• enquête thématique régionale, Points de franchissement du Rhône
Présentation de l'étude des points de franchissement du Rhône en région Rhône-Alpes
Œuvre repérée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Rhône-Alpes
  • Hydrographies Rhône; et ses canaux de dérivation
  • Commune Rhône-Alpes

Antiquité et Moyen Âge Avant l'établissement des ponts on passait le Rhône à gué ou par bac. Les bacs constituent les premières formes aménagées de passage du fleuve. Bon nombre de témoignages ou de vestiges matériels nous en garde le souvenir (cf Réf. IA00002382). Apparus dans l'Antiquité (14 occurrences), les bacs, alors simples embarcations manoeuvrées à bras d'homme, sont beaucoup plus présents au Moyen Âge (35 cas), période au terme de laquelle on recense les deux premiers bacs à traille connus en région Rhône-Alpes (Valence, 26 ; et peut-être Champagne, 07). Des ouvrages fixes sont cependant présents dès l'Antiquité ; ils sont alors en bois (Valence, 26) ou en maçonnerie et voûtés (Vienne, 38 et probablement Sault-Brénaz, 01). À l'époque médiévale, les quelques rares ponts supplémentaires sont eux-aussi construits en charpente de bois (premier pont médiéval de La Balme, 01 ; ancien pont de la Guillotière de Lyon, 69 ; à Seyssel, 01-74 et à Pougny, 01) ou sont maçonnés (pont en pierre à Valence, 26 ; antique pont de Vienne, 38 ; pont des Comtes de Savoie de La Balme et la partie reconstruite du pont en bois de la Guillotière). Des passages plus précaires, constitués de planches de bois lancées sur le fleuve, sont également mis en place dans des lieux où le Rhône est très étroit, comme à l'amont, à Arlod (Bellegarde-sur-Valserine, 01) ou à Grésin (Léaz, 01). Période moderne Les passages par bac se multiplient à la période moderne (58 cas) ; la traille à propulsion hydrodynamique se généralise alors - surtout après le 16e siècle -, notamment la traille traversière (78% des bacs établis). Leur implantation apparaît régulière ; en aval de Lyon, entre Irigny et Rochemaure, où l'on peut observer la plus forte concentration de passages par bac, une distance de 4 km seulement pouvait séparer deux passages (distance minimum réglementaire de 1795 à 1870 : Cogoluènhe, livre 1, p. 44 et p. 129). Les nouvelles implantations de ponts sont rares ; citons le pont Saint-Clair de Lyon (69), pont en bois qui prendra ensuite l'appellation de pont Morand. Le plus souvent on ne fait que reconstruire sur les restes d'un ancien ouvrage ; comme à Sault-Brénaz (01), où le nouveau pont en bois est établi sur les piles de l'ancien pont en pierre que l'on dit romain. Ou encore on reconstruit plus ou moins partiellement des ouvrages antérieurs : à Lyon, on remplace en pierre la partie en bois du pont de Guillotière ; et les anciens ponts déjà cités de Seyssel et de Vienne connaissent des réparations successives. Cette tendance se poursuit dans le premier quart du 19e siècle : dans les années 1820, un ouvrage en pierre est reconstruit à Sault-Brénaz, un ultime pont de bois est édifié à Seyssel. Période contemporaine Les bacs perdurent jusqu'au 19e siècle (42 cas dont 30 trailles), mais, moins adaptés à un usage moderne, ils seront progressivement supplantés par des ouvrages fixes, particulièrement avec l'apparition des ponts suspendus (premier exemple en Ardèche, à Tournon en 1825). Les progrès et les innovations techniques qui marquent le 19e siècle ouvrent, en effet, la voie à de nouvelles perspectives. Les évolutions, qui intéressent notamment les matériaux et leur mise en oeuvre, auront une grande incidence sur les ouvrages d'art et entraîneront des développements typologiques et des avancées technologiques (portées de plus en plus grandes). Le bois et la pierre sont encore employés (l'ancien pont Lafayette - Lafayette 1 - de Lyon, premier cas de pont en arc sur le Rhône, ouvert en 1828, est un ouvrage mixte bois-pierre), mais sont concurrencés par de nouveaux matériaux. Au tout début du 19e siècle, la fonte est introduite en France (Grattesat, p. 23). Sur le Rhône en région Rhône-Alpes, 13 ponts useront de ce matériau dans le courant du 19e siècle, et ceci dès 1825 (Tournon). Ce siècle voit aussi le développement de l'emploi du fer, plus souple et plus résistant, particulièrement utilisé dans les ponts suspendus. C'est à la fin du premier quart du 19e siècle qu'émerge en France ce nouveau type d'ouvrage - le premier pont suspendu français est ouvert en août 1825 à Tournon -, qui marque le véritable passage à la modernité (cf Réf. IA00000332). Les ponts à câbles vont dès lors fleurir sur le fleuve ; ils représentent près d'un tiers de la totalité des ouvrages construits jusqu'à aujourd'hui sur le Rhône en région Rhône-Alpes. Le 19e siècle introduit également l'usage de l'acier qui, grâce à sa résistance élevée, finira par supplanter la fonte et le fer. Ce matériau ne sera utilisé pour les ponts qu'à la fin du siècle en France comme en région Rhône-Alpes (idem, p. 27). Le béton est aussi "redécouvert" en France à cette époque. Alors qu'il était déjà employé pour les appuis, son utilisation se généralise à toutes les parties constitutives des ponts ; le premier emploi du béton dans le tablier est daté des années 1850 dans le viaduc de Saint-Clair (Caluire-et-Cuire ; 69), qui constitue une des premières installations ferroviaires sur le Rhône. Ces matériaux modernes permettent la création de nouveaux types de ponts : les ponts en arc et les ponts à poutres. Le pont routier de la Loi à Ruffieux (73 ; 1873), avec sa structure en fer et fonte sur appuis maçonnés, offre le premier exemple de ponts en arc ajourés, type qui représentent près de deux tiers (60,8 %) de cette catégorie de ponts. Les ponts à poutres (poutres droites et poutres de hauteur variable dites cintrées) se multiplient à partir de la seconde moitié du 19e siècle. Ils représentent près de la moitié des ouvrages inventoriés sur le Rhône en région Rhône-Alpes. L'ancien pont ferroviaire de Culoz (01 ; 1858), avec son tablier en fer appuyé sur des colonnes en fonte, constitue le premier exemple de pont à poutre en treillis de toute la France et le viaduc ferroviaire de Perrache à Lyon (1855), avec ses arches en fonte, le premier cas de pont à poutre cintrée de la région. À la limite des 19e et 20e siècles naissent les ponts en arc à tablier suspendu. Le premier exemple, l'ancien pont de la Boucle de Lyon, débuté en 1901, offre une superstructure en acier. Parallèlement à l'établissement d'ouvrages destinés au franchissement, le Rhône connaît au 19e siècle les prémices de l'utilisation de son énergie hydraulique. L'aménagement hydroélectrique du fleuve débute véritablement à l'aube du 20e siècle, sur le haut-Rhône, avec la mise en service, en 1899, de la centrale de Cusset, entre Villeurbanne (69) et Vaulx-en-Velin (69), et du barrage de Jonage, mis en place sur le canal de dérivation de même nom. La technique du béton armé, inventée dans la seconde moitié du 19e siècle, ne se développe que dans la première moitié du 20e siècle (Darpas, p. 163). Avec l'acier et le béton armé, l'utilisation de la pierre devient marginale. Les derniers ponts en maçonnerie sur le Rhône datent de la première moitié du 20e siècle : ancien pont routier voûté de Valence (26) en 1905, ou pont de La Balme (01) en 1946. Le béton armé était déjà utilisé de manière ponctuelle ; ainsi, en région Rhône-Alpes, on trouve la première utilisation de ce matériau dans les piles et culées en maçonnerie du premier pont de Tournon (1825). L'ancien pont routier de Pyrimont (Chanay, 01), débuté en 1905 et inauguré en 1907, offre avec sa poutre cintrée en béton armé, le premier exemple d'emploi généralisé de ce matériau dans la région. L'ancien pont de La Balme (73) est quant à lui, en 1914, le premier pont entièrement en béton armé construit sur le Rhône. Ce matériau est également employé pour les aménagements hydroélectriques mis en place (25 cas), dont le barrage-usine de Génissiat constitue le premier exemple. Mis en eau en 1948, Génissiat est l'aménagement majeur du Lac Leman à Lyon (haut-Rhône). En 1933, lorsque débute le chantier, est créée la Compagnie nationale du Rhône (CNR) à qui l'État confie, en 1934, l'aménagement et l'exploitation du fleuve. De 1933 à 1987, la CNR a conçu et construit 14 aménagements hydroélectriques en région Rhône-Alpes (Réf. IA00002381). Les années 1940-1950 sont marquées par une série de reconstructions d'ouvrages rompus par faits de guerre (une cinquantaine), après juin 1940 et septembre 1944 (cf Réf. IA00000332). La destruction des ponts rend nécessaire la remise en service d'anciens bacs ou l'implantation de nouveaux pour assurer le franchissement du Rhône ; si bien que, selon Henri Cogoluènhe, cette période correspondrait à la plus forte densité de bacs jamais atteinte sur le fleuve (livre 1, p. 36). Dans la seconde moitié du siècle se font jour de nouveaux types de ponts : les ponts poutre à béquilles et les ponts à poutre en dalle, mais également les ponts à haubans, une variante de pont suspendu. Si le 19e siècle a été celui des ponts suspendus, le 20e siècle est celui des ponts à poutres ; on compte 62 édifications - sur un total de 88 toutes périodes confondues -, dont 54 dans la seconde moitié du siècle. Fréquemment utilisé pour les tabliers de ce type de pont, le béton armé est progressivement remplacé par le béton précontraint (43 occurrences), un procédé inventé à la fin des années 1920 consistant à mettre le béton en compression à l'aide de câbles internes. En région Rhône-Alpes, le viaduc ferroviaire de la Voulte (07) offre en 1955 le premier exemple de pont en béton précontraint jeté sur le Rhône. Le béton précontraint est le matériau de prédilection des ouvrages autoroutiers (11 cas) dès leur apparition dans le 3e quart 20e siècle. À cette même époque débute l'aménagement hydroélectrique du bas-Rhône. Les neuf installations mises en service en aval de Lyon en région Rhône-Alpes ont été édifiées de 1952 à 1980. Puis, dans les années 1980, ont été mises en place les dernières installations sur le haut-Rhône, qui compte aujourd'hui un total de 7 aménagements (Réf. IA00002381).

  • Période(s)
    • Principale : Antiquité
    • Principale : Moyen Age
    • Principale : Temps modernes
    • Principale : Epoque contemporaine

Bibliographie

  • COGOLUENHE, Henri. Histoire des bacs pour traverser le Rhône. Recherches historiques et sociologiques. Thèse de doctorat, Institut de Recherche et d'Enseignement Philosophiques, Département Sociologie. Lyon : Facultés catholiques de Lyon, 1980. 3 volumes

  • DARPAS, Georges. Les ponts en béton armé. In Ponts de France. Paris : Presses de l´Ecole nationale des Ponts et Chaussées, 1982, p. 163-187

  • GRATTESAT, Guy. 2000 ans de ponts. In Ponts de France. Paris : Presses de l´Ecole nationale des Ponts et Chaussées, 1982, p. 11-43

Annexes

  • Annexe n°1
  • Annexe n°2
Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2011
Articulation des dossiers
Contient
Fait partie de