1. HISTORIQUE
La passerelle de Tournon est le plus ancien pont suspendu français encore en service (MONTENS, p. 126). Si l'ouvrage est aujourd´hui piétonnier, il était, à son ouverture, destiné aux véhicules de toutes sortes.
La décision de son édification découle de l´inadaptation du premier pont à la navigation des bateaux à vapeur. Une ordonnance royale datant de février 1847 autorise les frères Seguin, concessionnaires de la passerelle de 1825, à construire un nouveau pont suspendu en aval du précédent ; faculté leur est laissée de détruire le premier pont ou bien de le transformer en passerelle pour piétons, avec escaliers aux abords, après rehaussement du tablier. C´est cette dernière solution qui est adoptée (Bulletin des lois 1847, annexe n° 1 ; CHAIX, p. 14 ; MARREY 1990, p. 125).
L´édification du nouvel ouvrage est certainement entreprise dès 1847 et le pont est ouvert au public en 1849 (AD Ardèche, 1109 W 385 ; MARREY 1990, p. 126).
Un procès-verbal d´inspection datant de 1893 révèle que le pont est en bon état (AD Ardèche, 1109 W 385).
Au début des années 1930, l'ouvrage n'apportant plus satisfaction, car sans doute devenu inadapté au trafic, la construction d'un nouveau pont est envisagée. Dans un projet présenté en juillet 1938, il est proposé un ouvrage routier suspendu dont les structures seraient en béton armé, lancé à 300 m en aval du pont de 1849. Ce dernier serait conservé pour l´usage des piétons (AD Ardèche, 1109 W 379).
Ce projet est toujours d´actualité en 1944 mais l'emplacement du pont est encore sujet à discussions (AD Ardèche, 1109 W 385).
Le pont de 1849 est endommagé lors de la Libération, en août 1944, par l´action des Maquis : sa travée droite est détruite en raison de la rupture des huit câbles porteurs (AD Ardèche, 1109 W 258 ; AD Rhône, 3959 W 1774 ; KIRCHNER, p. 12).
Une remise en état est aussitôt effectuée par l´entreprise Baudin, après un état des lieux effectué en janvier 1945 (AD Ardèche, 1109 W 258).
Un nouveau pont suspendu, nommé Gustave Toursier, est finalement édifié sur le Rhône, entre Tournon et Tain, à partir de 1954 et ouvert en 1958.
En 1989, la passerelle fait l´objet d´une restauration respectant les techniques et les matériaux anciens (site Art et histoire).
2. DESCRIPTION
La seconde passerelle suspendue de Tournon est longue de 184 m. Elle est composée de "deux travées de 89,40 m d´ouverture chacune. La largeur de chaque travée entre les garde-corps est de 6 m y compris deux trottoirs de 0,75 m chacun. Les deux travées sont séparées par une pile de 4,80 m au niveau du tablier. Les culées ont chacune une longueur de 12 m. La suspension est composée de quatre câbles à l´amont et autant à l´aval travaillant isolément et disposés en éventail ayant chacun 392 fils n° 18 et de tiges verticales également en fils de fer de même calibre. Les câbles viennent en particulier se relier en arrière du deuxième fléau à des amarres en fer solidement fixées à la partie postérieure des culées. Une galerie intérieure, dont l´accès (...) a lieu par un puits vertical surmonté d´un trappon en fonte permet de visiter les goujons ainsi que les parties inférieures des barres d´amarres. Quant à la partie supérieure, l´élargissement des galeries inclinées exécuté par les concessionnaires après la construction du pont, permet de les visiter sur toute leur hauteur" (AD Ardèche, 1109 W 385). La pile oblongue et les culées sont en maçonnerie de pierre de taille, tandis que le tablier et ses garde-corps sont en bois.