Plusieurs bâtiments sont visibles au lieu-dit à la Pouille sur le cadastre napoléonien réalisé entre 1808 et 1812. Il s'agit d'une maison et d'une grange appartenant à Jean François Marie Bellemin (section B, parcelles 325, 327 et 329).
En 1875, la Société Schneider et Compagnie du Creusot exploite les mines des Hurtières qu'elle loue à la Société Grange. En 1877, la Société Schneider et Cie achète plusieurs terrains à la Pouille pour installer une usine de préparation du minerai. Construite en 1878, l'usine est implantée en contrebas d'un plan incliné descendant de la montagne de Montgilbert (IA7300, commune de Saint-Georges-des-Hurtières). Elle comporte trois fours à griller, un dépôt de dynamite (FR.AD073, 3P1899) et une installation de lavage sur le même modèle qu'une autre usine Schneider située à Allevard (Isère). Elle est reliée à la ligne PLM par un tronçon de voie ferrée de 1 kilomètre (FR.AD073, 96F452). Lors de l'exposition universelle de 1878, des dessins des fours de la Pouille sont exposés à Paris. D'après ces documents, ce sont des fours coulants de 12 mètres de haut chauffés par trois gazogènes (A.Habets, Rapports du jury international, 1880).
En 1886, la Société Schneider cesse d'exploiter les mines des Hurtières en raison de la crise métallurgique et de la baisse des prix de la fonte. Le bail avec la Société Grange se poursuit jusqu'en 1912. D'après un rapport de l'époque, à cette date, l'usine est en mauvais état (FR.AD073, 96F452).
En 1913, La Société C. Grange apporte à une jeune société en formation, la Société des Aciéries électriques d’Aiguebelle, les terrains de la Pouille afin d'y construire une usine de moulages d’acier au four électrique Chaplet-Néo-Métallurgie (L'écho des mines et de la métallurgie, 15 mai 1913).
En 1917, l'usine de la Pouille est exploitée par la Société des Aciéries électriques d’Aiguebelle (FR.AD073, 97s15).
En 1919, l'usine appartient toujours à François Grange et Compagnie de Randens et en 1927 à la Société anonyme française des Fonderies et Aciéries Électriques. Une nouvelle usine est construite pour la production de moulage d'acier. La Société anonyme française des Fonderies et Aciéries Électriques demande la construction d'une ligne haute tension entre l'usine et la centrale hydroélectrique de Saint-Léger (FR.AD073, S579).
En 1926 est exploitée par la Société des Mines métalliques de Maurienne qui l'utilise pour la métallurgie du cuivre (FR.AD073, 97s15).
L'usine de la Pouille est visible sur le premier cadastre français de 1940. Elle appartient toujours à la Société anonyme française des Fonderies et Aciéries Électriques. Elle produit du carbure de calcium, du ferro-silicium, du spiegel, du silico-manganese et du ferrochrome. Elle emploie 90 ouvriers. Elle est alimentée par cinq centrales hydroélectriques formant un réseau de 5500 volts dont 10% environ sert à l'éclairage des communes avoisinantes : la centrale de la Christine et la centrale de Gemilly (IA73004095) à Argentine, deux centrales à Saint-Léger, la centrale de Montsapey (IA) et la centrale de Pont de Chaney (IA).
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'usine de la Pouille est la cible de plusieurs sabotages menés par la Résistance. Lors de la retraite allemande en août 1944, elle fait également l'objet de pillages et d'incendies. La Société dépose un dossier auprès du ministère de la reconstruction et de l'urbanisme pour reconstruire les bâtiments endommagés (FR.AD073, 952W114 et FR.AD073, 952W115).
En 1951, l'usine de la Pouille appartient à la Société d'électrochimie et des Aciéries électriques d'Ugine (SECEMAEU). A cette date, elle est en phase de modernisation et d'équipement (FR.AD073, 84S1). L'usine atteint son apogée industrielle dans les années 1970 avec 360 employés. La partie de l'usine où se trouvait anciens les fours à griller de la période Schneider a été détruite lors de la construction de l'autoroute A43. Actuellement plusieurs bâtiments sont toujours en place. Ils sont sans affectation, utilisés comme ateliers ou comme espace de stockage.