Sur la mappe sarde de 1732, l’emplacement du site est occupé par une maison (parcelle 32) et un four (parcelle 33) appartenant à la comtesse de Vars.
Le 21 décembre 1846, la maison et le four sont vendus par les époux Anthelme D’Alexis (feu Augustin) et Françoise Padey (feu Jean) au chevalier Louis Castellazzo (FR.AD073, 6E3629 ; FR.AD073, 6E2418). Les vendeurs possèdent aussi une fabrique de couvertures située non loin de là que Louis Castellazzo acquiert par adjudication le 18 février 1854 (FR.AD073, 6E2418 ; Le Courrier des Alpes, 1850).
Louis Castellazzo fonde une fabrique de ciment, de chaux hydraulique et de chaux grasse à l’emplacement du site. En 1860, l'usine en pleine activité, fait l’objet de nombreuses publicités dans la presse locale (Courrier des Alpes, 23 juillet 1860). A cette époque, elle est dirigée par M.Fontaine. La matière première provient de carrières situées à Montagnole.
La fabrique de ciment est représentée sur le premier cadastre français de 1863 (section B, feuille unique). A cette date, elle comporte un moulin à ciment (parcelle 14), un four à chaux (parcelle 14 bis) et une maison (parcelle 15).
Louis Castellazzo décède en 1867. Le 4 novembre 1875, le contremaitre de la fabrique Alfred Dijoud agissant au nom de la veuve et des trois fils de Louis Castellazzo vend l’usine pour la somme de 50 000 francs à Jean Perrier dit Robert (manufacturier demeurant à Cognin), Thomas Routin (dit Jean-Louis, négociant demeurant à Chambéry) et Joseph l’Ainé Grumel (comptable demeurant à Chambéry). La vente comprend le moulin à ciment avec la maison d’ouvrier au-dessus, le four à chaux et à ciment et tout le matériel qu’ils contiennent ainsi que le canal et la prise d’eau. La famille Castellazzo conserve la maison de maitre située près de la fabrique (FR.AD073, 6E2418).
A cette époque, l'usine possède un dépôt à la Maison Bovagnet située place Porte-Reine à Chambéry (Courrier des Alpes, janvier 1876).
Le 22 décembre 1877, Benoît Guyer-Courtois (propriétaire, domicilié à Chambéry) acquiert de Jean Perrier, tous ses droits dans la fabrique de ciment (FR.AD073, 6E451). La Société est modifiée et prend le nom de Routin, Grumel aîné et Compagnie (Courrier des Alpes, janvier 1878). Des échantillons de ciments produits à Vimines sont présentés à Paris lors de l’Exposition universelle de 1878 (Catalogue des objets envoyés à l'exposition universelle de Paris, 1878).
Le 29 juin 1889, la Société anonyme des Ciments de Vimines rachète la fabrique de ciment (FR.AD073, 6E451). A cette date elle comporte une usine à chaux et à ciment, des habitations, des hangars, des magasins, un moulin à chaux, un moulin à ciment, des écuries, une prise d'eau et un canal (Le Courrier des Alpes, 28 décembre 1889). La matière première provient toujours des carrières de Montagnole (section A, parcelles 654, 655, 656 et 662). Le conseil d’administration de la Société propose de nommer comme directeur de l’usine Laurent Perinel qui travaille alors pour la Société des Ciments de la Porte de France à Grenoble (FR.AD073, 6E451).
Par la suite, la Société achète le moulin Cathiard (IA73002783, commune de Saint-Cassin) situé juste en amont de l’usine car elle projette de fusionner les deux chutes pour gagner en puissance motrice. En 1893, l’ancien canal à ciel ouvert du moulin Cathiard est remplacé par une conduite de ciment et en tôle de 0,80 m de diamètre dont une partie franchit le cours d'eau pour rejoindre un château d’eau. De là une conduite en tôle de 0,70 mètre de diamètre mène les eaux sur la turbine de l'usine. La hauteur de chute passe de 3,75 m à 13,40 m et la puissance de 18 à 75 chevaux. Grace à cette augmentation, la Société peut désormais se passer de l’usage d’une locomobile, une machine à vapeur déplaçable qui était nécessaire pour les besoins de la production en période de basses eaux (FR.AD073, 44SPC9).
Le 15 février 1894, le directeur, M. Périnel, demande la réglementation de la nouvelle chute. Les travaux effectués font l’objet de plaintes des riverains qui utilisaient jusque-là l’eau du canal de l’ancien moulin. Les maires de Vimines et Saint-Cassin demandent alors que la Société des Ciments construise deux bassins permettant à six laveuses de s’installer et deux prises d’eau suffisantes pour l’alimentation de deux pompes à incendie. La Société refuse. Par arrêté du 15 juillet 1895, la dérivation de la Société des Ciments est réglementée mais des conditions sont imposées par le service des Ponts et Chaussées : établir deux prises d’eau pour des pompes à incendie et installer des bassins pour les besoins domestiques (FR.AD073, 44SPC9).
Toutefois, le mécontentement des riverains persiste. Par courrier du 28 octobre 1895, le maire de Vimines s’adresse à l’Administration au nom des habitants du hameau de la Thiolière qui se plaignent que le bassin construit par la Société des Ciments ne peut pas être lavé de la vase car le diamètre de la bonde et celui du tuyau d’écoulement ne sont pas suffisants. Ils demandent aussi que la Société des Ciments interrompe l’eau moins souvent dans le canal. En 1899, le service des Ponts et Chaussées reçoit encore des plaintes de riverains (FR.AD073, 44SPC9).
En 1906 une station de tramway est installée juste à côté de l'usine. La ligne est supprimée en 1912 (FR.AD073, 62S40 ; FR.AD073, 62S41 ; FR.AD073, 64SPC6 ; FR.AD073, 64SPC8).
L’usine fonctionne pendant la Première Guerre mondiale. Certains bâtiments sont modifiés au cours de cette période.
La fabrique de ciment cesse de fonctionner dans les années 1930.
En 1941, le site appartient à Emile Mollard. Le moulin à ciment et le four à chaux sont remplacés par une scierie. En 1960, elle est exploitée par Jean Claudius Mollard (FR.AD073, 3P1075). Actuellement la scierie est toujours en place.