HISTORIQUE
"Depuis fort longtemps, on a traversé le Rhône à Bellegarde ou dans ses environs, afin de se rendre dans les Etats de Savoie". On passait à Grésin sur un pont naturel ; à Bellegarde-sur-Valserine ce fut d'abord la passerelle d'Arlod, puis le pont de Lucey (second pont de Savoie) construit sur la Perte du Rhône.
Lorsque ces deux ponts sont détruits en juin 1940, Bellegarde ne peut pas rester sans communication avec la Haute-Savoie et un nouvel ouvrage est projeté (BROCARD, p. 77-78).
Les travaux débutés fin 1941, sont menés conjointement par l'Entreprise Joyat-Chabert et le 7e Génie d'Avignon. Son inauguration, le 21 janvier 1942, a donné lieu à une cérémonie en présence notamment de MM. Toubin ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de la Haute Savoie, Vietti, ingénieur à Bellegarde, Bournique directeur de la papeterie Darblay, Milhau directeur aux Forces Motrices de Savoie, Pothier directeur des Etablissements Marion.
Le nouveau pont franchissait le Rhône au-dessus des anciennes usines électriques de la Société des Forces Motrices de Savoie ; côté Bellegarde, on y accédait par les rues Bertola, puis Viala ; il débouchait en Haute-Savoie sur l'ancienne route du pont de Lucey.
L'ouvrage de 37,50 m de long, de 50 tonnes, pouvait supporter une charge utile de 15 tonnes, sur une chaussée de 3 m de large (idem, p. 78).
Il s'agit sans doute de l'ouvrage métallique qui a été remonté à Pyrimont (voir notice Passerelle de Surjoux).
Ce pont métallique, probablement établi de manière provisoire, perdura jusqu'en 1949, date à laquelle est inauguré le pont actuellement visible. Ce dernier, constituant le quatrième pont de Savoie, est destiné à remplacer l'ouvrage métallique de 1942.
L'édification du barrage de Génissiat (mis en eau en février 1948) rendait nécessaire en effet de reconstruire un ouvrage plus en aval et surtout plus haut. Construit dès 1946 par l'Entreprise Coignet (architecte P. Bourdeix), le nouveau pont, peut-être achevé en 1948, est mis en service en 1949 (BROCARD, p. 78 ; MARREY, 1995, p. 160 ; MONTENS, p. 139 ; MARREY, 2004, p. 139 ; notice Structurae).
Portant la N. 508, le pont-route de Bellegarde, dit pont de Savoie, est un ouvrage en béton de 120,90 m de long, offrant un parement en pierre de taille. Il présente une grande arche centrale de 80 m (voûte parabolique du quatrième degré de 76,83 m d´ouverture et 26,96 m de flèche), constituée de deux anneaux jumelés en béton non armé. Le premier arc a été construit à l'aide d'un cintre en bois mis en place par rabattement ; le cintre du second a été mis en place par ripage. L'ouvrage comporte en rive droite un arc en plein cintre de 24 m d´ouverture, séparé de l'arche centrale par un pilier. Le tablier en béton armé est large de 7 m selon la plupart des sources (AD Rhône, 3959W 1743 ; BROCARD, p. 78 ; MARREY, 1995, p. 160 ; MONTENS, p. 139 ; MARREY, 2004, p. 139). La base CNR/Oasis, quant à elle, donne une largeur utile de 8,50 m avec une chaussée de 6 m et deux trottoirs de 1,25 m.
Brocard signale un autre pont à Bellegarde, un pont "privé" qui desservait la nouvelle usine électrique d'Eloise, de 1917-20 à 1948 date de sa suppression par la mise en eau du barrage de Génissiat (BROCARD, p. 78).