Les fabriques de Saint-Pierre-d'Albigny sont établies par le marquis Félix Antoine Delescheraines (ou De Lescheraines) en 1806 sur une dérivation du cours d'eau d'Otton-le-Jeune non loin de l'emplacement d'un ancien haut-fourneau (IA73003959). Visible sur le cadastre napoléonien réalisé entre 1808 et 1812, le site comporte à cette époque, une forge (section B, feuille unique, parcelle 920) et des fabriques (parcelles 913 à 918). Il emploie douzaine d'ouvriers et produit des faux, des faucilles, des limes et des scies (FR.AD073, L584 et FR.AD073, 1FS712). Avant la création de la fabrique, ces outils étaient importés d'Allemagne (FR.AD073, L190).
Le 14 avril 1810, Félix Delescheraines demande la permission légale d'exploiter son usine. Deux grands maitres de forges savoyards, Jacques François Portier de Sainte-Hélène-sur Isère (IA73003493) et Joseph Antoine Castagneri d'Argentine, vont s’opposer au projet (FR.AD073, 1FS712). Ils craignent que la fabrique de Saint-Pierre-d'Albigny provoque une pénurie de bois et entraine la fermeture de leurs établissements. Félix Delescheraines précise que les trois-quart du combustible qu'il utilise est du charbon de terre provenant de Givors et d'Entrevernes (FR.AD073, L190).
Par arrêtés préfectoral du 27 mars 1811 et du 13 mars 1812 et par décret impérial du 7 octobre 1812, Félix Delescheraines est officiellement autorisé à mettre en activité "dans le délai de six mois, et pour un temps indéfini, les usines et artifices établis dans sa propriété [...] et consistant en une forge et deux martinets pour la préparation du fer, deux fourneaux de cémentation et six forges pour la préparation des faux composées d'onze petits foyers et sept marteaux" (FR.AD073, L582 et M.Conquebert-Montbret, Journal des mines, 1813). Le 15 juillet 1816, le roi Victor-Emmanuel accorde au marquis Delescheraines un privilège pendant 20 ans pour la fabrique d'acier, servant à la fabrication des armes à feu et des divers instruments d'agriculture.
En 1844, les frères Curtet (originaires des Échelles) transforment le site en fabrique de tulle de coton équipée à l'origine de quatre métiers. En 1865, elle devient une fabrique de taffetas dirigée par la Maison Breban, Salomon et Compagnie de Lyon. Le site s'occupe du dévidage des cocons et du tissage de la soie (uniquement du taffetas noir). En 1872, la Société Léon Audibert, M.Monin et Compagnie est propriétaire de la fabrique. Elle demande l'autorisation de construire un mur de soutènement le long du Merderet car le cours d'eau menace le bâtiment de la conciergerie de l'usine. Le site apparaît sous le nom "Les fabriques" sur le premier cadastre français de 1890 (section I, feuille 1, parcelles 270 à 280). Sa configuration montre qu'il est devenu une usine d'importance. A cette date, elle appartient à Léon Audibert. Celui-ci possède également une fabrique de soie à Fréterive (IA73003441). Le 13 mars 1900, la Société L.Audibert et Compagnie est fondée pour gérer les deux usines.
En 1933, l'usine de Saint-Pierre-d'Albigny est exploitée par A.Combet et Cie, une entreprise lyonnaise (FR.AD073, 1375W96). Elle est équipée d'une turbine Boussant (Grenoble).
En 1960, l'usine est achetée par la société SAMPA-HELIOS qui fabrique des luminaires. Elle cesse son activité en 2013. Actuellement, l'usine est sans affectation.