Cet ornement, brodé au "passé à deux endroits" entièrement réversible est brodé selon une technique décrite en 1770 par Charles-Germain de Saint-Aubin dans "l'art du brodeur" et Louis de Farcy en 1890 dans "la broderie du XIe siècle à nos jours..". Cette technique de haut niveau est rendue ici encore plus complexe par l'emploi du filé et du sorbec. L'ornementation florale parmi les entrelacs garnit la totalité des pièces de l'ensemble. Quoique partiellement stylisée, elle est identifiable et un bon nombre de fleurs, en vogue dès le début du XVIIe siècle, sont représentées. Elles sont cultivées dans les jardins royaux et font l'objet de catalogues, recueils et florilèges qui inspireront les brodeurs. La tulipe qui fait l'objet d'une faveur sans précédent à l'époque, nouvellement introduite en France, dont les bulbes se négocient à prix d'or sur le marché flamand, est bien présente, comme le lys, le lys martagon, le narcisse, la rose, l’œillet, l'iris, l'ancolie. La famille des fritillaires est illustrée, non pas la fritillaire impériale qui connait un réel engouement et trône en exergue des florilèges peints et gravés, mais la plus modeste fritillaire d'Espagne : fritillaria hispanica umbellifera, publiée notamment dans les ouvrages de Daniel Rabel (pl. 64), Emanuel Sweert (pl. 7) et Jean-Théodore de Bry (pl. 33).
L'origine de cet ornement n'est pas connu. Traditionnellement on attribue les travaux de broderie à des institutions religieuses féminines, l'une d’entre-elles : les Augustines dépendant du couvent de Vals près le Puy s'établit à Craponne en 1645. La dextérité nécessaire à ce type de réalisation pourrait cependant être l’œuvre de brodeur professionnel et la réalisation ne pas être locale. Au XVIIe siècle la puissante famille de Polignac, introduite à la cour royale, qui compte en ses rangs un futur cardinal, possède les terres de Craponne et pourrait être à l'origine de ce don. On ne peut exclure non plus la présence d'André Boutier ancien prieur de la maison des Carmes de Paris, réformateur des Carmes anciens de Clermont en 1631 qui meurt en odeur de sainteté à Craponne en 1643 (d'après Audigier). D'après Ambroise Tardieu "le peuple enleva son habit et ses hardes, que l'on conservait en 1683, comme reliques précieuses".