Le conseil municipal décide en 1909 la construction d’une école supérieure de garçons. L’établissement doit alors être implanté sur un terrain appartenant à la Ville, à proximité des rues Vaugelas et Cabias, au nord de l’école primaire de garçons (Délibération du 13 septembre 1909). Le bâtiment est finalement construit sur un terrain situé le long du boulevard des Anglais, acquis par la Ville auprès de Mme Bolliet au prix de 28 500 francs. Cette somme prend la forme d’un don effectué par Jean-Marie Bernascon, conseiller municipal et propriétaire de l’hôtel Bernascon. Conformément à la condition posée par le donateur, l’établissement est baptisé « Ecole supérieure de garçons Bernascon » et accueille ses premiers élèves en 1912 (Délibération du 23 mai 1910).
Dès 1907, le directeur de l’école de garçons, Cecilio Guaniayre, propose de créer une section commerciale au sein de l’établissement. Il s’agit de former un réservoir d’employés disponibles pour l’important tissu commercial et hôtelier de la ville (Délibération du 16 décembre 1907). Bien que ce ne soit pas explicite dans les documents d’archives, la création de l’internat au sein de l’école supérieure de garçons procède certainement de la volonté d’attirer et de retenir des élèves dans cette section commerciale. Malgré ces démarches et l’approbation de l’ouverture d’une section commerciale (Délibération du 10 juillet 1911), la création d’une école hôtelière, ardemment souhaitée par les hôteliers de la ville et soutenue par les directeurs successifs de l’établissement, est régulièrement refusée par la municipalité, pourtant par ailleurs soucieuse du rayonnement et de la réputation de la Ville d’Eaux en concurrence avec d’autres stations thermales. Cette contradiction semble se maintenir au sein des municipalités successives, puisqu’en 1939, le conseil municipal refuse le dédoublement d’une classe de la section générale entraînant la disparition de l’internat et de la section hôtelière (Délibération du 12 juin 1939).
Les plans du bâtiment sont dressés dès 1909 par l’architecte de la Ville, Jules Pin, et modifiés afin d’y intégrer un internat. Afin de limiter les dépenses induites par la construction d’un mur de soutènement et l’importance du remblayage nécessaire lié à la forte déclivité du terrain, l’architecte choisit d’édifier un bâtiment d’une faible surface au sol rachetée par son développement en hauteur. Ces contraintes liées à la configuration du terrain seront vivement critiquées par la suite. En effet, la hauteur du mur de soutènement avait été prévue en fonction du remblayage, qui, faute de finances certainement, n’a pas été réalisé sur la surface de la cour de récréation, créant un « trou ». Par ailleurs, la hauteur du bâtiment s’impose désormais sur les coteaux de la ville.
D’après les plans établis en mai 1911, le sous-sol, le rez-de-chaussée, les premier et deuxième étages sont occupés par les ateliers et les salles d’enseignement tandis que les étages supérieurs abritent le logement des élèves et du personnel. Ainsi, le sous-sol accueille un atelier de mécanique et un atelier de serrurerie ; le rez-de-chaussée comprend une bibliothèque, une classe de lettres et une classe d’étude et de dessin ; le premier étage compte une salle de sciences physiques, jouxtée d’un cabinet de collections scientifiques, une salle de sciences mathématiques doublée d’un cabinet de dépôt de modèles. L’appartement du directeur se situe au deuxième étage ; l’internat est placé au troisième ; les chambres des surveillants et le logement du concierge sont logés à l’étage de comble.
Dès 1911, à la demande de la Croix Rouge et conformément à l’instruction ministérielle du 5 mai 1899, le bâtiment est choisi par la municipalité pour être utilisé comme hôpital militaire dans le cas éventuel d’une guerre (Délibération du 11 novembre 1911). Ainsi, entre 1914 et 1915, l’établissement accueille des blessés militaires avant de rapidement renouer avec sa fonction d’enseignement. En effet, dès 1915, il semble que des cours commerciaux soient assurés auprès des blessés dans l’objectif d’une réorientation professionnelle (Délibération du 22 mars 1915).
Dès les années 1920, l’établissement est confronté à l’augmentation des effectifs et à la nécessité d’agrandir ses locaux. Victime de son succès, la section commerciale, devenue section hôtelière, accueille des élèves issus de l’ensemble du territoire national qu’il est nécessaire d’héberger (AC Aix-les-Bains. 4 M 6. Rapport du Directeur de l’école supérieure de garçons adressé au Maire, 14 mai 1928). Cette pénurie de locaux persiste jusque dans les années 1970 et trouve une solution à l’occasion de la construction du nouvel équipement scolaire édifié à Marlioz. Le lycée Bernascon et les établissements Vaugelas et Lamartine y sont transférés en 1981 (Délibération du 26 février 1981).
L’ancien lycée Bernascon est alors réaffecté pour abriter des associations. Les architectes Rault et Viand effectuent des travaux portant essentiellement sur une mise aux normes de sécurité. Un ascenseur est installé dans le noyau ajouré de l’escalier intérieur et un escalier en vis métallique extérieur est construit contre la façade sud.
Récemment (2014), le bâtiment a fait l'objet d'une importante campagne d’aménagements intérieurs et extérieurs qui en a modifié les accès et les circulations. La création d’une grande structure métallique contre les élévations ouest et latérales (nord et sud) a profondément transformé l’aspect général de l’édifice d’origine. L’organisation extérieure de celui-ci reste visible sur la façade sur rue (façade est).