Eléments d'historique
Ce territoire fut longtemps une mosaïque de paysages. Aux marais de Saint-Jorioz, Doussard et Giez répondaient les vignes établies sur les coteaux calcaires de Sévrier, Duingt, Doussard et Faverges. Les châtaigneraies qui s'étendaient autrefois sur les lisières des forêts constituaient un revenu appréciable pour les habitants de Sévrier, tandis que des prés-vergers entouraient la plupart des villages. Plus haut, près de Saint-Eustache, La Chapelle-Saint-Maurice ou Seythenex, les prairies apportaient le fourrage insuffisant en bas tandis que le bétail paissait dans les alpages des communes de Leschaux, Entrevernes, Lathuile, Doussard, Chevaline, Faverges et Seythenex. Enfin, les importantes forêts du Semnoz, de la Combe d'Ire et du vallon de Saint-Ruph fournissaient du travail aux nombreux bûcherons et charbonniers du territoire. Considérée comme une forêt vierge jusqu'au XIXe s., la Combe d'Ire fut aussi le dernier refuge de l'ours en Haute-Savoie et dans les Bauges. Faverges, véritable bourg industriel dès le Moyen Age, tirait sa prospérité des ressources en eau et du minerai de fer exploité par les moines de Tamié dans la montagne de la Sambuy, tandis qu'au XIXe s., une mine de lignite était exploitée à Entrevernes. Le développement de l'industrie à Faverges au cours du XIXe s, et surtout du tourisme au début du XXe s., sur les rives du lac d'Annecy, modifia considérablement ce territoire proche d'Annecy et soumis à une forte pression foncière. Rappelons que ce territoire compte près de 100 habitants au km². L´histoire politique, marquée par la frontière entre les comtés de Savoie et de Genève, a laissé ici sa trace avec les châteaux de Faverges, Giez, Duingt, Dhéré, Villard-Chabod, propriétés de quelques-unes des plus grandes familles nobles de Savoie.
Eléments de description
Un pied dans l'eau et un pied sur quelques-uns des plus hauts sommets des Bauges (Trelod, Sambuy, Dent de Cons), le Pays de Faverges et du Laudon recouvre l'ensemble du piedmont nord du massif. Ce territoire, qualifié de "sources du lac d'Annecy", est drainé par cinq des principaux affluents du lac (l'Eau-Morte, l'Ire, le Laudon, la Bornette et le Ruisseau d'Entrevernes), regroupant près de 82 % de ses apports en eau.
L´habitat, très comparable à celui du Cœur des Bauges, se distingue ici par l´utilisation ancienne de la tuile produite à Saint-Jorioz à la place du chaume, et d´encadrements parfois en marbre provenant de Doussard. A l´exception de Duingt et Bredannaz, les villages anciens implantés sur les rives sont situés à l´écart ou en surplomb de l´eau. Tout comme dans le Cœur des Bauges, l´habitat est plus volontiers installé sur les versants ouest à l´exception de la vallée d´Entrevernes qui pâtirait de l´ombre des falaises du Roc des Bœufs.
Toutefois Faverges, véritable ville dont l´origine remonte au Moyen Âge, présente une trame urbaine composée d´immeubles accolés de deux à trois étages et d´une à deux travées, présentant des façades d´origine médiévale souvent remaniées aux XVIIe et XVIIIe siècles. Quelques anciennes devantures de commerce soulignent ici le rôle central de cette ville industrielle et commerçante.
Sur les rives du lac, quelques exemples d´architecture balnéaire (Hôtel Beau-Rivage à Sévrier, Hôtel les Libellules à Duingt), mais aussi quelques résidences secondaires construites au XIXe siècle par des bourgeois d´Annecy (clos Berthet, clos Domenjoud à Sévrier) ou au XXe siècle par des citadins venus de Lyon ou Paris (villas du bord du lac à Doussard) marquent ce territoire qui est passé d´une polyculture de subsistance à une économie tournée vers le tourisme et l´industrie.
Chargé de mission patrimoine bâti au Parc naturel régional du Massif des Bauges, en convention pour réaliser l'inventaire du patrimoine bâti de 2009 à 2023.