Cette passerelle métallique desservait les plâtrières d'Armoy. L'exploitation de gypse, sise sur le bord de la Dranse, en contrebas de la commune d'Armoy, a existé de 1844 à 1914. Elle fut fondée par le baron Saladin de Lublère avec des capitaux suisses. Au départ, la production était transportée par une voie ferrée jusqu'à Vongy, où elle était stockée, puis transportée par chariot, avant d'être chargée sur des barques du lac Léman. La voie ferrée fut supprimée à l'occasion de la construction de la route en 1854. Cette passerelle, date-t-elle de cette époque ou servait-elle déjà au moment du transport par voie ferrée ? La passerelle donnait l'accès à la nouvelle route qui permettait le convoi des plâtres par des chars à chevaux, jusqu'à un entrepôt situé dans le château de Montjoux, à Thonon, d'où ils embarquaient sur le lac. En 1856, pour un parc de 30 fours, 58 ouvriers produisaient 591 tonnes de plâtres par an. La production est vendue essentiellement sur le pourtour du lac Léman, notamment à Genève. Les conditions de travail des ouvriers sont difficiles : 10 à 12 heures de travail par jour et exposition à la poussière. Le gypse est extrait à ciel ouvert, à la barre à mines, à l'explosif et à la perforatrice. Il est ensuite broyé par une machine hydraulique alimentée par la Dranse, puis cuit au coke. L'usine était composée de 6 fours, d'un bâtiment principal contenant le broyeur, d'un quai de chargement, d'un bâtiment pour les chevaux et de 3 appartements. Ces éléments sont visibles sur le cadastre de la commune d'Armoy de 1872, dont le canal de dérivation de la Dranse qui alimentait la broyeuse hydraulique. Deux ponts, nommés "Pont de l'Usine", sont identifiables sur le cadastre de la commune de Féternes de 1868. L'un des deux à aujourd'hui disparu. Le plus en aval, y est figuré sous la forme d'une passerelle. Les 2 et 3 octobre 1888, une violente crue de la Dranse a emporté les digues et la dérivation d'eau. Les dégâts se chiffrent à 135 000 francs et les ouvriers ne peuvent plus travailler. L'usine a fermé ses portes en 1935. La passerelle existe toujours et limitée à la circulation piétonne. Une cheminée est encore visible, ainsi que certains bâtiments, à l'abandon. Ils sont depuis 1975 la propriété de la commune d'Armoy.