Le petit séminaire
Un petit séminaire est fondé à Saint-Pierre d'Albigny en 1817, par l'abbé Jean-François Gex (né au hameau des Allues), dans la maison du baron Graffion, notaire à Chamoux, achetée à cet effet. Les fonds sont alloués par le séminaire de Chambéry et de la commune de Saint-Pierre-d'Albigny : le premier s'engage à contribuer à l'acquisition à hauteur de 7200 livres neuves (payables par le service d’une rente constituée), la seconde à hauteur de 7816 livres neuves, plus les frais d’appropriation et la fourniture des gros meubles. Le 25 novembre 1818, François Morganti et Claude Henriquet, entrepreneurs, domiciliés à Saint-Pierre-d'Albigny, désignés comme experts par le conseil de Saint-Pierre-d'Albigny, estiment la maison et ses dépendances à 18 000 l. n. (11FS : 578). Une convention signée en 1819 entre la ville et le séminaire assure aux élèves originaires de Saint-Pierre un tarif modique pour les cours d'enseignement secondaire, contrepartie de l'implication de la commune dans le projet (ASPA, n°12).
La maison du baron Graffion était située au sud de l’église et du presbytère (au numéro 1072 du cadastre de 1812). Le devis d'appropriation est donné par l'architecte Jean Antoine Denarié le 14 octobre 1817 (11FS : 578. Parmi les points du devis : agrandissement du potager de la cuisine par un "grand fourneau à deux chaudières soit marmites pour les soupes... en pierre molasse", ou en brique (moins cher) ; ajout de huit "jacobines" à construire dans le comble pour éclairer le dortoir ; achat de deux "chaudières en gueuse" et 300 carreaux de vitre). Des fonds venus de particuliers (en 1823 Louis Guillot lègue 450 £) viennent abonder celui de la commune pour financer ces travaux. Par la suite de nouveaux bâtiments sont édifiés : en 1840 le géomètre Clert-Biron, de Saint-Pierre, en dresse un plan détaillé qui montre que l’édifice est pratiquement achevé, sauf la partie sud du bâtiment central, joignant la chapelle, qui reste à bâtir. En 1852 le séminaire devient collège public par édit royal. La ville lui accorde une subvention annuelle de 1000 F, puis 500 F, jusqu’en 1870. A partir de 1878 des soeurs assurent le service domestique. Les élèves sont internes, demi-pensionnaires ou externes ; ils ont un uniforme d'été et un d'hiver (ASPA, n°12).
En 1906 le bâtiment est mis sous séquestre en même temps que tous les biens ecclésiastiques : l'administration diocésaine passe alors un bail de location du bâtiment. Le 13 décembre 1906 l'ordre de fermeture des petits séminaires de France est expédié par les préfectures, mais le statut de collège ou école secondaire permet à l'établissement de Saint-Pierre de continuer à fonctionner, au prix de recours portés devant l'administration par Joseph Delachenal, ancien élève, avocat à la Cour d’appel (futur député de Savoie), puis du supérieur l'abbé Termier (futur évêque de Tarentaise).
En 1910 le bail est dénoncé par l'administration des domaines et le collège doit fermer à l'été 1911. Une colonie de vacances parisienne loue alors temporairement les bâtiments.
L'hôpital
Un hôpital est cité à Saint-Pierre-d’Albigny, dépendant du couvent des Augustins et situé "au-dessous" (au sud ?), à la fin du 15e siècle (visite pastorale de 1494). En 1576 Urbain de Lescheraines restaure "l'hôpital des pauvres" de Saint-Pierre-d'Albigny, pour lequel il établit une fondation de 500 florins (avec la condition qu’elle serait administrée par le prieur des Augustins et non par les syndics), et s'y retire (Morand, p. 252, notes p. 534). Cet hôpital aurait disparu dès le 17e siècle : la visite pastorale de 1673 le déclare "presque ruiné", un rapport de 1773 décrit un bâtiment "tombé en ruine et l’emplacement d'iceluy, à présent réduit en jardin, est possédé par les demoiselles Favier du Noyer" (Naz).
Au début du 20e siècle la commune reçoit deux legs dont le produit doit servir à la fondation d'un hôpital, celui de Mme Robert (une maison avec jardin, pour fonder un hôpital tenu par des religieuses) et en 1919 celui de Michel Dubettier (500 000 F, pour fonder un hôpital pour les indigents, malades, infirmes et vieillards du canton de Saint-Pierre-d'Albigny, avec deux lits réservés à la commune de Fréterive dont Dubettier était natif ; l'ameublement du salon de M. Dubettier à Paris, avec son portrait par Gilbert, devait occuper une salle à son nom dans le nouvel établissement).
Le nouvel hôpital est installé dans les bâtiments délaissés par le séminaire. Il comprend un hôpital et un hospice pour vieillards, comprenant chacun 25 lits. Les travaux sont achevés en 1927 et les soins confiés aux soeurs de Saint-Joseph. Le petite extension nord du bâtiment ouest date peut-être de ces travaux.
En 1945 le bâtiment central est détruit par un incendie accidentel. Un bâtiment moderne est édifié en 1956-1957 (plaque avec la date 22 AVRIL / 1956) pour loger la maternité (le service, créé en 1939, ferme en 1974). Le cadastre rénové de 1957 montre que seuls les bâtiments ouest (maison) et nord (communs), remaniés, subsistent (très modifiés) de l'ancien séminaire.
Les bâtiments ont été largement remaniés en 2005-2006.
L'hôpital est actuellement consacré à l'accueil de soins de suite et de réadaptation et d'un EHPAD.
Sculpteur, Paris 1885-1971, auteur entre autres du Monuments aux Résistants d'Albertville et Beaufort à Albertville.