1. HISTORIQUE
Dès 1833, un projet de pont suspendu sur le Rhône est envisagé en remplacement du bac du Teil (AD Drôme, 3S 43 : Chemise 541).
En 1836, les intéressés à la construction du pont projettent de fonder une société anonyme : la "Compagnie du pont suspendu du Teil" (idem : Chemise 542).
A la suite de l´enquête de 1836 (idem : Chemise 543), est élaboré un projet concurrent de pont suspendu à la Croix de La Lauze [Rochemaure] ; mais ce dernier soulève nombre d´oppositions et d´obstacles (idem : Chemise 544).
Le 25 février 1838, une ordonnance royale autorise l´ouverture d´un pont suspendu au Teil.
Sa construction et son exploitation sont adjugées le 14 mars 1839 aux huit "actionnaires du pont" : Hyacinthe d´Hylaire de Toulon de Sainte-Jalers, marquis de Jovyac, d´Hylaire de Jovyac, Olivier, Crozat, Prothon, Navelle, Messié et Auzias, et ce moyennant la concession d´un péage pendant 85 ans (AD Ardèche, 2S 30/10).
La grande crue de septembre 1840, un an après le début des travaux, affouille les massifs d´enrochements de la culée rive droite et de la pile centrale du pont. Ces ouvrages doivent être démolis et reconstruits (MATHIEU, p. 413).
En 1842, les concessionnaires du pont font une réclamation pour tenter d´obtenir une indemnité "à raison des nouvelles avaries que ces ouvrages ont éprouvées par suite de la crue des eaux du Rhône du 26 septembre 1842" (AD Drôme, 3S 43 : Chemise 545). Après la crue de 1842, le pont nécessite d'être allongé et il faut établir une travée de décharge en rive gauche (MATHIEU, p. 413).
L'année suivante, le pont passe avec succès l´épreuve administrative du 22 septembre (voir annexe n° 1), et est ouvert au public le 8 octobre 1843 (AD Ardèche, 2S 30/10).
De nouvelles réparations sont encore nécessaires après les crues de 1856 et de 1881 ; une aide financière publique est demandée par les concessionnaires successifs.
Le pont est finalement racheté par l'Etat en 1886 (MATHIEU, p. 413).
Au tout début du 20e siècle, un avant-projet de réfection du pont, en vue d´y établir une voie pour le tramway projeté entre Le Teil et Montélimar, est à l´étude. Le Ministre des Travaux publics énonce un avis négatif jugeant alors le pont en très bon état et indiquant que le seule solution admissible serait d'établir au moment opportun, soit un pont spécial pour le tramway, soit un pont mixte destiné à remplacer le pont actuel (AN. F14 17251. Lettre du Ministre au préfet de l´Ardèche, 24 janvier 1902).
En 1908, le pont apparaît délabré (AD Ardèche, 2S 30/10 ; voir annexe n° 2). La municipalité du Teil profite de sa démolition prochaine projetée pour faire enlever et vendre la statue de la Vierge de l'entrée du pont. Celle-ci est achetée le 19 janvier 1909 par Mme Veuve Marsallat de Viviers (idem).
Un projet de consolidation du pont est présenté par l'ingénieur Ferdinand Arnodin, en mars 1909 (idem).
Des remplacements de câbles sont effectués à cette date (AD Ardèche, 2S 30/11 ; AD Drôme, 3S 43 : Chemise 548 ; MATHIEU, p. 413) ; de même, à cette époque, et pour éviter le délabrement de l'ouvrage, des limitations de charge et de vitesse sont décidées (AD Ardèche, 2S 30/10, voir annexe n° 2 et Fiche de synthèse MFR, p. 1).
En décembre 1911, le pont est toujours utilisé, en dépit de son mauvais état (fig. 17).
En mars 1919, l´ingénieur Mayer, de Valence, dresse un projet de viaduc (fig. 18). Ce projet est ajourné (AD Ardèche, 2S30/11).
D'après Mathieu, une visite effectuée en 1920 révèle que la pile centrale est lézardée et déversée ; les câbles sont en très mauvais état, surtout dans les parties situées au-dessus des piles où ils sont écrasés contre la maçonnerie ; l´ensemble du câblage est "arrivé à la limite de l´usure", le pont subissant des efforts importants sous l´effet du vent notamment. En l´absence de toute circulation, les déplacements verticaux pouvaient accuser un dépassement de 0,30 m sous l´action des rafales (mesuré en mars 1930) (MATHIEU, p. 413-414).
En 1923, des câbles sont à nouveau remplacés (idem, p. 413).
Les restrictions imposées sont gênantes pour cet ouvrage sur lequel la circulation est importante (voir annexe n° 2). Il n'y est plus autorisé que le passage d´un essieu de 2,2 tonnes.
La reconstruction du pont apparaît alors urgente. Dès 1926, le service des Ponts et Chaussées de la Drôme lance au concours un projet de pont en béton armé à trois arches (idem, p. 414).
2. DESCRIPTION
Le premier pont suspendu du Teil de 300,05 m de long (315,50 m dans Mathieu) est composé de quatre travées de 83,50 m, 81,20 m, 85,35 m et 50 m que séparent les massifs porteurs en pierre de taille (trois pylônes en U et deux têtes de pont).
Il présente au plus haut point une hauteur de 10,15 m au-dessus de l´étiage.
Son tablier, de 6 m de large, comprend entre les garde-corps une voie charretière de 4,80 m et deux trottoirs de 0,60 m chacun. Il est entièrement en bois de chêne, y compris pièces de pont et garde-corps (en croix de saint André), sauf le platelage supérieur qui est en peuplier.
Le système de suspension se compose pour chaque travée de huit câbles en fil de fer, quatre à l'amont et quatre à l'aval, et de tiges de suspensions également en fil de fer
(voir AD Ardèche, 2S 30/10 : Epreuve administrative du pont, annexe n° 1 ; MATHIEU, p. 413 ; fig. fig. 2, 4 à 13 et 19 à 33).
L´arc monumental formant tête de pont est surmonté - jusqu'au début du 20e siècle - d´une statue de la Vierge, en fonte, d´environ 1,20 m de hauteur et 0,25 m de largeur (AD Ardèche, 2S 30/10 ; fig. 15).
Des bâtiments annexes sont construits à l´entrée du pont : un bureau de recettes en 1860, un magasin et atelier en 1866 et un pont à bascule en 1876 (AD Ardèche, 2S 30/10 ; AC Le Teil, Matrices cadastrales ; fig. 14 à 16).
photographe aux AD Ardèche