L’école de garçons
Un bâtiment est édifié en 1844-1845 sous la direction de Fabien Dijoud, curé de la paroisse, pour servir d’école de garçons. Le 8 juillet 1843, il passe une convention avec François Maillard, propriétaire à Trévignin, qui "cède au curé et à ses successeurs 37 toises de terrain" pour "une maison d’école que la commune se propose de faire construire l’année prochaine" ; en contrepartie, il pourra envoyer deux de ses enfants gratuitement à l’école et aura de son vivant jouissance du galetas de l’école pour y faire sécher du grain, tant que l’école ne sera pas habitée (AD Savoie, 11FS : 629). La construction est financée par le produit de la vente de l’ancienne école (qui devait donc appartenir à la fabrique, et qui est rachetée par François Marin dit la Flèche pour 660 livres), par une subvention de la commune (655 livres, financés par la vente d’une parcelle de bois (AD Savoie, 11FS : 628) ; le bâtiment doit comprendre la salle consulaire) et par un don de Thérèse Francoz (voir IA73004303, oratoire de Notre-Dame de La Salette) destiné à construire un étage à l’édifice (2000 livres). Le compte des dépenses mentionne l’emploi de pierre de taille, bois de charpente, barreaux, clous d’ardoise et ferrure, planches, ardoises, huit fenêtres, molasse, portes et galerie. Le mobilier est réalisé par Claude Clerc dit Crozet.
Une photographie de 1888 (AD Savoie, 3Fi2 : 62) montre le bâtiment, qui comprend deux travées sur deux niveaux, avec une niche à statuette en façade, un toit en pavillon en ardoise avec clocheton, une montée d’escalier en bois contre la façade sud et un portail du jardin clos du côté nord.
L’école mixte
Lorsqu'il établit le projet de reconstruction de l'école d'Epersy, l'architecte aixois Jules De Bons écrit : "J’ai fait construire dans la commune de Trévignin un groupe [scolaire] du même type... (lettre du 1er mars 1894 ; AD Savoie, 2O 1333). Il s'agit sans doute de cette école mixte, reconstruite vers 1890 avec les matériaux de démolition de l’ancienne école (AD Savoie, 2O : 2937).
Le rapport établi par l’architecte André Farde en 1933 (pour la construction du nouveau groupe scolaire) indique que cette école est construite depuis plus de 50 ans, ce qui paraît être une légère exagération. L’édifice est décrit comme ayant besoin de réparations sur la toiture en ardoise, le crépi, les conduits de cheminée et les volets en bois ; il n’y a pas de préau couvert, de vestiaire et lavabos ni de cantine.
En 1929, la commune décide de restaurer et agrandir cette école, et de lui ajouter une annexe appelée « foyer » destinée à accueillir une cantine et des douches « imposée par le nombre grandissant d’élèves venant de hameaux éloignés », ainsi qu’un terrain de sport. Le projet est confié à l’architecte aixois André Farde, qui donne en octobre 1930 un procès-verbal d’estimation des terrains à acheter pour agrandir les cours de l’école et ménager un terrain de sport (parcelle B 486, à l’est du bâtiment), et construire une annexe pour douches et cantines (parcelles B 504 et 504 bis, au nord de la précédente de l’autre côté du chemin). André Farde dresse les plans et devis des bâtiments le 15 décembre 1930 (407 000 F, dont 8000 F pour la mairie), et une délibération du conseil municipal du 28 juin 1931 demande une subvention qui est accordée par arrêté de du 30 décembre 1931 (324 180 F), après avis favorable sur le projet de Roger Pétriaux, architecte départemental et des Monuments historiques, à Chambéry.
Le plan d’agrandissement de l’école du 15 décembre 1930 montre un bâtiment à un étage, composé d’un corps central contenant l’escalier et la salle de mairie, et de deux petites ailes abritant chacune une salle de classe. Le projet prévoit la construction, à l’extrémité de chaque classe, d’un vestibule, vestiaire et lavabo, et l'agrandissement des cours avec préaux couverts et toilettes.
Un second plan est dressé à la même date pour la construction de l’annexe, dans un bâtiment distinct. Le terrain étant en pente, ce bâtiment a un étage de soubassement (appelé sous-sol sur le plan) contenant un lavoir municipal, des douches publiques et un local de stockage, et un rez-de-chaussée surélevé divisée en vestibule avec bar, lavabo et WC, salle pour 200 spectateurs, petite scène avec magasin d’accessoires et deux loges avec WC. Au-dessus du vestibule est prévue une cabine entièrement métallique pour l’appareil de cinéma (programme donné par le rapport de l’architecte pour la construction d’un foyer de la campagne daté d'août 1931 ; AD Savoie, 2O : 2937). Le tout est « construit de manière extrêmement sobre dans une note en harmonie avec les constructions de la région » (idem). La commission pour la répartition des fonds provenant du prélèvement sur le produit des jeux accorde le 9 novembre 1931 une subvention de 100 000 F pour le projet de Foyer des Campagnes, qui s’élève à 320 000 F.
Le devenir de l'ancienne école
Mais en 1932, le projet est modifié : on décide de faire une construction neuve pour la mairie-école et son annexe, et de choisir un nouvel emplacement, plus près du chemin de grande communication (et appartenant en partie au maire, Jean Marie Marin-Laflèche, fils de feu Marie, hôtelier, et à Marie-Antoinette Brandon, son épouse, demeurant 17 place Carnot à Lyon).
A la suite de la construction du nouveau groupe scolaire, l’ancienne école est vendue à Marguerite Marie Joséphine, Louise Claudine et Francia Germaine Labioz-Lamberlin, célibataires, demeurant à Aix-les-Bains, pour 95 000 F. Elles transforment l’édifice en "Maison d’enfants familiale, médicale et scolaire Clairfleurie". La façade est totalement modifiée, dans le style du nouveau groupe scolaire : les fenêtres du rez-de-chaussées sont réunies en une grande bande, un porche à colonnes est ajouté devant les portes ; peut-on y voir la main d'André Farde, d'autant plus que les vestibules prévus par son plan d'agrandissement, ouverts par une porte en plein-cintre, ont bien été construits. Un bâtiment d'hébergement, déjà présent sur le cadastre rénové de 1936, est édifié en retour au nord. Des enfants juifs sont accueillis dans cet édifice pendant la Seconde Guerre mondiale.
Par la suite, le bâtiment a été hébergé des séjours de personnes âgées pour la commune de Moyeuvre-Grande (Moselle) (oral).
En 1975, le bâtiment est racheté par l’Association des Parents et amis d’Enfants Inadaptés (APEI) « les Papillons blancs » d’Aix-les-Bains pour y installer un internat destiné aux enfants et aux adolescents.
Architecte suisse "nouvellement installé à Aix-les-Bains" lorsqu'il donne un projet de groupe scolaire pour Montcel (non réalisé) en 1882. Construit le 1er groupe scolaire de Trévignin (vers 1890), celui d'Epersy (plan en 1894, achevé en 1899), l'école de Saint-Offenge-Dessus (1899), participe à la réfection de l'église de Saint-Offenge-Dessous (73) en 1902.