Liste des entreprises ayant participé à la construction (AD Haute-Savoie. 142 J 3172)

1ère tranche immeubles 1, 2, 3 : 1961

- Molinatti ; Grosset-Grange : carrelages, revêtements, + 2e tranche

- Socquet-Juglard Francis : menuiserie quincaillerie, + 2e tranche

- Tondella : maçonnerie gros-oeuvre, + 2e tranche

- Pomi Joseph : peinture vitrerie, + 2e tranche

- Toutelec, Albertville : électricité, + 2e tranche

- Gaubicher : plomberie sanitaire

- Bussi Raymond : revêtement de sols, + 2e tranche

- Briffaz C. : serrurerie, + 2e tranche

- Nogarette : espaces vert

- Grosset Grange Marcel : charpente

- Ets Maisonny : chauffage central

2e tranche

- Grosset et Jeandet : charpente, couverture

- Maisonny et Gaubichet : chauffage, plomberie sanitaire

Matériaux utilisés (AD Haute-Savoie. 142 J 3172)

Murs de façade du sous sol en béton banché, murs apparents en pierres rejointoyées. Murs de façade au dessus en aggloméré creux de ciment de 0,20 d'épaisseur ; façades côté nord doublé par une cloison en briques de 0,04 d'épaisseur.

Murs de refend en aggloméré creux de 0,20.

Plancher en béton armé, hourdis creux et dalles de compression.

Escalier en BA.

Sur les façades enduit à 2 couches de mortier de mortier de ciment.

Sols du sous sol en dallage ciment.

Charpente en sapin de pays.

Menuiserie extérieure en sapin.

Porte isoplane contreplaque okoumé.

Badigeon à la chaux sur les murs de façades ; menuiserie peintes à l'huile.

Carrelages grès cérame 5 x 5 pour vestibules d'entrée, paliers, dégagement, cuisine, WC, et salle d'eau.

Revêtement sol thermoplastique dans chambres et séjours VINIFLUX blanc argent ou COLUVIMYL.

Chauffage central au charbon avec radiateurs en fonte. Chaufferie dans bâtiment 1.

Carrelage grès cérame carreaux cassé dans vestibule et palier, marches d'escaliers.

M. Albert Laprade de l´Institut délivre un prix d´excellence aux H.L.M. Mont Blanc de Megève. In : Le Dauphiné libéré, février 1966 (AD Haute-Savoie. 142J 3182)

Megève, février. - Notre journal est heureux d´accueillir aujourd´hui un hôte de marque, universellement connu, M. Albert Laprade, membre de l´Institut, architecte en chef des bâtiments et des palais nationaux. Le maître a eu l´occasion de voir et de visiter l´ensemble H.L.M. réalisé pour le compte de la société H.L.M Mont Blanc, chemin d´Odier.

Voici ce qu´il en dit :

« Déjà, dans le monde entier, aux Etats-Unis comme en U.R.S.S, naît une réaction contre ce qu´on a pu appeler « la déshumanisation », « la civilisation des robots ».

Comment n´en serait-il pas de même chez nous ?

Le Français est un homme « pas comme les autres » et son esprit critique est bien connu. Il a horreur de marcher au pas, de vivre dans des casernes. Les bâtiments alignés et les fenêtres toutes pareilles l´horripilent. On conçoit qu´avec de tels instincts l´idée de passer sa vie entière dans un grand ensemble « industrialisé » avec 5000 fenêtres ou loggias semblables le rendent (sic) nerveux. Nos amis Anglais connaissent depuis longtemps cet état d´esprit, et un charmant roman datant d´une quinzaine d´années nous montrait déjà un brave homme ayant pris un peu plus de whisky que de coutume, et qui erre toute une nuit dans un « grand ensemble » où toutes les maisons se ressemblent, et qui n´arrive pas à retrouver la sienne. Et le roman est plein de détails cocasses sur certains ennuis des habitants des maisons dites « économiques ». En fait, tout s´uniformise sur la planète et la grande trouvaille du jour, l´industrialisation intensive du bâtiment, conduit inévitablement l´humanité entière au colossal et à l´ennui (sauf correctifs déjà à l´étude).

Puisque nous vivons dans une époque de pressions démographiques, financières, industrielles, où dix points de vue et toutes sortes de considérations s´affrontent, il faut bien constater que l´Art et le respect des êtres humains sont constamment menacés ou méconnus. C´est donc avec joie qu´on découvre ça et là un signe d´anticonformisme, une manifestation de fantaisie, le désir de respecter un site. De courageuses initiatives se font jour pour réagir contre l´enlaidissement de lieux qui présentaient jusqu´en ces dernières années des harmonies d´un intérêt capital sur le plan touristique.

Cependant les architectes emportés dans le sens contraire sont la majorité, par conviction de génération. Mais jamais d´enthousiasme sans à la longue une désillusion, suivant le principe qu´énonçait un jour Edouard Herriot : « A vingt ans, il faut être révolutionnaire,, sinon on n´a pas de coeur, et à soixante ans, il faut être raisonnable, sinon on n´est pas intelligent ». Il faut reconnaître que des initiatives comme celle du groupe H.L.M des Mourets, chemin d´Odier, à Megève, dû au talent exceptionnel de M. Henry Jacques Le Même et aux directives très opportunes du promoteur M. Henri Roque, aboutissent à un résultat remarquable. Voici la description de cette réalisation :

La municipalité de Megève et son maire, M. André Mollard, ont fait construire par la Société Coopérative « le Mont Blanc », à l´entrée de l´agglomération, côté Sallanches, à droite de la route nationale 212, sur une croupe gazonnée au pied de la montagne du Jaillet, une unité coopérative d´habitations comprenant six chalets de six logements chacun, soit 36 logements.

Cet ensemble s´intègre parfaitement dans le décor alpestre, du fait que les architectes Henry Jacques Le Même et Lapeyre, ont su tenir compte des conditions climatiques : altitude (1 113 m.), neige, gel, ensoleillement hivernal, etc., et ont choisi un type de construction inspiré du chalet traditionnel, avec toiture à deux pans symétriques.

En outre, du fait de l´implantation des bâtiments, chaque logement est assuré d´un excellent ensoleillement et d´une belle vue panoramique s´étendant du Mont d´Arbois au massif de la Croix de Rochebrune.

De grands balcons, avec garde-corps en mélèze, prolongent vers l´extérieur les salles de séjour. La large saillie de la toiture forme brise-soleil l´été et protège le balcon de la neige en hiver. Les baies vitrées largement ouvertes laissent entrer jusqu´au fond des pièces les rayons du soleil d´hiver.

Ces chalets sont réalisés, à la partie inférieure en grosse maçonnerie de moellons de pierre du pays rejointoyés, et au-dessus en corps creux de béton de ciment, doublés de cloisons en terre cuite, et revêtus extérieurement soit d´un enduit taloché de teinte claire, soit (pour l´étage supérieure) de bardage en sapin.

La saison propice à la construction étant courte à l´altitude de Megève (mai à octobre), ces bâtiments ont été étudiés de façon à permettre une édification rapide. Enfin un soubassement élevé met la partie habitée au-dessus du niveau des plus hautes épaisseurs de neige.

La conception de la cellule d´habitation est excellente : les architectes ont recherché l´efficacité, le fonctionnalisme. Afin d´isoler l´appartement de la cage d´escalier, l´entrée se fait par un tambour. La cuisine est en liaison directe avec la salle de séjour. Celle-ci, lieu de vie commune, est grande (20 m²). Les chambres, desservies par un couloir, sont accessibles soit par la salle de séjour, soit à travers cuisine et salle d´eau (principe dit de la double circulation). Le chauffage central à eau chaude, au mazout, comporte des installations collectives par groupe de trois chalets.

On peut dire que le volume construit est utilisé au maximum pour rester dans le cadre d´une économie raisonnable.

L´aménagement des abords a été bien étudié et les espaces verts soignés. De temps à autre, une moraine abandonnée par un ancien glacier émerge dans la pelouse. Les plantations, par le choix des essences et leur groupement, rendront la vie attrayante et agréable dans cet ensemble.

Pour conclure, il faut avouer le réel plaisir qu´on éprouve en face d´un ensemble de logements édifiés avec le souci primordial de satisfaire les goûts de l´habitant. Ce souci est tellement rare, qu´il faut rendre hommage au promoteur et aux architectes de cet « ensemble » modeste à tous points de vue et qui donne cependant à chacun l´impression d´être vraiment dans une maison, dans un chalet presque luxueux et non pas dans un immeuble collectif. Avoir en face de ses fenêtres du gazon et une belle vue, habiter des maisons essayant de se relier avec celle du voisinage, tout cela crée un sentiment d´harmonie non seulement esthétique mais sociale.