HISTORIQUE
La traversée dans le coude du Rhône en-dessous de Lagnieu s'effectue, avant l'établissement d'un ouvrage fixe, par un bac (AD Ain. 2S 88 et Fiche de synthèse MFR, p. 2), dit bac de Port Lagnieu.
Selon M. Brocard, un premier projet d'érection de pont en pierre apparaît dans cette région en 1820 (BROCARD, p. 117). D'après le site Art et histoire, le premier projet de construction d'un pont à Lagnieu serait celui d'un certain Monavon, ingénieur des Ponts et Chaussées, qui en 1824 présentait un pont suspendu à chaîne. Ce pont dont le coût fut estimé à 200 000 F, ne trouva jamais d'adjudicataire (site Art et histoire, notice du pont de Lagnieu, 1835).
Le 11 décembre 1833, une adjudication est lancée pour la construction d´un pont suspendu avec pile centrale. Elle est remportée le 29 janvier 1834 par les frères Seguin. L'ordonnance royale de Louis-Philippe du 4 juin 1834, qui leur attribue la construction de l´ouvrage, accorde une subvention de 45 000 F et fixe la durée de concession du péage à 69 ans (site Art et histoire et BROCARD, p. 117). Le projet Seguin diffère sensiblement de celui présenté dans l'adjudication. Le pont retenu, offrant une portée unique de 152 m entre les culées, est sans pile centrale. Il s'agit du premier pont suspendu construit sur le Rhône en amont de Lyon (BROCARD, p. 117).
En avril 1835, il est demandé aux entrepreneurs de relever le tablier du pont alors en chantier. L'ouvrage ayant passé favorablement les épreuves de résistance le 13 août de la même année, il est ouvert au public le 1er septembre (site Art et histoire).
Les travaux, financés pour partie par les subventions de l´Etat et du département de l´Isère, et pour une autre partie par une Société privée (établie entre M. Crozet de la Fay de Saint Sorlin, M. de Laroullière de Vertrieu, M. Ch. Victor de la Servette à Leyment), ne semblent définitivement terminés qu'en 1836 (BROCARD, p. 117).
En 1841, comme pour d'autres ponts suspendus du Rhône et de la Saône ayant souffert des inondations, des crédits sont alloués au pont de Lagnieu. En 1849, lors d'une visite du pont, l´état des fondations des culées ainsi que celui des divers systèmes de suspension et du tablier est jugé satisfaisant (AD Ain, 2S 86).
Une autre visite à la fin du 19e siècle le donne en bon état général, avec seules quelques parties des longrines des trottoirs à changer (AD Isère, 1S 6/1).
Le 28 décembre 1864, une voiture trop lourdement chargée de pierres de taille passe à travers le tablier. Cet accident ayant entraîné mort d'homme, les trois associés furent condamnés lors d'un procès (BROCARD, p. 117).
En 1883, 20 ans avant la fin de la concession, le pont est racheté pour 62 000 F répartis entre l´Etat, les départements de l´Ain et de l´Isère et les communes voisines de l´ouvrage. Un agent des Ponts et Chaussées chargé de l'entretien du pont occupe les bâtiments de péage alors vacants (idem).
"Ce pont dit "en fil de fer", ouvrage d´art très représentatif de l´architecture des ponts des années 1830-1900, [est] malheureusement détruit en juin 1940 [par l'armée française], comme presque tous ceux du Haut Rhône" (idem, p. 117-118), pour freiner l'avancée des Allemands.
En 1942, en attendant l'érection d'un nouveau pont, lui est substituée une passerelle, par reconstruction des piles endommagées de l´ancien ouvrage et récupération de certains câbles. Cette dernière ne pouvait supporter qu´une charge limitée (Fiche de synthèse MFR, p. 2).
Selon un témoignage oral, un pont de bateaux aurait été provisoirement installé par l'armée américaine en 1944 (documentation Maison du fleuve Rhône).