HISTORIQUE
Un concours est lancé en 1910 pour la reconstruction du pont suspendu de La Balme, envisagée dès la fin des années 1900 (AD Savoie, 15S PC 8 et et 27S PC 2).
Le nouveau pont sera construit immédiatement à l´amont du pont suspendu actuel, soit à une distance moyenne de 8,80 m d´axe en axe. Le déplacement du pont nécessitera la rectification de la route sur une certaine longueur. Son tracé en plan comportera deux courbes en sens contraire de manière à permettre le raccordement avec la voie actuelle "au moyen de la plus courte rectification possible".
Il est alors prévu que le pont sera constitué par un arc en béton fretté [système Considère] d´une seule portée supportée par un tablier en béton et aura une ouverture de 95 m entre les culées (AD Savoie, 15S PC 8 : Courrier du directeur du génie à Besançon, 4 mars 1910).
Un projet de construction en béton à arcs continus dits encastrés, utilisant le système Hennebique (béton armé), est présenté par l´entreprise Léon Grosse d´Aix-les-Bains, en 1910.
Des plan et profil de pont Hennebique avaient été dressés dès janvier 1908 (AD Savoie, S 1230 et 31S 31 ; voir fig. n° 3).
Un autre projet (projet Tricon) est présenté en concurrence du projet Grosse.
Le projet Grosse retenu était audacieux pour l´époque. L'ouvrage projeté "comportait un surbaissement de 1/10 pour une portée de 95 m. Le tablier, solidaire des arcs, collaborait à la résistance de ce dernier".
"A cause de l´incertitude des calculs très complexes", des expériences sur modèle réduit en verre coulé sont menées par A. Mesnager, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, pour mesurer les tensions. Ce procédé mis au point à cette occasion est devenu depuis classique (AD Savoie, 15S PC 8 et voir fig. n° 4 ; PIERRE, p. 65 ; PRADE, p. 225 et BROCARD, p. 97).
En 1913, un dispositif de destruction - dispositif de mine - à installer dans le pont, à des fins défensives, est proposé par le Génie (AD Savoie, 15S PC 8. Courrier du 26 novembre 1913 du directeur du génie au préfet de Savoie).
Le 1er décembre 1913, est passé l´acte de soumission de Léon Grosse pour l´exécution des travaux, comprenant la reconstruction du pont de la Balme, la démolition et la reconstruction des ouvrages avancés du fort de Pierre-Châtel, le déblaiement du rocher de la culée rive droite, la préparation de la culée rive gauche et la rectification du profil de la R.D. 10 en aval du pont jusqu´à concurrence de 32.100 francs.
Il est fait mention dans ce document de béton de ciment portland artificiel, de la chaussée en pavés de pin des landes, de gargouilles en tôle d´acier (AD Savoie, 31S 31 ; voir projet définitif : AD Savoie, 15S PC 9, fig. n° 5).
Les travaux semblent avoir débutés dès 1912 puisqu'en juin de cette année, un contentieux existe avec l´entreprise Grosse qui a tendu des câbles au travers du fleuve, causant la mort de deux mariniers (AD Savoie, 31S 31).
L'ouvrage est mis en service en 1914 (BROCARD, p. 97).
Conformément à la soumission Grosse, les travaux de reconstruction se sont élevés à la somme de 330.900 francs. Les frais ont été partagés entre les départements de la Savoie et de l'Ain (AD Savoie, 31S 31).
En juin 1940, l'ouvrage est détruit pour freiner l'armée allemande (PIERRE, p. 65 et BROCARD, p. 97).
Les travaux de démolition (tablier du pont), incluant la récupération des matériaux et le dégagement du lit du fleuve, sont confiés à l´entreprise Poya-Chabert. Les aciers récupérés ont été utilisés au pont plus amont de Yenne-Nattages (Conseil Général de la Savoie. Direction des routes et des ouvrages d´art. Cahier Reconstruction du pont).
Le service des Ponts et Chaussées se préoccupe rapidement de reconstruire un pont, comte tenu de l'importance de ce passage entre l'Ain et la Savoie (BROCARD, p. 97).
Entreprise de maçonnerie créée par Léon Grosse en 1881, en Savoie. En 1901, acquiert le procédé de construction en béton armé Hennebique et s'oriente vers des activités de travaux publics.