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Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Megève
  • Adresse
    • Commune : Megève

Présentation de l´étude

"Par le contrat 94 5620 044 entre l'Etat représenté par le Ministère de la Culture et de la Francophonie - Direction du Patrimoine, d'une part, et l'Institut Français d'Architecture, représenté par son président, d'autre part, le Ministre de la Culture et de la Francophonie charge l'Institut Français d'Architecture de réaliser, sous la direction de Françoise UZU, conservateur régional de l'inventaire de Rhône-Alpes, et de Bernard TOULIER, conservateur en chef du patrimoine, une étude sur l'inventaire topographique de la ville de Megève.

Le titulaire procédera au repérage et à la sélection des dossiers (ensembles collectif et individuel) sur l'architecture de villégiature de la commune de Megève."

OBJECTIFS

Repérage et sélection des éléments de l'architecture de la villégiature de la commune de Megève. Des édifices importants pour la ville, comme l'Hôtel de ville, n'en font donc pas partie. Toutefois nous avons procédé à un "Repérage d'éléments du Patrimoine" accompagné de Fiches Descriptives Simplifiées à la demande de la Direction du Patrimoine.

Le travail de terrain systématique réalisé pour l'inventaire topographique a confirmé l'impact décisif du travail de l'architecte Henry Jacques Le Même à Megève.

Dans un premier temps nous avons repéré 229 édifices, puis 46 d'entre eux ont été sélectionnés.

Un travail restituant la construction du territoire dans son ensemble permettrait de penser le futur de Megève : "outil d'aide à la décision" reconnaissant les qualités spécifiques du territoire, il permettrait d'en envisager la conservation et la valorisation sans le figer ni le dénaturer. Il conviendrait de procéder à une analyse du bâti traditionnel puis de l'intrication bâti traditionnel / villégiature. Ce travail, différent par ses méthodes et ses objectifs de l'inventaire topographique pourrait l'inclure dans une base de données informatisée cartographique.

Les éléments de l'architecture vernaculaire qui demeurent, donnent en effet une grande cohésion à l'ensemble, l'architecture de villégiature étant venue s'inscrire dans le tissu rural. La présence de hameaux nombreux autour du bourg a permis pendant longtemps un "remplissage" stimulé par ces "satellites" articulant une superficie importante de territoire. L'organisation rurale du site conjuguée à la qualité de l'architecture de la villégiature des années 20 aux années 50 est à l'origine de la qualité du paysage de Megève. Grâce à la mappe sarde de 1732 et au cadastre de 1912, établi juste avant les débuts des sports d'hiver, nous pouvons suivre assez précisément la transformation du bourg rural en centre de la station élégante de sports d'hiver qu'est devenue Megève. La fin des années vingt et les années trente en sont le moment le plus intéressant du point de vue architectural. Après la seconde guerre mondiale, au moment de la création de Courchevel, quelques signes de la transformation de la manière de concevoir la "maison" se notent sans toutefois, semble-t-il, changer notablement l'esprit de la station. Les grandes transformations, tels les ensembles de grands bâtiments collectifs, sont beaucoup plus récentes. Nous n'avons pas fait d'enquête sur les transformations des vingt dernières années. Toutefois l'ardeur à transformer de nombreuses constructions, qu'il s'agisse de fermes traditionnelles ou de chalets modernes de l'entre-deux guerres, en un style "faux ancien" y est tout aussi vive qu'à Courchevel. De quoi ce "style" est-il le signe? - pourquoi semble-t-il si "valorisant" aujourd'hui ? - alors que dans les années 30, comme dans les années 50, des formes nouvelles spécifiques d'architecture naquirent des sites alpins ?

De nombreuses demeures, restées intactes jusqu'à ces dernières années, sont tout récemment devenues méconnaissables sous le coup de transformations dues à de "nouveaux besoins", isolation extérieure, garage, etc..

Deux niveaux d'étude sont nécessaires pour comprendre Megève : l'étude de son urbanisation et celle de son architecture. Ce qui nous a intéressé, fut la possibilité de dissocier totalement urbanisation et architecture, ce qui au vingtième siècle est rare. Le retour au début des années soixante de la question de la ville comme question architecturale (cf. Aldo Rosssi. L'architecture de la ville, comme une des premières manifestations explicites de cette "tendance") est le révélateur de ce qui vient de se produire dans la première moitié du siècle - de façon particulièrement visible de 1920 à 1960 -. L'idée de territoire, articulée sur la pensée de l'urbanisme (au sens de l'urbanisme du vingtième siècle), a servi de réfèrent à son architecture. Le passage à une "idée de ville" comme "nouveau" réfèrent de l'architecture va s'effectuer très difficilement dans la pratique courante de la construction contemporaine. En effet tout un pan de la culture de T'habiter" et donc ici de 1'"architecture" semble avoir disparu.

La particularité du site de Megève, où l'on habite de façon moderne contemporaine, mais sans la contrainte des grands processus d'urbanisation, grâce à la villégiature croisée avec une culture locale forte, le tout avec une densité d'habitat relativement faible, nous permet de retrouver des sources aujourd'hui rarement visibles de la culture architecturale. Alors que dans les sites urbains un lien étroit est renoué entre typologie de l'habitat et morphologie urbaine, cette expérience de la qualité de l'objet architectural quasiment stricto sensu est très difficile. Rares sont les exemples où la pensée architecturale peut exister sans se référer à de fausses "formes urbaines". Auparavant dans quelques cas connus d'élaboration, presque de "laboratoire", une pensée de l'architecture a pu s'exercer malgré la prégnance de la pensée technique du territoire portée par l'urbanisme. Et quoi que l'on dise souvent, une pensée de la qualité de l'objet spécifique a pu s'y développer : que la première construction de Candilis soit à Megève, alors qu'il travaille pour Le Corbusier à Marseille, en est peut-être le signe. A Megève la villégiature a inventé de nouvelles maisons, qui, grâce à la force des contraintes du site, pente/soleil/vue, et à une culture rurale vivante et reconnue, a permis de créer une nouvelle culture du lieu façonnant de nouvelles typologies, une nouvelle architecture.

Dans les années 1900, Megève est une station de villégiature qui accueille plus de 300 estivants. La fréquentation hivernale est d'abord le fait de sportifs qui séjournent à Megève avant 1914, entraînés par une jeune femme, Mathilde Lefournier, membre actif du Club alpin français. La fondation d'une station de sports d'hiver en février 1914 impulsée par la création du Syndicat d'Initiative, la réorganisation du Syndicat des guides et un projet de patinoire, est arrêtée par la guerre. Mais c'est également la guerre et ses conséquences qui y attirent la baronne Noémie de Rothschild à la recherche d'un site français susceptible de remplacer la station suisse de Saint-Moritz où elle déplore la présence des Allemands. Un nouvel essor est ainsi donné à Megève à partir de 1921.

Le village de Megève, situé à 1 105 m d´altitude, s'est développé dans le haut Val d'Arly, à l'avant de la falaise des Aravis. Le site forme une vaste cuvette bordée du sud-est au nord-ouest par le massif de Rochebrune (1 755 m, culminant à l´Alpette à 1 870 m), le Mont d´Arbois (1 780 m), le Jaillet (1 570 m) et le Christomet (1 853 m). Par temps clair, à l'est, s'ouvre la perspective sur le mont Blanc. Dès le début du XXe siècle, les bienfaits de son climat ont fait reconnaître Megève comme « station climatique ». Les jours d'ensoleillement y sont nombreux, et en dépit de l'altitude peu élevée de l'agglomération, la neige abondante tient souvent jusqu'à Pâques. Dans cette région de traditions agro-pastorales, le territoire communal est en grande partie constitué de prairies naturelles en pente douce, surmontées de forêts de sapins. Ces conditions, associées à celles du climat, favorisent la pratique du ski, grâce à plusieurs circuits accessibles aux skieurs débutants.

Date(s) d'enquête : 1996; Date(s) de rédaction : 2012