1. HISTORIQUE
Parmi les ouvrages d'art érigés sur le tracé de la voie ferrée Bellegarde-Saint-Gingolph (Haute-Savoie) mise en service en 1881 et achevée en 1882 (BROCARD, p. 69 et site Structurae, notice de la Ligne Longeray-Saint Gingolph), se distingue le viaduc de Longeray. Conçu par les ingénieurs Moris et Ruelle (PRADE, p. 283), ses travaux de construction sont menés de 1875 à 1879 ou 1880 par l´entreprise parisienne Joret et Compagnie (PRADE, p. 283 ; BROCARD, p. 69), auteur du pont de Port-Galland sur la rivière d´Ain en 1863 (BROCARD, p. 69).
En 1907 est rédigé un rapport concluant à l'étude d'une déviation de la ligne pour le tronçon Longeray - Collonges (AN. F14 13539, voir annexe n° 1).
Autrefois appelé viaduc du Credo (PRADE, p. 283, note 1 et MONTENS, p. 139), ce premier ouvrage métallique, "très représentatif de l´architecture de l´époque" (BROCARD, p. 69) est détruit le 19 juin 1940. Afin de freiner l'armée allemande, le Génie français fait sauter la pile centrale de l´ouvrage entraînant l'effondrement complet du tablier métallique (LE MAREC, BREFFEIL, DE LAURISTON, p. 31 ; PRADE, p. 283 ; BROCARD, p. 69 ; MARREY, 1995, p. 130 et AN. F14 13539, Chemise Reconstruction du viaduc de Longeray, voir annexe n° 2).
La SNCF se préoccupe rapidement de rétablir le trafic et décide de remplacer le viaduc dès la fin de l'année 1940 (BROCARD, p. 69).
La perte du viaduc est coûteuse à la région, comme le signale une lettre du président de la chambre commerciale et industrielle de Thonon, du 30 juillet 1940, au Ministre des Travaux publics (AN. F14 13539. Chemise sur la reconstruction du viaduc de Longeray).
Le premier projet, consistant à reconstruire l´ouvrage primitif, est avorté, le tablier métallique exigeant un tonnage trop important de charpente métallique (1 200 tonnes), il paraît impossible en cette période d'approvisionner l'acier correspondant. Il est donc décidé de reconstruire un ouvrage en béton armé, devant s'adapter aux fondations existantes et réutiliser les vestiges subsistants du premier viaduc (LE MAREC, BREFFEIL, DE LAURISTON, p. 31-33 ; PRADE, p. 283 ; BROCARD, p. 69 ; MARREY, 2004, p. 137).
2. DESCRIPTION
L'ancien viaduc ferroviaire de Longeray franchit le fleuve de biais, sous un angle de 45°, à 900 m en avant du fort de l’Écluse.
D´une longueur totale de près de 300 m (AN F14 13539 ; 365 m dans Le Marec et al.), il est constitué par un tablier métallique droit en treillis à voie unique, de 180 m à 221 m de long (180 m dans Le Marec et al., 210 m dans Prade et 221 m dans une source tirée de AN. F14 13539), reposant sur deux culées et trois piles en maçonnerie, formant quatre travées inégales (dimensions variables selon les sources : 47,46 m, 55,22 m, 66,21 m et 52,46 m dans AN. F14 13539 ; 47,70 m, 58 m, 69 m et 52,70 m et 48,70 m, 58 m, 69 m et 53,70 m dans AN. F14 14869 ; 48 m, 58 m, 69 m et 54 m dans Le Marec et al. ; enfin 45 m, 55 m, 66 m et 50 m dans Prade).
Ce tablier métallique se prolonge côté Saint-Gingolph, par un viaduc d'accès en maçonnerie de 75 m de long, en courbe. Les cinq arches en plein cintre de 15 m d´ouverture constituant ce viaduc d'accès sont conservées dans le viaduc en béton actuel (cf Fig. 8-9). Il repose, côté Bellegarde, sur une culée simple en maçonnerie.
La voie ferrée se trouvait à 70 m environ au-dessus du fond de la vallée et à 60 m au-dessus du fleuve (AN. F14 13539. Chemise Reconstruction du viaduc de Longeray, voir annexe n° 2 ; AN. F14 14869. Notice sur la reconstruction du viaduc, voir annexe n° 3 ; LE MAREC, BREFFEIL, DE LAURISTON, p. 31, voir annexe n° 4, repris dans Brocard, p. 69 ; PRADE, p. 283).