Historique
L'édifice, déjà existant dans les années 1730 (mappe sarde, où il occupe deux parcelles), a été remanié ou reconstruit en 1797 (imposte de la porte de l'habitation est). La propriété a été unifiée sans doute vers 1870, selon la date portée sur la porte de l'habitation ouest, qui semble correspondre à la réfection des deux-tiers ouest de cette façade : mur et pilastre d'angle de l'habitation ouest soutenant l'avancée du comble, porte du logis ouest et ouvertures des deux étables. Le 1er cadastre français confirme qu'en 1903 les deux habitations ne forment plus qu'une propriété.Plan masse et de localisation, sur fond de plan cadastral, 1903 (AD Haute-Savoie, 3P 3/4946, section G : les Perrières, 3e feuille).
La chambre cloisonnée dans le comble a sans doute été aménagée dans la 1ère moitié du 20e siècle, peut-être à l'époque où une partie du bâtiment (le pêle ouest ?) a servi d'école. La toiture devait être en tuile de bois ou en ardoise (la charpente a sans doute été remaniée lors du remplacement de la couverture par de la tôle). Le plan de 1903 montre la présence d'un édicule au sud-ouest, de la taille d'un grenier ou d'un four (disparu ; le grenier visible sur les photographies au nord-ouest de la ferme est situé sur une autre parcelle et postérieur à 1900).
Cette ferme a un plan très proche d'un exemplaire plus récent situé au lieu-dit du Benevy, tout proche du village des Gets, étudié par Henri Raulin dans L'architecture rurale française. Savoie : les dates portées ici montrent l'ancienneté de cette typologie de fermes.
Au début des années 2000, et au moment où cette ferme est achetée par la commune, des contacts ont été pris entre la commune, avec l'appui du conseiller général Denis Bouchet, et le service des Monuments historiques pour une demande de protection. Deux visites ont été réalisées sur site, le 18 décembre 2003 (qui a constaté des points de faiblesse dans l'état du bâtiment : désordre important dans un angle (tassement, fissures), mérule dans le plancher du pêle ouest ; l'inclinaison de certaines parties en bois (cloisons et huisseries) n'a pas été jugée préoccupante ; certaines menuiseries intérieures et ferrures des portes et placards ont été jugées remarquables), dont le compte-rendu indique que "la conservation-restauration de cette construction peut trouver sa place dans la mise en place d'une politique départementale du patrimoine montagnard", et le 17 juin 2004 ; mais le courrier de demande de protection adressé par la mairie en 2005 n'a pas abouti.
Lors de l'enquête en 2017, le bâtiment ne semblait pas avoir trop évolué ; si la prescription émise en 2003 d'évacuer les objets lourds (pompe à incendie) du comble a été partiellement mise en oeuvre, les pièces de l'habitation ouest étaient très encombrées, ce qui n'a pas permis de vraie visite, en particulier pour la présence d'objets dans les placards (vaisselle). De nombreux outils et véhicules d'usage agricole, en particulier des traineaux, sont encore conservés dans la grange.
Vue intérieure du comble, depuis l'ouest.
Description
L'édifice est situé à environ 2 km à l'ouest du centre du chef-lieu de la commune, dans une zone d'habitat dispersé, sur un terrain en pente (déclivité nord-sud) à proximité de la RD 902 et de la rivière de l'Arpettaz. Il comprend deux anciennes fermes mitoyennes, séparées par un mur globalement orienté est-ouest. La façade principale est orientée sud/sud-est, parallèle aux courbes de niveaux et en aval de la pente. Les volumes des deux fermes présentent une symétrie par rapport à un axe central : chacune comprend une partie habitation située côté mur pignon et formant une travée en saillie sur la façade principale, et une étable en retrait ; les accès sont ainsi protégés par l'avancée du comble, à usage de grange et fenil, au-dessus de la partie en retrait. Le plancher de cette zone est supporté par un mur de refend soigneusement appareillé et surmonté d'un tailloir en pierre calcaire du côté est, et par une poutre reposant sur un pilier en béton du côté ouest. Un balcon-galerie (dit solaret) supporté par des consoles en bois et protégé par un débord de toiture court devant cette façade.
Le bâtiment a trois niveaux d'élévation : un sous-sol situé sous la cuisine et le pêle (la salle située derrière la cuisine) de la partie ouest, auquel on accède par un escalier quart-tournant, en béton, situé dans l'angle sud-est de la cuisine (la partie située sous la cuisine est couverte d'une dalle, la partie sous le pêle est voûtée en berceau), le niveau principal, en étage de soubassement, et un niveau de comble sous charpente, de plain-pied côté nord (avec deux portes de grange), dans lequel une petite chambre a été aménagée contre le pignon ouest au 20e siècle (accès depuis la cuisine par une échelle de meunier). Mis à part certains murs du logis est (signalés dans la description), les murs de l'étage de soubassement sont en moellon de calcaire enduits ; le mur séparant les deux étables a été refait en parpaing de béton aggloméré. Les murs du comble sont en charpente et bardage de planches.
La partie est présente l'architecture la moins transformée. La porte d'entrée, située en façade, donne dans un un couloir délimité par deux parois en bois, en pièces de bois horizontales pour celle séparant l'habitation du cellier (ou petite étable ?), et pièces de bois verticales pour le mur ouest du pêle ; le couloir aboutit dans la cuisine, qui comporte une cheminée au large à manteau et conduit en bois (dite cheminée burgonde, ou bourne en vallée d'Abondance).
Partie est, vue intérieure du comble (charpente, conduit de la cheminée).
Le foyer est adossé à un mur de refend qui sépare la cuisine du pèle, et dans lequel est aménagé un placard côté pêle (placard haut et bas avec ceinture de deux tiroirs, vantaux et corniche à modillons en menuiserie). Au nord de la cuisine est aménagée une chambre, délimité par une cloison de planches verticales. A l'ouest des pièces d'habitation se trouve l'étable, traversante, à l'intérieur de laquelle est délimité un cellier (porte située à côté de la porte d'entrée de l'habitation ; pièce non visitée) et dont le fond, derrière le cellier, a été utilisé comme cave à vin (tonneaux). Des portes murées traversaient la cloison entre la cuisine et la chambre, qui se prolonge pour former le mur du fond du cellier, témoignant de reprises dans cette partie de l'édifice. Il n'y a pas de porte de communication entre l'habitation et l'étable. Un escalier extérieur en bois, appuyé contre le mur de soutient du plancher du comble, permet l'accès extérieur vers le solaret (qui communique également avec la grange).
La partie ouest est symétrique, avec une étable mitoyenne de la précédente, et un logis composé d'une cuisine, qui occupe ici la partie sud de l'habitation, avec une porte dans le mur en retour de la façade sud (encadrement en pierre à pilastre et entablement, voir Techniques de décor).
Partie ouest : porte d'entrée de l'habitation et porte de l'étable.
Dans la cuisine se trouvent également l'accès à la cave (escalier intérieur) et une porte vers l'étable. La cheminée de la cuisine a été démontée, mais un corbeau en doucine en situe l'emplacement dans l'angle nord-ouest (maintenant occupé par l'échelle de meunier vers la chambre cloisonnée dans le comble), contre le mur de séparation avec le pêle. Le pêle et une chambre se suivent en enfilade. Dans les murs sud et est du pêle sont aménagés trois placards en menuiserie : le placard du mur sud est situé au revers du mur à feux de la cuisine, et les placards du mur est forment une composition encadrant une caisse d'horloge. Dans la chambre sont posées deux armoires du 19e siècle (dont une à corniche à modillons).
Devant la façade, sous l'abri du comble se trouve un abreuvoir à deux bacs, creusé dans un tronc de résineux ; devant le logis est est posé un coffre à grain à trois compartiments (structure à quatre poteaux corniers à rainures dans lesquelles sont glissées les planches des côtés, assemblage chevillé ; réhausse en partie supérieure ; couvercle à charnière médiane).Partie est : porte d'entrée de l'habitation et porte du cellier ou étable ; coffre à grain devant le mur en retour.
Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )