Historique
A la veille de la Seconde Guerre mondiale, la paroisse Notre-Dame Saint-Louis de la Guillotière regroupait plus de 40 000 habitants, et dès les années Trente l´idée de créer une nouvelle paroisse avait percé. Cependant ce n´est que le 30 mai 1952 que le cardinal Gerlier prit une ordonnance érigeant la nouvelle paroisse de Sainte-Marie de la Guillotière, avec pour limites au nord l´axe de la rue du Pensionnat, à l´ouest l´axe de la rue Garibaldi jusqu´à la rue Chevreul, au sud une ligne reliant la rue Chevreul à l´angle des rues de la Solidarité et de l´Espérance, au-delà du chemin de fer, et à l´est de cet angle de rue jusqu´à l´angle du cours Albert-Thomas et de la rue Rossan, puis par le chemin Maximin, la rue Paul Sisley, la rue du Dauphiné, et par une ligne droite en travers du fort Montluc jusqu´à l´angle de la rue du Pensionnat et du boulevard Vivier-Merle (cf. plan 3). La paroisse est alors confiée à l´abbé Robert de Pazanan.
Durant les premières années, le culte fut célébré dans divers locaux provisoires (salle François-Coppée, puis chapelle des Petites Soeurs de l'Assomption, rue Nicolaï), et l´abbé de Pazanan s´activa à trouver le terrain nécessaire à l´établissement de l´église et les crédits nécessaires à sa construction (Annexes 1).
Grâce à un don d´un million de francs du Vatican, l´association diocésaine put faire l´acquisition, en mars 1955, d´un terrain, situé sensiblement au centre de la paroisse, au nord de la voie de chemin de fer, en bordure du boulevard des Tchécoslovaques. L´architecte Joseph Bacconnier, ami d´enfance de l´abbé de Pazanan, se charge gracieusement, en 1956, de dresser les plans de la cité paroissiale.
La première pierre de l´édifice est posée le 4 mai 1958 par Mgr Marella, nonce apostolique à Paris. Le permis de construire déposé le 29 septembre 1958 reçoit un avis favorable le 18 novembre. Le conseil municipal de Lyon garantit, en 1959, auprès de la Caisse des dépôts et consignations, un emprunt de 100 millions sollicité par le diocèse. L´église est inaugurée le 20 décembre 1959 et le presbytère et les locaux annexes deux ans plus tard. Pourtant l´église ne sera consacrée que le 10 février 1966.
Les travaux de maçonnerie sont réalisés par l´entreprise Pitance, l´électricité par Roiret, le carrelage du sol par l´entreprise Gerplex, les boiseries et les meubles (cf. sous-dossier) sont l´oeuvre de l´école Lamâche ; la croix de clocher, en bronze, mise en place le 24 octobre 1959, est due à E. Piguet. Enfin les vitraux (cf. sous-dossier) ont été réalisés par M. et Mme Paulin-Besson.
Faute de crédit, les enduits ne sont par réalisés et les bâtiments resteront en béton brut jusqu´à leur réalisation par l´architecte Paul Bacconnier fils en 1997. L´escalier intérieur du clocher ne sera pas construit et aucune cloche n´y sera jamais installée. La croix du clocher a été déposée après 1974 et a disparu.
La paroisse est désormais regroupée, avec les trois autres anciennes paroisses de la Guillotière, dans l´ensemble paroissial de la Guillotière. L´église va fermer fin décembre 2005 et le diocèse a mis en vente la cité paroissiale.
Description
Situation et composition d´ensemble
La cité paroissiale est construite à l´angle du boulevard des Tchécoslovaques et de la rue Jules-Brunard, sur une parcelle de forme rectangulaire allongée, ses façades principales orientées à l´est (des. 1). L´église est au centre, avec le clocher détaché au nord-est. Les bâtiments principaux de la cité paroissiale (presbytère et salles de catéchisme) sont construits à l´ouest, selon un plan en L autour d´un espace ouvert, sur deux niveaux : un jardin le long du boulevard (fig. 30), et à l´ouest une cour en contrebas, accessible par une rampe passant sous le clocher. L´église est flanquée au sud d´un parking arboré de 32 places, fermé par une salle de réunion à l´ouest (des. 2). L´ensemble est clos d´une grille le long de la voirie.
Les distributions entre le presbytère et l´église se font par des galeries couvertes (fig. 25 à 27).
Matériaux et couvertures
L´ensemble est construit en béton de gravier ou mâchefer et ciment, revêtu d´un enduit. L´intérieur du clocher est resté en béton brut (fig. 31).
A l´exception de la nef couverte d´un toit en très légère pente, à charpente métallique, l´ensemble des bâtiments est couvert d´un toit terrasse. Un lanterneau ponctue le toit de la chapelle des fonts baptismaux, au nord.
L´église
L´église, de plan massé, joue sur les volumes : l´entrée et la nef forment un parallélépipède plus élevé, flanqué à droite des deux corps de la chapelle des fonts baptismaux et de la chapelle de semaine (fig. 15, 16), à gauche d´un bas-côté (fig. 18, 20) et à l´arrière d´un corps moins élevé abritant chapelle de la Vierge, choeur et sacristie (fig. 21, 27). La sacristie est surmontée du logement du gardien ouvrant par une loggia au nord.
La façade principale, à l´est, est précédée d´un auvent porté par deux piliers. Les élévations latérales de la nef sont aveugles, celles des bas-côtés et des chapelles sont en claustra accueillant les vitraux (cf. sous-dossier).
L´entrée dans l´église se fait soit par les portes principales sous l´auvent, soit par une entrée latérale accessible par une galerie ouvrant sur le boulevard des Tchécoslovaques (fig. 15).
La nef est précédée d´un vestibule fermé, dont la cloison séparative accueille les confessionnaux (cf. sous-dossier) et les deux portes des escaliers en équerre conduisant à la tribune supportant l´orgue (fig. 34).
La nef se termine à l´ouest par un chevet plat, recouvert d´un rideau rouge (fig. 33). A l´arrière se trouvent des pièces de rangement et la sacristie des enfants de choeur. La nef est éclairée à l´avant et à l´arrière par une rangée de petites baies oblongues (fig. 14 et 33).
Le bas-côté gauche, délimité par des piliers (fig. 34, 36), est fermé à l´avant par la chapelle mortuaire (fig. 37) et ouvre à l´arrière sur la chapelle de la Vierge (fig. 33, 35).
A droite, la nef ouvre, à l´avant, sur la chapelle des fonts baptismaux (fig. 40), au centre sur la chapelle de semaine (fig. 38) dont elle est séparée par un système de rideaux coulissants, et à l´arrière sur la sacristie (fig. 39) qui conserve l´ensemble de son mobilier (penderie, placards, chasublier).
Le clocher
Le clocher détaché, de plan carré, s´élève au nord-est de l´église. Le premier niveau forme passage couvert permettant l´accès des voitures à la cour en contrebas (fig. 15, 29). Le sommet du clocher est percé d´abat-sons. Les ouvertures en quinconce des façades ouest et est ont été occultées. Un escalier extérieur droit, construit contre la façade nord, donne accès au 1er étage (fig. 30, 31). Une trappe dans le plafond permet d´accéder aux niveaux supérieurs ; l´escalier intérieur n´a jamais été construit, remplacé par une simple échelle (fig. 32).
Le presbytère et les salles paroissiales
Le presbytère, sur trois niveaux, est construit en alignement sur le boulevard des Tchécoslovaques (fig. 12, 13, 14). Il comporte des logements à chaque étage. Il est desservi par un escalier tournant à retour avec jour ouvrant sur le boulevard et éclairé par une claustra, et par un second escalier semblable ouvrant sur la galerie intérieure et éclairé par des jours dessinant une croix (fig. 23). Ce bâtiment communique aux 1er et 2e étages avec le bâtiment paroissial qui le prolonge à l´ouest.
Les bâtiments paroissiaux sont disposés en équerre autour de la cour en contrebas. Ils sont construits sur pilotis et un escalier isolé droit conduit à la cour et à l´entrée principale de ces bâtiments située dans l´angle sud-ouest de la cour (fig. 25, 26, 27). Les façades sur cour sont complètement ajourées par de grandes baies oblongues. Un escalier tournant à 3 volées distribuent les étages. La distribution intérieure de ces deux corps de bâtiment est très simple : un couloir construit le long de l´élévation postérieure aveugle distribue les salles de catéchisme et de réunion ouvertes en façade.
Une petite salle de réunion en rez-de-chaussée est construite à l´ouest du parking sud.
Une nouvelle affectation : le groupe scolaire Chevreul-Jeanne de Lestonnac
Après d'importants travaux qui ont profondément modifié la structure des bâtiments tout en préservant certaines parties, le groupe scolaire a ouvert ses portes en 2009.
Renaud Chassagne, architecte chez CRB Architectes (quai Rambaud, Lyon 2ème arrondissement), s´est vu confier la mission de créer ce nouvel établissement, avec une contrainte : le respect de l´extérieur des bâtiments existants et la préservation de l´église.
A l´intérieur, un plancher a été construit, mais tous les vitraux ont été préservés et sont visibles à l´intérieur comme à l´extérieur. D´autres éléments ont été conservés : le chemin de croix, la chapelle baptismale, les plaques commémoratives, et même un tronc dans le hall d´entrée.
Dans l´ancienne église se trouvent les parties communes de l´établissement : l´accueil, l´administration, le restaurant scolaire, un oratoire dans l´ancienne chapelle baptismale ; à l´étage, une salle de permanence, des salles de catéchèse, le Centre de Documentation et d´Informations (CDI), et une grande salle d´événements qui, dorénavant, s´appellera « Salle Robert de Pazanan ». Cet ensemble constituant, comme l´explique Renaud Chassagne, la tête de l´établissement, les autres parties étant les bras.
Les anciens locaux paroissiaux, au total 10 salles d´environ 43 m² chacune, ont été réhabilités et accueillent dorénavant les élèves du collège. L´ancien presbytère également rénové abrite une petite école maternelle et primaire. A noter : grâce à deux ascenseurs, l´ensemble de l´établissement est complètement accessible aux handicapés.
Sur l´ancien parking de l´église, à l´angle de la rue Jules Brunard et du boulevard des Tchécoslovaques, un bâtiment de quatre étages accueille le lycée général et technologique et le lycée professionnel : une grande salle de permanence, des bureaux, des salles informatiques, une quinzaine de salles de classe.
Au final, l´établissement comporte environ 5600 m² de surfaces bâties.
Note de synthèse
La cité paroissiale Sainte-Marie de la Guillotière est tout à fait caractéristique de la politique de construction conduite par l´Eglise au milieu du XXe siècle dans les zones nouvellement urbanisées : programme ambitieux comprenant une vaste église et des locaux paroissiaux avec logement du curé et de ses vicaires, et vastes salles de catéchisme et de réunion. L´ensemble est construit en béton, couvert en toit terrasse ; l´église est de plan rectangulaire, à chevet plat ; le clocher, de plan carré, est détaché et oppose sa verticalité à l´horizontalité de l´église et des bâtiments annexes.
Mais la cité Sainte-Marie affiche son originalité par le jeu de décrochement entre les divers corps de bâtiment. L´architecte joue de la différence de niveaux avec les constructions sur pilotis, les passerelles, les décrochements en plan et en hauteur : nef et sacristie sur deux niveaux, chapelle mortuaire, bas-côté sud et chapelle de semaine sur un niveau, baptistère surmonté d´un lanterneau. Les décrochements jouent également à l´intérieur de l´église : tribune, choeur et bas-côtés.
Les vitraux (cf. sous-dossier) occupent une place importante dans la conception de l´édifice, formant de véritables murs de lumière au nord et au sud, ainsi qu´en façade de la chapelle des fonts baptismaux.
Le mobilier est complètement intégré : meubles de sacristie et confessionnaux (cf. sous-dossier) en placage de chêne, réalisés par les élèves de l´école Lamache. L´autel est constitué d´un bloc de granit brut surmonté d´une table de granit poli.
Joseph Bacconnier (1910-1982) a été l´élève de Michel Roux-Spitz. Il travaille chez Tony Garnier et participe à la construction de l´hôpital Edouard-Herriot, avant de se mettre rapidement à son compte, 7 avenue Adolphe-Max. Membre de la commission d´art sacré, il réalise également l´église Saint-Luc (Lyon 5e) en 1964-1966. Il construit de très nombreux immeubles d´habitation à Lyon et dans le Rhône, ainsi que des fromageries (Montcet), des beurreries (Neuville-les-Dames, Louhans) ou des coopératives fruitières (Ampuis).