En 1898, la Compagnie générale d’Électrochimie de Bozel envisage de créer un aménagement hydroélectrique pour alimenter son usine de Château-Feuillet située à Petit-Coeur (IA73003928). Pour cela, elle achète des droits de riveraineté et de dérivation sur le Doron ainsi que des terrains appartenant aux communes de Bozel, de Montagny, de La Perrière et de Brides-les-Bains.
En 1899 et 1900, la Compagnie acquiert aussi les droits et les terrains de nombreux particuliers sur ces mêmes communes (FR.AD073, 4Q10823). En 1906 et 1907, des jaugeages quotidiens du torrent sont effectués en vue de l'aménagement appelé "la chute du grand Doron" (hauteur de chute envisagée : 188 mètres).
Le 27 novembre 1913, la Compagnie générale d’Électrochimie de Bozel demande officiellement l'autorisation de dériver les eaux du Doron. Le projet prévoit un barrage mobile un peu en aval du Pont du Fey appelé le Grand Pont. Par délibération du 2 septembre 1917, le conseil municipal de Brides-les-Bains se montre favorable à la construction de la centrale "à l'exclusion formelle de toute autre usine de produits chimiques ou à fumées nuisibles à l'agriculture et à la station thermale". L'autorisation de dériver le Doron est accordée par arrêté préfectoral du 15 avril 1818 avec une échéance de deux ans pour réaliser les travaux. Dans une lettre du 28 juin 1818, la Compagnie sollicite un délai de quatre ans en raison de la difficulté de trouver des matériaux et de la main-d’œuvre dans le contexte d'après-guerre. Le 4 novembre 1919, la Compagnie demande un nouveau délai. A cette date, les travaux n'ont toujours pas commencés. Entre temps, est parue la loi du 16 octobre 1919 sur l'énergie hydraulique dont l'article 2 place sous le régime de la concession les centrales dont la puissance est supérieure à 500 kilowatts, ce qui est le cas de la chute de la Perrière (FR.AD073, S153). Le 24 avril 1924, M.Seynes administrateur délégué de la Société industrielle de produits électrochimiques Bozel-Lamotte (siège : 9 rue de Milan à Paris) demande au ministre des Travaux Publics de transformer en concession l'autorisation accordée le 16 octobre 1919 pour la chute de la Perrière. Dans le mémoire descriptif du projet, il indique que "L'emplacement de l'usine a été choisi en amont de Brides et assez loin de façon à ne pas nuire à la beauté du site et à ne pas gêner la clientèle de cette station thermale." La centrale doit être équipée de 6 groupes de 4000 kW chacun composés de une ou deux turbines Pelton à axe horizontal (FR.AD073, S92). Dans une délibération de séance du 17 mai 1925, la Chambre de commerce affirme "Ce projet fait partie du plan général d'aménagement des chutes d'eau des Alpes françaises, il ne peut donc à ce titre, que recevoir un avis très favorable de la Chambre de commerce, Mais il convient de rappeler une fois de plus, que si notre département est l'un des plus riche de France par la puissance de ses installations hydroélectriques, il est loin d'occuper le rang auquel il a droit pour l'utilisation de l'énergie électrique d'usinage et de transformation" (FR.AD073, S153).
En 1925 la Société Bozel-Malétra et la Société Force et Lumière fondent la Société du Grand Doron (capital : 10 millions de francs, siège social : 5 rue de la Poste à Chambéry, siège administratif : 9 rue de Milan à Paris, président : Louis de Seynes). Bozel-Malétra, apporte à la nouvelle société les études, les plans, les travaux, les devis etc. de la chute de la Perrière (FR.AD073, 4Q10823). L'objectif est de partager l'électricité produite par la centrale entre les usines Bozel-Malétra (Château-Feuillet et le Villard) et le réseau de distribution de Force et Lumière (FR.AD073, S92). La concession de la centrale est accordée à la Société du Grand Doron le 8 septembre 1926 (Journal officiel de la République française, 1926). La centrale est mise en service en 1927. Deux groupes produisent de l'énergie pour la Société Force et Lumière et quatre groupes sont destinés aux usines Bozel-Malétra.
En 1946, la centrale est nationalisée par EDF. A partir de 1976, le service de la production hydraulique lance une vaste campagne de chantier de rénovation de centrales. Dans le cadre de ce programme, la galerie d'amenée et la conduite forcée de la centrale de Vignotan sont remplacées. En 1985, l'usine est entièrement reconstruite au même emplacement. Elle est équipée de deux groupes Francis horizontaux de 18 MVA.