HISTORIQUE
En 1803, les autorités souhaitent établir un pont provisoire en bois sur le Rhône entre Vienne et Sainte-Colombe pour remplacer celui qui existait alors et avait été emporté par les flots l´année précédente. Le projet ne se concrétise pas (AD Isère, 1S 4/6).
En 1823, le maire de Sainte-Colombe, M. Faugier, exprime le voeu qu´un pont de fer soit construit pour rejoindre Vienne (AD Ardèche, 41J 108).
Un projet de pont en fil de fer est présenté par l´entreprise Seguin Frères en janvier 1824 (AD Isère, 1S 4/6). Il est refusé et il s´ensuit une correspondance entre le service des Ponts et Chaussées et les Seguin concernant des questions techniques. Les discussions n´aboutissent à aucun résultat (AD Ardèche, 41J 108).
En mars 1826, le Conseil municipal de Vienne décide que le pont sera établi face à l´église Saint-Maurice, qu´il comportera une pile et qu´il sera réalisé selon le système des chaînes de fer, qu´il aura une largeur de 6 m et que la dépense ne devra pas excéder 400 000 francs (AD Isère, 1S 4/6).
Selon le premier avis d´adjudication du pont suspendu de Vienne, publié le 26 février 1828, cet ouvrage devra être établi "face à la place Saint-Maurice à Vienne ; il aura 180 m de longueur entre les culées, sera composé de deux travées égales et aura 6 m de largeur entre les faces intérieures des garde-corps". De plus, "les rampes d´abordages et autres travaux accessoires sont à la charge du concessionnaire" (AD Isère, 1S 4/7 : dossier Travaux (suite), chemise 1842-1848).
Selon l´ordonnance royale du 1er juin 1828, la construction d´un pont suspendu reprenant les procédés de Marc Seguin est adjugée à l´entreprise Mignot Frères et Compagnie d´Annonay, moyennant la concession d´un péage de quarante-huit ans. Les archives donnent deux dates d´adjudications : le 18 mars ou le 8 avril 1828 (AD Isère, 1S 4/6 et AD Ardèche, 41J 108). Selon le cahier des charges, l'ouvrage est composé de deux travées égales, la longueur au débouché des eaux entre les culées est de 150 m, la largeur entre garde-corps est de 6 m et la surface du tablier se trouve à 10 m au-dessus de l´étiage (AD Rhône, S 2055). Les frères Mignot commencent les travaux avant que la commission mixte des travaux publics ait statué sur leur plan, ce qui entraîne pour eux le paiement d´une amende de 300 francs (AD Isère, 1S 4/6).
Le pont est livré au public le 14 mai 1829 (AD Rhône, S 2055 ; AD Ardèche, 41J 108).
Le 4 novembre 1840, une crue extraordinaire du Rhône arrache la pile centrale. Le pont est restauré et remis en service un an plus tard. Mais un nouvel écroulement survient lors des épreuves du 4 septembre 1842. Immédiatement restauré, il est reçu dans sa forme nouvelle début novembre 1842 (AD Isère, 1S 6/1). Le nouveau pont a un plancher surhaussé de 1,14 m afin de faciliter la navigation fluviale. La hauteur des piliers de support sur les rives est réduite à 3,50 m. L´administration a en outre ordonné que la tension des câbles en fil de fer n´excèderait pas 18 kg par mm2 (AD Isère, 1S 4/7 : dossier Travaux (suite), chemise 1842-1848).
En 1850 (annexe n° 1), 1857 et 1869, le pont est visité. On constate un bon entretien général ; les réparations ponctuelles nécessaires sont effectuées. On diagnostique également un vice de construction en ce qui concerne les câbles de suspension, "assez mal faits", mal tendus (AD Isère, 1S 6/1).
Les autorités s´inquiétant du mauvais état de l´ouvrage, il est testé en 1876 et la travée du côté de Sainte-Colombe bascule dans le fleuve pendant les épreuves de charge (JAFFUEL et VIAL, p. 5). Le pont est réouvert à la circulation des piétons et des voitures en novembre 1877, mais il est jugé "branlant au vent". On réfléchit dès lors à la construction d´un nouveau pont rigide à un autre emplacement et, le 19 août 1876, sont produits les élévation et plan d´un pont métallique à trois arches (AD Isère, 1S 4/7 : dossier Travaux (suite), chemise 1876 ; AD Rhône, S 2055). Cependant, le ministre des Travaux Publics décide dès 1877 de ne pas donner de suite à cet avant-projet, décision confirmée en 1879 et 1880 (AD Rhône, S 2055).
En 1882, la concession a expiré et c´est l´État qui se charge de l´entretien du pont qui relie deux routes nationales (AD Isère, 1S 6/1).
En 1902, le maire de Sainte-Colombe soutient un projet de transformation du pont suspendu en pont fixe : le tablier auparavant uniquement en bois doit être renforcé par des éléments métalliques. Les candidats à l´adjudication des travaux sont Ferdinand Arnodin et MM. Teste, Moret et Cie, constructeurs à Lyon-Vaise. Il s´agit d´utiliser des poutrelles armées analogues aux poutrelles de M. Arnodin. Ces éléments suscitent un marché de gré à gré avec Fives-Lille (usine de Givors). Les travaux font l´objet d´une soumission le 29 juin 1903, puis d´un avenant à cette soumission le 26 janvier 1906, après que des épreuves ont été menées sur le pont en 1905. Fives-Lille s´engage à exécuter aux poutrelles en acier laminé fournies les modifications qui consistent en l´addition d´une semelle en acier laminé de 4,38 m de longueur, 1,18 m de largeur et 0,006 m d´épaisseur, fixée au T supérieur des poutrelles par 108 rivets et percée de 56 trous pour fixer la poutrelle aux madriers de chêne du platelage inférieur de la voie charretière du pont (AD Isère, 1S 4/8 ; voir annexe n° 2 : présentation du pont en 1906 ; COGOLUENHE, livre 3, annexe D-02).
Il semble que de nouveaux travaux sont effectués dans les années 1920 pour renforcer le pont de manière à permettre le passage des convois modernes, transformation qui voit la multiplication des câbles. Pour Kirchner, ces modifications datent de 1922, selon Jaffuel et Vial, le pont transformé est livré à la circulation en 1926 (KIRCHNER, p. 7 ; JAFFUEL et VIAL, p. 5).
L'ouvrage suspendu devenu sans doute inadapté à un usage moderne, le projet de construction d´un nouveau pont, en pierre, est lancé à Vienne en 1932. Il n´aboutira définitivement qu´en 1949 avec l´inauguration du pont de Lattre de Tassigny (JAFFUEL et VIAL, p. 7 et p. 11).
Les câbles du pont suspendu sont coupés par les Allemands le 1er septembre 1944 (KIRCHNER, p. 12).
Le 19 juillet 1953 est approuvée une soumission qui confie à l´Entreprise viennoise de Charpente et de Menuiserie des travaux de réparations. Ces derniers, achevés en novembre, ont pour objet la réfection de la charpente en sapin de la passerelle sur une longueur de 35 m en ce qui concerne le tablier et le garde-corps amont, et sur une longueur de 88 m pour le garde-corps aval de la travée rive gauche. Tous les éléments anciens en sapin sont retirés et remplacés par des charpentes, un platelage, des trottoirs, un garde-corps en sapin neufs (AD Isère, 7553 W 12).
Selon Pelletier, l'ouvrage est refait 1964-1965. Il est alors affecté exclusivement aux piétons, le nouveau pont de Lattre de Tassigny étant routier (PELLETIER 1980, p. 105).
Des travaux de recrépissage de la pile centrale ont été menés récemment (entre mars 2009 et août 2010).