La commune conserve des baux de location depuis la fin du 19e siècle. Les baux sont passés par adjudication, pour neuf ans, avec un loyer annuel fixe en numéraire, et comprennent le pâturage de l’alpage, le droit de faucher le pré des Brées, la jouissance du chalet et le droit de parcours dans la partie de forêt comprise entre la fontaine de Péron et le chemin du Jarrou. Les preneurs sont domiciliés dans les communes de l'Albanais haut-savoyard situées au pied du Semnoz : à Gruffy même, Cusy, ou Mûres, Cran-Gevrier mais aussi à Allèves. Après la Première Guerre mondiale, la demande de location est moins forte : la commune doit proposer des conditions plus avantageuses, réduire la durée à trois ans, mais la mise aux enchères du bail reste souvent infructueuse et le contrat est passé de gré à gré. Dans le dernier quart du 20e siècle, l’alpage est loué par des exploitants venus du Cœur des Bauges (La Motte-en-Bauges). A partir de 1979, le bail est rédigé selon le modèle mis au point par l’Association foncière pastorale, le prix étant dès lors indexé sur celui du lait.
Restauration et reconstruction (1900-1907)
Le chalet est reconstruit ou restauré en 1902, sans doute à la suite d’un incendie ; il semble qu’à cette époque la partie habitation/fabrication ait été dans le même bâtiment que l’étable : en effet une délibération du conseil municipal (22 février 1902) s’interroge sur l’opportunité de reconstruire plutôt que réparer le bâtiment existant, en mauvais état, mais le conseil municipal souhaite conserver les pièces de la charpente de l’ancienne étable "noircies par la fumée … donc d’une conservation plus durable que des neuves, qui de plus ne seront plus exposées à la fumée car le foyer va être transporté dans l’autre construction".
Le devis est dressé par Gaime, géomètre à Héry-sur-Alby, le 2 novembre 1900. Le bois (sapin) est largement utilisé pour la construction, ainsi que pour les deux annexes pour les chèvres et la porcherie : cloisons de l’entourage, cloisons des séparations intérieures entre la grande et la petite écurie, entre la salle de fabrication et l’écurie, entre le laitier, la salle de fabrication et la chambre, entre la cave, le laitier et la chambre ; planchers, étagères à fromage, porte-bagnolets ; cloisons aux extrémités du chalet ; ustensiles pour la fabrication comprenant supports mouvant pour la chaudière, presses à fromages, auges à porcs et divers objets, pour un total de 295 m3. Ce devis est approuvé par délibération du 1er octobre 1901 (3900 F ; voir plan et coupe, fig. 1 et 2). Le procès-verbal d’adjudication des travaux de restauration est passé le 6 avril 1902, en faveur de Victor Domenge entrepreneur à Leschaux ; il précise que plancher-plafond de la cave, au lieu d’être en bois, sera établi en béton de ciment et poutrelle de fer recouverte par un crépissage en ciment, et qu’un bassin en ciment de 5 m de long, 0,40 m de profondeur et 0,60 m de largeur en moyenne sera construit. Le décompte des travaux, en mai 1903, indique que la cave est en maçonnerie en moellon de pierre dure, avec angles, arrêtes de portes et fenêtres en pierre, et la couverture en ardoise métallique. Le décompte chiffre le "transport du petit chalet à l’endroit indiqué, compris démontage et remontage de la charpente", et la construction du soubassement en maçonnerie jointée au ciment du "grand chalet".
Cependant, le petit chalet est victime d’un nouvel incendie le 31 octobre 1906, alors qu’il venait à peine d’être achevé. Le conseil municipal confie sa reconstruction, selon le même plan et devis que précédemment, et financée par la prime d’incendie, à Jean-Marie Duffourd, de Cusy, locataire du chalet. Le géomètre Gaime fournit quand même un nouveau projet (plan, devis et cahier des charges ; 2087 F ; voir plan, fig. 3) le 31 janvier 1907 : du sapin est prévu pour la charpente en sapin (coupe communale), les clôtures et parois intérieures en planches clouées sur traverses avec couvre-joint, et pour le second œuvre et mobilier : porte principale, porte du laitier, porte du dortoir, échelle, potence, table avec sa presse, deux poutres en sapin dans le laitier pour supporter les récipients à lait, de 7 m de long chacune, étagère dans le laitier ; la couverture reste en ardoise métallique. L’annexe pour les chèvres, en bois, doit être faite ultérieurement. Le procès-verbal de réception définitive est dressé le 20 août 1907.
Le chalet moderne (1976-1983)
Le 4 septembre 1976 (délibération), le conseil municipal décide la reconstruction totale du chalet du Semnoz, vétuste, pour édifier un nouveau bâtiment consacré à l’agriculture de montagne et au tourisme, avec dortoir et réfectoire pour les promeneurs. Le projet est confié au Bureau d’étude René Chatelain, à Annecy. Le devis définitif, de 390 391,31 F, est approuvé par délibération du 29 septembre 1977. La commune reçoit pour ce chantier une subvention de 100 746 F du Ministère de l’agriculture, et l’Association foncière pastorale du Semnoz participe à hauteur de 199 979,84 F. En effet la commune adhère à l’association foncière pastorale du Semnoz en cours de création, avec un apport de 35 ha 85 a 50 ca (délibération du 5 mai 1978).
Les travaux sont terminés en mars 1980. Le nouveau chalet est construit en maçonnerie de béton armé, avec encadrements, escaliers et sols en béton. Les entreprises retenues au terme de l’appel d’offre passé le 23 mars 1979 sont :
Terrassement, maçonnerie, béton armé : Charles Daviet à Gruffy
Charpente, couverture, menuiserie, quincaillerie, zinguerie, vitrerie : Louis Dunoyer à Poisy
Peinture : Michel Richard à Saint-Innocent
Carrelage, revêtement : Alexis Chameau à Seyssel
Sanitaires : J. Vacherand et Cie à Seynod
Electricité : Jean Carlesso à Alby-sur-Chéran
Le permis de construire déposé en 1976 est refusé aux motifs que la voie d’accès est trop étroite et que l’alimentation en eau sont insuffisantes, malgré la construction d’un réservoir de 20 m3 en 1975, alimenté par la source de la combe du Péron dont le débit n’est pas descendu au-dessous de 15 l/mn au cours de la sécheresse de 1975. Un nouveau permis de construire est déposé en 1979 ; il est approuvé et réalisé. Le procès-verbal de réception définitive des travaux est dressé le 30 octobre 1980.
Le nouveau chalet a un étage de soubassement comprenant la salle de fabrication et la cuisine sur le devant, et le laitier (freidi) et la cave sur l’arrière ; au-dessus se trouve un étage de comble divisé en chambres, dont une pour le "commis", et comprenant également une pièce de vie ("salle") pour le commis.
En septembre 1983, l’étable est rénovée. Le projet, commandité par l’Association foncière pastorale du Semnoz et la commune de Gruffy, est confié à la SCICAHR (Société coopérative d’intérêt collectif agricole d’habitat rural, 1 avenue de Chevesnes à Annecy ; 205 483 F). Les démolitions concernant la dépose des couvertures en récupération (tôle ondulée), la démolition de la charpente, des parois bois, des sols (enlèvement des plancher bois sur stalle). Les maçonneries nouvelles sont en béton banché et béton armé, avec une chappe. La charpente est en sapin, avec couverture en tôle (récupération et tôle prélaquée 75/100e).
Chargé de mission patrimoine bâti au Parc naturel régional du Massif des Bauges, en convention pour réaliser l'inventaire du patrimoine bâti de 2009 à 2023.