Le présent texte s’appuie en grande partie sur l’étude menée par Thierry Lefebvre et Cécile Raynal, publiée en 2010 (LEFEBVRE Thierry, RAYNAL Cecile. Les solariums tournants du Dr Jean Saidman. Aix-les-Bains, Jamnagar, Vallauris. Paris : Editions Glyphe, 2010. 287 p.) complétée par des recherches en archives.
La station héliothérapique orientable d’Aix-les-Bains, plus couramment appelée Solarium tournant, était un établissement médical dans lequel les soins dispensés reposaient sur les principes de l’héliothérapie et de l’actinothérapie. Les patients étaient soignés grâce à des traitements utilisant la lumière naturelle du soleil et les rayonnements artificiels.
L’actinothérapie et l’Institut d’Actinologie
Avant de réaliser son projet de solarium tournant, le docteur Jean Saidman fonde en 1925 l’Institut d’Actinologie implanté à Paris. Le concept d’actinothérapie renvoie alors à l’usage combiné de la lumière solaire et des rayonnements artificiels. Les objectifs que se donne l’Institut sont double et s’articulent autour de la recherche médicale et du développement de soins. L’organisme se dote alors de bâtiments dotés de laboratoires et de salles de traitement équipées de matériel moderne. L’Institut est reconnu d’utilité publique en 1929.
L’implantation du solarium à Aix-les-Bains
Parallèlement, Jean Saidman mène le projet personnel du solarium tournant. L’idée d’une construction mobile, dotée d’un système lui permettant de suivre la course du soleil, avait déjà été émise et réalisée à différentes reprises depuis la fin du XIXe siècle. C’est à Aix-les-Bains que le docteur Saidman choisit d’implanter sa station héliothérapique orientable. Il reçoit, après avoir présenté son projet et s’être engagé à exercer dans la station thermale, l’accord et le soutient de la société médicale d’Aix. Ceci se traduit alors par l’investissement financier de certains médecins (Jacques Forestier, Louis Blanc, François Gaillard, Louis Duverney) dans le capital de la société anonyme Le Solarium d’Aix, constituée pour l’exploitation de l’établissement.
Au-delà des relations personnelles que pouvait entretenir Jean Saidman avec des personnalités politiques locales, le choix d’Aix-les-Bains s’explique aussi par la présence des thermes nationaux. En effet, l’argumentaire de la promotion des soins actinothérapiques repose également sur leur complémentarité avec les cures thermales. Par ailleurs, la présence d’une importante infrastructure d’hébergement permet de faire l'économie de la construction d'équipements d'accueil des patients (Le solarium tournant d’Aix-les-Bains, par le Docteur Jean Saidman, directeur de l’Institut d’Actinologie. [Brochure publicitaire] dans le supplément thermal de la Gazette médicale de France, mai 1930).
En 1929, le site retenu pour l’implantation de la station héliothérapique se situe au lieu-dit Chantemerle, au nord-est de la ville. Pour des raisons inconnues, le solarium est finalement implanté au sud-est de la commune et inauguré en juillet 1930.
Le projet architectural
Les premiers plans sont dressés en mai 1929 par l'architecte aixois André Farde. La station héliothérapique est cependant construite d’après des dessins datés de juillet. Si les principaux éléments constitutifs du bâtiment sont déjà en place au mois de mai, le parti général de l’édifice s’est simplifié entre les deux propositions. En effet, le premier projet prévoyait un corps de bâtiment de plan circulaire comprenant un rez-de-chaussée surélevé et un étage carré placé en retrait. Le rez-de-chaussée surélevé abritait huit pièces distribuées selon un plan radioconcentrique. Excepté le vestibule d’entrée, percé d’une porte précédée d’un porche, et les deux salles d’attente l’encadrant, les cinq salles placées à l’arrière et en retrait ouvraient sur une galerie donnant accès à une terrasse. Le premier étage était constitué de trois pièces, placées au-dessus du vestibule d’entrée et des deux salles d’attente, et d’une galerie ouvrant sur une terrasse reposant sur la galerie placée en dessous. Ainsi, au plan radioconcentrique circulaire s’est substitué un plan radioconcentrique octogonal, et le porche d’entrée comme les deux niveaux de galeries ont été abandonnés.
Le traitement des patients et l’équipement technique du solarium
Les soins appliqués aux patients étaient réalisés dans les salles du rez-de-chaussée ainsi que dans les dix cabines logées dans la plateforme mobile. Au rez-de-chaussée, dans des salles pourvues de larges baies rectangulaires, les patients allongés sur des lits à hauteur réglable, recevaient l’application d’ondes hertziennes et de rayons X, provenant d’une ouverture pratiquée dans le plafond. Les appareils émetteurs étaient disposés au-dessus de ces cabines, dans des pièces accessibles au seul personnel soignant, éclairées par les baies triangulaires pratiquées dans chacun des huit pans formant le pylône. Les dix cabines de soins de la plateforme mobile étaient équipées de baies coulissantes, permettant une exposition directe à la lumière solaire, dirigée et concentrée sur une partie précise du corps grâce à des lentilles. Afin que les rayons solaires soient reçus perpendiculairement, principe garantissant l’efficacité des traitements, chaque cabine était pourvue d’un lit inclinable sur lequel prenait place le patient. Des lampes à infrarouge et à ultraviolets complétaient l’équipement. La plateforme abritait également deux salles de contrôle réservées aux médecins, munies d’appareils mesurant l’intensité des rayons naturels et artificiels. Un moteur vapeur, certainement logé dans l’étage de soubassement, assurait la rotation régulière de la plateforme mobile.
Jean Saidman dépose une demande de brevet pour le solarium en août 1929. Le brevet, incluant les plans de l’édifice, lui est délivré en janvier 1930.
En 1932, dans le cadre du chantier d’agrandissement des thermes nationaux d’Aix, mené par l’architecte Pétriaux, la SA Le Solarium d’Aix envisage de déplacer la station héliothérapique à l’intérieur de l’établissement thermal. Pour des raisons administratives, ce projet n’est pas réalisé.
Né à Coulommiers (Seine-et-Marne) le 9 août 1889, et décédé à Grasse dans les Alpes-Maritimes, le 15 juillet 1943. Architecte, élève de l’école des Beaux-arts de Paris. Adresse en 1927 : 22 avenue de Tresserve à Aix-les-Bains.