Sur la mappe sarde ne figure à cet emplacement qu'une maison et cour (n° 4195) appartenant à Philibert Charroet.
C'est l'arrivée de la gare ferroviaire qui modèle l'implantation du bâti. La gare existante, édifiée après 1876, fait suite à une première gare (détruite) édifiée en 1857 par la Compagnie du chemin de fer Victor-Emmanuel sur la rive gauche de l'Isère (commune voisine de Châteauneuf), sur le tracé d'origine de la future ligne lignes de Culoz à Modane, dite ligne de la Maurienne. Après la concession de la ligne à la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM) en 1867, ce tronçon est abandonné ; le nouveau tracé de la ligne de la Maurienne mis en oeuvre en 1876 passe désormais en rive droite et une nouvelle gare est implantée au sud du chef-lieu de de Saint-Pierre-d'Albigny. Celle-ci devient le point de départ de la ligne de la Tarentaise, de Saint-Pierre-d'Albigny à Bourg-Saint-Maurice, commencée au même moment. Gare de bifurcation, elle est dotée de trois voies entourées de deux quais dont un latéral et un central.
L'état de section de 1890 (section I5) détaille les bâtiments situés sur l'emprise ferroviaire : n°1249, voie de service de la rotonde, pont tournant, marquise, pont à bascule, voie ferrée, quai de chargement, 2 grues ; puis, d'ouest en est, au nord des voies : n° 1250, halle aux marchandises ; n°1251, maison entrepôt (détruit) ; n°1252, cabinet d'aisance (détruit) ; n°1253, bâtiment de voyageurs ; n°1254, buffet (détruit) ; n°1255, bâtiment (remise à voitures, actuellement pépinière d'entreprises dite "Atelier des Quais") ; n°1256, maison de garde (au passage de la route, détruite) ; au sud des voies, n°1257, remise des locomotives.
Le bâtiment voyageurs a trois travées et un étage, avec ailes latérales de trois travées. Il est en maçonnerie enduite avec des encadrements et des chaines d'angles à bossage en béton ; le soubassement a un enduit à décor réticulé. Le toit est en ardoise, à croupes. La remise à voitures est une remise à deux voies, avec ouvertures à linteau en arc segmentaire (en brique pour les fenêtres) ; la façade (sur pignon) est encadrée de pilastres en calcaire. Les chapiteaux des pilastres et les rampants du pignon ont un décor de ligne ondulée. Le toit à longs pans est en tôle. La remise à locomotives, à deux voies, présente le même type d'élévations, avec une corniche à modillons enduite ; le toit présente un lanterneau. L'abri parapluie était en fonte, porté par des colonnettes de section octogonale.
Deux hôtels-restaurants sont édifiés au nord de la gare, sans doute peu après sa mise en service, de part et d'autre de la route. Dans les deux cas l'hôtel était encadré de dépendances ("solet", bâtiment, hangar, maison). A l'est se trouve l'ancien hôtel de la Gare (2018 D2 1977), bâtiment de 5 travées, à trois étages, sous un haut toit désaxé à croupes ; les élévations sont scandées par des bandeaux d'étage et des angles peints, les encadrements sont en béton ; un balcon à garde-corps métallique à volutes précède la porte-fenêtre au centre du 1er étage, un balcon filant à garde-corps métallique (volutes, lyres) règne devant trois travées du 2e étage. Les cartes postales du début du 20e siècle indiquent "P. Tardy propriétaire", mais en 1890 il appartient à Antoine Fontana, entrepreneur à Cornet mais auparavant cafetier à la Gare (état de section), qui l'a sans doute fait construire (on trouve ses initiales AF intégrées au garde-corps du balcon du 1er étage). En face se trouvait l'hôtel des Voyageurs (1891 I4 1242), qui appartient en 1890 à François Fontaine épicier ou cafetier à la gare, qui a été détruit dans la 2e moitié du 20e siècle.
En progressant au nord on trouve trois maisons de type "villa" (non mitoyenne, implantation en retrait sur une parcelle close d'un muret avec portail, plan à décrochements, avec un étage et comble, décor en façade) édifiées après la levée du plan cadastral de 1891 (elles y figurent en hachuré), dans la 1ère moitié du 20e siècle :
- 2018 I 1678 la Champagne : décor sur les élévations côté rue et vers la gare : céramique (carreaux ou briques glaçurées de grés coloré noir, bleu et jaune : motifs sous les fenêtres, linteaux en arc segmentaire), ferronnerie (portail du jardin avec le monogramme EV.
- 2018 I 954 la Champagne : plan sans décrochement ; décor : encadrement, bandeaux et angles en béton moulé à effet rustiqué ; balcons à garde-corps en ferronnerie.
- 2018 YA 107 Derrière Chez Rosset : villa Les Rocailles (inscription sur plaque en verre gravé) ; décor : plaquage de moellon calcaire, bandeaux et balustres sous les appuis de fenêtres, béton à cailloutis de deux couleurs ; perron.
- 2018 YA 114 Derrière Chez Rosset : Villa Yette (plaque en marbre sur un poteau du portail). Décor maçonné en béton (portail à piédroits à bossage, linteaux en saillie sur consoles, balconnets, balustres) ; perron, garage à voiture ; parc avec platanes, cèdres et conifères.
Editeur de cartes postales à Montmélian au début du 20e siècle.