AC Lyon. 1841 W 078. Lettre de M. Georges Dantzikian, gérant de la société D.M.D. HABILLEUR, 4 rue Grenette 69002 Lyon, à Monsieur Pradel, maire de Lyon, Hôtel de Ville 69001 Lyon, Lyon, le 18 février 1974
Monsieur le Maire,
Monsieur Dantzikian Georges, gérant de la société D.M.D. habilleur chemisier, 4, rue Grenette Lyon, et gérant de la S.C.I. GRENETTE IV, 4 rue Grenette Lyon, a l’honneur de solliciter de votre bienveillance de bien vouloir lui accorder audience. […]
Quelques mots pour vous situer l’affaire dont il s’agit.
« Le 18 mai 1972 mes deux fils et moi avons créé la S.C.I. GRENETTE IV et acquis l’immeuble 4, rue Grenette qui appartenait aux Ets REYBIER qui le tenaient des Ets REYNIER Frères.
Depuis quatre ans cet immeuble servait d’abri à tous les clochards ainsi qu’aux gros rats du quai Saint-Antoine.
Les 9/10 des portes étaient cassées, la moitié des cloisons ébranlées, il y avait un WC à l’étage, aucun sanitaire, pas de chauffage et les ¾ des gaines étaient fissurées ; le toit prenait l’eau et les caves étaient inondées à chaque lavage des égouts par les services d’assainissement.
Cet immeuble était très connu à Lyon du temps de sa prospérité. Malheureusement, vu son état délabré, les Ets REYBIER ne trouvaient pas d’acquéreurs.
La société D.M.D., qui exploite six magasins d’habillement DANIL, SILVER, ESCURIAL, situés dans le centre de Lyon, avait besoin de bureaux décents et d’entrepôts.
Aussi, par l’intermédiaire de la S.C.I. GRENETTE IV, les associés de la Sté D.M.D. ont acquis cet immeuble en entier, ayant été obligés d’acquérir les quatre étages supérieurs destinés à l’habitation pour pouvoir obtenir la jouissance commerciale du sous-sol, du rez-de-chaussée et du premier étage dont le caractère est certifié commercial par acte notarié établi le 18 mai 1972 par maître Musnier notaire à Lyon 44 place de la République.
Dès le lendemain nous attaquions de gros travaux d’aménagements et modernisation de l’immeuble pour lesquels l’A.N.A.H. nous a accordé une subvention de 85 463 frs et le Crédit foncier un prêt de 590 000 frs exclusivement pour la partie d’habitation. C’est-à-dire du 2e, 3e, 4e et 5e étage.
Nous avons créé 16 salles de bain, 16 WC intérieurs alors qu’il n’y en avait que 4 extérieurs. Nous avons installé un ascenseur R.C.S.
Nous avons installé le chauffage central, fourni l’eau chaude collective, antenne de télévision collective prête à être branchée dans chaque appartement, gaine de téléphone collective, sonnerie d’appel depuis le trottoir avec ouverture électrique de la gâche de la porte d’entrée.
Il est inutile de vous préciser que nous avons démonté et emmené aux remblais toutes les cheminées fissurées et il y en avait une cinquantaine. Nous avons évidemment refait le toit.
Nous avons couvert tous les sols de moquette compris les couloirs extérieurs et les paliers de la cage d’escalier.
Nous avons tout tapissé et tout repeint, compris la cage d’escalier.
Notre immeuble est un des rares dont les poubelles sont rangées dans un réduit fermé avec portes à deux battants en bois d’ébénisterie.
Comme vous pouvez en juger nous avons contribué à l’effort national de remise en état du patrimoine foncier de notre pays.
Connaissant à quel point vous vous efforcez d’améliorer notre ville tant au point de vue infrastructure, circulation, qu’au point de vue logements ; sachant aussi que vous connaissez de mémoire les coins et recoins de notre ville, nous pensons que vous avez dû remarquer l’immeuble 4 rue Grenette.
Or, il se trouve que les services du logement de la Communauté urbaine de Lyon, 4e division, 4e bureau, ayant été saisis de certaines demandes d’expulsés ou de futurs expulsés de la rue Mercière, veulent nous occasionner des ennuis sous les prétextes suivants :
-il paraîtrait que les Ets REYBIER ou REYNIER ont eu l’occasion de loger du personnel au premier étage de l’immeuble où ils avaient leurs bureaux et que par contre au deuxième étage ils auraient utilisé une partie des locaux à usage commercial sous forme de réfectoire.
Le service du logement nous demande de solliciter une autorisation qui ne pourrait nous être accordée que par dérogation délivrée par Monsieur le Préfet après avis du Maire.
Nous avons l’honneur de vous informer qu’actuellement existe dans cet immeuble 4 étages de logements neufs soit 16 appartements de deux pièces dont une avec coin kitchen le tout à l’état neuf et intégralement habités.
Au premier étage ex-entresol se trouvent nos bureaux personnels de la société D.M.D. dont nous avons cédé la moitié à la Sté BUTT et PROMOBUTT.
Au rez-de-chaussée se trouvent deux magasins d’habillement dont l’un appartient à la Sté D.M.D. et un magasin d’articles ménagers appartenant à Monsieur 20 % (Monsieur Mure).
Au sous-sol se trouvent les entrepôts de la Sté D.M.D. et les communs de l’immeuble.
L’attestation du caractère commercial du rez-de-chaussée, du 1er étage et du sous-sol a été fournie par la Sté REYNIER Frères et jointe à l’acte notarié établi par maître Musnier en vue de son enregistrement.
Les frais d’enregistrement ont été acquittés pour cette partie commerciale au taux de 16,60 % et non de 4, 80 % comme pour le reste de l’immeuble.
Vu les gros ennuis occasionnés actuellement par la majoration des taux d’intérêts qui de 8 % se sont élevés à 14, 50 %, nous aimerions que vous nous soulagiez au moins du souci objet de notre présente lettre en ayant la bonté de nous accorder la fameuse dérogation indispensable au classement de cette affaire.
Nous nous excusons de la longueur de cette lettre mais il nous a semblé que vous ne pourriez prendre une décision équitable sans avoir toutes les données du problème.
Nous vous prions de croire Monsieur le Maire, à l’assurance de nos sentiments dévoués et respectueux.
Le gérant Dantzikian Georges