Dossier d’œuvre architecture IA69000930 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Patrimoine industriel
Vitriolerie Estienne et Jalabert puis garage de réparation automobile dite succursale Citroën, garage Citroën, actuellement bureaux de diverses sociétés, INSEEC école de commerce privée
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Lyon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lyon patrimoine industriel - Lyon
  • Commune Lyon 7e
  • Lieu-dit Guillotière
  • Adresse 35 rue de Marseille , rue Salomon-Reinach , rue Béchevelin , rue Université
  • Cadastre 1999 AP 17
  • Dénominations
    usine d'acide sulfurique, garage de réparation automobile
  • Parties constituantes non étudiées
    garage de réparation automobile

Entre les deux guerres, au moment où l'automobile entre peu à peu dans les moeurs française, de nombreux magasins et garages automobiles se sont élevés dans toute la France, pour répondre au besoin de ce marché nouveau. André Citroën, dès 1919, dote sa firme d'un service architecture, spécialement chargé de la réalisation de ses points de vente. Entre 1924 et 1934, ce service dirigé par l'architecte Jacques Ravazé, établit les plans et dirige les travaux de construction de magasins et ateliers dans une quarantaine de villes en France et à l'étranger. Il existe à Lyon un petit magasin Citroën, bien localisé, place de Viste (à l'angle de la place Bellecour de la rue de la République et de la rue de la Barre) qui servait de vitrine de la marque Citroën, ce magasin est occupé aujourd'hui par un magasin de chaussures. C'est en 1928, que la Société Citroën décide alors de doter Lyon de ce que l'on appelle alors une organisation centralisée regroupant les différents services d'exposition, de vente, de stockage, de réparation de voiture ainsi qu'un atelier de sellerie et de peinture. Construite entre 1930 et 1932, dans le quartier de l'Université, (sur l'emplacement de l'ancienne vitriolerie de la Guillotière), la succursale de Lyon est la plus monumentale de cette série et l'une des dernières. En effet, après la faillite de Citroën en 1934, la création de succursales ne reprend qu'à la fin des années 1950, avec des établissements localisés en dehors des villes, à proximité des nouveaux réseaux autoroutiers. La caractéristique du bâtiment est de traduire le plus exactement possible par ses façades les différentes fonctions de chacun des étages. Les magasins d'exposition ont été prévus en façade sur les rues très fréquentées (rue de Marseille et rue de l'Université). Le rez-de-chaussée et l'entresol sont réservés à la commercialisation des voitures neuves, le 1er étage à la vente des voitures d'occasion, le deuxième et troisième étage aux ateliers de réparation, le quatrième étage aux stockage des voitures neuves. Du fond du hall, sont placés le départ de la rampe montante et l'arrivée de la rampe descendante. Les deux rampes d'accès à sens unique, placées l'une au-dessus de l'autre, le long de la façade rue Béchevelin, utilisent les mêmes points d'appui jusqu'au 5ème étage. Les étages sont desservis par les dites rampes dont le développement est de 350 mètres, la pente de 13, 5% qui permettent le doublement de deux voitures normales et l'accès des autobus. Cette organisation est la même aujourd'hui. Au travers de ce rideau de glace et derrière les balustrades en ferronnerie, les voitures s'installaient "au parterre, loges et balcons" suivant le parti retenu par Laprade et Bazin pour le garage Marbeuf à Paris (1929). Malheureusement, en 1971, l'installation d'un plancher intermédiaire au 1er étage est venu dénaturer l'esprit théâtral des volumes d'origine de ce hall. L'organisation du travail, à l'intérieur de la succursale est pensée de façon rationnelle et utilise des moyens techniques d'avant-garde comme les élévateurs hydrauliques. Une plaquette publicitaire de l'époque présente la succursale de Lyon comme "la plus grande station-service du monde". C'est le plus monumental et le mieux conservé de la série de garages construits par Maurice-Jacques Ravazé accompagné de Jean Prouvé pour la société Citroën, le seul à avoir conservé l'ensemble de ses fonctions initiales. Le succursale Citroën a employé jusqu'à 500 personnes. Actuellement 75 personnes sont employées au garage. Durant la Seconde Guerre mondiale, des salariés du garage ont été déportés pour avoir fait acte de résistance lors de la fabrication de batteries. Une plaque commémorative localisée sur la façade ouest (rue de Marseille) rappelle ce fait et les noms des personnes décédées en déportation.

Une annexe existe à Vénissieux. Le garage est doté d'une capacité de 150 voitures par étage. Monument représentatif de l'architecture des années 30, très peu modifié, c'est aussi un édifice symbolique, véritable palais du XXe siècle, consacré à l'automobile appelé par le personnel du garage dès les années 1960 "la cathédrale". En 1992, le garage est inscrit en totalité au titre des monuments historiques, sur une proposition et avec l'aide d'un des employés du garage monsieur Régis Malartre (neveu du directeur du musée de l'automobile de Rochetaillée).

Octobre 2011 : le garage vient d'être acquis par le groupe immobilier lyonnais 6e Sens, projet de développer sur 30 000 m² 200 places de parking et 13 500 m² de bureaux. C’est en 2011 que 6ème Sens Immobilier devient propriétaire des lieux et entreprend la requalification de l’édifice. En 2012, SUD Architectes en collaboration avec ALEP Architectes, réinvestissent le volume du garage pour faire cohabiter plusieurs programmes tout en veillant à conserver l’identité du bâtiment qui s’appelle désormais le New Deal (cf annexe reconversion).

La forme en trapèze de l'édifice a été imposée par la voierie. La surface au sol est de 7 000 m². L'édifice comprend 5 étages soit un développement de surface de près de 40 000 m². Un hall d'exposition monumental de 18 m de hauteur, présente sur le pan coupé de la place de l'Université une façade de 300 m² entrièrement vitrée. La baie qui donne accès au hall public (14 m largeur x 10 m hauteur) était fermée à l'origine par une porte accordéon à glaces se manoeuvrant électriquement, cette grande baie est encadrée par deux portes latérales. La façade rue Béchevelin, laisse apparentes les structures des deux rangées d'accès automobiles, l'inclinaison des allèges en ciment des rampes vient couper les vitrages filants : cette double rampe vient briser l'horizontalité de cette façade. A chaque angle, s'élèvent les 5 tours d'escaliers, constituées par des poteaux en béton armé laissant entre eux des verrières de un mètre de largeur et 13 mètres de hauteur. Chaque tour est couronnée par un entablement. Une corniche et un entablement de même importance courent tout autour du bâtiment au niveau du 3e étage. La verticalité et la monumentalité de ces tours contrastent avec les bandeaux horizontaux des façades. Le rythme de ces façades, fondé sur l'opposition entre les volumes constructifs et le graphisme des portes et des fenêtres rappelle l'esthétique constructiviste. Les toitures en espalier des 4ème et 5ème étages complètent cette recherche formelle. A l'intérieur le grand hall du public (103 mètres de long x 22 mètres de large x 11 mètres de haut) couvre la hauteur du rez-de-chaussée et de l'entresol. Pour ce hall, ainsi que pour les magasins d'exposition, une poutraison spécialement étudiée forme une décoration à caissons. Le pan coupé, à l'angle des rues de Marseille et de l'Université, présente un vaste hall d'exposition octogonal d'une hauteur libre de 18 m, délimité au sol par 8 colonnes massives en béton lisse qui supportent la poutraison du plancher du 2ème étage. Une charpente mixte en bois et fer couvre le dernier étage. Elle est prévue dès l'origine pour être démontée et remontée d'un étage si le développement commercial de la succursale l'exige. Le matériau utilisé pour le gros oeuvre est le béton armé.

  • Murs
    • béton
  • Toits
    tuile mécanique
  • Étages
    5 étages carrés
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier de distribution
  • Autres organes de circulation
    rampe d'accès, monte-charge, ascenseur
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 1992/05/18
  • Précisions sur la protection

    Inscription par arrêté du 18 mai 1992. (+ Label architecture XXe siècle).

Inscription par arrêté préfectoral du 18 mai 1992 : inscrit en totalité. Label architecture XXe siècle. Ce garage est un témoignage important et rare de l'architecture fonctionnaliste de l'entre-deux-guerres.

Zone UI : il s'agit d'une zone destinée à accueillir les activités industrielles ou artisanales, ainsi que les constructions de bureaux qui sont liés exclusivement à ces activités.

Octobre 2011 : le garage vient d'être acquis par le groupe immobilier lyonnais 6e Sens, projet de développer sur 30 000 m² 200 places de parking et 13 500 m² de bureaux. Installation au 3e étage (et une partie du 4e étage) de l'INSEEC école de management qui accueille environ 4 000 étudiants. Le rez-de-chaussée du garage n'a pas de projet de reconversion.

Documents d'archives

  • Dossier de protection du garage Citroën de la rue de Marseille, réalisé en 1992 par Bernard Gautheron (chargé d'étude documentaire), (reproduction des photographies).

    DRAC Auvergne-Rhône-Alpes
  • En février 2018, rencontre avec des anciens salariés du garage Citroën, le CRAC Club Rhodanien des Anciens Citroën, dont Régis Malartre qui est à l'initiative de la protection du garage au début des années 1990.

Bibliographie

  • GUENE, H. L'architecture automobile, Revue des monuments historiques, n° 134, août-septembre 1984

    p. 33 à 43
  • SMITH, P. Archives et architecture d'une marque : Citroën. in Actes du colloque : "archives et histoire de l'architecture", Paris, la Villete, mai 1988

    p. 26 à 42
  • MAIGROT, E. Les nouveaux bâtiments de la succursal de Lyon. in l'Architecture, revue nouvelle, vol XLVI, n) 1, 15 janvier 1933

  • MARREY, B. Les guides du XXe siècle, Rhône-Alpes. Equerre, 1982

    p. 251-252
  • MONDINE, P., SMITH, P. La succursale Citroën de Lyon revue les monuments historiques n° 157, juillet 1988

    p. 57-61

Annexes

  • Distribution par étage
  • Reconversion du garage Citroën, 2012
  • Mémoire : Seconde Guerre mondiale
Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2002
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Ville de Lyon