral le 18 mars 1915. La guerre arrête les travaux qui sont repris en juillet 1919. Les travaux du port Rambaud étant achevés en 1925, la Ville et la Compagie PLM décident de prendre la date du 1er juin 1925 comme date d'entrée en jouissance des terrains échangés : la Compagnie a 5 ans, à compter de cette date, pour remblayer les terrains encore en eau. Cette opération s'effectue peu à peu : le remblai est effectif en 1947, mais le tracé du quai du Dauphin est encore visible en 1952 et le pont franchissant le goulet de l'ancienne gare n'est démoli qu'entre juin et octobre 1954. Les dernières traces de la gare disparaissent avec la construction du marché-gare.