Dossier d’œuvre architecture IA69004020 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Inventaire de la Ville de Lyon
Four crématoire : crématorium du Nouveau cimetière de la Guillotière
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Lyon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lyon Urgences
  • Commune Lyon 8e
  • Adresse rue Pierre-Delore , avenue Berthelot
  • Cadastre 1999 BZ 5
  • Dénominations
    four crématoire
  • Appellations
    crématorium du Nouveau cimetière de la Guillotière
  • Parties constituantes non étudiées
    jardin

Le crématorium du Nouveau cimetière de la Guillotière

Le crématorium de Lyon est parmi les plus anciens de France. Sa construction est achevée en 1913 et la première incinération a lieu le 20 novembre de la même année. C'est le quatrième édifice de ce type mis en service après celui du Père-Lachaise à Paris en 1889, celui de Rouen en 1899, celui de Reims en 1902 et celui de Marseille en 1907. Il appartient ainsi à une première génération de crématoriums français créés jusqu'en 1922 (Strasbourg). La suivante ne commencera qu'à partir de 1972 (Toulouse).

Edouard Herriot, membre de la société crématiste de Paris avant que d'être maire de Lyon, décide de la construction de ce crématorium dès son premier mandat. Il voit probablement en ce nouveau mode de sépulture un progrès, notamment pour l'hygiène publique, un élément de prestige pour sa ville, tant au niveau national qu'international. Les premières personnes inhumées sont en effet, pour certaines, domiciliées en dehors de la région Rhône-Alpes (Pyrénées, Alpes-Maritimes, Paris).

En 1907, Edouard Herriot confie à l'architecte Etienne Curny le soin de rédiger un rapport sur la situation de la crémation en France et dans le monde. Etienne Curny se documente auprès de la Société française pour la propagation de l'Incinération et se rend dans les pays voisins pour visiter les fours crématoires déjà en service.

Le 30 janvier 1908, le maire soumet son projet au Conseil municipal. Le crématorium doit se situer "sur un emplacement situé dans l'axe de la grande allée du nouveau cimetière de la Guillotière", cimetière ouvert en 1859. Il est prévu dans le projet une surface totale de 471m2, une salle de forme circulaire couverte par une coupole supportée par des pilastres ; au centre se trouverait le catafalque et dans le fond une tribune réservée aux orateurs". Deux rampes latérales pour les voitures et un perron conduiraient à un porche. Ce dernier serait flanqué de portiques sur lesquels s'ouvriraient les colombariums. Le four crématoire serait installé en sous-sol afin d'éviter une cheminée disgracieuse, la différence de niveau entre le four et le haut du monument étant suffisante pour le tirage. Un appareil brûlerait les fumées, de sorte que les légères vapeurs produites seraient évacuées par des gaines aboutissant au lanternon qui couronne la coupole. Les colombariums contiendraient 544 cases en dalles de pierres destinées à recevoir les urnes. Le monument n'aurait aucun caractère confessionnel.

Les cases sont en effet identiques, ne laissant pas de place à une manifestation ostentatoire de luxe ; chaque case ne peut recevoir qu'une urne ne contenant elle-même que les cendres d'un seul corps. L'unique ornementation est constituée par la plaque de marbre où sont gravées les inscriptions relatives au défunt.

Dès 1908, il est prévu d'incinérer également dans le futur édifice les débris des hôpitaux et les embryons.

Le projet est adopté le 13 avril 1908 par le Conseil municipal et le 19 août 1909 par le préfet du Rhône. En mars 1909, un décret du président de la République rendu au Conseil d'Etat entérine le projet d'emprunt.

Entre avril et décembre 1909, six constructeurs de fours crématoires proposent leur projet. La commande est très précise sur la durée de l'incinération d'un adulte de 75kg, le prix de revient de cette incinération, les fumées qui doivent être brûlées ou incolores, la récupération des cendres qui, en outre, doivent être pures et blanchâtres.

L'architecte est d'avis de construire au moins deux fours puisque "c'est le foyer qui s'use le plus vite et après sa réfection, il faut laisser sécher lentement les maçonneries, car en allumant trop vite, on risquerait de faire éclater le four. Il faut compter trois mois pour qu'un four soit sec ...". La candidature de MM. Mittau et Arnoult est retenue. Ils ont déjà installé un des deux fours du crématorium du Père-Lachaise et s'occupent de son entretien depuis une vingtaine d'années. Le marché est signé le 25 août 1910. De nombreux contretemps, de tous ordres, retardent l'achèvement des travaux. Ainsi, on s'aperçoit vite que la hauteur de la cheminée dissimulée dans le dôme n'est pas suffisante pour permettre un bon tirage. Au grand dam d'Edouard Herriot, qui a toujours très fermement insisté pour que son crématorium ne ressemble pas à une usine, la construction d'une cheminée extérieure au bâtiment est décidée. Le 10 février 1925, le procès-verbal de la réception définitive des fours est enfin signée sur la base du procès-verbal de la commission qui s'était réunie au crématorium, le 16 décembre 1913, afin de procéder à la réception définitive des travaux. Le monument n'a probablement jamais eu d'inauguration officielle.

Un plan symétrique, des élévations monumentales constituées d'assises de pierre de taille aux lignes horizontales sévèrement soulignées pour l'arrière du bâtiment, un corps central marqué en revanche par des lignes verticales fortes et mis en valeur par le porche, le dôme couvert d'ardoises surmonté d'un lanternon, ainsi que les colonnades qui bordent les portiques des colombariums, donnent au bâtiment une allure néoclassique imposante en rapport avec les fonctions de l'édifice. Femmes drapées aux yeux clos tenant une urne, tombeaux en amortissement, flambeaux renversés inscrits dans un décor en table, tête d'anges aux yeux clos qui veillent de chaque côté de la porte principale agrémentent un peu l'ensemble, tout en précisant la symbolique funéraire.

En 1995, la France compte 75 crématoriums. La région Rhône-Alpes figure à la même époque parmi les mieux équipées de France avec neuf crématoriums sur soixante-dix. Par ailleurs, l'association crématiste Rhône et région est très dynamique. C'est sur son initiative qu'a été créé à Lyon en 1981, et pour la première fois en France, un jardin du souvenir dans lequel les familles achètent pour quinze ans un rosier pour y déposer les cendres du défunt.

De nos jours, on trouve encore des cases où sont conservées les cendres de personnes incinérées entre 1913 et 1932 et dont la famille a renouvelé la concession tous les cinq ou tous les quinze ans.

Véronique Belle, janvier 2003

Source : Muller, Catherine. Les débuts de la crémation à Lyon de 1913 à 1932. Mémoire de DEA de démographie et sciences sociales, université Lumière Lyon II, septembre 1995 (directeurs de recherche : Guy Brunet et Jacques Magaud).

  • Murs
    • calcaire
    • pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan symétrique
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée sans travées
  • Couvertures
    • dôme
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Une déclaration de travaux est déposée à la Direction de l'Aménagement urbain de la Ville de Lyon à la fin du mois de décembre 2002. Depuis le 10 mars 2003, le crématorium bénéficie du label "Patrimoine du XXe siècle" mis en place par la Direction de l'Architecture et du Patrimoine au sein du ministère de la Culture.

Bibliographie

  • MULLER, Catherine. Les débuts de la crémation à Lyon de 1913 à 1932. Lyon : 1995. 1 vol. (DEA. Université Lyon II. 1995)

Documents figurés

  • Dossier de plans, par l'architecte E. Curny, 1908, 1909, 1911. Monument crématoire, plans, coupes, élévations (Arch. mun. Lyon : 1004 WP 3)

  • CURNY, Etienne. Monument crématoire au cimetière de la Guillotière, plan du rez-de-chaussée, 1909, in FOREST, Anne, "ARCHIVES / Archives funéraires (7/8), Histoires lyonnaises, 16 décembre 2020, en ligne (consulté le 17 décembre 2020). URL : https://lyonnais.hypotheses.org/5766.

Date(s) d'enquête : 2003; Date(s) de rédaction : 2003
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
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