1. HISTORIQUE
L´usine-barrage de Seyssel fait partie du plan d´aménagement du haut-Rhône, incombant à la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), qui comprend neuf chutes entre Génissiat et Lyon (BAYARD, p. 29). L´édification du barrage de Seyssel a pour objectif de régulariser le débit du fleuve en compensant les éclusées de Génissiat, situé en amont. Le barrage mobile doit retenir 6 millions de m3 d´eau. L´objectif initial de l´usine est une production de 150 à 200 millions de kWh. Les travaux de construction du barrage et de l´usine devaient être successifs mais débutent simultanément en septembre 1946 à la demande de la Direction de l´Electricité (DELATTRE, p. 28-29). Le maître de l´ouvrage est le Groupe Régional de Production Hydraulique (GRPH), le maître d´oeuvre est Albert Laprade, en collaboration avec J. Vernon et B. Philippe. Les travaux sont menés par les entreprises Schneider et Joya-Chabert (BAYARD, p. 32 ; INSTITUT FRANÇAIS D'ARCHITECTURE, p. 210). "L´équipement de l´usine hydro-électrique a été confié à la société "Le Matériel Electrique S.W." qui en est l´entrepreneur général" ; celui du poste extérieur est entre les mains de l´Entreprise Industrielle (ROBERT, MENARD, p. 32).
En février 1947, la CNR informe la préfecture de la Haute-Savoie qu´elle souhaite prendre possession de certains terrains situés à Bassy (parcelles 1304, 1306 et 1307 section B, lieu-dit les Magnines), pour mener à bien les travaux d´aménagement de la chute de Seyssel qui nécessitent la rectification et l´élargissement du chemin de grande communication 14 au pont de cette commune. En mars suivant, l´inspecteur général, chef de la 6e circonscription électrique, appuie cette demande en rappelant que la construction du barrage de Seyssel a été déclarée d´utilité publique et urgente par décret du 9 mars 1946. Le 12 mars 1947, un arrêté préfectoral de la Haute-Savoie autorise la CNR à occuper ces parcelles durant cinq années (AD Haute-Savoie, 36 W 26 : Chemise barrage de Seyssel).
Enfin, il a fallu expulser les habitants du pont de Bassy en vue de la mise en eau du barrage de Seyssel (idem).
Le coût des travaux de la seule coupure de Seyssel s´élève à 47 millions de francs (valeur en 1951) (BAYARD, p. 32).
Les travaux se sont achevés à l´été 1952 par la mise en service des groupes de l´usine génératrice (ROBERT, MENARD, p. 36).
En 1998, un examen des protections en aval du barrage a permis de repérer des fosses importantes et préoccupantes. Il a fallu procéder à des investigations plus approfondies pour connaître l´état exact des protections aval. On a établi un modèle physique pour "déterminer l´évolution probable des fosses (...) puis les mesures conservatoires nécessaires". Ce modèle a permis de prévoir une mise en péril des fondations dans le cas de manoeuvres particulières de l´ouvrage. En 2003, des sondages ont été effectués pour estimer les risques d´affouillement (SCOTTI, JIMENEZ, p. 16-17 et 19).
2. DESCRIPTION
L´aménagement de la chute de Seyssel comprend un barrage de 101 m de débouché installé dans le lit mineur et une usine de 86 m de long sur la berge de la rive gauche. C´est un ouvrage de basse chute dont la hauteur de chute maximale est de 8,25 m. Le barrage peut retenir 5,5 millions de m3 d´eau (BAYARD, p. 29 ; SCOTTI, JIMENEZ, p. 16).
"Les ouvrages établis en travers du fleuve comprennent, de la rive droite à la rive gauche : une tête d´écluse de 12 m de largeur ; deux travées de 43 m de largeur, fermées par des hausses type Aubert et une passe déchargeur de 15 m, fermée par une vanne wagon à deux corps, enfin l´usine". Les hausses atteignent la hauteur record de 7,78 m. Leur commande, automatique, se fait par l´intermédiaire d´un chariot de manoeuvre roulant sur un pont métallique (DELATTRE, p. 28). "Le barrage comporte un parafouille amont en palplanches (...). Ce parafouille amont supprime tout danger d´érosion sous le barrage (...) les parafouilles aval et les piles sont fondées à l´air comprimé et descendus dans le gravier à 15 m sous l´étiage" (DELATTRE, p. 29).
L´usine génératrice est située sur la rive gauche du Rhône, entre la vanne déchargeur et la R.N. 92. Elle se compose de trois parties : une plate-forme amont, un bâtiment central qui abrite les trois groupes générateurs auxquels s´ajoutent deux salles superposées, la salle des turbines et la salle des alternateurs (85 m de long sur 18,70 m de large) desservie directement par la route d´accès, enfin un caisson aval comprenant les locaux d´appareillage sur cinq étages et le portique de manoeuvre des batardeaux (ROBERT, MENARD, p. 32).
Les générateurs sont "trois turbines Kaplan absorbant chacune 200 m3" qui "tournent à 75 tours/mn et entraînent des alternateurs produisant 15 000 kVA sous 10 000 volts". Grâce à des transformateurs triphasés, la tension est élevée à 150 000 volts. L´usine de Seyssel permet d´alimenter "des réseaux qui desservent la région industrielle du nord des Alpes et du Lyonnais" (DELATTRE, p. 29).