• enquête thématique régionale, Stations de sports d'hiver
Hôtel de voyageurs dit Hôtel du Golf
Œuvre repérée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Les Arcs - Bourg-Saint-Maurice
  • Commune Bourg-Saint-Maurice
  • Lieu-dit Arc 1800
  • Adresse Charvet
  • Cadastre 1992 AC 50
  • Dénominations
    hôtel de voyageurs
  • Appellations
    dit Hôtel du Golf

I. HISTORIQUE

A. Dates et acteurs

Le projet est élaboré en 1973 pour le compte de la SARL « Foncière de l´Arc » à Bourg Saint-Maurice, maître d´ouvrage de l´opération. La conception et la mise en oeuvre du projet est le résultat d´un travail collectif conduit par une équipe d´architectes concepteurs regroupant :

Charlotte Perriand et Bernard Taillefer associé à Jean-Pierre Mercier, pour la conception générale,

Alain Bardet et Gaston Regairaz de l´Atelier d´Architecture en Montagne, responsables de la construction,

Jacqueline Eberarth (cabinet parisien) pour l´équipement des services collectifs.

Le projet est élaboré en 1973, le permis de construire est accordé en janvier 1974, et la mise en service de l´hôtel a lieu pour Noël 1974 (en même temps que les résidences de « Bellecote » et du « Miravidi » ;

B. Origine du projet

L´hôtel du Golf est le premier bâtiment construit sur le site d´Arc 1800. Roger Godino organise un « concours d´idées » entre les architectes qui l´entourent alors ; Bernard Taillefer et Jean-Pierre Mercier étudient le projet dans le chalet personnel de Bernard Taillefer à Arc 1600 (quartier des « pointus ») ; après plusieurs mois d´études, ils soumettent à Roger Godino, le projet présenté en maquette. Roger Godino pressent immédiatement le succès et accepte l´idée sans hésitation. C´est ce premier projet qui oriente Roger Godino sur la constitution de l´équipe d´architectes et d´ingénieurs qui construira les autres réalisations d´Arc 1800 : Gaston Regairaz (Atelier d´Architecture en Montagne) pour l´urbanisme, Bernard Taillefer pour l´architecture, et Charlotte Perriand pour les intérieurs. Tous les trois travaillent en étroite relation. Cette équipe fonctionne de 1974 à 1987 assurant la construction d´ Arc 1800 et le lancement d´ Arc 2000. En débutant par la réalisation de l´hôtel du Golf, Roger Godino souhaitait créer dès l´ouverture de la station d´Arc 1800, au coeur du quartier du Charvet, un potentiel d´animation suffisant et accueillir des séminaires.

L´hôtel du Golf est conçu et réalisé en même temps que les deux résidences du « Miravidi »et de « Bellecôte ». Le plan de la Z.A.C. du Charvet, étudié par Gaston Regairaz architecte urbaniste à l´Atelier d´Architecture en Montagne, est structuré à partir du « point de convergence » placé à la cote 1700 m, autour duquel se greffent les principales structures d´accueil de la station :

- l´hôtel du Golf et la résidence « le Bellecôte », réalisation la plus importante ;

- la résidence « le Miravidi » construite dans une forte pente, en contrebas.

C. Programme

L´hôtel du Golf (réalisé en une seule saison, l´année 1974) comprend deux ailes distinctes :

- les chambres : au total 250 chambres (soit 500 lits), et 50 chambres pour le personnel (soit 100 lits) : « les 250 chambres étaient groupées le long de deux rampes montantes et descendantes, l´une desservant le sud et l´autre le nord, espacées d´environ 50 cm, avec des passerelles de l´une à l´autre. Une signalisation faite de bandes colorées, rouges, vertes... qui couraient sur les murs tout le long des circulations, aidant à s´y retrouver car la clé de la chambre comportait la couleur à suivre... Il n´y avait pas de balcon, et sur les deux façades nord-sud s´inscrivait le graphique décalé des chambres, créant ainsi une certaine musicalité... » (Charlotte PERRIAND. Une vie de création, p. 353).

- les parties communes (restaurants, salons, bar) et une salle de conférence de 250 places : « accolé en équerre au bâtiment des chambres, dans une architecture sans contrainte, s´épanouissaient l´accueil au niveau piétonnier, le salon autour d´une vaste cheminée, l´accès à une boîte de nuit, une restauration prolongée par de grandes terrasses au soleil, une piscine en contrebas... Au-dessus on trouvait les restaurants sur deux niveaux, en dessous la route d´accès, la bagagerie... » (Ibid., p. 354).

L´ensemble de l´opération représente une superficie totale de 13 600 m². En1974, l´hôtel du Golf est le plus grand hôtel des Alpes, d´une superficie équivalente au célèbre hôtel Hilton à Paris

D. Principes du projet

D.1 - Parti général, situation dans l´ensemble de la station

L´hôtel du Golf est placé au coeur du quartier du Charvet, au contact direct du domaine skiable, des animations de la station et des activités commerciales. L´édifice est composé de deux immeubles construits perpendiculaires l´un par rapport à l´autre :

- les parties communes de l´hôtel (accueil, restauration) ouvrent directement sur le parcours piéton qui relie les villages de Charvet et des Villards, sur la courbe de niveau 1700 mètres d´altitude (parallèle aux courbes de niveaux) ;

- l´aile des chambres est placée en contre bas dans la pente, à l´écart de l´animation directe du coeur de la station d´altitude (perpendiculaire aux courbes de niveaux).

D.2 - Orientation / exposition / volumétrie / organisation / distribution

L´aile des chambres

Le bâtiment est composé d´une série de travées d´une largeur de 3.35 mètres chacune dans laquelle est disposée chaque chambre. Chaque travée est décalée en niveau, les unes par rapport aux autres, d´une hauteur de 43 cm.

L´immeuble est conçu comme deux immeubles indépendants, distribués chacun sur l´un des cotés par des rampes qui desservent toutes les chambres. Les deux immeubles sont accolés par une disposition côte à côte de leurs façades équipées chacune des rampes de desserte des chambres. Les deux immeubles sont séparés entre eux par un espace vide, formant patio intérieur, qui occupe toute la hauteur de l´édifice.

Les pentes des rampes de chaque immeuble sont inversées. D´un côté, les rampes suivent la pente du terrain. De l´autre, les rampes ont une pente contraire à la pente du terrain. Les rampes des deux immeubles, toujours en pentes inverses, se rejoignent régulièrement sur des paliers, qui permettent de passer d´un immeuble à l´autre. Les paliers sont réunis entre eux par des passerelles qui enjambent à chaque fois l´espace vide placé entre les deux immeubles.

Pour Bernard Taillefer, le projet est issu « d´une réflexion sur la géométrie » afin que les clients de l´hôtel « ne montent jamais », grâce à la distribution qui combine les ascenseurs pour gravir les étages et les rampes pour « glisser » vers sa chambre.

À l´extérieur, le décalage en niveaux des chambres se reporte sur la façade et donne du mouvement aux façades ; « la philosophie de Charlotte, la créativité de Taillefer, et l´aide de Gaston Regairaz et Rey-Millet a donné sur cette façade un petit chef-d´oeuvre... c´est un condensé de principes, sans aucune recherche esthétique » (Roger Godino).

E. Référence typologique

L´hôtel du Golf est le premier bâtiment construit à Arc 1800. Bernard Taillefer et Charlotte Perriand s´inspirent d´un projet que Charlotte Perriand avait étudié avec Pierre Jeanneret pour la station de Vars (Hautes-Alpes) : en 1938 : « ...sur une pente moyenne à 20%, si, à un niveau donné, vous le prolongez d´une droite, dont la longueur serait fonction de la plus grande hauteur possible pour un bâtiment ne dépassant pas dix niveaux, afin de ne pas tomber dans les normes de sécurité d´un immeuble de grande hauteur, vous récupérez la toiture de plain-pied avec une circulation piétonne favorisant toute une animation possible, bistrot, restaurant avec terrasse, rencontre. Et vous assurez une densité convenable au bâtiment qui se présente alors sous forme d´un triangle épousant la pente... » (Ch. PERRIAND. Id., p. 353) .. Les immeubles proposés avaient la forme de triangles épousant la pente, ce qui permettait de réaliser des programmes importants, sans être contraint avec les normes de sécurité imposées pour des immeubles de plus de dix niveaux.

L´implantation des villages de Charvet et des Villards a été choisie à la rupture de la pente du terrain, en imaginant des immeubles construits perpendiculairement aux courbes de niveau. L´hôtel du Golf est conçu suivant ce principe. Les niveaux inférieurs de l´aile des chambres se développent dans toute la pente du terrain, tandis que les niveaux supérieurs de l´aile des parties communes se trouvent au niveau du rez-de-chaussée, côté front de neige, en bordure de la courbe de niveau 1700 mètres (abritant les commerces en continuité avec les autres commerces du village).

Avec l´hôtel du Golf, Bernard Taillefer combine trois principes testés auparavant, sur des immeubles différents, à Arc 1600 :

- l´implantation dans la pente avec le décalage de hauteur entre chaque niveau des travées développé pour la première fois dans la résidence La Cascade à Arc 1600 en 1969 (Charlotte Perriand et l´équipe de l´A.A.M.) ;

- le principe d´une coursive traitée en plan incliné, compensant et desservant chaque logement décalé en hauteur, réalisé par Bernard Taillefer dans la résidence La Rive en 1970 ;

- la volumétrie limitée à un seul niveau en partie amont de l´immeuble, et à un grand nombre de niveaux en partie avale, principe de composition retenu pour la première fois par l´équipe de l´A.A.M. pour l´immeuble « le Pralong » à Courchevel 1850 en 1968.

On notera que la totalité des constructions collectives réalisées ultérieurement dans les villages de Charvet et des Villards, et disposés perpendiculairement aux courbes de niveaux du terrain, suivront ces principes mis au point avec l´hôtel du Golf (décalage en hauteur de chaque trame de logement, avec une distribution par une rampe inclinée).

F. Inventions techniques

Avec la réalisation de l´hôtel du Golf, Bernard Taillefer met au point le principe de distribution des logements par une rampe inclinée qui partage l´ensemble de l´édifice en deux parties, en se développant à tous les niveaux ; cette disposition est amplifiée par la juxtaposition de deux rampes inversées, correspondant aux deux parties du même édifice. Le principe de la rampe sera repris dans les réalisations successives d´Arc 1800, et notamment pour les grandes opérations de « la Muraille » (résidences « Belles Challes », « Lauzières », « Pierra-Menta »...).

G. Chantier

La réalisation du chantier a été conditionnée pour les entreprises par une vigilance absolue vis à vis des épicéas placés à proximité de l´immeuble ; les concepteurs et le maître d´ouvrage avaient d´ailleurs prévu une amende pour chaque arbre abîmé ; « lors de l´implantation des bâtiments, Roger Godino était sur place en écologiste à compter les arbres ou à les faire entourer pour les préserver de la brutalité de la mise en oeuvre... » (Ch PERRIAND. Id., p. 354).

H. Evolution

L´hôtel du Golf est acheté dans les années 1980 par le groupe Maeva qui en assure alors la gestion et entreprend un programme de rénovation spectaculaire :

- les chambres sont totalement rénovées en 1988 par le designer Philippe Starck ;

- les parties communes sont rénovées en 1992 ;

- la salle des congrès salle de conférence fait l´objet d´un programme de rénovation en 2000 ;

- l´hôtel classé en catégorie 4 étoiles devient alors un hôtel 3 étoiles.

II. DESCRIPTION

A. Implantation dans le terrain

L´implantation a été réglée juste au niveau de la rupture de pente du terrain, en composant deux bâtiments placés en équerre :

- en contrebas de la rupture de pente, l´implantation est perpendiculaire aux courbes de niveau du terrain, ; c´est la partie « chambres » ;

- au-dessus de la rupture de pente , l´implantation est parallèle aux courbes de niveau du terrain ; c´est l´aile abritant les parties communes.

L´aile des chambres correspond à un volume dont deux cotés parallèles seraient un triangle placé le long de la pente, permettant de loger toutes les chambres sur la longueur double de l´immeuble.

L´aile des parties communes forme un triangle rectangle posé sur le replat du terrain.

B. Organisation du plan / répartition des logements

Les deux corps de bâtiment de l´hôtel sont disposés en équerre. Ils forment avec la résidence mitoyenne Bellecôte, trois ailes qui convergent chacune sur l´entrée de l´hôtel du Golf.

L´aile des parties communes

L´aile des parties communes est implantée parallèlement aux courbes de niveau du terrain. Le bâtiment se développe sur un plan en trapèze ; il est couvert par une toiture à pente unique. Il abrite les parties suivantes : accueil - réception, salon, restaurant, boîte de nuit, et une piscine extérieure en contrebas. La réception et la cuisine sont disposées dans la partie la plus étroite, tandis que les salles de restaurant et les salons dans la partie large. La salle de conférence occupe tout le dernier niveau.

L´aile des chambres

L´aile des chambres est implantée perpendiculairement aux courbes de niveaux du terrain. Le bâtiment est composé sur un plan en longueur : les doubles rampes longitudinales disposées au centre, les chambres de part et d´autre, orientées soit en plein nord avec vue sur le Mont-Blanc, soit en plein sud avec orientation au soleil. La toiture présente des pentes inversées par rapport à un axe longitudinal central, puisqu´elle suit l´inclinaison des rampes qu´elle couvre.

En contrebas de l´édifice, un accès automobile permet l´accès aux deux parties de l´hôtel, chambres ou accueil, en passant par la bagagerie.

Les chambres du personnel sont placées dans la partie basse du bâtiment.

C. Structure porteuse verticale et horizontale

Dalles et murs de refend en béton armé.

D. Escaliers / coursives : distributions horizontales et verticales

Les rampes de distribution des chambres

Les rampes sont en maçonnerie de béton armé, soutenues par des consoles placées au droit de chaque mur de refend :

- la pente : pour un décalage de 43 cm de hauteur entre chaque travée, (une travée mesure 3.40 m), la pente est d´environ 12.6 % ;

- largeur des rampes : 1.30 m chacune, séparées par un vide de 80 cm.

Une passerelle disposée toute les trois travées permet de passer d´une rampe à l´autre (d´un « bâtiment » à un autre) ; la passerelle est dessinée « en selle de cheval » libérant ainsi le passage entre deux plans inclinés inversés, de tout emmarchement.

Le long des chambres, une glissière basse, protège les cloisons, et sert de repère grâce à la couleur choisie : chaque niveau de rampe a sa propre couleur, assortie aux clefs des chambres de ce même niveau.

Garde-corps : en bois, maintenu par des madriers verticaux fixés à la tête de chaque console par une pièce métallique en U ; les quatre madriers du garde-corps sont boulonnés à ces poteaux.

L´espace central entre les deux bâtiments, (entre les deux rampes) est laissé vide et ouvert sur toute sa hauteur avec des luminaires suspendus depuis le sommet.

Les escaliers

Dans l´aile des chambres, aucun escalier ne dessert les niveaux qui sont tous reliés entre eux par les rampes inclinées ; deux batteries d´ascenseurs doubles assurent les dessertes verticales.

E. Terrasse

L´hôtel du Golf est la seule réalisation de la station des Arcs 1800 qui ne comporte aucune terrasse extérieure en prolongement des studios et des chambres, dérogeant au principe imaginé dès les premières réalisations d´Arc 1600. Par contre, les chambres disposées sur le coté sud possèdent toutes une « terrasse » intérieure, espace surélevé par rapport au niveau de la chambre, et clos en façade par une grande vitrée coulissante, faisant ainsi pénétrer l´espace extérieur dans l´espace intérieur de la chambre.

F. Couverture/toiture

La couverture est faite d´un porte-neige en bois.

Aile des parties communes

La toiture des parties communes présente une pente régulière de 30° environ. Le faîtage est placé du côté du mur pignon nord, correspondant à la partie haute de la salle de conférence). Le faîtage est à une hauteur équivalente à R+5 (par rapport au niveau du front de neige), et la toiture descend jusqu´à R+1 (par rapport au niveau du front de neige), dans sa partie la plus basse (au sud).

Aile des chambres

La toiture de l´aile des chambres est double car chacun des deux bâtiments est couvert par sa propre toiture. Elles sont de pentes inverses, car la couverture suit les décalages des chambres placées au dernier niveau. Comme les décalages des chambres des deux immeubles sont toujours en sens inversé, les deux toitures sont également de pentes inversées, placées chacune dans l´axe longitudinal de l´édifice commun.

Pour le bâtiment sud, la pente de la toiture suit la pente du terrain pour les 20 travées amont, puis la pente est inversée (la toiture s´élève vers l´aval) pour les 7 travées aval.

Pour le bâtiment nord, la pente de la toiture est à l´inverse de la pente du terrain sur les 20 travées amont (avec une rupture à la huitième travée), puis la pente s´incline pour suivre le terrain sur les 7 travées aval.

La partie centrale est comprise dans la toiture du bâtiment nord, assurant ainsi un éclairage complémentaire du côté du sud.

G. Façades et baies

Bâtiment des chambres

Façade sud

Le décalage des niveaux des travées les unes par rapport aux autres, rythme la façade par un double mouvement qui suit ou qui s´oppose à la pente naturelle du terrain :

- à l´amont, sur les 20 premières travées de la partie supérieure du bâtiment, les baies « descendent » régulièrement dans le même sens que le terrain ;

- à l´aval, sur les 7 travées de la partie inférieure du bâtiment, la construction reprend de la hauteur ; les baies « remontent » dans le sens contraire à la pente du terrain.

-- à l´extrémité aval, sur le mur pignon, la hauteur est équivalente à un rez-de-chaussée + 7 niveaux de chambres ;

-- au changement de « séquence » de la façade, la travée comporte 6 niveaux de chambres ;

-- en partie basse, (entre les chambres du niveau le plus bas et le sol), le soubassement est en béton, peint en blanc.

Pour toutes les chambres, les travées sont traitées de manière identique. La travée est totalement vitrée, partagée en deux parties égales, avec un châssis fixe et un châssis coulissant. La baie s´ouvre sur toute la hauteur, et un garde-corps est fixé contre la menuiserie ; la main courante est faite d´un madrier de bois placé entre chaque mur de refend sous lequel est fixé un barraudage métallique vertical peint en bleu. Derrière les vitrages, les rideaux d´occultation des chambres sont disposés suivant un rythme alterné de rideaux bleu et de rideaux rouge.

En partie supérieure, entre les chambres du dernier niveau et la couverture, les murs sont recouverts d´un bardage de bois en lames posées verticalement.

Façade nord

Les façades ne comportent aucun balcon.

Le décalage des niveaux des travées les unes par rapport aux autres rythme la façade par un mouvement irrégulier qui suit ou qui s´oppose à la pente naturelle du terrain :

- à l´amont, sur les 8 travées de la partie supérieure du bâtiment, les baies « remontent » dans le sens contraire à la pente du terrain (de R+2 à l´amont on passe à R+5) ;

- en partie centrale, de la neuvième travée à la vingtième travée, les baies « remontent » dans le sens contraire à la pente du terrain (de R+3 à l´amont on passe à R+8) ;

- en partie aval, de la vingt deuxième travée à la vingt septième travée, les baies « descendent » régulièrement dans le même sens que le terrain (hauteur constante de R+7).

Au niveau de la huitième travée (depuis l´amont), un escalier extérieur de secours est accolé à la façade, composé de marches métalliques, tenu par une ossature en bois. Les garde-corps sont en bois et métal peint en bleu.

- en partie basse, (entre les chambres du niveau le plus bas et le sol), le soubassement est en béton peint en blanc.

Pour toutes les chambres, les travées sont traitées de manière identique. La travée est équipée d´un panneau menuisé comprenant une partie supérieure vitrée (châssis fixe et châssis ouvrant) sur toute la largeur, et une partie inférieure (l´allège) protégée par un bardage en lames de bois placées verticalement.

Pignon aval

Toute la partie centrale du mur pignon est vitrée, pour éclairer les doubles rampes de desserte des chambres.

Sur la partie sud du mur pignon, la façade est recouverte d´un bardage bois.

Sur la partie nord du mur pignon, on a adossé l´escalier de secours, abrité mais ouvert. L´escalier métallique est compris dans une charpente en bois ; les garde-corps sont en bois (main courante) et en ferronnerie peinte en bleu (barraudage), de même type que les garde-corps de la façade sud.

Parties communes

Façade est

Bardage en lames de bois placées verticalement, et menuiseries vitrées (format haut et étroit) disposées régulièrement.

Façade ouest

Bardage en lames de bois placées verticalement, et menuiseries vitrées (format en hauteur) pour éclairer les salles à manger et les cuisines.

Façade sud

Toutes les parties de façades exposées au sud sont largement vitrées : salle à manger, « ensemble thermal »...

H. Entrées et parties communes

La réception

Le guichet de la réception de l´hôtel du Golf est équipé d´un tableau de rangement pour les clefs des chambres. Il est réalisé en bois ; comme une maquette modèle réduit de l´hôtel, avec les chambres disposées le long des rampes inclinées (comme deux coupes longitudinales tracées au niveau des rampes). Ce tableau est une représentation de l´architecture de l´hôtel. Il permet de situer chaque chambre, et aide le client pour déterminer le trajet à suivre lorsqu´il découvre sa chambre.

La salle de conférences

La salle de conférence se situe au dernier niveau du bâtiment des parties communes. La capacité d´accueil est de 250 personnes.

En août 2000, la salle était en cours de restauration.

Le volume est couvert par une toiture à deux versants de pentes et de longueurs inégaux. L´espace est composé sur la base d´un triangle rectangle, dont la hauteur maximale est placée du côté de l´estrade (du côté de la façade nord) ; pour rattraper l´inclinaison du plafond, une structure supporte et masque les matériels techniques nécessaires (lampes, projecteurs, fils, gaine technique en métal laqué...).

La façade est largement vitrée du coté nord, avec une vue majestueuse sur le Mont-Blanc.

Aux murs, les planches verticales du bardage alternent avec des caissons creux destinés à améliorer l´acoustique de la salle.

Au sol une moquette bleue, proche de la teinte des rideaux, a été changée en 2001.

Les sièges sont des chaises mobiles en métal et plastique noir.

L´issue de secours de la salle débouche sur le toit des parties communes, et par une rampe extérieure on peut rejoindre les niveaux inférieurs.

I. Intérieur des chambres

Principe général

La conception d´origine des chambres repose sur les principes développés jusqu´alors pour les réalisations de la station des Arcs (la Cascade et le versant Sud notamment, à Arc 1600) :

- un espace de séjour, le plus spacieux possible ;

- des sanitaires conçus de manière compacte, accolés aux gaines techniques disposées du côté de la coursive (ici la rampe), vers l´intérieur du bâtiment ;

- un mobilier compact, mobile ou fixé aux murs de refends des chambres :

--- aménagement d´une « banquette-terrasse » pour les chambres placées au sud, surélevée d´une marche ; l´espace de la banquette fait office de « terrasse » lorsque la baie coulissante est ouverte en totalité, et de « jardin intérieur » lorsque la baie est fermée ;

- une grande luminosité avec un vitrage maximum des panneaux de façade, sur toute la largeur de la travée au nord, et sur toute la hauteur et la largeur au sud ;

- les chambres sont de dimensions identiques qu´elles soient au nord ou au sud.

Charlotte Perriand décrit l´aménagement des chambres (transformées totalement en 1988) : « l´équipement des chambres de l´hôtel du Golf était fort simple. Sur l´un des murs était posé à distance un long bandeau de sapin. Il formait une gouttière pour dissimuler et faire courir tous les fluides nécessaires à l´éclairage individuel des lits, au téléphone, au poste de Radio-Arc et à l´éclairage indirect des murs. Ce bandeau servait également d´appuie-tête et à poser librement deux petits plateaux de chevet de chaque côté des lits. Pourquoi cette mobilité ? Pour permettre une libre disposition des lits, rassemblés ou séparés. Taillefer avait prévu un podium devant la baie vitrée, revêtu de tapis comme le sol. Je posai un matelas en trois parties pour, fenêtres ouvertes, lire, méditer, le regard posé sur les arbres en premier plan. J´avais enfin sélectionné des sièges de grand confort, produit de l´industrie automobile... » (Charlotte PERRIANDUne vie de création, p. 357).

Rénovation de 1988

En 1988, la rénovation des chambres apporte des modifications profondes :

Chambre sud

Distribution.

Le mobilier et les revêtements ont été modifiés, mais également des principes de distribution d´origine :

- la salle de bain est agrandie et ouvre directement sur la chambre, séparée par une simple cloison vitrée (alors qu´auparavant la salle de bains ouvrait sur le couloir d´accès) ;

- tout le mobilier d´origine a été supprimé et remplacé par des mobiliers dessinés ou choisis par le designer Philippe Stark ;

- la façade vitrée est occultée en partie (environ un sixième de la largeur de la travée) par un pan de bois sur l´un des côtés de la travée.

Mobilier de 1988.

- une table fixe, en bois « médium », de forme trapézoïdale aux angles arrondis, fixée au mur de refend par une tige métallique ;

- sur la table, une lampe fixe sur pied métallique, avec abat-jour beige clair ;

- un fauteuil et un tabouret en métal noir à trois pieds ;

- un miroir pivotant de petite dimension fixé au mur au-dessus de la table de type « rétroviseur » d´automobile ;

- tables de nuit composées de planchettes fixées au mur de part et d´autre du lit ;

- porte-manteau fixé à la cloison de la salle de bain : tige métallique noire avec deux balles en bois pour suspendre les vêtements ;

- mains courantes fixes au mur, en bois, également pour suspendre les vêtements ;

- la banquette-terrasse d´origine est recouverte d´une moquette : banquette disposée sur la largeur de la travée devant la baie, d´une hauteur d´une grosse marche, comme une estrade disposée devant le paysage. Elle délimite un espace « salon » où l´on peut s´asseoir ou disposer un couchage supplémentaire ;

Au sol moquette dans les tons bleus, crépis blanc sur l´un des murs de refend, tapisserie dans les tons jaunes pour l´autre mur de refend, avec une tête de lit en « alcantara » ( ?), carrelage beige sur les murs et sol de la salle de bains.

Seuls les rideaux en toile épaisse unie bleue (ou rouge) ont été conservés.

Chambre nord

Distribution.

Le mobilier et les revêtements ont été modifiés, mais pas les principes de distribution d´origine :

- d´un côté de la porte d´entrée de la chambre, le WC, puis la salle de bain ;

- de l´autre côté des placards fixes contre le mur de refend ;

- au-dessus d´une partie du passage, un rayon « support à bagages » ;

- dans la chambre, trois lits simples disposés côte à côte ;

- au fond, deux châssis vitrés (dont un ouvrant) pour offrir une vue élargie sur toute la largeur de la travée.

Mobilier de 1988.

- une table fixe, en bois « médium », de forme trapézoïdale aux angles arrondis, fixée au mur de refend par une tige métallique ;

-sur la table, une lampe fixe sur pied métallique, avec abat-jour beige clair ;

-un fauteuil et un tabouret en métal noir à trois pieds ;

- un miroir pivotant de petite dimension fixé au mur au-dessus de la table de type « rétroviseur » d´automobile ;

- tables de nuit composées de planchettes fixées au mur de part et d´autre du lit ;

-porte-manteau fixé à la cloison de la salle de bain : tige métallique noire avec deux balles en bois pour suspendre les vêtements ;

- mains courantes fixes au mur, en bois, également pour suspendre les vêtements ;

- pas de banquette-terrasse.

Au sol moquette dans les tons bleus, crépis blanc sur l´un des murs de refend, tapisserie dans les tons jaunes pour l´autre mur de refend, avec une tête de lit en « alcantara » ( ?).

Les rideaux en toile épaisse unie bleue (ou rouge) ont été conservés.

Une suite

Distribution.

Le plan de la suite se développe sur deux travées : une travée « séjour » et une travée « chambre et sanitaires » ; ces deux espaces sont séparés par une cloison coulissante et une dénivelée de trois marches, correspondant au décalage entre deux travées.

- La travée « séjour » :

À proximité de la porte d´entrée, le WC et des placards, et trois marches pour accéder au coin « salon » où sont disposés une table et quatre fauteuils (mobilier identiques aux chambres), et contre la baie vitrée, une table basse ronde, et un canapé et deux fauteuils massifs en cuir.

- La travée « chambre » :

D´un côté des marches qui mènent à la chambre : un lit double, une table et un meuble au pied du lit, et de l´autre côté : une grande baignoire et un grand meuble sanitaire avec deux lavabos ; et derrière, cloisonnée par un vitrage, une salle de bain avec une douche.

Mobilier.

Le mobilier est identique à celui des chambres.

Au sol, du parquet, sauf pour les parties sanitaires en carrelage.

Aux murs, un habillage bois, et une tapisserie dans les tons jaunes comme dans les chambres, et des miroirs.

De part et d´autre des parois vitrées, on a placé des « coffres » en bois au droit des murs de refend, derrière lesquels viennent se loger les rideaux quand ils sont ouverts.

Au plafond, lames de bois.

Les banquettes ont été supprimées.

J.-F. LYON-CAEN/C. SALOMON-PELEN

Le projet est élaboré en 1973 pour le compte de la SARL « Foncière de l'Arc » à Bourg Saint-Maurice, maître d'ouvrage de l'opération. La conception et la mise en oeuvre du projet sont dues à un travail collectif conduit par une équipe d'architectes concepteurs regroupant C. Perriand, B. Taillefer et J.-P. Mercier, pour la conception générale, A. Bardet et G. Regairaz de l'Atelier d'Architecture en Montagne, responsables de la construction, et J. Eberarth (cabinet parisien) pour l'équipement des services collectifs. La mise en service de l'hôtel a lieu pour Noël 1974.£L'hôtel du Golf est le premier bâtiment construit sur le site d'Arc 1800.

L'hôtel du Golf comprend deux ailes distinctes, avec 250 chambres et 50 chambres pour le personnel, les parties communes (restaurants, salons, bar) et une salle de conférence de 250 places. L'édifice est composé de deux bâtiments placés en équerre : en contrebas de la rupture de pente, l'implantation est perpendiculaire aux courbes de niveau du terrain, c'est la partie "chambres" ; au-dessus de la rupture de pente, l'implantation est parallèle aux courbes de niveau du terrain, c'est l'aile abritant les parties communes. L'immeuble des chambres est conçu comme deux immeubles indépendants, distribués chacun sur l'un des côtés par des rampes qui desservent toutes les chambres. Les deux immeubles sont accolés par une disposition côte à côte de leurs façades équipées chacune des rampes de desserte des chambres. Ils sont séparés entre eux par un espace vide, formant patio intérieur, qui occupe toute la hauteur de l'édifice. Les pentes des rampes de chaque immeuble sont inversées. D'un côté, elles suivent la pente du terrain, de l'autre, elles ont une pente contraire. Les rampes des deux immeubles se rejoignent régulièrement sur des paliers qui permettent de passer d'un immeuble à l'autre. À l'extérieur, le décalage en niveaux des chambres se reporte sur la façade et donne du mouvement. L'aile des chambres (10 étages de soubassement et 2 étages carrés) est composée sur un plan en longueur, avec les doubles rampes longitudinales disposées au centre, et les chambres de part et d'autre. La toiture présente des pentes inversées par rapport à un axe longitudinal central. L'aile des parties communes forme un triangle rectangle posé sur le replat du terrain, tracé sur un plan en trapèze, de quatre étages carrés; le bâtiment est couvert par une toiture à pente unique. La réception et la cuisine sont disposées dans la partie la plus étroite, et les salles de restaurant et les salons dans la partie large. La salle de conférence occupe tout le dernier niveau.

  • Murs
    • crépi
    • essentage de planches
    • béton armé
  • Toits
    bois en couverture
  • Étages
    10 étages de soubassement, 4 étages carrés
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit à un pan
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit
    • escalier demi-hors-oeuvre : escalier droit
  • Autres organes de circulation
    ascenseur
  • Typologies
    immeuble perpendiculaire à la pente, coursive ou rampe centrale
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Les photographies représentant des œuvres de Charlotte Perriand ne sont pas affichées (application du droit patrimonial réclamé par les ayants-droit).

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Documents d'archives

  • AD Savoie. 6J 1354 - 1410. Hôtel du Golf, résidence Bellecôte et immeuble le Miravidi pour la société "les Montagnes de l'Arc", Arc 1800, Bourg-Saint-Maurice (1973-1992)

  • AM Bourg-Saint-Maurice. Dossier de permis de construire

Bibliographie

  • PERRIAND, Charlotte. Une vie de création. Odile JAMob, 1998

    p. 353, 354, 357

Périodiques

  • The Architectural Review, n°1002, août 1980

Date(s) d'enquête : 2000; Date(s) de rédaction : 2002
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Ecole d'architecture de Grenoble