Dossier d’œuvre architecture IA69004534 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Inventaire de la Ville de Lyon
Hôtel de voyageurs dit Le Grand Hôtel de Lyon
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Lyon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lyon Urgences
  • Commune Lyon 2e
  • Adresse 16 rue de la République
  • Cadastre 1999 AB1 61
  • Dénominations
    hôtel de voyageurs
  • Appellations
    Grand Hôtel de Lyon
  • Parties constituantes non étudiées
    logement, banque, centre de loisirs, salle de billard, magasin de commerce

Le Grand Hôtel : historique

Peu d'éléments sont connus concernant l'édification du Grand Hôtel de Lyon. Sa construction, comme celle de la Banque de France mitoyenne, s'inscrit dans l´histoire de la création de la rue Impériale à partir de 1854. Le préfet Vaïsse confie le projet de percement à l'architecte de la Ville René Dardel, puis à un ingénieur des Ponts-et-Chaussées, Gustave Bonnet. Il charge ensuite Benoit Poncet (1806-1881), architecte-promoteur, de l´exécution du projet via La Société Immobilière de la rue Impériale (cf. F. Loyer dans De la rue Impériale à la rue de la République, 1991, p. 13). B. Sanvoisin (2011, p. 109 à 111) souligne le choix du préfet de ne pas créer un nouveau quartier mais de moderniser le coeur traditionnel de la ville, en y privilégiant les "belles perspectives et des édifices monumentaux".

Dans L'immeuble lyonnais au XIXe siècle (1996, p. 50), B. Gauthiez indique que la hauteur maximale des façades est fixée à 22 mètres avec faîtage de 4 mètres au-dessus et la possibilité de brisure. Les premières pierres des immeubles sont posées le 25 avril 1855 et ceux-ci sont tous achevés en 1857. La rue Impériale, livrée à l´été 1857, devient en 1871 la rue de Lyon et en 1878 la rue de la République.

L. Jasseron (1956, p. 10) cite le compte-rendu établi, lors de la pose de la première pierre le 25 avril 1855 de la rue Impériale, par Le Salut public : cette pierre est qualifiée de "première base qui forme un des angles du grand hôtel élevé par M. Poncet dans l'alignement de la rue Impériale". Ainsi, le Grand Hôtel serait donc le premier bâtiment de la nouvelle rue à avoir été commencé et serait dû à Poncet.

Cependant, Clair Tisseur (1882, p. 28) fait la liste des architectes travaillant sous les ordres de Poncet : Frédéric Giniez (1813-1867), Bailly, Journoud, Pierre Martin et lui-même. Dans ses réalisations, Giniez se caractérise par un goût marqué pour la sculpture. Il a été plus particulièrement appelé dans le cadre de ce chantier par Poncet "pour composer les façades des nombreux immeubles de la compagnie immobilière dont il était directeur" (Charvet, p. 174). Aussi la construction du Grand Hôtel lui a été attribuée par D. Bertin ( Revue de l'Art, 1994, n°106), ainsi que par Astié, Prudhon et Godemel (2004).

Un "Rapport d'expertise portant sur l´immeuble sis à Lyon rue de la République, n°16 appartenant à la Banque de France", conservé à la Banque de France à Lyon, indique que jusqu'en 1919, la SA de la rue Impériale se trouve propriétaire du Grand Hôtel pour l´avoir "fait édifier de ses deniers propres sur partie de terrains concédés à M. Benoît Poncet architecte ou la compagnie immobilière qu'il représentait, suivant le traité du 15 février 1854 faisant suite au décret impérial du 31 mars 1853 : déclaration utilité ouverture de la rue Impériale devant relier la place de la Comédie à la place Bellecour".

En 1884, le Grand Hôtel de Lyon offre en sous-location un local en rez-de-chaussée à la Banque (Archives BdF, Boîte 112). Le 21 juin 1919, il est racheté par la Banque mais l'activité d'hôtel y est maintenue (avec 80 chambres), car l'indemnité d´éviction est trop forte à payer.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'hôtel est réquisitionné, par les Allemands, puis par les Américains par ordre de réquisition en date du 13 septembre 1944 (Arc. dép. Rhône, 3996 W 177). Ceux-ci sont à l'origine d´un sinistre le 28 décembre 1944 (limité à un feu de cheminée). Un nouvel incendie, plus important, intervient dans la nuit du 22 au 23 mai 1946. Il atteint l'ensemble du bâtiment, plus particulièrement l'aile située rue de la Gerbe : les toitures et les charpentes doivent être reconstruites, le 4e étage ayant été le plus touché. Dès mai 1946, le "lanterneau" sur le hall est entièrement refait en verre cathédrale par l´entreprise Pervangher, vitrerie-miroiterie (implantée 3 rue Palais-Grillet à Lyon).

L'hôtel rouvre néanmoins (120 chambres sont exploitées) : en 1947, il fait partie des cinq grands hôtels de Lyon avec le Terminus Perrache, le Royal, le Grand Nouvel Hôtel et le Carlton.

Cependant, la banque souhaite évincer la société locataire afin de récupérer les locaux pour installer ses activités. Les administrateurs vivent dans la peur de nouvelles réquisitions et souhaitent ainsi éviter les travaux prévus à l'annexe des Brotteaux, estimés à 18 millions de francs. Ils craignent en particulier que la Ville ne loge des "locataires indésirables", dont des sinistrés des bombardements de 1944. Afin de restreindre les candidatures, ils prévoient des loyers élevés pour les logements qui doivent être créés dans l´ancien hôtel, sauf pour le personnel de la Banque.

La cessation définitive du bail des locaux du Grand Hôtel devait intervenir au 1er octobre 1948, la Banque ne souhaitant pas le renouveler. Mais il est prorogé par la loi du 3 septembre 1947, jusqu´au 1er janvier 1951. Une négociation est alors entamée entre les administrateurs de la Banque et la Société du Grand Hôtel (Arch. dép. Rhône, 3996 W 177). Le "Rapport d'expertise portant sur l'immeuble sis à Lyon rue de la République, n°16 appartenant à la Banque de France" (Archives de la Banque de France, Lyon) mentionne l'établissement le 8 juillet 1948 d´une convention entre la Banque de France et la société "Le Grand Nouvel Hôtel", représentée par Elie Armanet industriel, demeurant à Bourgoin, président du CA et directeur général. Ainsi, la société du Grand Hôtel accepte des indemnités (30 millions de francs) pour quitter les lieux de manière anticipée. Une clause indique que la Banque de France n'a pas le droit d´y exploiter un hôtel (Aarch. dép. Rhône, 3996 W 177). La libération du Grand Hôtel, effective au 1er octobre 1948, permet de loger le personnel de la Banque et d'abandonner le projet des Brotteaux, très onéreux, et donne la possibilité de "dégagement" à certains services : les services de caisse, de comptabilité et d'escompte sont décongestionnés, certains services sociaux, dont la restauration, sont déplacés et du personnel logé. En raison des nouvelles lois sociales, la succursale de Lyon a alors un rôle de centre de rayonnement et d´entraide d'une vaste organisation sociale qui regroupe 38 comptoirs, établis dans une dizaine de départements, du sud-est ou du centre-est.

Continuant à craindre les réquisitions, la Banque dépose un permis de construire dès le 30 octobre 1948 et engage les travaux rapidement : en un an, deux étages sur quatre sont refaits. Decaux, architecte de la banque de France à Paris, et Deveraux sont chargés du réaménagement (Arch. dép. Rhône, 3996 W 177). Jusqu'en 2012, les anciens locaux du Grand Hôtel continuent à être occupés par les services, de vastes salles de réunions et des logements.

Le Cercle du Commerce

Le rez-de-chaussée et le premier étage témoignent de l´occupation des lieux par le Cercle du Commerce. Celui-ci a succédé à la succursale lyonnaise de l'Union générale, dont Bouvier confirme la présence (assez éphémère), sans préciser la date de cette installation : 1875 date de la première Union générale ou 1878, date de la seconde ?

J.-L. Pinol ( Les élites et l'espace urbain. Lyon. 1906-1936 , 1996) a dressé un panorama des cercles lyonnais : ainsi, quatre grands cercles co-existent à Lyon avant la Première Guerre mondiale : le Cercle du Commerce, le Jockey-club (1839), le cercle de Lyon (1872), le cercle du Divan (1843). Après la guerre, les trois derniers fusionnent pour former le cercle de l'Union (p. 110). Le cercle du Commerce est un cercle ancien puisque dissous en 1817 et reformé en 1818. Installé dans la rue du Puits-Gaillot (p. 111), puis 21 rue d'Algérie (notification en 1872 et 1879 cf. Arch. dép. Rhône, 4 M 499 et 500), il déménage en 1882 après le krach de l'Union générale dans les locaux de l´ancienne banque, 16 rue de la République. Dans les années 1930, il est surtout composé de médecins, négociants et négociants en soierie (Pinol, p. 128).

Les archives du Cercle du Commerce ayant été vendues aux vieux papiers en 1950, il n´a pas été possible de reconstituer l´histoire de l'aménagement du Cercle et de son mobilier. Cette installation comprend un vestiaire, des salles de jeux (dont une salle de bridge), une salle à manger, des cuisines et une bibliothèque lambrissés de chêne et avec des miroirs gravés.

Lorsque la Banque de France souhaite mettre fin au bail accordé au Grand Hôtel en mars 1948, la question de la reprise des locaux occupés par le Cercle du Commerce se pose également. La séance du 29 avril 1948 du conseil général de la banque (Archives BdF, Boîte 12) se prononce sur le devenir de l´hôtel, des quatre magasins situés en rez-de-chaussée (qui ne sont pas concernés par l'éviction) et du Cercle du Commerce. Celui-ci regroupant les membres les plus en vue de l'industrie, du commerce et du barreau, il n'est pas envisagé de résilier son bail mais de déplacer le cercle au sein du Grand Hôtel. Decaux et Deveraux sont chargés du réaménagement (AD Rhône, 3996 W 177). Au premier étage de l'hôtel se trouvent le grand salon, une salle de baccarat et la salle à manger. Il est prévu de réinstaller le Cercle du Commerce à l'extrémité sud des locaux, comprenant le logement du gérant du cercle. Un plan non daté mentionne le déplacement de l´entrée du cercle : l'accès se fait désormais par la porte principale du Grand Hôtel au 16 de la rue de la République.

En 1948, les travaux concernent la réfection des peintures faux marbre du hall (1948-49), ainsi que la remise en place d´environ six glaces murales. Les glaces semblent avoir en effet été plutôt replacées plutôt que renouvelées. Cependant, en raison du déplacement du Cercle du Commerce, s'agit-il partiellement d'une nouvelle commande ? Les miroirs avaient été déposés durant la guerre à la maison Dellamonica. Peut-on attribuer à cette firme située à Villeurbanne ces miroirs gravés ? En l´absence d´archives, il est difficile de le dire. Le dessin des motifs rappelle ceux d´un appartement situé 279 rue de Créqui (cf. IA69005386), dans un immeuble dû à l´architecte Victor Bonnetin (1925-1928).

Le Grand Hôtel a été construit en 1855 dans le cadre du percement de la rue Impériale par les architectes Benoît Poncet et Frédéric Giniez. A partir de 1882, il abrite également le Cercle du Commerce. En 1919, il est racheté par la Banque de France qui occupe les locaux à son propre usage à partir de 1948. En raison du déménagement de la banque en 2012 ou 2013, il va être prochainement vendu.

  • Murs
    • calcaire
    • pierre de taille
  • Toits
    tuile mécanique, zinc en couverture, verre en couverture
  • Étages
    4 étages carrés, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Documents d'archives

  • Banque de France, Paris, Archives historiques, bordereau 1069198918, boîte 12. Lyon, dossier immobilier, cession de l´annexe des Brotteaux : note, février 1973 ; acquisition d´un appartement de fonction : note, mars 1975 ; acquisition d´un immeuble pour le centre électronique : note, décembre 1975 ; projet d´agrandissement de la succursale : extrait des pv du Conseil général, avril 1948 ; agrandissement et aménagement : extrait des pv du Conseil général et du comité des succursales, 1892-1909.. 1892-1975

  • Banque de France, Lyon. Rapport d´expertise portant sur l´immeuble sis à Lyon rue de la République, n°16 appartenant à la Banque de France. 1919-1948

  • Arch. dép. Rhône. 4 M 500. Police administrative [Cercle du Commerce], 1872-1882

  • Arch. dép. Rhône. 4 M 499. Police administrative [Cercle du Commerce], 1879

  • Arch. dép. Rhône. 3996 W 177. Evénements exceptionnels [Banque de France et Grand Hôtel], 1944-1980

Bibliographie

  • Arch. mun. Lyon. 1 C 7007 12. Centenaire du Cercle du Commerce de Lyon, 1850-1950., 1950

  • ARLAUD, Catherine, BERTIN, Dominique. De la rue Impériale à la rue de la République. Lyon : Archives municipales (coll. Les dossiers des Archives municipales n°2), 1991

  • ASTIE, Jean-Louis, PRUDHON, Virginie, GODEMEL, Maud (Agence Didier Repellin). 69 - Lyon Banque de France 16 rue de la République. Diagnostic patrimonial. s.l., juillet 2004

  • BOUVIER, Jean. Le krach de l´Union générale. Paris : Presses universitaires de France : 1960

    p. 21, 44, 289
  • CHARVET, Léon. Lyon artistique. Architectes : notices biographiques et bibliographiques avec une table des édifices et la liste chronologique des noms par E.L.G. Charvet ; illustré de 20 portraits d'architectes. Lyon : 1899, 453p. : ill ; 28 cm

    p. 174
  • GAUTHIEZ, Bernard (dir). L'immeuble lyonnais au XIXe siècle. La production immobilière, ses conditions et ses conséquences urbaines et architecturales. Lyon : Maison Rhône-Alpes des Sciences de l'Homme, Centre Pierre Léon (université Lyon II), Laboratoire d'Analyse des Formes (école d'architecture de Lyon), 1996. 132 p.-59 et 39 p. de tableaux multigr. : ill. (Programme du PIR-VILLES)

    p. 50, 51
  • JASSERON, Louis. 1856-1956. Centenaire de la rue Impériale, actuelle rue de la République. N° spécial de Quinze jours à Lyon. Lyon : Bosc frères : 1956 (?)

    p. 10
  • LE BARH, Danielle, BORDOGNA, Muriel (Dir.). Le Patrimoine de la Banque de France. Charenton-le-Pont, Flohic, 2001

    p. 275
  • NIZIER DU PUITS PELU [TISSEUR, Clair]. Benoit Poncet et sa part dans les grands travaux publics de Lyon. Lyon : Impr. Pitrat aîné : 1882

    p. 28
  • PINOL, Jean-Luc. Les élites et l'espace urbain. Lyon. 1906-1936. In. HAUMONT, Nicole (dir.). La ville, agrégation et ségrégation sociales, Paris, L'Harmattan, 1996

    p. 110-111

Périodiques

  • BERTIN, Dominique. Lyon 1853-1859 : l'ouverture de la rue impériale. Revue de l'Art, 1994, n°106

    p. 56
  • GRANGER, Marcel-E. Nos reportages industriels. Une affaire lyonnaise Ch.-A. Dellamonica. Le Mois à Lyon, 15 novembre 1934

  • MERCIER, Geoffrey. La Banque de France va quitter la rue de la République. Le Progrès, Edition du Rhône, 31 mars 2010

Documents figurés

  • BARQUI, Ferdinand. L´architecture moderne en France. Maisons les plus remarquables des principales villes des départements. Plans, coupes élévations, détails de construction, etc. Paris, Liège : J. Baudry éditeur : 1871

Date(s) d'enquête : 2011; Date(s) de rédaction : 2011
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Ville de Lyon