Histoire
L’emplacement occupé actuellement par la scierie de Bange était avant 1860 un bois de hêtres, traversé par la vieille route qui montait à Arith.
Dans les années 1860, Charles Dagand avait acquis un terrain et une petite scierie qui devait être en indivision entre les familles Moënne de Martinod et avait obtenu le droit d’utiliser l’eau du Barbolion. Charles Dagand (1830 – 1861) avoué à Annecy, fils de Jacques (famille de meuniers à Aiguebelle), marié à Jeanny Nausac (?) a deux frères : Jean-Pierre et Jean-Claude.
Le 1er novembre 1860, Brunier Etienne, maire de Cusy instruit la demande de Charles Dagand qui cherche à obtenir l 'autorisation de construire une scierie sur la rivière du Chéran. Attendu que l'établissement de la scierie projetée ne saurait être préjudiciable à la commune ; attendu en ce qui concerne l'opposition du sieur Gaimoz qu'elle ne s'appuie que sur le préjudice qu'elle pourrait lui causer s'il reconstruisait lui-même la scierie qu'il avait jadis dans le voisinage de celle en projet et qui a disparue, l’autorisation lui est délivrée. [Série E Dépôt Cusy 2D 4 : délibérations du conseil municipale (liasse). 14 octobre 1860 – 16 juin 1861]
Il est autorisé à construire une scierie sur une dérivation de la rivière du Chéran (prise d’eau du ruisseau de Barbolion sur la commune d’Arith) qui se déverse dans le ruisseau du Chéran (ou torrent) (acte du préfet en date du 28 février 1861)
Construction d’un barrage vers 1875 (le bief du Barbolion pas suffisamment important ?) pour récupérer l’eau du Chéran. Après des demandes, pétition du 31 mai 1874, procès-verbaux d’enquête, le 23 mai 1874 le préfet accorde l’établissement d’un barrage pour alimenter en eau ses usines (scierie, moulin, battoir)
[Notes sur le barrage : le premier barrage est en bois formant un triangle, pièces de bois entassées, reliées ensemble et maintenues par des tringles de fer ancrées. Les grosses crues occasionnent des dommages. Début 1933 (ou 1935), début décembre la partie centrale du barrage est enlevée. L’eau, le temps de la réparation provient du bief. Travaux au barrage en 1936. La partie en travers fut faite en béton plus tard par Léon Travers de Gruffy. La partie parallèle à la scierie restait en bois, renforcée par des poutres en fer. 1951, la partie en bois disparaît : l’entreprise Molla (?) la refait en béton. Durant un temps toutes les installations profitaient du passage de l’eau pour actionner les roues à aubes ou turbine, scieries, moulins, ateliers de mécaniques]
Charles Dagand décède à 31 ans (1861), laissant une veuve, sans descendance. Tous ses biens furent vendus en 28 lots par adjudication en 1863. Le 28° concernant les droits sur une scierie à bois et divers bâtiments, adjugé pour 3020 francs à Dagand Jean-Claude, marié à Dagand Antoinette, dite la Touènon (1822, frère de Charles) et à Dussolier François (fils de Charlotte Dagand (1784) et épouse de Dussolier Jean-Claude). Dussolier François a dû céder son droit à son cousin germain, Dagand Jean-Claude, meunier à Aiguebelle.
Dagand Jean-Claude a 4 garçons. Décide de partir d’Aiguebelle pour venir construire d’abord les moulins de Bange, et un battoir, dont une date indique la finition en 1870. Deux roues à aubes actionnaient directement 2 moulins et un appareil pour le nettoyage du blé. Il existait également, à la place de la grosse turbine actuelle, une roue horizontale qui actionnait un battoir à chanvres et divers, et une petite dynamo servant à l’éclairage avant 1912 ; ce sont par conséquent quatre roues à aubes qui actionnent ses installations (scierie, battoir, deux moulins)
Le second fils de Jean-Claude Dagand, Charles, dit Carlin s’installe à Bange avec sa famille jusqu’en 1902-1903
Jean-Claude décède en 1902 à 80 ans, ses 4 fils (Jacques, Charles, Jean et Joseph), par tirage au sort se partagent les 4 lots. Joseph dit le Cadet eut les moulins de Bange et la petite scierie qui sera refaite ultérieurement. La maison d’habitation existait déjà (construite avant 1900), Carlin quitta donc les Bange pour retourner à Aiguebelle et Joseph dit le Cadet quitta Aiguebelle pour venir à Bange avec sa famille : sa sœur Germaine, sa femme Josphte née Dagand Paccard, son fils (le père) Ernest.
En 1904 Joseph se trouve à Bange et les moulins sont en état de marche mais la scierie est à refaire. Des plans établis par l’usine Magnat Simon de Pont-de-Claix (proche de Grenoble) datés du 20 avril 1904. La scierie est démontée en 1905, une dynamo assure l’éclairage lorsque la scierie est arrêtée. Une turbine de 25 CV remplacera la roue à aubes de la scierie. La Maison Magnat Simon fournit la turbine, la scie battante, la scie circulaire et scie à rubans. Le chariot de la battant était en bois et avait 12 mètres de long.
En 1906 Josephte décède, le Cadet est veuf avec 2 enfants dont Ernest qui, en 1909, a 20 ans ; ce dernier en 1912 épouse Marie Dagand (dite la Marie de Bange) de la famille Homonet Dagand et arrive aux Bange.
Joseph n’ayant pas pu rembourser l’argent emprunté pour la construction de la scierie en 1905, en 1924 le fils aîné Ernest prend à sa charge les dettes, lui assure une pension et le logement, en échange de quoi il devient propriétaire de la propriété des Bange.
Dans les années 1919/20/21, les charriots étaient assurés par 5 chevaux ou mulet. Avec des chevaux, le grand-père livrait la farine et récupérait le blé dans toutes les maisons d’Arith. En 1922, achat d’un camion d’occasion et suppression de 3 chevaux.
Ces moulins, pour diverses raisons sont arrêtés en 1928 (Joseph décède en 1925) il fallait faire de grosses réparations et les petits moulins n’étaient plus rentables. Ernest Dagand développe alors la scierie, les deux roues du moulin alimentent désormais la scierie. En 1941, il installe une turbine en lieu et place de la roue du battoir. En 1948, il installe une turbine (toujours en fonctionnement) qui remplace définitivement les roues à aubes. Sa puissance est de 70 CV.
Les fils d’Ernest, Adrien l’aîné et Francis sont déjà en activité et continuent à développer la scierie. En 1965, ils remplacent la turbine de 25 CV de 1905 par une autre de 50 CV. En 1970 la scierie connaît un essor important avec l’installation de matériel mécanisé. A cette époque où l’énergie est peu coûteuse et où de très nombreuses installations autonomes sont abandonnées, le choix se porte sur l’achat d’un groupe électrogène pour suppléer les turbines. En 1976, « le choc pétrolier » amène à revoir le choix énergétique, en 1978 une turbine de 200 CV prend la place de celle de 1941. Ce sont trois turbines qui assurent le fonctionnement de l’entreprise. Le groupe électrogène prenant le relai en période d’étiage de la rivière ou en cas de panne.
En 1990, la cinquième génération : Maurice et Bernadette, fils et fille d’Adrien ; Joseph et Georges, fils de Francis, continuent l’activité. L’acquisition de nouvelles machines plus puissantes, les périodes sèches de plus en plus fréquentes et des questions de sécurité et de fiabilité conduisent à nouveau à redéfinir l’installation hydraulique. Constat : l’installation électrique est compliquée. L’installation de nouveau matériel pose de gros problèmes. L’usage de plus en plus fréquent du groupe électrogène, à cause des périodes de sècheresse et de la limite de puissance de la micro-centrale est une solution coûteuse. Dès lors il faut séparer production et consommation : relier la scierie au réseau EDF et d’autre part vendre les kilowatts heure à EDF, produits par les turbines.
De longues démarches, auprès d’EDF, notamment, et une étude de faisabilité approfondie conduisent à : relier, début 1991, la scierie au réseau EDF et l’installation hydroélectrique est transformée en une micro-centrale moderne de 250 – 300 KW de puissance.
Georges Dagand devient le gérant de la scierie en 1999, mais la scierie est dans une situation médiocre. En 2002 il récupère la scierie Beccu de Bellecombes en Bauges et avec l’aide du PNR (soutien à la filière bois), six mois de travaux sont menés à la scierie de Bange (l’exploitation se passe à Bellecombes pendant le temps des travaux). La société emploie alors 12 personnes et le chiffre d’affaire double. Georges gère trois grosses scieries : Aymard à Ecole, Pernet à Arith et Beccu à Bellecombes-en-Bauges. Mais en 2012 la scierie arrête.
Delphine (fille de Georges Dagand) prend la relève avec son mari entraînant le licenciement de dix personnes et un autre type d’activité : moins de sciage.
La scierie réalise du bois de charpente, de grosses sections pour les chantiers de montagne, du bois d’emballage, de la vente en direct. Elle produit entre 12 et 15 000 mètres cubes par an au plus fort de sa production. 80 % de la clientèle est originaire des deux Savoie. Jusqu’à la tempête, le bois était acheté sur pied, la scierie sous-traitait l’abattage et l’exploitation forestière. En 1999 il y avait beaucoup de bois disponibles mais de mauvaise qualité. La scierie se tourne aujourd’hui vers la Suisse où le bois est de meilleure qualité.
http://www.scieriedagand.fr/l-entreprise.html