1. HISTORIQUE
Après le succès du pont suspendu de Tournon, et afin de remplacer le bac de Serrières, le préfet de l´Ardèche fait établir au début de l´année 1827, les conditions du cahier des charges en vue de l´adjudication de la construction d'un pont suspendu sur le Rhône à Serrières. L'ouvrage sera construit 60 m plus bas que la hauteur de la rampe du bac qu'il doit remplacer (Histoire du pont de Serrières, voir annexe n° 2).
Dès le 30 décembre 1826, la préfecture publiait déjà une affiche portant les tarifs des droits à percevoir au passage du pont (AD Ardèche, Fonds Seguin ; voir Affiche sur le site Art et histoire).
L´adjudication, passée le 1er mars 1827 (datée par erreur du 1er mai dans l'Histoire du pont de Serrières) à la Compagnie Jules Seguin [société fondée par Jules Seguin et Pierre François de Montgolfier en 1825], est ensuite autorisée par le décret royal du 16 mai 1827 (Histoire du pont de Serrières, voir annexe n° 2 ; voir première de couverture du projet Seguin-Montgolfier soumis en 1827 (AD Ardèche, Fonds Seguin) sur le site Art et histoire).
Dans cette ordonnance de Charles X, il est stipulé, à l'article 1er, que la construction est attribuée aux adjudicataires, moyennant la concession des droits à percevoir sur le pont pendant 61 ans (AD Ardèche, Fonds Seguin ; voir ordonnance sur le site Art et histoire).
La construction du pont devait permettre de répondre au développement industriel du secteur, et de la ville d'Annonay particulièrement, en favorisant les relations commerciales (site Art et histoire).
La plaque d´inscription scellée sur un massif d'ancrage du pont suspendu actuel de Serrières rappelle que le premier pont suspendu est édifié par l'illustre Marc Seguin (voir annexe n° 1).
Étienne Gautier, né à Serrières fournit les fonds nécessaires à la construction.
Les travaux, surveillés et dirigés par M. Bourget, natif de Savas, avancent rapidement dans le courant de l'année 1827 : en décembre, les trois piles sont montées (dès le mois août est achevée la pile centrale). En juin 1828, les câbles de suspension sont posés.
Le pont ouvre au public à l'été 1828 (le 30 juillet 1828 sur le site Art et histoire ; le 20 août 1828 dans l'Histoire du pont de Serrières, annexe n° 2).
Le coût total du pont s'élève à 220 000 francs (AD Ardèche, Fonds Seguin et Histoire du pont de Serrières, annexe n° 2), soit : 45 000 F pour la pile centrale ; 40 000 F pour les deux massifs d´amarre, les amarres, chevalets, etc. ; 30 000 F pour le système de suspension ; 20 000 F pour le plancher et parapet ; 5 000 F de pose ; 20 000 F pour les frais divers et la même somme respective pour les imprévus et le cautionnement (AD Ardèche, Fonds Seguin).
En 1844-46, les Compagnies de bateaux à vapeur demandent aux concessionnaires de relever le tablier du pont de 2 m pour faciliter la navigation fluviale (Histoire du pont de Serrières, annexe n° 2 et site Art et histoire).
Quatre nouveaux câbles, deux à l´amont et deux à l´aval, sont ajoutés à l'occasion (Histoire du pont de Serrières, annexe n° 2).
Le 1er décembre 1866, le préfet de l´Ardèche prend un arrêté interdisant le passage de toute voiture à deux roues pesant plus de 6 tonnes et à toute voiture à quatre roues de plus de 8,4 tonnes (idem).
En 1884, le péage est supprimé (Histoire du pont de Serrières, annexe n° 2), quelques années avant son expiration.
A la fin du 19e siècle, trois câbles de suspension sont remplacés (CHADENSON, p. 585).
Le 16 mars 1927, un ingénieur rapporte que le pont suspendu est arrivé à "l´extrême limite d´usure de tous ses organes". Par souci de sécurité la circulation automobile est arrêtée (AD Isère, 1S 4/10/2).
Au début des années 1930, l´ouvrage apparaît toujours en très mauvais état. Par très grand vent, les suspentes se détachent souvent du tablier. En avril 1931, on enregistre même la rupture complète d´un câble suspenseur.
La limite de charge passe alors à 1,8 tonnes, du fait de l'état du pont (CHADENSON, p. 585).
Un projet de réfection de l´ouvrage est dressé par le Service central d´études techniques. Il comporte la régidification des deux travées, la modification des culées et l'accroissement de la largeur du pont pour permettre le croisement de deux véhicules (AD Isère, 1S 4/10/2).
Sa reconstruction est finalement mise au concours en 1931, et en 1933 l'ancien pont suspendu de 1828 est détruit pour être remplacé par un autre pont suspendu sans pilier central, plus moderne (site Art et histoire).
2. DESCRIPTION
L'ancien pont suspendu est composé de deux travées présentant, selon un rapport relayé dans l' Histoire du pont de Serrières, un débouché total de 195 m. Vicat parle de deux ouvertures de 101 m et Chadenson, de deux portées de 90 m.
Selon le rapport déjà cité, les deux travées sont séparées par une pile en moyen appareil, formant arc monumental. Cette pile a 5 m d´épaisseur au niveau du tablier ; sa base présente avant-bec et arrière-bec. La largeur du tablier, à voie unique et à platelage en bois, est de 4,20 m (4 m dans Chadenson) entre les garde-corps ; ces derniers formés de croix de Saint-André. A la pile, pour permettre le croisement des voitures, il y a un élargissement : le tablier offre alors une largeur de 6,56 m.
La culée droite a une longueur de 16 m et la culée gauche de 17 m, "entre l´extrémité des travées et le point d´attache inférieur".
La suspension est constituée initialement par huit câbles à fils parallèles, quatre câbles à l´amont et quatre câbles à l´aval, disposés en éventail ; leur nombre passe plus tard à sept câbles de chaque côté. Les tiges verticales, suspentes, reliant les câbles au tablier, également en fer, sont composées de trente fils parallèles.
(Notes descriptives extr. de : VICAT, p. 94 ; Histoire du pont de Serrières, voir annexe n° 2 ; CHADENSON, p. 585).