ANNEXE 4
De aquis Gratianis libellus, 1738. Des eaux Gratiennes, traduction S.G.D.G.[?], XIXe siècle, extraits (FANTONI, Johannis, p. 213-260)
Chapitre I : Brève description des sources et des bains.
On y trouve deux sources, différente entres elles par leur nature et leurs propriétés, distantes d´environ 150 pas : l´une appelée sulfureuse et l´autre aluneuse.
- Les eaux sulfureuses remplissent un vaste bassin, sous une voûte divisée par un mur en deux parties, l´une pour les hommes, l´autre pour les femmes. Sur le côté, près de la chute se trouve un réservoir ingénieusement conçu, dans lequel arrivent et se rassemblent les eaux avant de traverser le mur de la voûte, pour arriver dans les bains. Là où les hommes se baignent à l´abri, arrivent de petites fontaines d´eaux chaudes, qui sortent de terre plus loin que l´endroit où nous avons dit que sortent les sources principales. Ceux qui recherchent un remède à leurs maux ont coutume de s´y immerger. De là les eaux se rendent dans un autre bassin découvert et plus grand, où je n´ai jamais vu personne se baigner.
- Les eaux appelées aluneuses coulant tout d´abord dans un réservoir latéral, parcourt ensuite sous une arcade de noble allure et sont reçues par un double motif recourbé, dans un bassin proche et de là dans un bain à ciel ouvert, distant de 20 pas environ. Ce bain est appelé Royal, soit en raison de ses grandes dimensions et de son élégance, soit de ce que, dans l´antiquité, les plus grands de la maison de Savoie venaient s´y baigner. [...]
Les eaux aluneuses elles-mêmes sont conduites par un canal ouvert, d´un premier bassin dans le bain royal. De plus on dit qu´une fosse a existé pour le bain des chevaux dans laquelle l´eau venant du bain royal, était conduite plus loin par un canal souterrain.
Quelques personnes boivent de l´eau aluneuse mais on se sert de ces eaux complètement abandonnées comme nous l´avons dit pour les usages domestiques.
Chapitre XIV : Les bains d´eau sulfureuse ; leur emploi dans les maladies.
Nous avons dit au commencement de ce livre, que les hommes et les femmes se baignent dans le bassin partagé en deux parties par un mur. Auparavant, dit Cabias, dans son livre V, les malades après s´être purgés, boivent pendant trois jours de l´eau pure ou additionnée de sel commun ; ensuite ils se baignent pendant quinze, vingt et même plus de jours. Le Dr Dubois disait, il est vrai, que de son temps beaucoup y mettaient moins de temps.
Les malades restent dans l´eau pendant une demi-heure environ, la plupart ne pourraient y séjourner plus longtemps sans en être gravement incommodés. Au sortir du bain ils sont emportés dans une chaise couverte dans les maisons voisines où, mis au lit, ils provoquent la transpiration par l´absorbation abondante de cette eau chaude qu´on appelle aluneuse [...] il est permis aux malades faibles de l´estomac ou atteints de langueur et de maladie du coeur, de prendre avant d´entrer dans le bain, soit un peu de nourriture liquide, soit une bouchée de pain, trempée d´un vin généreux [...] il est rare de rester dans le bain plus de quatre heures ; les gens valides ont plutôt coutume de se baigner matin et soir, mais il est hors de question de rester la plus grande partie de la journée dans le bain quand on a atteint la durée maximum.
Chapitre XV : De l´usage de la douche sulfureuse, les sédiments utiles.
Par des tubes adaptés à la chute des eaux et dont la dimension varie avec la nature des parties atteintes, les malades reçoivent la douche. Traitement qui en raison de son activité doit être appliqué graduellement et avec prudence pour éviter qu´il n´en résulte de graves inconvénients. [...]
C´est en vain que vous chercheriez une utilité quelconque dans le limon dont nous avons dit dans notre chapitre II que le dépôt qu´il laisse a peu de propriété et d´emploi. Parfois on l´applique sur les membres enflés et endoloris, il les soulage un peu, soit qu´il calme la douleur ou qu´il diminue l´enflure, mais l´espoir d´une guérison complète par un tel traitement serait absolument vain.
Chapitre XVI : Des qualités qu´on rencontre dans la seconde source appelée aluneuse, elle est parfois imprégnée de vapeur de soufre.
Par un double motif recourbé, ainsi que nous l´avons dit au chapitre Ier, s´échappent abondantes, les eaux que des temps les plus reculés jusqu'à nos jours, on appelle : aluneuses.
Chapitre XX : De l´usage de cette eau en bains.
Le premier bassin sous la voûte dans lequel les eaux se précipitent très chaudes est impropre pour le bain, bien que, parfois, des hommes robustes ne craignent pas d´y plonger. Toutefois les anciens disent que le bain royal était jadis couramment fréquenté et que quelques princes de Savoie y venaient se baigner de même Henri IV. [...] Dans l´antiquité d´après ce que m´ont dit les anciens de la ville, les directeurs des bains avaient pris soin d´amener dans ce bain par un canal souterrain, de l´eau froide provenant d´un torrent voisin, de cette façon les eaux chaudes tempérées par cette eau froide devenaient non seulement utilisables mais agréable. Le canal est bouché depuis longtemps et le bain royal est aujourd´hui délaissé, car l´eau de la source aluneuse est transportée à domicile où les malades peuvent se baigner d´une façon plus sûre et plus agréable. Ceux à qui la source sulfureuse trop active ou trop chaude ne convient pas usent pendant deux, parfois trois semaines de ce bain domestique et doux. Toutefois on peut user du même procédé avec l´eau sulfureuse tiédie, et se baigner chez soi comme certain l´ont fait et s´en sont bien trouvés.