Introduction historique et édifices disparus
La documentation fait état d'un nombre important de chapelles isolées qui ont toutes disparu, sauf celle de Miolans (voir annexe). Lors de l'enquête de terrain, 10 oratoires ont été repérés : si trois sont de simples niches creusées dans un mur de grange ou de soutènement, les autres sont des édifices isolés.
La commune, située au niveau du confluent de l'Isère avec l'Arc, possédait un bac à Pau. Ce dernier était utilisé au Moyen Âge pour le transit du minerai des Hurtières vers les forges du Coeur des Bauges via le col du Frêne. L'endiguement de l'Isère a fixé la localisation des nouveaux ponts (voir AD Savoie 11FS 580 Ponts et digues 1838-1852, non consulté).
Le passé industriel de la commune, avec en particulier le site de le forge des Allues (IA73003591) a fait l'objet de dossiers d'étude par le département de la Savoie.
La vocation viticole de la commune est sans doute ancienne : les vignes et hautins sont nombreux dès la mappe sarde, de nombreuses parcelles étant en propriété ecclésiastique (chartreux aux Grangettes, augustins...), aristocratique ou bourgeoise ; on constate également dès le 18e siècle la présence importante de propriétaires communiers du Coeur des Bauges qui possèdent des vignes et des sartos (voir plus bas). La viticulture se combinait jusqu'au 19e siècle avec une activité mixte de polyculture élevage. L'endiguement de l'Isère (achevé vers 1850) qui libère des terrains de culture en fond de vallée (par exemple pour le maïs), l'implantation de la culture du tabac après 1860 et la crise du phylloxéra ont modifié les activités agricoles et le bâti qui leur est lié, mais de façon moins visible qu'à Fréterive.
Plusieurs carrières sont mentionnées au 18e dans les devis de construction (voir par exemple le dossier de l'église paroissiale) : une carrière de dalles de calcaire à la Maserie, une carrière de "pierre plate" près de la montée de Miolans, une carrière de pierre aux Coutins. L'utilisation de petit moellon plat (ou lité) de calcaire gréseux lié par un mortier peu débordant, et avec encadrements maçonnés et angles sans pierre de taille et arrondis caractérise les hameaux les plus orientaux.
Des fours à chaux sont localisés sur le cadastre de 1890, au lieu de Prés Domaines : 1890 C3 762 (bâtiment), 763 (four à chaux).
Introduction topographique
Situation et organisation du bâti dans l’espace
La commune est située au pied du Massif des Bauges, au confluent de l'Isère et de l'Arc : elle s’étend sur 18,46 km2 du fond de la vallée autrefois inondable, à une altitude de 275 m, à la crête sud-ouest de l'Arclusaz avec comme point culminant la Dent d'Arclusaz à 2041 m. La commune est structurée pas sa position en piémont sur un versant orienté sud-est. Le vallon du ruisseau de la Trise, sous le col du Potat (1351 m) partage en deux la moitié nord de la commune.
L’essentiel du bâti se situe sur le coteau, entre le talus de la voie ferrée qui longe la cote 300 (marquant la limite haute du lit de l’Isère) et la cote 650. Le bâti est essentiellement groupé en hameaux.
Villages et écarts
Composition et toponymes
23 villages et écarts ont été repérés lors de l'enquête de terrain. Certaines de ces agglomérations regroupent plusieurs noyaux d'habitat (9 cas), parfois distingués par des toponymes spécifiques (Montbenoît, composé de Mont-Benoît-dessus ou le Chapeau, Mont-Benoît-du-milieu ou le Molard et Montbenoît ; les Allues-dessus, qui comprend les Allues-dessus et les Garniers ; Chez les Gex et les Champs Basin ; les Jolis Coeurs, les Neples et la Fin du Péchet ; enfin la Plantaz, Dessus le Clos, Aux Chanonettes et Chez Basin).
Ils sont tous existants dès la mappe sarde (vers 1730), mais parfois avec des toponymes différents : Cornet s'appelait Caillé (le hameau est sans doute né de la division de propriété, puis des mutations et constructions nouvelles, à partir d'une maison isolée appartenant à la famille Donsel), Chevillard était Pré Vallié, la Fin du Péchet était désigné comme mas du Grand Vignoble, les mas des Guttes (au nord) et des Curies (au sud) sont devenus la Noiriat. dans plusieurs cas, ce nouveau toponyme est un anthroponyme : les Champs Basin et Au Momollard sont devenus Chez les Gex (sans doute à cause de l'implantation de la famille Jeay, visible sur le livre des numéros suivis), le mas du Mollard est sans doute devenu Mollard Carret en prenant le nom de François et frères, Hiacinte et frères et Michel Carret propriétaires de deux maisons sur la mappe sarde, les Garniers apparaît tardivement à côté des Allues-dessus.
Plusieurs petits écarts ou parties d'un écart à plusieurs noyaux semblent dériver de la division d'une grosse propriété (exemples à Cornet, Chénolaz et Cloudelin, ou encore aux Jolis Coeurs où toute la partie orientale est, lors de la levée de la mappe, un bâtiment unique appartenant à Sébastiène Gontier, sans doute originaire de à Doucy-en-Bauges, divisé en 11 celliers en 1890).
Villages de vignerons et villages de celliers
L'activité viticole semble avoir été prépondérante dans presque tous les écarts. Il est souvent difficile de distinguer les fermes de vignerons (habitation permanente et activité plus diversifiée) des celliers ou sartos (petit habitat temporaire lié aux travaux viticoles d'un propriétaire ne résidant pas sur place) : l'état de section du cadastre de 1890 (commune de résidence du propriétaire) et la composition des bâtiments (taille de l'habitation, présence de dépendances identifiées) ont servi de critères, ainsi que l'absence de four à pain collectif ni même privé dans l'écart (par exemple à Cloudelin, aux Jolis Coeurs), mais l'usage des bâtiments a pu évoluer dans le temps. L'habitation des petites fermes est souvent sur le modèle d'un cellier, avec une étable au rez-de-chaussée et une grange-remise associée. Les fermes édifiées en périphérie des écart, en général plus récentes (début du 20e siècle) présentent souvent des typologie de fonction (ferme à juxtaposition) et d'architecture (bâtiment non mitoyen, de plus grand volume, sans escalier extérieur, avec enduit peint...) différentes.
Sur les 23 écarts repérés, la moitié sont de l'habitat permanent (avec un ou deux possibles celliers au Bourget ou aux Allues), un quart sont en habitat mixte (permanent et temporaire, avec de nombreux celliers) et le dernier quart formés exclusivement de celliers.
La présence d'habitants des Bauges-devant, surtout des communes les plus proches (via le col du Frêne) de Sainte-Reine, Ecole et Jarsy, comme propriétaires de vignes et de sartos est bien connue de la mémoire collective, d'autant plus qu'elle est encore une réalité. Cependant les tabelles de la mappe sarde permettent d'identifier des patronymes typiques des Bauges-devant et qu'on retrouve souvent à l'identique 150 ans plus tard sur l'état de section du cadastre de 1890 (par exemple aux Allues-dessus-les Garniers, au Péchet, aux Jolis Coeurs-les Neples, à Cloudelin et la Chénolaz). L'origine foraine des propriétaires n'est que très rarement spécifiée sur le livre des numéros suivis de la mappe (1,2% des parcelles) mais cette comparaison des patronymes avec ceux du 1er cadastre, où la commune de résidence des propriétaire est toujours précisée, permet de faire remonter ce phénomène assez haut dans le temps, au moins dès le 1er tiers du 18e siècle. Il s'agit dans ce cas de propriétaires communiers. mais on lit également sur la mappe l'importance de la propriété viticole noble (par exemple aux Allues-dessus avec le cellier qui appartient au baron François Favier du Noyer) ou ecclésiastique, à la Plantaz avec le cellier de Bellevaux, au Péchet (trois maisons appartiennent à des cures du Coeur des Bauges : Arith, le Noyer, La Compôte).
les bassins sont cadastrés avec un numéro de parcelle, dès le cadastre français (exception : celui du Mas). 50 bassins, fontaines, lavoirs ou abreuvoirs ont été repérés (voir tableau).
28 fours à pain sont listés dans les tabelles de la mappe sarde, dont la moitié sont des fours appartenant à la communauté. Il n'en subsiste que deux. Quatre fours ont été repérés dans la commune.
Les caractéristiques architecturales du bâti ancien
Les demeures rurales
Neuf demeures rurales, grosses maisons de plan massé accompagnées de parties agricoles, dotées d'une cour fermée par un portail, situées en périphérie de hameaux (Pau, Chevillard, la Champagne, les Allues) ou isolées (Menjoud, Pré Charroud, la Perrouse, la Plantaz, la Minjoude) ont été repérées. Leur typologie va de l'ancienne maison forte (les Allues) à la maison de notable au 19e siècle (la Minjoude). Elles sont souvent liées à l'exploitation viticole.
les maisons de vigneron et les fermes
Le bâti ancien de la commune est pour l'essentiel en écart, et composé de maisons de vigneron mitoyennes. Elles ont souvent trois niveaux : une cave voûtée au sous-sol ou étage de soubassement, l'habitation au rez-de-chaussée, avec un escalier extérieur, et un comble à usage de grenier ou séchoir. Ces maisons sont complétées par une ou plusieurs grange-étable, remise ou séchoir à tabac, souvent disjoint, qui présentent une architecture assez spécifique associant un rez-de-chaussée en maçonnerie et un étage fermé par des trumeaux maçonnés (ou "piliers" irréguliers) séparés par des espaces vides ou fermé par un bardage en bois, souvent complété par des parties en porte-à-faux, en charpente.
Le matériau de construction est le moellon calcaire, souvent apparent (seules les parties habitées sont enduites), avec des toitures à longs pans et demi-croupe à larges avant-toits au-dessus des façades principales. Si la pierre utilisée dans la construction est un marqueur fort de cette architecture, par son module inhabituel et sa couleur sombre, la présence du bois est une autre caractéristique importante de cette architecture : de nombreuses dépendances montrent des aménagements en charpente et bardage de planches, édifiés en débord du mur de pierre, et sans doute destinés à accroître les capacités de stockage de ces édifices. Le séchage du tabac a pu réutiliser des espaces existants : comble sous toiture, anciennes habitation désaffectées, granges ou remises. Il a cependant pu être à l’origine de constructions dédiées (peu fréquentes).
Les celliers dits sartos
Au Mollard-Carret, à la Chénolaz : plusieurs celliers sont la propriétés de plusieurs membres d'une famille, dès la mappe sarde et encore sur le cadastre de 1890. A la Chénolaz, plus de la moitié des "maisons" de la mappe appartiennent à plusieurs membres d'une famille (untel et son/ses cousins, ou frères, ou neveux) ; l'état de section du cadastre de 1890 montre plusieurs exemples de celliers divisés par niveaux (souvent en indivision familiale) : à Cloudelin, la Montaz, le Mollard Carret
Tableaux d'édifices repérés à télécharger :
- croix monumentales : 22 repérés dont 7 étudiés
- oratoires : 10 repérés dont 9 étudiés
- fours à pain : 4 repérés
- bassins : 50 repérés dont 4 étudiés
- celliers : 17 repérés dont 3 étudiés
- maisons de vigneron : 31 repérés dont 8 étudiées
- demeures rurales : 9 repérées dont 6 étudiées
- fermes : 12 repérés dont 2 étudiés
- maisons, immeubles du bourg : voir dossier IA73005296
Photographe au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, site de Lyon