Les motifs floraux sont inspirés des florilèges qui servaient de modèles aux brodeurs au 17e siècle parmi lesquels le recueil de fleurs et d'insectes de Daniel Rabel, 1624 d'où ont pu être tirés les "anémones doubles" [Pl. 7], les "narcissus hispanicus maior amplo callice" [Pl. 57] ou encore Le Jardin d'hyver ... de Jean Franeau, 1616 où apparaissent les "jonquilles simple et double" [Pl. 81].
L'ornement est liée à l'histoire de Mère Agnès de Langeac (1602-1634) à laquelle on attribue par tradition la réalisation de certaines broderies. Depuis l'enfance, Agnès témoigne d'un grand un grand attrait pour le mystère de L'Agonie du Christ brodé ici à la croisée dorsale de la chasuble. Plus tard son biographe Charles-Louis de Lantages souligne qu'elle méditait l'Agonie dans la posture même du Christ.
La composition de l'Agonie est proche de plusieurs compositions de tableaux des 17e et 18e siècle (base de données Palissy : Tarascon-sur-Ariège (Ariège) : IM09000137, Saint-Omer (Pas-de-Calais) : PM62002124, Marcigny (Côte-d'Or) : IM71004325). Le Christ est demi allongé, mains jointes quand l'Ange lui tend le Calice qu'il porte de ses deux mains ; une nuée le masque en partie. Seule diffère sur les tableaux la présence du second ange, absent de la broderie. Ces similitudes évoquent d'une part l'une des nombreuses variantes reproduites d'un tableau de Charles Lebrun (1619-1690) : Jésus au mont des Oliviers, dont celle de Gilles Rousselet (1610-1686) datée de 1661, est la plus connue. La position du Christ, les mains jointes de l'Ange sur le calice, la nuée, diffèrent de la gravure de Rousselet. Elles sont d'autre part encore plus proches d'une gravure d’après une œuvre disparue d’Antoine Dieu (1662 ? -1727), peintre, dessinateur , élève de Charles Le Brun, Grand Prix de Rome en 1686. Le modèle présumé datant de la fin du XVIIe siècle, ces broderies qui lui sont apparentées sont donc postérieures, probablement de la limite des XVIIe et XVIIIe siècles. Elles peuvent avoir été dédiées à mère Agnès de Langeac sans pouvoir lui être attribuées (elle meurt en 1634).
Prieure du monastère des Dominicaines de Langeac, canonisée par Jean-Paul II en 1994.