La mise en place du décor (Avondo et Fierone, 1840)
Dès 1840, l'abbé Fasy, curé de Trévignin, lance une souscription pour financer le décor intérieur et l'ameublement de l'église : il recueille 1602 livres neuves. Une délibération du conseil municipal du 8 octobre 1840 décide d'employer 400 £ pour l'achat d'un ostensoir, 200 £ pour l'achat d'une bannière, et le reste (969,96 £, déduction faite de la remise du percepteur) pour orner les murs. Le curé s’est déjà mis en relation avec les sieurs Avondo (les frères Alonzo et Giuseppe Antonio Avondo, peintres piémontais ?) et Fierone, artistes, pour faire réaliser des "peintures soignées, à la fresque", dans le chœur et les deux chapelles. "Devront figurer dans le chœur, au milieu et au-dessus de la corniche, le Père Éternel assis sur un nuage ; au-dessous, saint Laurent au moment de son martyre ; à droite, saint François évêque ; à gauche, saint Victor en costume de soldat romain tenant une palme. Le reste du chœur sera orné de symboles rosaces et autres ornements. Les deux chapelles devront recevoir des peintures en rapport à celles du chœur". Les pilastres et la corniche seront "marbrés" ; la nef sera de couleur "canari", avec un soubassement plus foncé. Dans la niche de la façade sera placé un "saint Laurent orné de rosaces" ; le soubassement sera couleur gris de terre (AD Savoie, 11FS : 628).
Le programme du décor figuré de l'église est donc en place dès cette époque. La scène du martyre de saint Laurent est une copie inversée et simplifiée (pas de décor d'architecture) d'un grand tableau du Titien, peint en 1558 et conservé dans l'église Santa Maria Assunta à Venise (Italie).
La première restauration (Cochet, Maggia, 1871)
Trente ans plus tard, l'architecte aixois Lubini fait restaurer ces décors peints : le devis des travaux de restauration établi le 26 juin 1871 (AD Savoie, 48F : 655) mentionne les "décors, ornements à la fresque et badigeons à faire sur les murs et voûtes du chœur, de l'avant-chœur et des chapelles ; badigeons, encadrements avec bandes et filets, peinture marbrée des corniches et parties saillantes pour la grande nef", et un article distingue le montant prévu "pour restaurer les deux (barré : trois) tableaux à la fresque de saint François et saint Victor situés dans le chœur...". Le cahier des clauses et conditions, du 30 juillet 1871, précise qu'Alban Cochet, entrepreneur, peintre et plâtrier domicilié à Aix-les-Bains, adjudicataire du devis précédent, "devra se procurer des artistes aptes et habiles..." "pour l’exécution des dorures, des peintures ornées et des tableaux représentant saint Victor et saint François de Sales". Le décompte général des travaux de réparation et d'embellissement faits à l’église (et à la maison du presbytère de Trévignin), le 11 février 1872, distingue un article supplémentaire pour la "restauration du tableau à la fresque représentant le martyrologe de saint Laurent, fait par M. Maggia peintre, pour le prix convenu de 40 F".
Le devis ne mentionne que les peintures du premier niveau d'élévation. Rien n'est dit sur le Père Éternel assis sur un nuage qui était prévu dans l'axe du choeur au-dessus du martyre de saint Laurent, qui a pu ne pas être réalisé. Par la suite, c'est une représentation de saint Laurent qui est mentionnée à cet emplacement (elle est restaurée en 1903).
La deuxième restauration (Grosso, 1903)
De nouveau trente ans plus tard, en 1903, le curé Eugène François Thomassier passe convention avec Jean-Baptiste Grosso, artiste peintre, pour les travaux à exécuter à l’église. Le chapitre peinture décorative comprend : "tous les murs et voûtes intérieurs du chœur, de la nef et des chapelles, non compris les autels, y compris la retouche et remise en état du tableau (peinture à fresque) représentant le martyre de saint Laurent, de la figure de saint Laurent et des ornementations qui l’accompagnent (peinture à fresque) ; la réfection des lettres et chiffres sur la façade extérieure", M. Grosso se chargeant seulement de la "peinture artistique". Une souscription a été réunie par le curé, rassemblant les dons de 78 habitants (et du curé, qui donne 500 F) (AD Savoie, 48F : 655 ; A Paroissiales Trévignin).
A l'issue de cette campagne de restauration, l'église est couverte d'un décor au pochoir de frises de motifs floraux ou géométriques qui soulignent les pilastres et les nervures. Auparavant, les devis mentionnent des "symboles, rosaces et autres ornements" dans le choeur (en 1840) et des effets de faux marbre, filets et dorure dans la nef (1840, 1871).
Avant la dernière restauration, la voûte de l'église aurait été peinte en bleu parsemé d'étoiles (oral).
Photographe au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, site de Lyon