Au 17e siècle, en 1646, les fils d’Aymé de Pingon, Jacques, Sylvestre et Claude Eugène deviennent seigneurs des terres de Cusy à la mort de leur père. Une inimitié profonde nait avec François Charvet, avocat, bourgeois à Chambéry. Les barons de Cusy supportaient mal l’ascension de la famille Charvet qui acquerrait régulièrement de nouvelles terres sur la commune. A sa mort en octobre 1700, François Charvet, notable, lègue tous ses biens aux Hospices civils de Chambéry. La propriété du Rocherey en fait partie et comporte alors cinq bâtiments. Durant plus de 200 ans, les Hospices la louent sous forme de bail à la famille Paris de Cusy. Le cadastre de 1732 signale au lieu-dit Rocheray des parcelles propriétés de l’Hôtel-Dieu : n° 1968 (pré), n° 1970 (grange), n° 1971 (maison), n° 1972 (cour placeage), n° 1985 (grange au Rapillay), n° 1986 (placeage), n° 1987 (pré), n° 1988 (pré). Le cadastre de 1890 pointe les n° 920 (jardin) et 922 (maison) appartenant aux Hospices civils de Chambéry. En 1923, François Paris et Louis Morel, beaux-frères, signent un bail commun pour l’exploitation de la ferme du Rocherey. En 1927, les Hospices vendent aux enchères la propriété, achetée par les deux beaux-frères. En 1928, l’indivision est cassée et la propriété revient à Louis Morel. Marie Morel, fille de Louis, épouse Philibert Miege et hérite en 1930 de la propriété de Rocherey. Louis Miege, fils de Philibert reprend la ferme familiale en rachetant les parts de son frère et de sa sœur en 1969. Tout au long de ces dizaines d’années, la ferme de Rocherey subit diverses modifications concernant ses bâtiments : réfection des toits, rénovation des étables et de la maison d’habitation. L’activité principale de la ferme a été et est toujours l’élevage bovin en production laitière. En 1986, lors du départ à la retraite de Louis Miege, son fils Gilles reprend l’exploitation agricole et la modernise : construction d’une nouvelle étable, achat de matériel de fenaison plus performant, augmentation de la production laitière. En 1990 à la mort de Louis Miege, Gilles Miege et sa famille rénovent la maison familiale. Cette maison, avec ses grosses pierres, ses murs épais de plusieurs dizaines de centimètres, son ouverture en arc brisé, témoigne d’un passé plus que tricentenaire.
L’habitation, vraisemblablement le corps de bâtiment le plus ancien, a subi beaucoup de transformations. La partie centrale est un élément d’un corps de bâtiment pouvant remonter au 15e siècle, voir bien avant : elle présente deux portes en arc brisé sur ses deux murs gouttereaux ; la pièce, dite chapelle, dans laquelle donne la porte du côté de la façade principale, à l'est, a des murs de 80 cm d'épaisseur ; deux corbeaux au-dessus de la cette porte et d'autres à l'intérieurs sur le mur latéral nord reliant les deux portes signalent des dispositions modifiées, comme la présence possible d’un balcon ou galerie en façade. La longue poutre en bois à droite de la porte en arc brisé (façade est) indique la présence ancienne d’un large passage. Les baies du rez-de-chaussée du bâtiment sont en partie du 19e siècle, toutes les autres ont été repercées (ou agrandies) au 21e siècle, concomitamment à la réfection de l’enduit des façades.
Le four à pain a été agrandi sur sa partie droite par rapport au plan cadastral de 1890 (portes avec linteau de type IPN).
La grange-étable ouest, présente sur le cadastre de 1890 dans les mêmes proportions, a des portes aux piédroits en pierre de taille calcaire et au linteau de type IPN ou en brique, brique que nous retrouvons au niveau des petites ouvertures pour leur linteau en arc segmentaire.
La grange étable est, présente également sur le cadastre ancien, avait dans sa partie ouest une remise (ou loge) ouverte, espace aujourd’hui fermé par un mur en moellon de béton sur le mur pignon ouest et de moellons de calcaire sur les façades nord et sud ; vraisemblablement concomitamment le bâtiment est surélevé à l’aide de moellons de béton. Le traitement des baies est identique à celui de la grange-étable précédente.
Photographe au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, site de Lyon