D'après M. Brocard (p. 269), une "grande motte" féodale, désignée comme maison forte en 1209, est mentionnée aux Allues. Elle est par la suite inféodée à la famille de Lescheraines, en particulier à Humbert en 1391. En 1531 Edouard de Lescheraines, seigneur des Allues et de La Compôte, membre du sénat de Savoie, fonde la chapelle Notre-Dame de la Consolation (même vocable que la chapelle fondée en 1386 par Pierre et son frère Humbert de Lescheraines dans l'église des Augustins à Saint-Pierre-d'Albigny) et Saint-Joseph à côté de la "maison" qu'il possède aux Allues, et où est passé l'acte. La chapelle est dotée par lui de 200 florins et par le chapelain Jean Bosquet de 100 florins supplémentaires (Morand, p. 252 et 529). La maison ou maison forte, dotée d'une tour à l'ouest, forme la base de l'édifice actuel, agrandi et complété, en particulier au 18e siècle.
Sur la mappe sarde (vers 1730), l'édifice appartient à Pierre Louis, marquis du Châtelard (et de Lescheraines), qui possède un grand tènement aux Alloüés dessous comprenant les numéros 4705 à 4716, dont la "maison" n°4711 (la maison forte) séparée de la "chapelle de Saint Joseph" (n°4713) par une "cour" (n°4714) et bordée par trois jardins, les n° 4708 (au sud), 4712 (à l'ouest) et 4710 (à l'est), plus (entre autres) la "maison et cour" n°4715 à l'est et la "grotte" n°4705. A cette époque Pierre Louis du Châtelard possède également un moulin (n°4870) et un fourneau (n°4879, voir IA73003959) aux Allues, ainsi qu'un moulin (n°4801) et un pressoir d'huile et foulon (n°4811, voir IA73003595) à Albigny.
Selon M. Brocard, c'est Pierre Louis Gaspard de Blancheville de Lescheraines (1739-1785 ; voir historique de la famille de Lescheraines en annexe) qui aurait donné au château son allure actuelle entre 1763 et 1774.
C'est au château des Allues que meurt en 1831 Félix Marie Antoine de Blancheville de Lescheraines, fondateur des Forges Delescheraines (IA73003599) (et également en possession, en 1809, de plusieurs moulins à farine et un martinet aux Allues, voir IA73003591, IA73003592, IA73003594, IA73003595 et IA73003597). Après le décès de sa veuve en 1862, le château passe à ses neveux.
En 1890 (état de section) c'est le comte Tancrède de Chambost, domicilié à Saint-Alban, qui est propriétaire de la maison (I1 266) entourée d'un grand parc (I1 267, "bosquet et cour") avec "poissonnière" (I1 261, désigne sans doute un vivier) et autour duquel s'organisent plusieurs bâtiments : la chapelle (I1 263) à laquelle est adossé un "four et buanderie" (I1 264), un "bâtiment" ouvert qui est sans doute un lavoir (I1 262) et une "orangerie" (I1 265 à l'emplacement de la "grotte" de la mappe). Enfin à l'est on retrouve à l'emplacement de la maison et cour n°4715 de la mappe une "maison et bâtiment" avec cour (I1 259) et jardin (I1 257) bordée de deux autres "bâtiments" (I1 256 et 258). Tancrède de Rivérieulx de Chambost, dit le comte de Lépin (ca 1827-ca 1901), est le fils d'Hippolyte de Chambost, propriétaire du prieuré de Saint-Philippe, marié en 1853 à Edith Favier du Noyer. Le château serait ensuite passé à l'industriel lyonnais Audibert, puis à la famille de Certeau. Il est actuellement aménagé en maison d'hôtes. L'implantation des bâtiments principaux n'a pas changé depuis 1890 (voir plan du hameau au dossier IA73004500) : château au n°117, chapelle au 120, orangerie (affectation actuelle ?) au 115, basse-cour avec maison et bâtiments au 1879, 1880 ; le vivier (bassin allongé qui bordait la parcelle 2018 I1 1877 à l'ouest) et le bâtiment (lavoir ?) à l'est de la chapelle ont disparu.
Editeur de cartes postales à Montmélian au début du 20e siècle.