HISTORIQUE
Le désir d'établir un pont sur le Rhône à Chavanay se fait jour dans les années 1830.
Selon les auteurs du site Art et histoire, cette construction aurait fait l'objet d'une première ordonnance royale le 18 février 1834 donnant lieu, en mars 1839, à l'ouverture d'une enquête publique. Mais l'idée n'aboutit pas faute de compromis financier trouvé entre les différents intéressés (les départements de la Loire et de l'Isère notamment) (site Art et histoire).
Dans une source d'archives, on trouve que le projet de construction d'un pont sur le Rhône à Chavanay remonte à 1837 (AD Isère, 1S 4/1).
Quoi qu'il en soit, le projet ne s'est toujours pas concrétisé au début des années 1860, mais il reste dans les esprits (idem). Il est évoqué, en octobre 1864, dans un courrier du maire de Pélussin (AD Loire, 2S 30). Mais il faut attendre 1866 pour voir ce dessein s'accomplir, date à laquelle une décision ministérielle du 26 mars fixe l'emplacement du pont suspendu à construire entre la Loire et l'Isère. Cette décision porte, en outre, que le concessionnaire recevra une subvention de 135.261,10 F qui lui sera payée selon la répartition suivante : 48 000 F par l'Etat ; 50 000 F par le département de la Loire ; 37 261,10 F par le département de l'Isère (voir le document publié par CHOL, p. 6).
Le 27 mai 1868, l'édification d'un pont suspendu à péage est autorisée par décret impérial, et l'adjudication des travaux, qui seront engagés en 1869, est annoncée au 7 août (AD Isère, 1S 4/1 ; Bulletin des lois... 1868 et CHOL, p. 6).
Ce pont est dit indispensable pour établir une jonction entre la route impériale 86 sur la rive droite du Rhône et la route impériale 7 sur la rive gauche et mettre en relation la vallée de la Varaize avec les grands centres charbonniers de la Loire. Ce projet à Chavanay apparaît en concurrence avec celui à Saint-Pierre-de-Boeuf.
D´après le cahier des charges, l'ouvrage doit se composer de deux ponts distincts, en prolongement l´un de l´autre : l'un établi sur le lit du fleuve, l'autre sur le bras secondaire de la rive gauche.
Le premier pont est prévu à une seule travée de 180 m d'ouverture, et avec un débouché linéaire total de 227 m entre les culées. La largeur de son tablier entre les faces intérieures des garde-corps doit mesurer 5,20 m (AD Isère, 1S 4/1 et 7093W 80).
En septembre 1869, le sieur Salebert de Chavanay présente un projet de construction avec concession à son profit (AD Isère, 1S 4/1).
Le 14 juin 1870, un décret impérial approuve les soumissions des 25 février et 1er décembre 1869 et du 25 avril 1870, par lesquelles Salebert s´engage à construire un ouvrage suspendu sur le Rhône en face de Chavanay (Loire). La concession aura une durée de 61 ans à partir de la réception des travaux (AD Isère, 1S 4/2 : Chemise Pont de Chavanay 1870-1872 ; site Art et histoire).
Pour cette période, on conserve des courriers informant de l´avancement des négociations avec les propriétaires des terrains (AD Isère, 1S 4/2 : Chemise Pont de Chavanay 1871-1872).
En 1872 ont lieu des expropriations, pour cause d´utilité publique, sur le tracé d´une route d´accès sur le territoire de Saint- Alban-du-Rhône (idem : Chemises 1872).
Le 11 avril 1873, un rapport de l´ingénieur ordinaire indique des retards pris dans les travaux du sieur Salebert car la commune de Chavanay, qui s´était engagée à construire la rampe d´accès du pont sur la rive droite du Rhône, n´a pas exécuté les remblais nécessaires à son établissement et n´a même pas acquis les terrains sur lesquels ils doivent reposer (AD Isère, 1S 4/3 : Chemise Pont de Chavanay, 1873-1886).
Les travaux semblent achevés en 1874. Le 14 août, on procède à l'épreuve de l'ouvrage. Le 22 septembre suivant, est dressé le procès-verbal d´expérience sur la résistance des fils de fer. On apprend alors qu'il s´agit de fils de fer n° 18, provenant des usines Courtel, Bouchon & Cie à Saint-Urbain-sur-Marne [aujourd'hui Saint-Urbain-Maconcourt] (Haute-Marne).
Un mois plus tard, le 22 octobre, est établi le procès-verbal de réception. Le pont semble respecter le cahier des charges, sauf quant à la largeur du tablier entre les garde-corps passée à 3,80 m au lieu des 5,20 m prévus.
L´ingénieur en chef donne son approbation, à la réserve pour le département de l´Isère de financer quelques travaux complémentaires pour une route aux abords, pour lesquels on fait de nouvelles acquisitions de terrains (AD Isère, 1S 4/3 et 7093W 80).
L'ouvrage semble définitivement homologué le 21 juillet 1875 (site Art et histoire).
Dans les années 1890, il est question du rachat du péage par l'État. L'opération a lieu le 23 août 1893 ; les concessionnaires de l'époque (depuis 1889, MM. Bouché et Boiron) reçoivent pour compensation la somme de 76 000 F (AD Isère, 7093W 80 ; idem).
Le pont de Chavanay est détruit le 1er septembre 1944, lors de la retraite allemande (COGOLUENHE, livre 1, p. 50).
Et il faut attendre plus de 30 ans pour voir un nouveau pont franchir le Rhône à Chavanay.