L’église Saint-Pierre mentionnée dans une charte de 1015. Elle dépend du prieuré Saint-Ours à Saint-Jean-de-la-Porte. Les éléments sculptés (modillons ? éléments de portail ?) datés entre le 4e quart 11e siècle et 1er quart 13e siècle, trouvés en fouille dans un périmètre proche et déposés dans les anciens caveaux sous l'église des Augustins peuvent provenir de cette première église. Au 14e siècle les visites pastorales (1356, 1399) indiquent que l'église "menace ruine" ; en 1458 l'évêque ordonne de repeindre le Sauveur, les quatre évangélistes et les 12 apôtres, de bien paver la nef, de l'éclairer par deux fenêtres et de la doter d'une image de saint Pierre ; les visites suivantes demandent de réparer le plafond (1470), le plancher (1551), de faire des fosses plus profondes et mettre de la chaux lors des inhumations car il y a une "odeur de cadavre" dans l'église (1694) (Grande encyclopédie). Les colonnettes engagées dans les angles du mur ouest sont peut-être des vestiges d'un état 15e-16e siècle de l'édifice. La partie supérieure du clocher, avec charpente et couverture en fer blanc sommée d'une boule et d'une croix, est refaite en 1732 (AD Savoie. 138 Edépôt 30).
Sur le plan de la mappe sarde, vers 1730, l’édifice semble avoir approximativement la largeur de l’actuel, avec le clocher au même emplacement après lequel se trouve le chevet à trois pans. L’abbé Gex le qualifie d'église "gothique et sans voûte". Le mémoire de l'architecte Jean Dupuy du 14 juillet 1763 (138 Edépôt 30) indique que la nef a été construite "il y a peut-être 100 ans" [sic] avec des "murs et piliers buttants assez forts pour soutenir une voûte" qui n'a pas été réalisée. En 1723 des "parfeuilles" (petites planches minces) sont en effet "employés pour raccommoder le plancher de dessus de l’église" (138 Edépôt 30, voir annexe). Dans son mémoire, Dupuy mentionne l'état de ruine de ce lambris, soutenu par "un double rang d’étais, ce qui forme une espèce de petite forêt".
En 1758 l’ingénieur François Antoine Garella donne un devis estimatif des ouvrages à faire en réparation des chapelles de l’église paroissiale (ibid.), qui fait suite à un devis de réparation de la nef et de la sacristie, établi à part car les frais de travaux sur les chapelles doivent être supportés par leurs patrons. Pour chaque chapelle, il prévoit à l'entrée des demi-piliers avec "ornements d’iceux en rustique", avec corniche et chapiteaux doriques, en pierre de la Maserie (Fréterive). Il est également prévu un "escarpement et écorchement du vieux mur pour trouver l’enfoncement de la chapelle suivant le projet", le tout couvert en "voûte en pierre plate tirée près de la montée de Miolans" et "en figure d’une demi impériale et l’arc doubleau sur le devant " avec "boudin et filet au pied de l'imposte de ladite impériale". La table d’autel en "urne" suivant le dessin est couverte d'une pierre plate de la Maserie, avec deux marches de noyer (le tout : 267 £ par chapelle). Les plans et coupes de de ce projet, qui rassemblent les travaux prévus à la nef, chapelles, couvert et choeur, ont été conservés (138 Edépôt 30 ; voir illustrations) et montrent un projet de reconstruction de la travée de chœur et de l'abside, qui passe d'un plan en cul-de-four à un plan à 5 pans, avec un léger agrandissement à l'est et déplacement de l'autel (plaqué contre un mur droit masquant les pans) ; la chapelle sud est supprimée et la sacristie, adossée au clocher au nord, agrandie ; les murs sont exhaussés, avec réfection des fenêtres, la tribune est reconstruite, ainsi que la charpente ; les quatre travées sont pourvues d’autels latéraux se faisant face. L’escalier extérieur pour la "tribune des pénitents" est déjà existant.
Ce dessin n'a pas été réalisé, au profit d'un nouveau projet donné le 1er août 1761 (Brocard) par l'architecte Jean Dupuy, de Chambéry, dont le mémoire du 14 juillet 1763 a été cité plus haut. L’architecte décide de surélever les murs (de 14 pieds), de percer de grandes fenêtres et de construire une voûte en tuf portée par des arcs doubleaux placés à l’aplomb des contreforts. A l'intérieur les piliers latéraux sont rabaissés, dotés de chapiteaux et d'un entablement sans architrave ni frise avec corniche en gypse. Le chœur est exclu du devis car il appartient aux Rd Jésuites du collège de Chambéry qui sont hauts décimateurs de la paroisse en tant que prieurs de Saint-Philippe (Saint-Jean-de-la-Porte) ; mais il est est "très petit et menace ruine", de même que la sacristie, et un agrandissement de l'église est nécessaire car la population a augmenté, ce qui ne peut se faire que du côté du chœur. Dupuy propose (mémoire du 14 juillet 1763) un chœur plus grand avec "un chœur derrière le maître-autel dans lequel on placera le lutrin et s’assemblera la confrérie qui est fort nombreuse. Le sanctuaire est terminé en cul-de-lampe soit demi-rond, ce qui en m’épargnant un pilier buttant m’a donné la facilité d’y placer les deux chapelles auparavant dans la nef". Le 26 novembre 1761, les travaux sont adjugés à Charles Monnet (2 755 £) ; ses fils Joseph et François achèvent les travaux après son décès en 1763 (Brocard). Le 10 août 1764 une convention est passée avec le RP Jules Cornuty, recteur du collège des jésuites [de Chambéry], prieur de Saint-Jean-de-la-porte et haut décimateur à Saint-Pierre-d’Albigny, qui transige sa participation aux frais de reconstruction du choeur, dont la "forme et ornement [auront] la même qualité que celle de de la nef" (les fenêtres avec vitrage et grillage "tout comme celles de la nef") selon les plans et devis du 14 juillet 1763 et 8 août 1764 (non conservés), à 1500 £, plus la proposition de l'inspection des travaux par un frère résidant au prieuré Saint-Philippe, 60 chariots de tuf à 2 bœufs sur le fond dudit prieuré de Saint-Philippe et les matériaux de démolition du chœur (138 Edépôt 30). Sur ce chantier Jacques Longo est sous-traitant de Dupuy. Le 5 mai 1767l es travaux du chœur de l’église sont adjugés à Jean-François Dubouin. Lors de la réception du chantier en juillet 1768, il est indiqué que Dubouin a fourni les deux bénitiers en marbre, l’un mis à la porte du chœur, l’autre à la petite porte de la nef (Brocard). L'église actuelle résulte de ce projet (voûtement, exhaussement des murs, grandes fenêtres hautes en plein-cintre, travée de choeur à abside de plan arrondi et arrière-choeur polygonal). En 1769 il manque encore une partie du second oeuvre (dallage) et du mobilier (autel, clôture de choeur... 138 Edépôt 30) ; le décor peint est commandé en 1774 (voir Présentation du mobilier). En tout 15 000 livres ont été dépensées pour l’église paroissiale. La visite pastorale de 1781 indique la présence de 8 autels latéraux dédiés à Notre Dame des Carmes, saint Joseph, saint Antoine, saint Sébastien (chapelles sans recteur ni revenus, entretenues par les confréries), sainte Trinité (patronage laïque, recteur le Rd Boisson, Notre Dame de Pitié (patronage du sieur Duroch, recteur le Rd Amédé Champrot), sainte Barbe (patronnage de M. Blanc, recteur le chanoine Girod) et saint Jean l’Evangéliste (unie aux revenus de l’école) ; il y a deux confréries (Pénitents blancs sous le titre de Notre Dame de Carmes, unie à celle du Saint Sacrement ; Saint Joseph, mixte, avec 69 membres ; la confrérie du Saint Esprit a disparu). Le portail est reconstruit sur un projet de l'architecte Lampo par l'entrepreneur Charles Longue, Jacques-Antoine Montdenis son sous-traitant et le tailleur de pierre François Passin, avec des pierres provenant de la "carrière de l’avocat Curial située chez les Coutins". Le portail n’est pas exactement au milieu de la façade "pris entre les deux ogives", et relativement aux colonnes qui supportent la tribune des Pénitents blancs (Brocard). Ces ogives, vestiges de l'ancienne église, ont ensuite été supprimées ou masquées. En 1805 il y a 4 autels latéraux : Notre-Dame du Mont Carmel et Notre-Dame des Neiges au nord, saint Joseph et le Rosaire au sud. En 1822 huit fenêtres sont refaites après avoir été endommagées par un orage (Gex). La sacristie est reconstruite en 1844 (Brocard). Une tribune est édifiée en 1856 (AD 73, E Dépôt 138, 259). Elle reprend des dispositions proches de celle prévue par Garella en 1758 et remplace sans doute une tribune existante (à laquelle donne accès l'escalier extérieur).
Les étages supérieurs du clocher on été reconstruits plusieurs fois et leurs différents états sont bien documentés et ont été étudiés par l’abbé Gex. Après les travaux de 1763-1768, le clocher se trouve au-dessous du toit de l’église. Des travaux sont réalisés en 1782-1784 pour construire un escalier en bois d'accès aux cloches et à l’horloge publique (devis du charpentier Claude Bogey le 16 septembre 1782, adjudication à Jérôme Berthet le 10 février 1783, réception des travaux le 8 mars 1784 ; 138 Edépôt 30). Peu après des travaux d'exhaussement sont décidés. Le devis du 28 novembre 1787 de l’architecte Louis Lampo prévoit un "réhaussement d’environ 10 pieds en pierre de taille à faire à la tour existante", avec corniche et deux fenêtres sur chaque face "sur l'aplomb des existantes intérieurement", en pierre de la carrière sous Miolans. Le toit est "à comble impériale" (ou "manzarde contournée", selon les termes du devis), couvert en ardoise de Cevins arrondie à l'extrémité inférieure. Chaque pan du toit a deux "jacobines soit lucarnes à oeil de boeuf toutes garnies en fer blanc". Le devis prévoit le remploi des bois et fers blancs de l'ancienne flèche autant que ce sera possible, ainsi que celui de la boule et de la croix sommitale du clocher précédent. Les travaux sont adjugés à François Hypolite, de Chambéry, pour 1449 £, et achevés en septembre 1788 (Gex). Le clocher est partiellement démoli en mars-avril 1794, suivant le décret d’Albitte (devis des architectes Trivelly et Ballet). La tour du clocher reste découverte, et les intempéries abîment l’horloge et l’escalier en bois. Cependant dès novembre 1794 la commune fait des demandes à l’administration du district pour récupérer une cloche ; elle finit par l’obtenir en décembre 1795. La cloche est d'abord posée au pied du clocher, puis abritée dans l'église en attendant la reconstruction du beffroi. Le 20 septembre 1797 Georges Voisin, agent de la commune, est missionné pour réaliser ces travaux : il doit rehausser les quatre angles en pierre existants afin d’obtenir la hauteur nécessaire pour la cloche, et établir une toiture (Gex). C’est sans doute l’état résultant de ces travaux qui est figuré comme "Etat actuel" sur le plan de 1827 (AD Savoie, 1Fi 78), où on voit le clocher présentant des maçonneries maladroitement surélevées sous une toiture en forme de cloche surmontée d’une boule et d’une croix tréflée avec quatre rayons ondulés à la croisée. En effet à partir de 1823 la commune vote un budget pour l'exhaussement du clocher : la toiture de 1797 a été endommagée par des orages en 1809 et 1824, le beffroi est situé trop bas par rapport au toit de l’église ce qui gêne la propagation du son, et la commune souhaite acquérir et loger une seconde cloche. Le 28 octobre 1827 l’architecte piémontais Faldella donne les plans et devis des travaux (5149,70 £ neuves), qui prévoient l’ajout d’un niveau au clocher, percé de grandes arcades en plein cintre, couvert d’un toit en forme de bulbe (surnommé localement la "rave"). Le devis prévoit l’utilisation de pierre de Revardet, carrière de Miolans (l’entrepreneur leur substituera des pierres des carrières de Lémenc à Chambéry pour les pierres de taille : arcs, cordon, imposte et corniche). L’adjudication le 28 avril 1829 désigne Michel Gibelly, entrepreneur à l’Hôpital (Albertville), avec Pierre Janin, ferblantier de Conflans habitant l’Hôpital pour la couverture en fer blanc (4 625 £). Après plusieurs péripéties les travaux ne sont achevés que fin août 1830 ; la couverture est finalisée par le ferblantier Wittmann, de Chambéry. La réception d’oeuvre a lieu le 2 novembre 1830 par l’Ingénieur Barbavara. Les archives conservent cependant des échanges entre Gibelly et la commune, avec métrés des architectes Chiron en 1833, Tournier en 1834... (11FS : 578) qui montrent que les deux parties sont encore en conflit sur le règlement des travaux.
La couverture est endommagée en 1889 par un incendie, puis en 1890 un orage fait tomber la boule et la croix. Le 7 mars 1926, l’architecte départemental Bertin, assisté de François Massonnat, présentent les plans et devis d’une flèche pour remplacer le bulbe, en même temps qu’une réfection partielle du toit de l’église (47000 F) ; l'adjudication le 13 juin 1926 désigne Bernard Dégrange, entrepreneur au Bourget-du-Lac (Savoie) (44650 F). Les travaux sont achevés autour du 15 février 1927 avec la pose de la croix en bronze peint de 3 m (Gex). D'autres travaux sont réalisés à cette occasion : réfection des sols et peintures, déplacement de la chaire, achat d'un bénitier en pierre de Villebois et de fonts baptismaux (voir Présentation du mobilier), création de la chapelle du monument aux morts.
Photographe au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, site de Lyon