Le site est fondé en 1654 par Louis Turinaz (originaire de Giaveno, Piemont) sur les terres du prieuré des Bénédictins de Bellevaux, au bord du Chéran. Pour la somme de vingt florins par an, Louis Turinaz est autorisé à utiliser la force du cours d’eau et à couper le bois nécessaire à l’alimentation de son établissement. A l'origine, il comportait deux martinets, une martinette alimentés par un haut-fourneau situé un peu plus en aval, sur la rive droite du Chéran à proximité du pont de Carlet (IA73003948, commune de Jarsy). A la mort de Louis Turinaz, le site est exploité par sa veuve Suzanne Pochat, puis par ses neveux, Antoine et Sébastien Turinaz. En 1677, la veuve Turinaz épouse en secondes noces Valentin Geny, originaire d'Ugine. Après sa mort en 1687, son fils Jean Geny mentionné comme bourgeois de Montmélian, devient maitre de fabriques (Académie salésienne, Ugine. Notes d'histoire, 1930.). Il continue à verser au prieuré un loyer de 1600 florins par an. Le site est revendu en 1707 à Jean François Revil de Montmélian, qui s’associe en 1708 à Philibert Rosset de Conflans. Par la suite, le site est exploité par Philibert Rosset seul, puis par son fils.
Entièrement dépendant des moines pour le combustible, le site est finalement cédé au prieuré de Bellevaux en 1732 pour la somme de quinze mille livres de Savoie. A cette époque, il est visible sur la mappe sarde ("fabrique à fer" : parcelle 573). Dirigé par les moines qui disposent des bois et des cours d’eau, le site de Bellevaux prospère. A cette période, il peut produire entre 300 et 500 tonnes de fer par an. Le minerai qui provient de Saint-Georges-d’Hurtières est amené à dos de mulet par le col du Frêne. Les coulées de fer ont lieu tous les trois ou quatre ans en raison de l'éloignement de la matière première (FR.AD073, C555). Toutefois, les moines restent soumis à l'épuisement des ressources en bois. Ce paramètre influe considérablement sur la production de l'établissement dès les années 1780. En 1788, le site est exploité par M.Truchet (FR.AD073, C559).
Lors de la Révolution, les forges et fonderie de Bellevaux deviennent un bien national. Un inventaire établi à cette époque rapporte que le site comporte à cette date « un grand fourneau à couler la mine, un martinet avec ses marteaux, leur enclume et leur dame en gueuse ainsi qu’une meule à aiguiser et un fourneau avec soufflet, luiseau de cuivre et trompe ; une martinette ; des artifices à piler les scories et à en séparer les loupes ; des magasins de fer et de gueuse, des étaux et des regraines ». Il existe également une scierie à proximité des martinets (FR.AD073, 1FS2445). Le site est acensé le 19 brumaire de l'an II (30 octobre 1792), en même temps que les fonderies de Tamié (commune de Seytenex, Haute-Savoie) et d’Aillon (IA73002859), à Pierre Antoine Marquet, Luc Nicolas Guillermin et Jacques Baile, pour la somme de deux cent mille francs. Les trois associés se heurtent à des difficultés d'approvisionnement en combustible car les forêts alentours ont été rachetées par des investisseurs privés. Ils ont également du mal à se procurer du minerai et du fer car les stocks ont été réquisitionnés pour la défense nationale.
Le 1er fructidor de l'an IV (18 août 1796), le site est exploité par Pierre Joseph Guerraz, originaire de Lescheraines. Par acte du 12 pluviôse de l'an V (31 janvier 1797), il est revendu à Pierre Joseph Guerraz, Jacques Bertion et Gaspard Plattet, maire d'École (FR.AD073, 1FS2445). Dans la maison de ce dernier, il existe une plaque de cheminée portant l'inscription : « Le Sieur Gaspard Plattet, maire de la commune d'École, maître des forges de Bellevaux, m’a fait faire en 1813 ».
Au début du XIXe siècle, des coulées ont lieu tous les cinq ans et produisent chacune cinq mille quintaux de gueuse environ. Cette masse de fonte est convertie sur place en barres et en verges crénelées par le martinet et la martinette. Afin de diminuer les coûts du minerai et de son transport depuis Saint-Georges-d'Hurtières, on exploite le gisement de fer de Portaz, situé entre Arith et Saint-François-de-Sâles (certaines sources avancent que ce gisement était déjà exploité par les Romains dans l’Antiquité). Après le décès de Gaspard Plattet, en 1819, le site est exploité par son fils Joseph Marie Plattet jusqu'en 1829. Il est alors repris par sa veuve, Joséphine Pollingue (fille de Pierre Louis Pollingue). A cette date, le haut-fourneau est éteint mais le martinet et la martinette sont toujours en activité. Joséphine Pollingue aménage un logement au-dessus du martinet. Elle se remarie avec un banquier de Chambéry, Antoine Anthonioz (feu Amédée). Celui-ci loue le site de Bellevaux à M.Malot. En 1851, Antoine Anthonioz demande l'autorisation d'ajouter une scierie à coté du martinet (FR.AD073, 1FS2445).
En 1853, Antoine Anthonioz rompt le bail avec M.Malot et fait dresser un état des lieux du site qui précise qu'il est au bord de la ruine (FR.AD073, 6E14693). A cette époque, il comporte toujours un martinet, une martinette, un étau et une scierie. Entre 1855 et 1862, le martinet est loué à Joseph Loye, originaire du Doubs qui fabrique des clous et du matériel agricole. En 1866, Charles Anthonioz, obtient l'autorisation de maintenir le site en activité. Il s'agit alors d'une scierie, d'une soufflerie et d'un martinet. Le procès verbal de récolement du 24 octobre 1869 précise que le barrage de prise d'eau de l'installation a été emporté par une crue en 1866 et n'a pas été rétabli.
Le site est toujours visible sur le premier cadastre français de 1877 au nom de Charles Anthonioz (section C, feuille 1, parcelle 3). En 1898, il est en ruine. Il semblerait qu'il appartienne à Antoine David, forgeron à École. Le 6 octobre 1919, Alexis Boccon-Liaudet demande l'autorisation de réunir les dérivations du martinet de Bellevaux et celles de deux autres artifices situés en aval (IA73002795 et IA73002796) pour construire une petite centrale hydroélectrique. Finalement le projet ne verra pas le jour.
Actuellement, de nombreux vestiges de bâtiments sont toujours visibles à l'emplacement des forges de Bellevaux. Le haut-fourneau qui se trouvait sur la commune de Jarsy n'existe plus (IA73003948).