En janvier 1909, la Société des Casinos achète à l'écart de la ville, au lieu-dit "Prés-François", un ensemble de terrain non bâtis pour y implanter un tir aux pigeons. Auparavant, le tir aux pigeons était installé chaque saison sur une partie de l'hippodrome de Marlioz à titre gratuit mais, en 1908, le Comité des courses demande à la Société des Casinos de lui payer une somme pour la location du terrain occupé. Aussi, la Société des Casinos a-t-elle sans doute préféré acquérir un emplacement permanent pour son tir aux pigeons plutôt que de payer une location chaque saison.
Le tir aux pigeons ouvre le 27 juin 1909 ; il comprend un bâtiment ou "club-house" de 14 ouvertures et un pigeonnier. Cette attraction sportive est alors considérée, au même titre que le golf, le tennis ou les courses hippiques, comme un des éléments indispensables au prestige de la ville d'eaux, si bien que le conseil municipal décide en février 1909 de construire en urgence un chemin pour le desservir.
En 1912, un bâtiment de service de 10 ouvertures est ajouté au pigeonnier d'origine. Cette dépendance, qui comporte vraisemblablement d'ores et déjà un logement, est désignée par la suite par l'appellation "ferme du gardien".
En pleine crise économique des années 1930, la Ville semble manifestement vouloir reprendre le contrôle des activités favorisant l'attraction de la cité thermale ; le conseil municipal décide ainsi, en octobre 1932, de l'achat du Golf et du Tir aux pigeons à la Société des Casinos dont l'exploitation n'est pas jugée satisfaisante. L'acte de vente signé le 26 janvier 1933 cède l'ensemble des bâtiments, des installations et du matériel du Tir aux pigeons à la Ville. Après le 1er "meeting" de la saison 1933, le journal L'Avenir d'Aix-les-Bains souligne le véritable renouveau du Stand de Chantemerle. Cependant, dès 1936, l'ouverture du Tir aux pigeons est très épisodique jusqu'à l'arrêt complet de son exploitation en 1950.
Il faut attendre 1960 pour qu'il fonctionne à nouveau, après la constitution le 31 juillet 1959 d'une Société de Tir aux Pigeons d'Aix-les-Bains et l'aménagement par la Ville d'une nouvelle aire de pas de tir et des fosses d'après des plans dressés par les Services techniques municipaux. Les nouveaux équipements, installés par André Garçin, des Abrets (Isère) pour la Société de Tir aux Pigeons, comportent 1 fosse "Américaine" à 2 appareils automatiques, 1 fosse "Olympique" à cinq appareils avec diviseur électrique et 1 "Skeet" avec "skeetimer" électrique. Dans le bail du 10 novembre 1960 établi entre la Ville et la Société de Tir aux pigeons d'Aix-les-Bains, le président de celle-ci s'engage "à organiser, pendant la saison, un programme suffisant de compétitions et à faire tout ce qui est en son pouvoir pour attirer à Aix-les-Bains, par l'attrait qu'exercera sur eux un tir aux pigeons bien tenu et un club bien organisé, le plus grand nombre possible de visiteurs et une clientèle de choix".
Envisagée dès 1964, l'implantation du stand de la "La Fraternelle Tir" sur le terrain du Tir aux pigeons est autorisée en 1973 par le maire André Grosjean. Cette société de tir à la cible s'installe alors sur le côté est du terrain et occupe le bâtiment affecté autrefois au stockage des pigeons. Mais, en 1976, la Fédération française de tir (FFT) demande de cesser l'activité du stand de tir de la Fraternelle en raison de la proximité du chantier de construction de l'autoroute A41. En septembre, les Services techniques municipaux préparent un projet pour assurer la sécurité des installations mais ce n'est qu'en 1981, que la Ville, après avoir écarté toutes possibilités d'obtenir des compensations financières de la part de la Société des autoroutes Rhône-Alpes (AREA), fait réaliser les travaux de mise en conformités par l'entreprise Vulliard-Balabanis. Le nouveau stand de tir à la cible, agréé par la FFT et inauguré par André Grosjean le 28 novembre 1981, comporte dix postes à 25 m et trois à 50 m.
Les activités de la Société de Tir aux Pigeons, qui ont également dû être suspendues suite à la mise en service de l'autoroute A41 en 1977, reprennent en 1981, après la réalisation d'aménagements spéciaux pour la protection des tirs à la fosse consistant en l'installation de poteaux de 12 m de haut entre lesquels sont tendues des bâches en matières résistantes aux projectiles. Pour limiter les travaux de protection, le site ne comporte plus d'installation de "Skeet". Après trois ans de silence, des riverains ont tenté de s'opposer à la remise en route de cette pratique sportive implantée dans un secteur qui s'est beaucoup construit dans la seconde moitié du XXe siècle.