Dossier d’œuvre architecture IA26000171 | Réalisé par
  • inventaire topographique
maison n° 1, dite de l'Abbé
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grignan
  • Commune Réauville
  • Lieu-dit le Village
  • Adresse Grand rue
  • Cadastre 1835 F 694-695  ; 1983 F 606-607
  • Dénominations
    maison
  • Appellations
    dite de l'Abbé
  • Parties constituantes non étudiées
    cour

Cette maison située au bas de la Grand rue, dans le coeur du village, est connue sous le nom de maison de l'Abbé : elle appartenait à l'abbaye d'Aiguebelle, dont dépendait à l'origine la seigneurie de Réauville, et c'était probablement aussi le siège du bailliage de Réauville. Comme l'attestent la porte de gauche et les fenêtres de l'étage, la construction remonte à la fin du 15e siècle ou au tout début du 16e, puis a subi quelques modifications dans les premières décennies du 17e (porte de droite, petites baies chanfreinées). C'est sans nul doute un des abbés d'Aiguebelle qui la fit bâtir ; le linteau de la porte de gauche porte des armoiries bûchées, mais l'on peut deviner un écu gironné, qui pourrait correspondre aux armes de la famille de Grôlée. Or, entre 1490 et 1512, l'abbé d'Aiguebelle était Dom Louis de Grôlée ; assisté de noble Louis Gasqui, vibailli de Réauville, ce fut un bâtisseur, remarquable administrateur des biens de l'abbaye et de Réauville. Lui attribuer la construction de la maison de l'Abbé reste toutefois hypothétique. Lors des Guerres de Religion, les moines ayant dû fuir temporairement leur abbaye et se loger à Montélimar, il est possible que quelques-uns se soient réfugiés dans la maison de Réauville. On sait qu'au moins deux actes y sont passés, en 1566 et en 1576. Deux pierres sculptées d'armoiries (17e siècle ?), où l'on discerne partiellement les armes des Adhémar et des Castellane-Adhémar, seigneurs de Grignan, ont été encastrées dans la façade, certainement lorsque Réauville fut rattachée en partie au comté de Grignan en 1612, rattachement que contestèrent toutefois à plusieurs reprises les abbés d'Aiguebelle. Cependant, au 17e siècle, plusieurs membres de la famille de Grignan furent abbés d'Aiguebelle, ce qui permettait à cette maison d'avoir la main-mise sur la seigneurie entière. Parmi ces éminents ecclésiastiques qui cumulaient les charges, François de Castellane-Adhémar de Grignan (1603-1689) fut évêque de Saint-Paul-Trois-châteaux, abbé d'Aiguebelle et archevêque d'Arles, puis son neveu Jean-Baptiste, prieur de Saint-Pierre de Portes, nommé abbé d'Aiguebelle en 1665, fut aussi archevêque d'Arles à la mort de son oncle. La maison est aujourd'hui composée de deux parcelles, mais n'en faisait qu'une sur le plan cadastral de 1835 et comprenait une aire à l'arrière (F 695), l'ensemble cadastré au nom de Jacques Sibourd, habitant à Valaurie ; elle a été remaniée au 19e siècle, lorsque la parcelle a été divisée. La partie droite est actuellement en cours de restauration.

  • Période(s)
    • Principale : limite 15e siècle 16e siècle
    • Principale : 1ère moitié 17e siècle
    • Secondaire : 19e siècle

Située en angle dans la partie inférieure de la Grand rue, la maison, de plan rectangulaire, est alignée à gauche sur les élévations voisines ; à droite, un sentier (montée des Chazaux), dont l'entrée est couverte d'une arcade à chaperon de tuiles, mène à la cour postérieure. Le bâtiment est construit en moellon de calcaire et de tuf et couvert de deux toits à longs pans de tuiles creuses (correspondant aux anciennes parcelles) ; une génoise couronne le mur gouttereau en façade et celui de l'élévation postérieure. Les encadrements sont en pierre de taille de grès. Le mur de façade présente un fruit sur la hauteur du 1er niveau, qui est percé de deux fenêtres et d'une porte à chaque extrémité. La porte de gauche est rectangulaire, à linteau chanfreiné orné d'un écu armorié en relief (bûché) ; celle de droite, est couverte d'un arc surbaissé à clef passante surmontée d'un oculus, l'arc souligné d'un filet retombant sur des piédroits à impostes et bases moulurées. Au 2e niveau, deux baies jumelées à croisée et appui mouluré, à l'origine identiques, sont couvertes d'un linteau en double accolade ; l'encadrement à bases prismatiques est profilé en cavet, la croisée en cavet symétrique ; celle de gauche (parc. 606) a été partiellement murée et rouverte. Le surcroît est percé de trois petites fenêtres rectangulaires à feuillure. Vers le centre de l'élévation, entre le 1er et le 2e niveau, sont encastrées deux pierres superposées portant deux écus armoriés, l'un presque illisible. Le mur pignon donnant sur le sentier présente des ouvertures de différentes époques, dont une porte-haute et de petites baies à linteau chanfreiné. L'élévation postérieure, sur cour ouverte, ne compte que deux niveaux ; la porte de gauche présente un encadrement chanfreiné, ainsi qu'une petite fenêtre jumelée (remaniée) à sa droite, les baies du second niveau ont été remaniées ou agrandies. L'intérieur n'a pu être visité, hormis l'étage de soubassement de la partie droite, qui contient des dépendances : la pièce en façade est couverte d'entrevous en briques sur poutrelles métalliques, celle du fond est voûtée en berceau à lunettes (ancienne écurie ?) ; un escalier droit en bois est ménagé contre le mur de refend transversal. Il est certain qu'il existe, dans la partie droite, un second escalier intérieur pour distribuer le logis situé au rez-de-chaussée surélevé.

  • Murs
    • calcaire
    • tuf
    • grès
    • moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, comble à surcroît
  • Couvrements
    • voûte en berceau
    • à lunettes
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • pignon couvert
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier droit en charpente
    • escalier intérieur
  • Typologies
    maison double, de types 3 et 5
  • État de conservation
    mauvais état
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • armoiries
  • Précision représentations

    armoiries § Deux pierres superposées, encastrées dans la façade, son sculptées d'armoiries, d'identification partielle. On devine, sur la pierre supérieure, des bandes qui sont probablement les armoiries des Adhémar de Monteil, d'or à trois bandes d'azur. L'écu armorié sur la pierre inférieure est plus lisible, sauf le quartier du flanc dextre : parti, au 1 de... à [un lion d... ?], au 2 losangé de... et de..., au chef [d'or] à trois bandes [d'azur]. Une couronne de feuillage entoure l'écu, timbré d'un ornement disparu, avec l'extrémité d'un bâton en pal. On reconnait partiellement dans cet écu les armes de la même famille Adhémar (armorial de 1696), alias : parti au 1er d'azur à trois bandes d'or, au 2e lozangé d'argent et de gueules, au chef d'or. Dans le quartier du flanc dextre, de lecture difficile, on pourrait voir "un lion tenant en sa patte un poinct d'hermines", qui était l'un des quartiers des armes de Gaspard II de Castellane, neveu de Gaucher Adhémar, enregistrées en 1565.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Cette maison, dite de l'Abbé, est sans doute l'une des rares demeures de notable de la fin du Moyen-Age conservées à Réauville.

Date(s) d'enquête : 1999; Date(s) de rédaction : 2007
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel